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Iran: le retour de la Perse


Auteur :
Éditeur : Jean Picollec Date & Lieu : 2009, Paris
Préface : Pages : 408
Traduction : ISBN : 2-86477-233-7
Langue : FrançaisFormat : 135x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Ami. Ira. N° 2927Thème : Politique

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Iran: le retour de la Perse


Iran: le retour de la Perse


Ardavan Amir-Aslani


Jean Picollec


Des rives de la Méditerranée aux confins de l'Inde, le monde est un chaudron où les éléments sont en fusion : un Pakistan menaçant par ses convulsions et sa bombe nucléaire, des attentats à Bombay qui exacerbent les tensions entre l'Inde et son voisin, la guerre à mort entre le Hamas et Israël qui rappelle que toute solution ne peut être que politique, le guêpier afghan, l'impasse sanglante irakienne, les mystères syriens, les déchirures libanaises et enfin le retour de la Russie dans le Caucase, ses convoitises en Asie Centrale et l'hégémonie énergétique qu'elle souhaite imposer, voici quelques uns des risques qui planent sur le monde.
Paradoxalement, le seul élément stabilisateur ne serait-il pas l'Iran? Ce pays, irrigué par la culture multimillénaire de la Perse, a de nombreux atouts : pivot de l'islam chiite, des réserves en hydrocarbures parmi les plus importantes du monde, son histoire et une jeunesse tournée vers l'avenir et la modernité.
Or avec le prochain scrutin présidentiel en Iran (juin 2009), les circonstances semblent propices aux changements en attendant de connaître la politique du nouveau Président américain Barak Obama.
Voici le dossier qui vous est proposé, sans tabous ni propagande, sur ce pays afin de comprendre le monde tel qu'il va, avec ses périls et ses solutions.


Avocat, Ardavan Amir - Aslani, est le conseil de groupes internationaux et de plusieurs Etats. Par sa connaissance des principaux pays du Proche-Orient, il est un observateur privilégié et averti de l'évolution de l'Iran et de la région.



Chapitre I

Vers une ère nouvelle

Le tournant ?- Ahmadinejad, le rendez-vous new-yorkais - Sortir du 11 septembre ? - Téhéran, l’ennemi déclaré - Comprendre l'Iran.

Novembre 2008, les Américains viennent de désigner leur nouveau Président. Après George W. Bush, une ère nouvelle s’ouvre. Barak Obama est le nouvel hôte de la Maison Blanche. Quatre ans pour agir. La campagne électorale qui vient de s’achever aura été l’occasion d’un premier bilan de l’action de George W. Bush. La crise financière et les perspectives de récession ont été des éléments déterminants dans le choix des électeurs. Pour la première fois depuis bien longtemps, la politique extérieure des États-Unis aura été l’un des enjeux de la Présidentielle, avec la situation en Afghanistan, en Irak, en Iran, voire au Pakistan, d’autant que l’équipe sortante est «décrédibilisée» aux yeux de nombreux pays en particulier au Moyen-Orient.
La situation y est des plus fluctuantes : les données sont bouleversées.1

L’Amérique découvre que son fidèle allié le Pakistan, puissance nucléaire, fait sournoisement de plus en plus le jeu des Taliban2. Le gouvernement pakistanais qui regroupe les opposants au Président Musharraf a engagé une procédure de destitution. Le prince Mugrin ben Abdul Aziz, chef des services secrets séoudiens vient à Islamabad le 16 août 2008. Il propose au Président pakistanais l’asile politique en Arabie.

Même si pour les Américains, il est difficile de se dépêtrer du jour au lendemain du piège irakien, l’idée fait son chemin. La priorité est de stabiliser l’Afghanistan, d’empêcher la création d’un front fondamentaliste pakistano-afghan, quitte à un rapprochement entre l’Afghanistan et l’Inde et d’y accroître ainsi un peu plus la tension entre Islamabad et New-Delhi3. Washington doit garder des atouts majeurs au Pakistan. Il y dispose d’une carte : le général Pervez Kayani. Nommé chef des armées fin 2007, il a fait ses études militaires aux États-Unis et partage les préoccupations américaines. Menacé par la procédure de destitution, Pervez Musharraf préfère démissionner le 18 août. Il se dit qu’il aurait pris cette décision en échange de son immunité judiciaire.

En juillet, la Syrie a engagé un dialogue avec Israël. Pourtant, quelques mois plus tôt, le 6 septembre 2007, l’aviation israélienne avait pris pour cible un bâtiment censé abriter des composants nucléaires livrés clandestinement à la Syrie par la Corée du Nord. Les gouvernements arabes n’ont pas condamné cette agression et tous les autres États observent un mutisme étonnant. Ce raid israélien peut aussi être considéré comme un coup de semonce adressé à l’Iran.

Ankara qui a renoué avec Damas et qui entretient des relations de proximité avec Jérusalem fait office d’intermédiaire entre la Syrie et Israël. Pourtant, pendant que les parties discutent, les colons israéliens poursuivent leurs implantations de colonies sur le Golan. Dans ce contexte quel résultat attendre de ces entretiens sachant qu’Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, empêtré dans des affaires de corruption, poursuivi par la justice de son pays, est contraint à la démission? Tzipi Livni, ministre des Affaires Étrangères, a été tentée de lui succéder4. Dans l’impossibilité de former un gouvernement, son parti devrait affronter des législatives avec face à elle le Likoud de Benjamin Netanyaou. Cette crise interne israélienne aura pesé sur les discussions de paix avec les Palestiniens de Mahmoud Abbas. L’enjeu que représentent ces élections israéliennes comme la période de transition à Washington n’auront pas été étrangers à la violence du conflit qui a opposé le Hamas à l’État hébreu en janvier 2009.

Même Damas et Beyrouth envisagent de nouvelles relations. Le Président syrien, Bechir el-Assad, reçoit son homologue libanais le général Michel Sleimane. Le 13 août, les deux pays décident d’établir des relations diplomatiques. Or ce même jour, un attentat à Tripoli, chef-lieu du Liban nord, fait quatorze morts dont neuf soldats. Dans cette même ville, dans le camp palestinien de Nahr Al-Bared, l’armée commandée par Michel Sleimane avait vaincu les djihadistes de Fatah Al-Islam en 2007.

Alors que le conflit entre Kurdes et Turcs a fait plus de 37 000 morts depuis 1984, l’aviation turque a une fois encore bombardé un repaire de rebelles kurdes dans la nuit du 16 au 17 août 2008.

Le 9 août, le Président géorgien Mikhaïl Saakachvili lance ses troupes en vue de reconquérir la région séparatiste pro-russe d’Ossétie du Sud. Est-ce comme le présentent André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy « le tournant le plus décisif de l’histoire européenne depuis la chute du mur de Berlin5 ? » Que la Géorgie ait été victime des provocations russes, que Moscou ait depuis longtemps un plan contre Tbissili, certainement. Le fait est, c’est le Président géorgien qui a déclenché les hostilités. Une initiative que même les Russes ne pouvaient espérer.
Pourtant pour Vladimir Poutine, l’effondrement de l’Union Soviétique a représenté « la plus grande catastrophe géopolitique du (XXe) siècle ». Pour sa sécurité, Moscou considère devoir créer un bouclier sur les flancs stratégiques qui bordent la Russie. Il ne s’agit pas seulement de s’assurer le contrôle des routes du gaz et du pétrole. L’installation du bouclier antimissile américain en Pologne ne peut qu’être condamnée et perçue par les Russes comme une agression de Washington à leur encontre6. Le chef adjoint d’état-major russe, Anatoli Nogovitsyne est clair : « La Pologne s’expose à être frappée, elle devient la cible de contre-mesures. De tels objectifs seront détruits en priorité ». Selon Glucksmann et Lévy « Il n’en va pas seulement de la Géorgie. Il en va aussi de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan, de l’Asie Centrale, de l’Europe de l’Est, donc de l’Europe ». Ils omettent le rôle et l’influence dans la région d’Israël, de la Turquie et de l’Iran, car c’est bien une réalité, le Caucase et l’Asie Centrale sont devenus des enjeux. L’Europe a besoin des ressources énergétiques de ces États et à l’issue du second mandat de George W. Bush, Bruxelles n’est pas la puissance politique et militaire que les 27 espéraient et les États-Unis ont face à eux le renouveau de l ’Empire russe et des États qui ont su édifier une puissance, comme l’Iran.

…..


1. IFRI, Perspectives Moyen-Orient Maghreb, Denis Bauchard, mai 2008.
2. Taliban (pluriel de taleb) : étudiants en théologie qui veulent imposer une théocratie en Afghanistan.
3. Le 7 juillet 2008, un attentat perpétré devant l’ambassade de l’Inde à Kaboul fait plus de cinquante morts. Des officiels américains ont confirmé dans le New York Times l’implication de l’ISI Inter Service Intelligence (services secrets pakistanais).
4. Tzipi Livni avait été désignée à l’occasion d’une primaire, organisée par le parti « centriste » Kadima, créé par Ariel Sharon. Elle a obtenu 16936 voix contre 16505 à son adversaire Shaul Mofaz, ministre des Transports et ancien général né en Iran.
5. Tribune libre « SOS Géorgie ? SOS Europe ! », Libération, 14 août 2008.
6. L’accord, américano-polonais prévoit l’installation par les États-Unis sur le sol polonais, d’ici à 2012, de dix intercepteurs capables de détruire en vol d’éventuels missiles balistiques de longue portée.




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