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Kurdes à Montréal : Représentations et identités


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Éditeur : Compte d'auteur Date & Lieu : 2011-01-01, Montréal
Préface : Pages : 160
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 210x290mm
Code FIKP : Liv. Fr. 4719Thème : Thèses

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Kurdes à Montréal : Représentations et identités

KURDES À MONTRÉAL:
REPRÉSENTATIONS ET IDENTITÉS SOCIOSPATIALES EN DIASPORA.
MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN GÉOGRAPHlE
PAR GUERTIN TREMBLAY, MARS 2011

Notre recherche porte sur la population d'origine kurde vivant au Québec et, plus particulièrement, dans la région de Montréal où elle se concentre principalement. Nous visons deux objectifs. Tout d'abord, puisque ce groupe n'a pas beaucoup de visibilité médiatique et que très peu d'informations sont disponibles à son sujet, nous cherchons à faire un portrait de cette population. Ensuite, nous tentons de comprendre quelle place occupe les représentations sociospatiales du Kurdistan, ce pays imaginaire ou imaginé, dans les revendications identitaires des Kurdes vivant dans la région de Montréal et de quel(s) territoire(s) il est question.


Puisque le territoire politique du Kurdistan est divisé par les frontières de quatre États-nations (Turquie, Iran, Irak et Syrie), qu'il n'est pas (et n'a jamais été) un État-nation et que le projet politique du Grand Kurdistan réunifié et indépendant s'affaiblit, nous posons J'hypothèse que les territoires du Kurdistan, à J'intérieur des États-nations où vivent les Kurdes au MoyenOrient, sont plus importants dans les processus de construction identitaire que le territoire du Kurdistan, qui est transnational. Or, puisque le fait de revendiquer une identité kurde fait justement référence au territoire transnational du Kurdistan et parce que l'imaginaire transnational serait plus fort en exil, nous posons aussi l'hypothèse que malgré l'importance des fragmentations, le Kurdistan, ce géosymbole, constitue le ciment de la nation kurde.


INTRODUCTION


Les représentations sociospatiaJes du territoire d'origine sont au coeur des processus de construction identitaire, particulièrement chez des groupes d'individus qui résident à l'extérieur de ce territoire (Bruneau, 2006). Les projets diasporiques ou transnationaux peuvent influencer les pratiques et le rapport à l'espace et participer à la construction d'une identité collective qui transgresse les frontières et les singularités. Cette identité peut être mise de l'avant dans le but d'ériger une distinction entre un « nous », souvent arbitraire, et un « eux », cet Autre qui n'est peut-être pas si étranger ou différent. Ces distinctions, ou frontières (Barth, 1998), sont malléables et peuvent diviser un groupe qu'on croyait uni. C'est souvent le cas lorsqu'une collectivité issue de l'immigration entretient peu ou pas de relations avant l'exil. Les migrations successives d'individus aux origines géographiques communes ne signifient pas nécessairement qu'ils formeront une « communauté» dans le pays d'accueil, ou qu'ils entretiendront des liens de solidarité et des échanges. Toutefois, les rapports réels ou imaginaires avec le « pays» d'origine ou ancestral participent à définir leur identité, qu'on peut qualifier de sociospatiale.


La situation des Kurdes nous semble particulièrement intéressante quant à un questionnement sur l'importance des représentations sociospatiales dans un processus de construction identitaire. Cette population, d'au moins vingt-cinq millions d'individus, qui se définit généralement comme une nation (O'Shea, 2004; Nezan, 1996) ne possède pas et n'a jamais possédé d'État-nation indépendant reconnu. La majorité des Kurdes vit toujours au Moyen-Orient sur un territoire généralement décrit par les géographes comme le Kurdistan (voir fig. 1.1). Or, celui-ci est divisé depuis près d'un siècle par les frontières de quatre Étatsnations (Turquie, Iran, Irak et Syrie) qui ont mis en place des politiques centralisatrices, nationalistes et, dans bien des cas, assimiJationnistes et négationnistes. Ces politiques visent surtout à consolider les unités nationales turque, iranienne, irakienne et syrienne autour de principes républicains jacobins, et les Kurdes ont été les cibles de différentes lois et mesures visant à dékurdifier le Kurdistan (Scalbert, 2005a). Une des principales conséquences de cette oppression institutionnalisée est l'exil de plusieurs millions de Kurdes. En ce moment, environ un tiers de la population kurde totale vit hors du Kurdistan, dont un nombre important à l'extérieur du Moyen-Orient (plus d'un million). La plupart de ceux-ci se retrouvent en Europe, mais quelques dizaines de milliers habitent en Amérique du Nord.


Au Canada, on compte plus de 9000 individus d'origine kurde', principalement en Ontario (environ 5000), au Québec (près de 1700), en Colombie-Britannique (près de 1200) et en Alberta (plus de 850t Environ 1200 Kurdes vivent à Montréal3. C'est précisément sur ce groupe que pOl1e notre recherche: les Kurdes vivant dans la région de Montréal. Ces derniers, majoritairement originaires de Turquie et en particul ier des provinces du centre-sud de l'Anatolie, sont de confession alévie et ont quitté leur pays d'origine pour des raisons sociales, politiques ou économiques, étroitement liées aux difficultés d'être Kurde au MoyenOrient.




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