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La Turquie en Europe


Auteur :
Éditeur : Plon Date & Lieu : 1988, Paris
Préface : Pages : 272
Traduction : ISBN : 2-259-01903-X
Langue : FrançaisFormat : 140x230mm
Code FIKP : Liv. Fre. Oza. Tur N° 1831Thème : Politique

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La Turquie en Europe

La Turquie en Europe

Turgut Özal

Plon

« Au moment où la Turquie présente sa demande d’adhésion aux Communautés européennes, après en avoir été membre associé pendant près de vingt-cinq ans, son Premier ministre, Turgut Özal, démontre les intérêts multiples d’une candidature à la fois logique et nécessaire.
« Le Premier ministre de Turquie s’adresse à nous et interpelle la conscience européenne. Nous allons l’écouter nous parler de la Turquie en Europe, en tant que réalité politique, économique et culturelle. Pour la première fois, c’est un Turc qui exprime le point de vue turc et nous invite à regarder son pays avec lui. Autrement.
« Cet ouvrage n’est pas seulement un livre d’actualité. C’est une réflexion qui éclaire la richesse historique - souvent oubliée - qui a préludé à la longue marche de la Turquie vers l’Europe et à sa progressive intégration politique et économique.
« Un livre miroir de l’Europe en Turquie et de la Turquie en Europe. » / Francis Lamand



PRÉFACE

Le 14 avril 1987, le gouvernement turc déposait officiellement la demande d'adhésion de la Turquie aux Communautés européennes, conformément aux dispositions du traité de Rome.
Quelque décisive que puisse paraître cette date dans l’histoire de la Turquie, la démarche ne constitue pas en soi un acte politique inattendu. En effet, le 3 juillet 1959, la Turquie avait déjà demandé à devenir membre associé de la Communauté économique européenne, qualité qui lui fut accordée le 1er décembre 1964. Aujourd’hui, c’est une adhésion pleine et entière aux Communautés européennes qu’attend la Turquie.

Si chaque pays a son destin propre, il est des pays que le destin désigne à une place et pour un rôle déterminé. La Turquie, assurément, en fait partie. Terre d’empire, terre de détroits, terre de lais et de relais, terre d’Occident et terre d’islam, la Turquie, péninsule allongée d’est en ouest unissant deux continents à la Méditerranée nord-orientale, est naturellement une charnière, un pont jeté entre l’Orient et l’Occident. Ce pays compte, aujourd’hui, quelque cinquante millions d’habitants vivant sur un territoire d’une superficie sensiblement égale à celle de la France et de la République fédérale allemande réunies, et constitue le flanc oriental de l’Europe, comme l’Espagne et le Portugal en constituent le flanc occidental: sa situation axiale lui a valu de connaître à la fois le mouvement de l’Histoire — celui des civilisations qui s’y sont rencontrées — et l’histoire du mouvement — celui de la circulation des sèves culturelles qui ont fait son identité.

Rien d’étonnant à ce que la Turquie ait été présente en Europe depuis le XIVe siècle, quand l’empire ottoman s’est établi sur la rive européenne de la mer de Marmara, pour s’étendre ensuite sur les Balkans et atteindre enfin les profondeurs du vieux continent. Il s’agit d’une présence européenne de plus de six cents ans, d’une longue cohabitation dont le temps a prouvé et éprouvé la nécessité, quels qu’en aient pu être les contrariétés, les épisodes et même les drames.

Rien d’étonnant à ce que la Turquie, associée ainsi géopolitiquement à l’histoire de l’Europe, ait adhéré depuis longtemps, en tant que membre à part entière, à toutes les organisations européennes, telles que l’OTAN, le Conseil de l’Europe et l’O.C.D.E.

C’est dans ce paysage exceptionnel que s’inscrit la demande d’adhésion de la Turquie aux Communautés européennes. Tous les Turcs, tous les Européens se trouvent concernés far l’éventualité de cette intégration : l’opinion européenne et internationale se doit d’être éclairée sur les intentions, les moyens, les capacités et les intérêts du pays candidat, en même temps que sur les intérêts de l’Europe qui, après une longue et laborieuse gestation politique, trace les premières lignes de force de son propre mouvement, à la découverte de sa propre image.

Nul n’était plus qualifié, pour justifier la démarche du gouvernement turc, que son Premier ministre, M. Turgut Özal.
L’initiative est courageuse, lucide et nécessaire. Un Turc parle aux Européens, un Turc parle aussi aux Turcs, et cette double interpellation ne peut que favoriser là prise de conscience collective d’un intérêt majeur réciproque.

Un lecteur non averti ne manquera pas d’être surpris et même saisi par l’éclairage nouveau projeté sur une réalité qui, pour être d’abord historique, n’en est pas moins souvent déformée par le regard européocentriste que nous, Européens, portons sur la Turquie. Pour la première fois, c’est un Turc qui parle de la Turquie et qui nous invite à regarder la Turquie avec lui. Autrement.

J’ai eu le privilège de rencontrer et de connaître M. Turgut Özal. Pour avoir découvert, au fil de nos conversations, ses qualités d’homme d’État et de patriote, c’est pour moi un grand honneur de préfacer son livre. L’économiste et l’humaniste, le démocrate et l’homme d’action ont fait de M. Turgut Özal, depuis 1983, le conciliateur et le réconciliateur de la Turquie, au dedans comme au dehors. Pour l’avoir entendu, le 14 novembre 1985 au siège de l’UNESCO, dans le cadre d’une conférence internationale tenue par l’organisation française « Islam et Occident » que je préside, présenter le programme turc de redressement économique et de stabilisation de la Turquie dans la perspective de sa contribution au nouvel ordre économique international, nous savons quelle foi, quelle détermination, quel discernement et quel réalisme habitent M. Turgut Özal.

Le Premier ministre de Turquie nous parle. Nous allons l’écouter nous parler de la Turquie en Europe, en tant que réalité politique, économique et culturelle. Nous allons découvrir ou redécouvrir que l’Europe est déjà en Turquie.

L’adhésion aux Communautés européennes suppose que soient remplies trois conditions fondamentales : le pays doit être européen, démocratique, et le niveau de son économie doit lui permettre d’assumer les obligations découlant du traité de Rome. La voie de l’adhésion est ouverte à tous les pays européens, s’ils partagent l’« idéal » communautaire. Cette exigence du traité de Rome, que nous rappelle le Premier ministre, est-elle satisfaite s’agissant de la Turquie?

Pour savoir si la Turquie peut être considérée comme européenne, il convient de se référer à la notion originelle d’identité dans les deux espaces. L’identité peut être définie comme l’ensemble des valeurs éthico-sociales qui constituent le patrimoine culturel d’un peuple ou d’une nation. Elle est à la fois un acquis de société et un appel à l’enracinement. En ce sens, l’identité culturelle européenne est gréco-latine autant que judéo-chrétienne. Sans renier les apports du flux et du reflux des invasions et des guerres qui marquèrent son histoire, l’Europe offre une identité bimillénaire qui a toujours revendiqué cette bipolarité.

Vieille de dix mille ans, la civilisation turque est d'abord anatolienne, et l’Anatolie est un creuset où se sont interpénétrées les cultures héritées de la Mésopotamie — Sumer, Babylon et l’Assyrie —, des Hattis, Hittites, des Hourrites et autres peuples et, plus au sud, celle des Crétois. L’Asie Mineure devint le berceau d’une civilisation spécifiquement anatolienne dont la fertilité, dès le début du deuxième millénaire avant l’ère chrétienne, devait ensemencer la pensée et les mythes de l’Occident : on y rattache aussi bien Homère qu’Héraclite d’Éphèse et les plus grands présocratiques.

M. Turgut Özal présente à grands traits le panorama de cet immense horizon duquel sortiront les grands courants de la pensée universelle, nés de la confluence des civilisations qui se sont succédé en Anatolie jusqu’à la fondation à Byzance, au IVe siècle, de l’empire romain d’Orient. On y relèvera deux moments décisifs dans la naissance de la pensée occidentale et européenne : les deux concepts de « Logos » et de « Verbe », dus, l’un à Héraclite d’Ephèse (au Ve siècle avant Jésus-Christ), l’autre à saint Jean l’Évangéliste (à la fin du Ier siècle de l’ère chrétienne), vont figurer la matrice originelle de la pensée de l’Occident et fonder la classicité de sa philosophie. Le Logos d’Héraclite — principe divin, rationnel et logique selon lequel le monde est organisé — et le Verbe de saint Jean, qui lui fait écho, ont scellé la doctrine de l’unité profonde, divine et essentielle, qui préside à la création. A Èphèse, l’Européen peut et doit faire le pèlerinage de sa propre identité, car l’unité du Logos et du Verbe a fondé son espérance et sa compréhension du monde.

L’Anatolie vit s’épanouir le christianisme à l’intérieur et à l’extérieur: c’est en Asie Mineure que se définira peu à peu et se fixera le dogme chrétien. C’est aussi de l’Asie Mineure que partiront, vers l’Europe, ses messagers. On connaît la part qu’y prirent les épîtres de saint Jean et de saint Paul et les sept premières églises chrétiennes fondées en Anatolie : saint Jean écrivit l’Évangile à Éphèse, là même où saint Paul écrivit la première Épître aux Corinthiens, après Z’Épître aux Éphésiens qui prêcha la réconciliation de tous les hommes.

On connaît moins la relation entre le christianisme des Gaules et l’Anatolie. Se rappelle-t-on que le christianisme, suivant le courant commercial méditerranéen, s’introduisit dans les Gaules par la vallée du Rhône que remontèrent, au IIe siècle de l’ère chrétienne, Pothin et Irénée ? Originaires de Smyme — aujourd’hui İzmir —, Pothin et Irénée devinrent évêques de Lyon l’un et l’autre, avant d’y mourir martyrs, l’un en l’an 177, l’autre en l’an 208. Saint Irénée, enfant d’Anatolie, devenu chef spirituel de Valence à Besançon, assura, par son rayonnement spirituel, la diffusion du christianisme dans les Gaules.
Ainsi, bien avant que le christianisme ne devînt à Byzance religion d’État par la volonté de l’empereur Théodose Ier, à la fin du IVe siècle de l’ère chrétienne, l’Anatolie avait vu fleurir et se propager la religion chrétienne.

Ce rappel historique n’est pas innocent. Il établit, me semble-t-il, la convergence originelle de l’identité européenne et de l’identité anatolienne par la communauté d’éléments de leur patrimoine spirituel, et préfigure la coexistence pacifique de l’Occident et de l’islam qui caractérisera plus tard l’empire ottoman. Pourra-t-on nier que la pensée occidentale, à la fois gréco-latine et judéo-chrétienne, plonge des racines dans cette Anatolie romanisée, christianisée, avant d’être islamisée ? Les développements que l’auteur réserve à cette lente évolution susciteront sûrement, chez le lecteur, un intérêt vigoureux, sinon acquiesçant.

A ceux que ne rebuterait pas une telle évidence, peut se présenter une dernière objection culturelle à l’intégration de la Turquie en Europe. Elle concerne l’islam, religion des Turcs, et pose la question de la coexistence d’une minorité turque musulmane d’environ cinquante millions de fidèles au sein d’une population chrétienne européenne de plus de trois cents millions. M. Turgut Özal n’élude pas cette objection éventuelle et, toujours partisan d’un débat franc et global, y répond. C’est oublier, dit-il, que la Turquie est d’abord un État laïque et que la laïcité institutionnelle de son pays a été l’aboutissement d’une pensée sociale et politique déjà sensible à la fin de l’Eempire ottoman, laquelle, nourrie du souvenir de la coopération islamo-chrétienne que le pouvoir ottoman avait développée en Anatolie durant les siècles précédents, devait appeler la réforme de Mustafa Kemal. Atatürk, par un choix unique et historique dans le monde musulman, optait définitivement en 1928 pour l’occidentalisation séculière de son pays. Constitutionnellement, l’islam n’était plus religion d’État, les valeurs occidentales étaient intégrées à la société turque. Civilisation et Europe devenaient synonymes.

C’est oublier aussi, peut-on ajouter, que cette laïcité réussie a préservé la libre pratique de la religion musulmane qui offre toujours, en Turquie, l’image traditionnelle d’un islam sunnite et orthodoxe, hanafite et tolérant. On peut dire aussi « spirituel », puisque c’est de Konya — ancienne Iconium — et capitale des Seldjoukides à la fin du XIe siècle, que le grand mystique musulman Mevlânâ Djalal ed-Din Rumî devait lancer le plus haut message d’amour, de tolérance et de paix jamais jailli d’un cœur d’homme :
Viens, viens, qui que tu sois,
Viens aussi.
Que tu sois un infidèle, un idolâtre ou un païen,
Viens aussi.
Notre maison n’est pas un lieu de désespoir,
Même si cent fois tu as violé un serment,
Viens aussi...

L’authentique grandeur de l’islam est tout entière dans cet appel pathétique et réduit les zébrures actuelles de certaines fractions du monde musulman d’aujourd’hui à la dimension de défigurations événementielles, vouées inévitablement à la fugitivité politique des desseins de leurs auteurs.
Doit-on ajouter encore que les relations entre l’Occident et l’islam ne peuvent sérieusement, aujourd’hui, s’exprimer en termes d’antagonisme, mais en termes de solidarité essentielle dans le respect des différences et dans la convergence abrahamique de leurs valeurs spirituelles, comme le soulignait, lors de la rencontre de Casablanca du 19 août 1985, le pape Jean-Paul II? En ce sens, une présence musulmane minoritaire aussi modérée au sein de la Communauté européenne serait un facteur d’enrichissement interculturel, en meme temps qu’elle désignerait la Turquie comme interprète naturel de la communauté européenne auprès du monde islamique.

Se rappelle-t-on le rôle joué par l’islam comme relais et comme gardien de la pensée grecque qui a si profondément imprégné la pensée islamique ? D’un point de vue théologique et philosophique, la doctrine de l’islam partage, avec le judaïsme et le christianisme, l’héritage de la pensée grecque.
M. Turgut Özal rappelle comment la culture grecque, qui constitue l’une des premières et principales bases de la culture occidentale, a inspiré la philosophie et la théologie islamiques.
L’islam turc a intégré les valeurs universelles de l’hellénité avant de les diffuser à son tour: c’était déjà l’européanisation de la complémentarité culturelle. Un fait culturel n’est d’ailleurs jamais isolé : il est toujours l’élément d’un tout solitaire, d’un mouvement circulaire qui est l’environnement nécessaire de toute identité socio-culturelle.

La Turquie est-elle européenne ?
Remercions M. Turgut özal de nous avoir donné les éléments d’une réponse qui, à tous points de vue, ne peut être qu’affirmative. Le riche et passionnant débat qu’il nous livre est le terme d’une histoire incroyablement féconde qui pour nous, Européens, souvent assiégés par notre ethnocentrisme, ne peut être que la source d’une réflexion d’ouverture. On réalise en effet l’apport du réformisme d’Atatürk à l’occidentalisation : Mustafa Kemal voulait forger une nouvelle identité pour les Turcs et l’occidentalisation politique qu’il inspira résolument devait nécessairement s’accompagner d’une occidentalisation économique, dont le programme turc de stabilisation du 24 janvier 1980, inspiré du modèle occidental de l’économie de marché, est le prolongement logique. L’histoire de la Turquie est celle d'une oscillation entre l'Orient et l'Occident : l'occidentalisation à deux temps venait parfaire un mouvement inscrit dans les faits depuis deux cents ans.

La Turquie, en s'occidentalisant, est devenue moderne et, en se modernisant, s'est occidentalisée. Cette démarche irréversible, qui fut une longue marche, situe la Turquie dans l'espace géopolitique de l'Occident et en fait, depuis Atatürk, un pays européen. La première condition posée par le traité de Rome nous paraît incontestablement remplie, parce que le partage de l'« déal » européen est l'expression d'un choix de société définitivement arrêté.
Quant au caractère démocratique de son gouvernement, M. Turgut Özal a démontré que les événements de septembre 1980 ne l'avaient pas remis en cause: les dernières élections de 1983 et de 1987 en sont un gage, parmi d'autres. La Turquie a adhéré à toutes les organisations du monde libre, souscrit à toutes les conventions qui défendent les libertés et les droits de l'homme.

Le niveau de l'économie de la Turquie s'est élevé régulièrement. Son industrialisation s'accélère, son taux de croissance est actuellement un des plus élevés du monde : toutes les conditions paraissent donc réunies en faveur d'une adhésion pleine et entière aux Communautés européennes. C'est l'intérêt de la Turquie, c’est aussi l'intérêt de l'Europe qui ne doit pas seulement regarder la Turquie comme le bouclier de son flanc oriental.
A l'ère des grands empires a succédé l'ère des grands ensembles : c'est une autre manière pour l’Histoire de concevoir la modernité. L'Europe s'est inscrite dans cette perspective. La Turquie aussi. La Turquie est en Europe comme l'Europe est en Turquie.

Francis Lamand
Président de « Islam et Occident »
Paris, le 21 juillet 1988



Introduction

Ce livre est publié tout d’abord en France. Ses éditions en langue anglaise et allemande interviendront plus tard. Pourquoi alors cette priorité donnée à l’opinion publique française ?
Presque mille ans se sont écoulés depuis la première rencontre entre les Turcs et les Francs, aïeuls des Français. Les Francs venant de l’ouest et les Turcs venant de l’est ont voulu combler le vide créé par l’effondrement de l’empire byzantin. Cette rencontre, en principe géopolitique, a revêtu dans les conditions d’an tan un caractère religieux. Je ne veux pas entrer ici dans le vif du sujet et me contenterai tout simplement d’une brève allusion :

Les Turcs ont connu comme premiers Européens les Francs. De ce fait, ils ont longtemps appelé l’Europe le « Frengistan » et les Européens les « Frengs ». Dans le parler populaire, ces termes sont encore utilisés. Quant aux croisés, lorsqu’ils ont rencontré les Turcs seldjoukides, qui se trouvaient pourtant en minorité en Anatolie, ils ont dénommé cette contrée « Turchia ». Aussi devons-nous aux Francs cette dénomination, bien que les Turcs aient créé d’autres États, dans d’autres contrées, sans être appelés de cette manière. Les deux noms montrent à mon avis combien les deux parties ont été influencées par cette première rencontre, même si l’occasion en était une guerre.

Un autre moment important de notre longue histoire commune a été celui des relations qui existaient entre la France de François Ier et l’empire ottoman au temps de Soliman le Magnifique. La France, dominant toutes les valeurs et approches religieuses de l’époque, a été le premier État de l’Europe occidentale qui ait créé des liens purement géopolitiques avec les Ottomans. Cette première alliance …




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