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Qui S’en Souviendra?


Auteur :
Éditeur : Les Éditions du Cerf Date & Lieu : 2014, Paris
Préface : Pages : 300
Traduction : ISBN : 978-2-204-10268-1
Langue : FrançaisFormat : 130x215 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Yac. Qui. 718Thème : Général

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Qui S’en Souviendra?

Qui S’en Souviendra?

Joseph Yacoub

Les Éditions du Cerf


Aujourd’hui, comme hier, les chrétiens d’Orient meurent.
En Mésopotamie, la terre d’Abraham, le calvaire des Assyriens, des Chaldéens et des Syriaques, dépositaires de l’araméen, la langue de Jésus, est non seulement ancien, mais aussi oublié.

C’est au cœur de la Grande Guerre, en 1915, que le régime des Jeunes-Turcs a programmé leur extermination avec celle des Arméniens. D’un génocide à l’autre, c’est un même oubli qu’il s’agit de combattre.
C’est un devoir pour nous tous que les descendants des survivants, à nouveau persécutés, puissent accomplir leur deuil grâce à une mémoire partagée, et réclamer justice.

C’est à restaurer l’histoire occultée d’un peuple sans alliés, le sien, qu’a œuvré toute sa vie Joseph Yacoub.
Premier ouvrage d’envergure consacré à ce sujet universel, cette somme passionnante est le maître livre du spécialiste en la matière, lui-même descendant d’une famille de rescapés de l’abîme. Ce qui confère à son travail scientifique sans précédent l’émotion d’un témoignage vivant et la portée d’un plaidoyer vibrant adressé à quiconque ne saurait rester indifférent à l’omission d’un crime contre l’humanité.



Joseph Yacoub, Professeur honoraire de science politique à l’université catholique de Lyon, Joseph Yacoub est l'auteur de nombreux ouvrages sur les minorités dans le monde et sur les chrétiens d’Orient, traduits dans une dizaine de langues.

 




INTRODUCTION

Un génocide oublié ?

Il est des peuples qui ont connu par le passé un sort tragique mais que l’histoire présente a ressuscités. Ce n’est pas encore le cas du peuple assyro-chaldéen-syriaque qui endura à maintes reprises les vicissitudes de l’histoire.

Cette année commémore le centenaire des génocides arménien et assyro-chaldéen sous l'empire ottoman.

En 1915, les Assyriens ont subi l’épreuve du désert, non celui du recueillement et de la méditation, à l’instar de leurs Pères spirituels, mais un désert imposé: celui de la privation et de la mort1.

Plus largement d’ailleurs, le xxe siècle restera pour ce peuple et ses institutions civiles, culturelles et religieuses celui de la grande tragédie. L’étendue des ruines est immense.

Nation, Peuple et Églises
Un peuple historique...

L’histoire atteste qu’il existe une nation et un peuple assyro-chaldéen-syriaque. Habitant de tout temps cette terre meurtrie, la Mésopotamie historique, on le présente toujours comme nation, peuple et Églises. Ce peuple vivait à la périphérie des Empires ottoman et persan, sur son territoire ancestral, au nord-ouest de l’Iran, en Anatolie orientale: Hakkari, Tour Abdin, Mardin, etc., et en Mésopotamie du nord, le nord de l’Irak actuel: Mossoul, etc.
Connu sous des vocables différents: Assyriens, Chaldéens, Syriaques, Nestoriens, Jacobites, Araméens2, les Assyro-Chaldéens, appelés Aïssors ou Assoris par les Arméniens, Suriyani par les Turcs, sont les héritiers des peuples assyrien, babylonien, chaldéen et araméen de l’antique Mésopotamie, pays situé entre les deux fleuves le Tigre et l’Euphrate, dont l’histoire remonte à plus de 5 000 ans.
Un des berceaux majeurs de la civilisation humaine, cette Mésopotamie contribua puissamment, tout au long de son parcours historique, à la création, à l’avancement et au progrès de la connaissance et de l’organisation tant en matière religieuse, philosophique, scientifique, politique qu’administrative. On lui doit notamment le Code de Hammurabi (vers 1750 avant J.-C.), un recueil de 282 articles de loi, qui est la première législation en matière d’organisation sociale.
Ces traces, on les trouve aujourd’hui au musée du Louvre à Paris, au British Muséum à Londres ou au musée de Berlin.
.....



J’ai à cœur d’établir le martyrologe d’un petit peuple, le plus intéressant mais en même temps le plus abandonné, issu d’un grand empire de la plus ancienne civilisation du monde, dont le pays fut, comme l’Arménie, le théâtre des abominations turques dont les hommes furent tragiquement assassinés, les femmes, les enfants et les vieillards déportés au désert, pillés, martyrisés, soumis aux pires outrages.
Ce peuple, c'est le peuple assyro-chaldéen.

Joseph Naayem, 11 novembre 1919.

Les persécutions et les souffrances dont les Nestoriens sont l’objet à intervalles réguliers rappellent celles que les Arméniens et les Juifs ont endurées, et le traitement que leur infligent les nations hostiles à leur égard est identique. Cependant, les difficultés vécues par les Arméniens et les Juifs, on en a souvent entendu parler, alors que les Nestoriens de Perse et de Turquie, pour des raisons qui tiennent probablement à leur petit nombre et au manque de documents littéraires, n’ont quasiment pas suscité l’intérêt1.

Abraham Yohannan, septembre 1916.

A mes grands-parents paternels, Yacou Auchana et Mariam, du village de Khosrava, en Iran, massacrés par les troupes de la haine en 1915.

A ma tante paternelle Angèle, qui s’enferma dans un tanoura (four à pain en terre) à Khosrava, durant une semaine, fuyant le carnage. Quand elle sortit de son cachot, elle découvre, stupéfaite, qu'il n y a plus personne dans le village! Contrainte de s'exiler, elle suit les autres fugitifs de sa communauté vers l'Irak, ensuite vers la Syrie où elle retrouvera mon père, à Hassaké. en 1933.

À mes grands-parents maternels. Gaurié et Sara, du village de Pataver, à proximité de Khosrava qui, en janvier 1915, prirent le chemin éprouvant de l'exode collectif vers le Caucase. où ils reposent à Tiflis (Tbilissi), en Géorgie, en compagnie d’autres membres de lu famille qui les avaient précédés,

À mon père Paulus (Bablo). décédé à Beyrouth en juillet 1974, après un long séjour en Syrie et au Liban, via la Géorgie, l'Argentine et la France, en nostalgie permanente de son pays. Nomadisant sur les Océans en quête de travail, il n ’avait plus revu ses parents et son village natal depuis 1911.

À ma mère Bosha, qui a rejoint sa dernière demeure terrestre à Lyon, en novembre 1975. Heureuse avec ses enfants et ses petits-enfants en Syrie et au Liban, elle portait toujours en elle la tristesse d’avoir été privée de ses parents, qu’elle n’a plus revus depuis 1922.

Aux Assyriens-Chaldéens-Syriaques, trois composantes d’un même peuple, qui ne cessent de migrer depuis 1915, année funeste, dite de l’Épée (farman, seyfo), qui a vu la moitié de cette nation, tenace, anéantie par la folie meurtrière du pouvoir ottoman, qui fut saisi par un nationalisme effréné, au visage le plus hideux, et par un fanatisme religieux, aux traits les plus tyranniques.

À Claire, mon épouse, qui a accompagné ce travail de sa conception à sa rédaction. Ses traces sont présentes dans les pages de ce livre.




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