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Iran, la revolution islamique


Auteur :
Éditeur : Complexe Date & Lieu : 1985, Bruxelles
Préface : Pages : 256
Traduction : ISBN : 2-87027-152-2
Langue : FrançaisFormat : 115x180 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Hag. Ira. N° 1951Thème : Général

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Iran, la revolution islamique

Iran, la revolution islamique

Chapour Haghighat


Editions Complexe


Dans la nuit du 11 février 1979, après deux jours d’émeutes et de violents combats, la population insurgée, appuyée par des unités de l’armée favorables à l’imam Khomeiny et par des groupes de guérilleros, investit entièrement Téhéran et s’empare des points stratégiques de la capitale. L’appareil impérial, vieux de 2 500 ans, s’effondre sous les coups d’une foule en délire. La révolution a triomphé.
Au fil des mois, alors que la plupart des organisations politiques iraniennes s’interrogent sur le contenu à donner à cette révolution, le « clergé » et plus particulièrement le noyau décidé autour de Khomeiny, s’empare du pouvoir et érige un ordre social et politique nouveau, basé sur une conception intégriste de l’Islam.
Aujourd’hui le pouvoir chiite est solidement installé et la société islamique instaurée. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Quelle est aujourd’hui la réalité quotidienne de l’Iran ?
Après avoir rapidement brossé les conditions de la chute du Chah et de l’avènement des mollah, Chapour Haghighat nous propose la première analyse de l’évolution du pouvoir islamique et des nouvelles structures imposées aux Iraniens depuis 1979.


Chapour Haghighat est Iranien. Après avoir suivi des études de sciences sociales à l’Université de Paris V, où il a obtenu son doctorat, il a enseigné pendant plusieurs années à la Sorbonne. Opposant au régime du Chah, il a soutenu la révolution iranienne mais a très tôt pris position contre l’orientation du nouveau régime, comme en témoigne son premier livre consacré à l’iran : Iran, la révolution inachevée et l’ordre américain (Anthropos, 1980), où il analysait également la situation du pays dans le contexte international. Il poursuit actuellement des recherches aux Universités de Paris et de New York.



L’EFFONDREMENT DE LA MONARCHIE

Le 11 février 1979, tard dans la nuit, après deux jours d’émeutes et de violents combats, la population insurgée, appuyée par des unités de l’armée favorables à Khomeiny et des groupes de guérilleros, investit entièrement Téhéran et s’empare des points stratégiques de la capitale. Les forces royalistes sont repoussées et contraintes de se rendre. Les casernes, les commissariats, les prisons, le siège de la SAVAK, le palais du Premier ministre, le parlement, le quartier général du haut commandement de la loi martiale tombent les uns après les autres. L’appareil impérial, vieux de 2.500 ans, s’effondre sous les coups d’une foule en délire. La révolution a triomphé.

Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les événements qui ont conduit au renversement de l’une des plus « inébranlables » dictatures du monde?

L’empire du silence

Deux ans avant la révolution, au début de l’année 1977, il n’existe aucune force d’opposition organisée en Iran. Un appareil répressif soutenu par un redoutable réseau de services secrets et desforces de l’ordre omniprésentes a su, tant bien que mal, étouffer toute velléité contestataire. Un ordre social imposant garantit à l’Etat une apparence de calme. L’intensité de la répression décourage toute résistance. Certes, protestations universitaires et grèves ouvrières surgissent sporadiquement, malgré les arrestations et les intimidations, mais elles sont vite circonscrites et réprimées. Tandis que sur le plan extérieur, l’Iran est assujetti économiquement, politiquement et militairement à l’Occident, surtout aux Etats-Unis, à l’intérieur, la corruption et le népotisme de la famille royale et des favoris de la cour rongent l’administration et l’appareil étatique.

Depuis le coup d’Etat d’août 1953, fomenté par la CIA, et la chute du gouvernement de Mossadegh, le régime impérial a cherché, en usant de tous les moyens possibles, à consolider son pouvoir. Bien qu’une démocratie parlementaire de façade soit maintenue, la suprématie de la cour sur toute la vie politique et sociale est écrasante. Le Chah contrôle les partis et le Majless (Parlement) ; la justice est sous sa coupe ; la censure est sévère, la presse muselée. Et surtout, la police politique secrète, mise en place depuis 1957, la SAVAK (Sâzmân-e Ettelâ’ât Va Amniat-e Keshvar), sème la terreur parmi la population.

En 1963, un plan de « réformes sociales », baptisé « Révolution blanche », est élaboré par le Chah, sous la pression de l’administration Kennedy. Ces réformes attaquent de front le monde traditionnel, au profit de la nouvelle bourgeoisie, et provoquent la colère des religieux et des commerçants du Bazar, qui s’élèvent en particulier contre la redistribution des terres (dont un tiers est détenu par les religieux) et l’émancipation des femmes. La tension est également grande parmi les intellectuels et les étudiants qui, pour leur part, protestent contre la répression et réclament des mesures de libéralisation politique. Tous ces mécontentements conduisent, en juin 1963, à de sanglantes émeutes, auxquelles prennent part aussi bien les forces conservatrices que les libéraux.

Peu de temps après, à l’instigation du département d’Etat, le Majless approuve une loi garantissant l’immunité diplomatique du personnel militaire américain résidant en Iran. Cette loi est aussitôt dénoncée par l’opposition, qui y voit un retour à la « capitulation », abolie en 1928.
L’ayatollah Khomeiny est une figure marquante de ce courant de contestation. Conservateur sur le plan religieux, par ses positions radicales en politique, il gagne la sympathie d’une partie des mouvements qui s’insurgent contre l’arbitraire du régime en place. Un an plus tard, en 1964, il est expulsé vers la Turquie, et se réfugie en Irak, où il passera de longues années d’exil.

L’élimination des forces d’opposition traditionnelles conduit à la fin des années 1960 et au début des années 1970 à l’émergence d’une guérilla urbaine qui remet en question l’attentisme du Front National mossadeghiste et du Parti Toudeh (pro-communiste). Durant cette période, une lutte armée clandestine assez active se développe, dirigée par les Fedayîns et les Moudjahedines du peuple (les premiers de tendance marxiste, les seconds se réclamant d’un Islam progressiste). Mais ce mouvement de guérilla est rapidement écrasé par une répression brutale. S’il n’a pas réellement inquiété le système, il a du moins réussi, au prix de nombreuses victimes, à briser un long silence et à affecter le mythe d’« invincibilité » du régime. A la fin des années 1970, ces groupes de guérilleros sont épuisés et meurtris, divisés de surcroît en tendances idéologiques contradictoires. C’est seulement au moment des révoltes populaires qu’ils parviendront à se regrouper. Ils contribueront alors au déclenchement des grèves et participeront à des actions militaires au cours des journées décisives de la fin du règne.

Les intellectuels et les droits de l’homme

A partir du début de 1977, on peut observer les signes annonciateurs d’un grave et profond mouvement social, La prise de position de la nouvelle administration démocrate américaine en faveur du respect des droits de l’homme a eu une répercussion incontestable sur les milieux politiques de tous les pays vassaux dont la survie dépendait essentiellement de la force. Les déclarations fracassantes du candidat, puis président Carter (élu le 2 novembre 1976) ont suscité un immense espoir auprès des intellectuels et des universitaires iraniens.

En janvier 1977, des incidents éclatent à l’université. Les étudiants se mobilisent pour expulser les forces de l’ordre et les membres de la SAVAK qui, depuis 1972, assurent la surveillance des campus. Un peu plus tard, en mars, un célèbre essayiste et sociologue iranien, Ali Asghar Hadj Seyyed Djavadi, publie une lettre ouverte au Chah de plus de 200 pages où il expose la situation de l’Iran. Le ton est courtois, respectueux mais assez critique. Tirée à plusieurs milliers d’exemplaires et diffusée clandestinement, cette lettre ne provoque aucune réaction de la part du pouvoir. Son auteur n’est ni inquiété, ni arrêté. Cet événement inattendu a un grand retentissement auprès des Iraniens, qui l’accueillent avec une satisfaction mêlée d’étonnement.

Au bout de quelques mois, plusieurs groupements ou associations, tels que le Comité de défense des prisonniers politiques, le Comité des droits de l’homme, la Fédération des juristes, l’Union des écrivains, etc., voient le jour ou se reconstituent. Ils exigent le respect des libertés fondamentales, multiplient les pétitions, les lettres ouvertes, et diffusent des publications clandestines.

En juin 1977, quarante intellectuels et écrivains protestent contre l’absence de liberté d’expression et demandent …

 




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