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Dans le brasier Kurde


Auteur :
Éditeur : Fot Date & Lieu : 1976, Vaulx-en-Velin
Préface : Pages : 280
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 135x235 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Bra. Dan. N°305Thème : Général

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Dans le brasier Kurde

Dans le brasier Kurde

Emmanuel Braquet

Fot


Brigands de grands chemins? Pillards par atavisme? Guerriers surgis des contes du Moyen-Age? Mais qui sont-ils donc ces Kurdes? Et combien les légendes sont dures à détruire! Et s’ils étaient des hommes tout simplement, avec leurs joies et leurs peines, leurs espoirs et leurs souffrances, en seraient-ils plus décevants pour autant?

Après trois séjours au sein de ce peuple, dans des conditions souvent éprouvantes et parfois au risque de sa vie, Emmanuel Braquet revient avec des documents passionnants et une vue neuve sur cette ethnie dont la moindre des particularités est de se trouver répartie sur quatre Etats (Iran, Irak, Turquie et Syrie) représentant eux-mêmes trois civilisations: l’arabe, l’ottomane et la perse.

La greffe a-t-elle réussi entre ce peuple fier de ses traditions et de sa culture et les autres races? Les 13 millions de Kurdes, au contact forcé d’autres sociétés, ont-ils perdu leur âme, leur authenticité? Ou bien, au contraire, un sentiment d’identité nationale s’est-il forgé dans les persécutions, les oppressions, les génocides engendrés par les soulèvements successifs livrés contre les gouvernements centraux dont dépendent les provinces kurdes? Une question s’inscrit automatiquement en filigrane tout au long de ce récit: les minorités désireuses de conserver leur particularisme sont-elles condamnées devant le formidable rouleau compresseur de l’uniformisation en cette fin de XXe siècle? La réponse, ce jeune reporter est allé la chercher en Irak d’où il nous rapporte un témoignage d’une rare intensité sur le combat de tout un peuple mené par les guerriers rebelles du général Barzani. Personne ne pourra rester insensible devant le spectacle de ce peuple de légendes et de soleil, acceptant tous les sacrifices pour ce simple mot: Liberté.



Emmanuel Braquet, dont la vie s’est confondue un instant avec celle de ce peuple, fournit les éléments nécessaires pour que chacun soit en mesure de formuler une réponse.

Un document, un témoignage, une aventure... et les Kurdes ne seront plus, désormais, les oubliés de l’Histoire.

Emmanuel Braquet, à 33 ans, fête sa dixième année de grands voyages, d’expéditions et de reportages filmés ou écrits.
Depuis 1966, dès la fin de ses études à l’Institut Français de Photographie, il parcourt le monde, passionné par les coutumes et les traditions des peuples, tout en accordant une grande importance à l’étude politique et sociale des pays visités.

En 1968, après un voyage en Argentine et en Uruguay, il devient l’assistant de Jacques Cornet, cinéaste à « Connaissance Du Monde ». Il tourne en sa compagnie un film sur l’Afghanistan, puis un autre sur l’Iran. Il collabore à plusieurs revues et journaux français.

En 1972, il entreprend la réalisation de son premier film sur les « Kurdes », un sujet difficile en raison de la politique de répression pratiquée envers cette minorité par les Etats de Turquie et d’irak.

Correspondant de guerre pour le compte du « Figaro » lors des révoltes d’Irak en 1974 / 75, ses articles sont repris à l’étranger. Il assure aussi dans ce cadre une collaboration avec l’O.R.T.F.

Avec ce sujet « Les Kurdes », qui n’avait jamais été traité et présenté à la tribune de «Connaissance Du Monde », Emmanuel Braquet fait une entrée remarquée dans le club fermé des jeunes réalisateurs de grands reportages.

 



PROLOGUE


Hommes de guerre, vous portez sur vos visages, et jusque dans vos sourires, le masque hideux et tragique de la mort. Elle vous appartient, elle colle à votre peau, même si vous ne l’avez pas choisi comme compagne. Mais la mort ne vous demande pas de la choisir. Elle vous élit.

Hommes d’armes, partout où l’on se bat, nous sommes devenus vos accessoires. Nous, les informateurs avides de sensationnel, toujours à l’affût des soubresauts ou des pulsions des peuples.

Nous payons un lourd tribut à la dame à la faux. Et, s’il meurt aujourd’hui plus de journalistes que de généraux dans un conflit, n’est-ce pas tout simplement parce que les premières cités portent leur métier aux dimensions de l’Absolu, alors que ces derniers ont, depuis longtemps, renoncé aux exigences de leur vocation de jeunesse...

Guerres officialisées, institutionnalisées, sanctifiées, certifiées justes, pour la bonne cause, lorsque l’affrontement des idéologies le permet ; ou sales petites guerres ignorées, mini-génocide d’ethnies qui luttent pour leur survie, pour conserver un particularisme ou conquérir la liberté...

Guerres propres, modernes, efficaces, ou guerre de gueux et de seigneurs du Moyen-Age ; il y a toujours un témoin pour assister aux cris de joie des vainqueurs ou pour accompagner l’agonie des vaincus.

Après avoir effectué quatre séjours dans les différentes parties du Kurdistan, en Iran, en Turquie et en Irak, je me contente d’apporter un témoignage vécu. Je ne me penche pas sur le peuple kurde comme un entomologiste sur un insecte. Récit de voyage, puis de guerre, ce livre prend parfois l’aspect d’un réquisitoire. Comment l’éviter vis-à-vis de ceux qui accomplissent un crime et de ceux qui s’en font les complices ?



I

Pourquoi?

Naoperdan, 14 avril 1974.
« Airplanes... airplanes! »
Le cri de Chahaba me réveille en sursaut.
« Airplanes... Airplanes! ».

Notre cuisinier en chef tape frénétiquement avec une grosse cuillère en bois sur la marmite suspendue en permanence depuis 48 heures dans le hall de la grande bâtisse - un des rares bâtiments en pierre du secteur - pour nous prévenir que des avions irakiens sont signalés. Il est trois heures du matin et je n’ai pas du tout envie de contempler le ciel kurde dans lequel scintillent des milliers d’étoiles. Je cherche l’interrupteur... un déclic; mais rien, aucune lumière. C’est vrai! J’ai oublié que le black-out le plus complet règne depuis le début du combat.

En bas, le bruit de gong improvisé s’arrête. « Kak » Chahaba, courageux mais pas téméraire, a dû rejoindre l’abri à cinquante mètres de notre « hôtel ». Cuisinier le jour, il est préposé à la surveillance la nuit. Il ne dort que d’un œil, allongé sur une couverture dans le hall, la cuillère à la main à proximité du récipient faisant fonction de tam-tam.

« Ecouter », voilà son rôle nocturne. Ecouter le bourdonnement des gros moustiques d’acier, à peine audible, et qui s’amplifie pour se transformer en une musique mortelle en déversant leurs bombes et semant …

(*) « Kak » signifie frère ou monsieur, d’une manière familière : l’ami.

 




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