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Histoire de Timur-Bec - II


Auteur :
Éditeur : Robert-Marc d’Espilly Date & Lieu : 1722, Paris
Préface : Pages : 432
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 105x165 mm
Code FIKP : Liv. Fr.Thème : Histoire

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Histoire de Timur-Bec - II


Histoire de Timur-Bec - II

Cherefeddin Ali

Robert-Marc d’Espilly

L'an du Crocodile qui se rapporte à l'an de l’Hegire 790. Timur se mit en marches vers le Carezem : il alla dabord camper à Egryar2, d’où il fit prendre les devants à Condgé Aglen, & à Temour Cotluc Aglen qui commandait l’avant-garde : c’étaient deux Princes qui ayant abandonné le parti de Tocatmich Can3, c'étaient refugiez à la Cour de Timur. Lorsqu'ils eurent passé la rivière de Bagdadec4, ils envoyèrent avant eux le Coureur Aïd Coja pour découvrir l'état du Pays ; ayant rencontré sur sa route, un Berger qui gardait les troupeaux d'Ilicmich Áglen5 il l'emmena avec lui : & après l'avoir interrogé de l'état des ennemis, il l'envoya à la Cour. Timur s'informa de tout ce qu'il désirait savoir, & continuant la route, il arriva à la rivière de Chedris6 ; lorsqu'il l'eut passée, il vint un transfuge des ennemis, qui rapporta qu'Ilicmich Aglen, & Soliman Sofi avaient abandonné le Royaume de Carczem pour fauver leur vie; qu'ils avaient pris la fuite, & qu'ils s'étaient retirés chez Tocatmich Can Empereur de Capchac.

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HISTOIRE DE TIMUR-BEC

Livre troisième

L'on y voit trois Guerres sanglantes contre Tocatmich Can Roy de Capchac. La Conquête de son Pays, le pillage de la Moscovie, Circassie, Bulgarie & Géorgie. La Conquête, de la Perse, de la Mésopotamie, & du Courdistan. La Guerre contre "les Gétes, & le saccageaient de tout le Mogolistan.

Chapitre premier

Départ de Timur-Bec pour sa cinquième expedition au Royaume de Carezem1

L'an du Crocodile qui se rapporte à l'an de l’Hegire 790. Timur se mit en marches vers le Carezem : il alla dabord camper à Egryar2, d’où il fit prendre les devants à Condgé Aglen, & à Temour Cotluc Aglen qui commandait l’avant-garde : c’étaient deux Princes qui ayant abandonné le parti de Tocatmich Can3, c'étaient refugiez à la Cour de Timur. Lorsqu'ils eurent passé la rivière de Bagdadec4, ils envoyèrent avant eux le Coureur Aïd Coja pour découvrir l'état du Pays ; ayant rencontré sur sa route, un Berger qui gardait les troupeaux d'Ilicmich Áglen5 il l'emmena avec lui : & après l'avoir interrogé de l'état des ennemis, il l'envoya à la Cour. Timur s'informa de tout ce qu'il désirait savoir, & continuant la route, il arriva à la rivière de Chedris6 ; lorsqu'il l'eut passée, il vint un transfuge des ennemis, qui rapporta qu'Ilicmich Aglen, & Soliman Sofi avaient abandonné le Royaume de Carczem pour fauver leur vie; qu'ils avaient pris la fuite, & qu'ils s'étaient retirés chez Tocatmich Can Empereur de Capchac.

Cette nouvelle obligea Timur à envoyer le Mirza Mirancha7 avec cinq autres Emirs suivis de leurs Régiments, à la poursuite des deux Princes. Ces Emirs firent si grande diligence par la route de Comkint8 & de Kiz9, que les ayant atteints, ils les attaquèrent, & firent un grand carnage de leurs gens: ils pillèrent ensuite leur bagage, & revinrent glorieux & chargés des dépouilles de l'ennemi.

Timur s'arrêta quelques jours dans la Ville Capitale de Carezem10, pendant lesquels il fit transférer aux Habitants leurs domiciles à Samarcande, avec tous les biens qu'ils possédaient. Ensuite il rasa cette grande Ville jusques aux fondements11, & ordonna que l'on y semât de l'orge pour punir ses ennemis de la guerre qu'ils avaient osé lui déclarer. Ainsi ce Prince ayant satisfait à sa juste colère & à sa vengeance, il prit la route de sa Ville Capitale; il y arriva heureusement en peu de jours; & à son entrée il fit déployer les Enseignes, pour marque de fa victoire.

Cependant quelque guerre que fie Timur, comme son inclination & ses desseins tendaient toujours à rendre ses Royaumes florissants, & à maintenir ses Sujets dans le repos parle moyen de la justice: tous l'appelaient le Père des Peuples: Mais croyant qu'il ne pouvait leur acquérir ce plein repos qu'il ne fût entièrement le Maître de l'Univers, ii était obligé, comme les autres Conquérants, de répandre partout la terreur & l'effroi, & de châtier sévèrement ceux qui lui résistaient. En effet ses Armées étaient si formidables, qu'on les comparait aux tempêtes du Ciel, à cause de la désolation qu'elles causaient. Ce fut donc ce principe qui trois ans après cette conquête, c'est-à-dire, en l'an de l'Hegire 793, porta Timur à son retour de la Guerre de Capchac, d'envoyer Moüsiké, fils de Junki Coutchin en Carezem12 pour relever les ruines de ce Royaume, & le rétablirent son premier état, quoiqu'il eût été entièrement détruit. Moüsiké s'acquittera parfaitement de cette commission ; il repeupla le pays, il le rebâtit, & le remit en son ancienne splendeur , & même il entoura de murailles la Ville de Cat13, celle de Kivac14, & tout le Domaine du Caan, c'est-à-dire, la partie de Carezem que Genghizcan avait jointe aux terres du Royaume de Zagataï Can , lorsqu'il partagea son Empire à ses enfants.

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1) Carezem, Royaume au sud-est Caspienne l’an de grâce 1398.

2) Egryar, village à 6 lieues de Samarcande.

3) Tocatmich Empreur de Capchac.

4) Bagdadee, rivière qui se décharge dans le Gihon, au dessous de Bikunt.

5) Ilicmich Aglen Prince de Capchac , Roy de Carezem avec Soliman Sofi, dont il avait épousé la sœur.

6) Chedris, rivière qui se décharge dans le Gihon , & sert de frontière aux Royaumes de Zagataï & de Carczem.

7) Le Mirza Mirancha, fils aiuc de Timur.

8) Comkint, ville de Transoxiane à 7 Sí. demi long. 4X d. 50 m lat.

9) Kiz, ville de Transoxiane, à 97 long." 45.d. 50 m. lat.

10) Ville capitale de Carezem. Cette ville est appelée Corcange Minor, & est située eu Transoxiane sur le Gihon, à 94 d. 55 m. long. 42 d. 10 m. lat.

11) Ruine de la Capitale de Carezem.

12) Coutchin est une des plus anciennes & des plus illustres Maisons des Mogols.

13) Cat, Ville de Carezem, à 95 long, 40. d. 58 m. lat. près le Gihon.

14) Kivac, Ville de Carezem, au Sud-ouest du Gihon, à 95 d. 35 m. long. 39 d. 20 m. lat.




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