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Les Massacres de Diarbékir


Auteur :
Éditeur : L’Inventaire Date & Lieu : 2000, Paris
Préface : Pages : 262
Traduction : ISBN : 2-910490-30-0
Langue : FrançaisFormat : 125x190
Code FIKP : Liv. Fre. Mey. Mas. 1023Thème : Général

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Les Massacres de Diarbékir

Les Massacres de Diarbékir

Gustave Meyrier

L’Inventaire


«Il faut lire le rapport de M. Meyrier, notre consul à Diarbékir...», déclarait Georges Clemenceau en 1897. Dix-huit mois s’étaient alors écoulés depuis ces jours de folie meurtrière de 1895, qui avaient vu des dizaines de milliers d’Arméniens de l’Empire ottoman se faire massacrer par les Turcs - sorte de répétition générale du génocide de 1915. Dix-huit mois s’étaient écoulés, mais l’émotion était encore grande dans l’opinion publique française et européenne.

Octobre 1894: Gustave Meyrier est nommé vice-consul de France à Diarbékir où il restera avec sa famille, jusqu’en juillet 1896. Très vite, il sent monter la tension dans la région et, fin connaisseur de «l’Homme malade», il comprend que les Arméniens risquent de faire les frais de l’incapacité d’Abdul Hamid II, le «Sultan rouge», à sauver son empire. Gustave Meyrier, en outre, n’ignore rien de ce qui se joue, pour les Grandes Puissances, autour de l’Empire ottoman aux abois. Cependant, s’il ne nourrit peut-être pas d’illusions sur la volonté d’intervention des Etats européens, il n’en lance pas moins tous les signaux d’alarme possibles.

Le présent ouvrage réunit les dépêches, télégrammes et rapports adressés par Gustave Meyrier à l’ambassade de France à Constantinople et, bien souvent, les réponses qui lui furent faites. Document unique, cette correspondance fait revivre, sur le terrain, au jour le jour, des événements terribles que le diplomate Gustave Meyrier s’efforce de comprendre et d’expliquer, tandis que l’homme Gustave Meyrier en est bouleversé au plus profond de lui-même. Elle révèle aussi le courage du vice-consul et de son épouse, qui sauvèrent la vie de centaines de personnes. Il faut en effet lire le rapport de M. Meyrier, vice-consul de France à Diarbékir...




LA SANGLANTE AGONIE DE «L’HOMME MALADE»


Lorsque le Vice-consul de France, Gustave Meyrier, rejoint son poste à Diarbékir en janvier 1894, l’Empire ottoman, «l’homme malade» selon le mot du tsar Nicolas 1er, tente, dans un dernier sursaut, de freiner un déclin continu, entamé dès la fin du règne de Soliman le Magnifique (1520-1566) et qui tend à le réduire irrémédiablement à l’Anatolie et son pourtour immédiat.

La défaite navale de Lépante (1571) avait marqué le début du recul des Turcs, longtemps réputés invincibles, un recul confirmé par les revers militaires en Hongrie et aux portes de Vienne face aux Impériaux, puis au Caucase face à l’Iran, avant que l’irrésistible poussée russe vers les «mers chaudes», à partir du XVIIIe siècle, ne devienne la principale menace pour un Etat multinational et multiconfessionnel, fragilisé de l’intérieur par son étendue même, son hétérogénéité et ses tares structurelles, notamment en matière d’administration des provinces et de statut des peuples soumis non musulmans.

Ce que l’on nomme la «Question d’Orient» recouvre l’histoire de la désagrégation de cet Empire, par son incapacité à se réformer et à prévenir les aspirations centrifuges, ainsi que tout le problème du partage des dépouilles par les Puissances européennes rivales. On en date traditionnellement le début en 1774, lorsque par le traité de Kutchuk-Kaïnardji, la Russie victorieuse obtient du Sultan une sorte de droit d’ingérence au nom de la protection des orthodoxes, pendant du protectorat de la France sur les catholiques issu des Capitulations renégociées en 1740. Jusqu’à l'effondrement de l’Empire ottoman, au lendemain de la Première Guerre, et la création de la République turque (1923), la «Question d’Orient» domine la scène internationale, avec des renversements d’alliances périodiques pour préserver l’équilibre des forces en Europe. Les Russes visent à étendre leur domination sur la mer Noire, les Détroits et, au-delà, la Méditerranée et les Balkans. Ils s’y heurtent aux Autrichiens et entrent en compétition avec les Anglais, anxieux de protéger «la route des Indes» à travers la Méditerranée orientale et les pays arabes. Les Français cherchent à préserver leurs positions économiques et culturelles auprès des chrétiens du Levant et se trouvent en concurrence tantôt avec les Russes, tantôt avec les Anglais. Bientôt, à la fin du XIXe siècle, l’Italie et l’Allemagne, après avoir réalisé leur unité, entreront aussi dans l’arène. Dans leurs luttes d’influence, les Puissances usent de l’action militaire, comme des intrigues diplomatiques, de la pénétration économique, culturelle et religieuse, de la constitution de clientèles par le jeu des protections consulaires ou l’encouragement des aspirations autonomistes, de l’intervention au nom de la défense des droits des minorités. Le revers en sera l’animosité croissante des autorités ottomanes à l’égard des populations suspectes de favoriser l’interférence des Puissances, en particulier celle du «grand voisin du Nord». L’alternance d’une politique de répression sanglante et de réformes inabouties ne contribue qu’à favoriser encore la fissuration de l’Empire à l’heure du «printemps des peuples» et de l’éveil des nationalités. Après la Serbie, la Grèce, l’Egypte, le Liban, la Bulgarie, l’effervescence atteint le Plateau arménien, ce champ de bataille perpétuel des grands Empires d’Orient et d’Occident.

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