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La Mésopotamie


Auteur :
Éditeur : Seuil Date & Lieu : 1995, Paris
Préface : Pages : 606
Traduction : ISBN : 2-02-023636-2
Langue : FrançaisFormat : 110x180 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Rou. Mes. N° 2725Thème : Histoire

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La Mésopotamie

La Mésopotamie

Georges Roux

Seuil

« On commence à s’aviser qu’une meilleure intelligence de la continuité historique nous interdit d'arrêter la remontée de notre passé au monde grec, d’une part, biblique de l’autre, mais nous incite à poursuivre plus haut encore, jusqu’aux limites de la connaissance historique, jusqu’aux plus anciens documents écrits - en Mésopotamie, vers trois mille ans avant notre ère. C’est là qu'est née alors la plus vieille haute civilisation connue. C’est là, nous le savons aujourd’hui, qu’il faut chercher nos plus vieux papiers de famille, et nos plus vieux parents identifiables en ligne ascendante directe.
Je me félicite que nous soit donné à tous, professionnels aussi bien que grand public cultivé, ce guide excellent, clair, complet, agréable à lire, qui rappellera aux premiers et révélera aux seconds la trajectoire entière de cette antique civilisation exemplaire, désormais intégrée à notre patrimoine. » / Jean Bottéro, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (assyriologie).
La présente édition a été entièrement revue et augmentée par l’auteur en fonction des découvertes et travaux qui ont été faits depuis la première édition de cet ouvrage.


Georges Roux (1914 -1999), ancien médecin de l’Iraq Petroleum Company, il est aujourd’hui considéré par les assyriologues chevronnés comme un grand spécialiste de la Mésopotamie.



PREFACE

Lorsque ce livre a vu le jour, en anglais, en 1964, et que presque aussitôt il m’est tombé entre les mains, je l’ai lu, en quelques heures, avec le plus grand plaisir et le plus grand profit.

Je ne connaissais pas encore l’auteur, mais je l’entrevoyais dans son ouvrage : il devait avoir séjourné longtemps dans le Proche-Orient, et surtout en Iraq, comme on le devinait à bien des traits qu’il faut avoir vécus pour les rendre avec tant de vérité ; il aimait évidemment ce pays, et il s’était passionné pour son passé antique jusqu’à s’initier à ses langues d’autrefois : akkadien et sumérien, pourtant si loin des nôtres, et à cette redoutable écriture cunéiforme qui les notait; il avait manifestement visité et revisité les sites, contemplé et revu les vestiges, jusqu’aux plus archaïques, de plus de cent vingt siècles, tirés par les archéologues d’un sous-sol trujfé de richesses, et lu et relu quantité des documents qu’on y a retrouvés par centaines de mille ; il s’était informé auprès des meilleurs spécialistes concernant les épineuses questions sans nombre que pose un aussi gigantesque dossier d’une préhistoire et d’une histoire aussi longues et qui n’ont expiré que peu avant notre ère. Son livre ne trahissait pas seulement un pareil contact personnel et une longue et ardente recherche : en sus, il était agréablement écrit, aisé à lire, vivant, enthousiaste, et parmi les publications d’une littérature le plus souvent ultra-spécialisée, savantasse et rocailleuse, c’était, à mon sens, le premier et le seul qui ait réussi à donner, de cette antique civilisation mésopotamienne, un portrait à la fois suffisamment complet, limpide, attrayant, et accessible à quiconque, voire, par la qualité de sa synthèse et par sa vérité, utile même aux professionnels.

Il faut croire que le public de langue anglaise et ses garants, archéologues et assyriologues, certains de tout premier plan, ont jugé comme moi cet ouvrage, puisque la première édition s'est trouvée incorporée, dès 1966, à la célèbre collection Penguin, et, après quatre tirages successifs épuisés, remplacée sur-le-champ par une seconde, revue et mise à jour, en 1980.

Aussi me suis-je fort réjoui que les Editions du Seuil aient accepté de le présenter enfin - si complètement refondu et récrit que c’est, en somme, un nouveau livre, encore meilleur - au public de langue française, réduit jusqu’à présent, en la matière, soit à de trop courtes et souvent insipides synthèses, soit à des essais semi-professionnels, ou carrément spécialisés, qui font parfois reculer jusqu’aux spécialistes eux-mêmes.

Longtemps l’apanage de quelques savants chenus et retirés du monde, parlant entre eux un jargon spécifique et réduits à une sorte de travail de chapelle par leur petit nombre, les extrêmes difficultés de leur étude, et l’énorme quantité de documents à déchiffrer, traduire et exploiter, l’assyriologie, comme l’on appelle très imparfaitement la discipline historique qui a pour objet l’antique civilisation mésopotamienne, commence à se diffuser timidement hors de sa thébaïde.

Pour en faire, d’une « propriété privée, interdite au public », un bien commun de notre culture, il y a eu d’abord quelques trouvailles archéologiques retentissantes : Ur et ses tombes royales, des environs de 2600, splendides et sinistres : remplies d’or et de chefs-d’ œuvre - et des cadavres de la cour, assassinée pour accompagner son souverain dans l’outretombe ; Mari, son palais labyrinthique et ses prodigieuses archives, en quelque quinze mille pièces, du premier tiers du second millénaire ; et les ruines d’Ebla, des alentours de 2400, avec sa documentation écrite tout aussi copieuse, mais qui révèle à nos yeux un pan d'histoire et un pays complètement sortis de la mémoire depuis des millénaires. Il y a eu la découverte, par le grand public, notamment à travers des expositions fameuses, de l’art, puis de l’écriture de ce très vieux pays. Et l’on commence à s’aviser qu’une meilleure intelligence de la continuité historique nous interdit d’arrêter, comme nous nous y étions habitués, la remontée dans notre passé au monde grec, d’une part, biblique, de l’autre, ces deux fleuves venus se mêler dans l’estuaire de notre propre civilisation, mais de poursuivre plus haut encore, jusqu’aux limites de la connaissance historique, jusqu’ aux plus anciens documents écrits - en Mésopotamie, vers 3000.

C’est là qu’est née alors la plus vieille haute civilisation connue, qui, après la céramique et la métallurgie du cuivre et du bronze, a découvert et perfectionné quantité de techniques, à commencer par celles de l'irrigation agricole ; la planification du travail ; les premières analyses de l'Univers et les mises en ordre conceptuel de ses secteurs ; la plus vieille mythologie, en réponse aux problèmes qu’on se posait, peut-être avec plus d’acuité qu’aujourd’hui, touchant les origines du monde et sa raison d’être, la genèse de l’homme et le sens de sa vie et de son destin ; la première mathématique et le premier algèbre, et, plus tard, la première astronomie; la première écriture, enfin, et la première littérature, mais aussi la première tradition écrite, laquelle a profondément transformé le mode de penser, et permis d’ébaucher la pratique, sinon les lois, de la première connaissance véritablement scientifique. C’est là, nous le savons aujourd’hui, qu’il faut chercher nos plus vieux papiers de famille, et nos plus vieux parents identifiables en ligne ascendante directe.

Ce champ nouveau d’investigations, on commence à peine d’y ouvrir quelques tranchées : sans doute nous promet-il des découvertes, non, certes, sensationnelles - les vérités profondes, même les plus capitales, ne font jamais sensation - mais d’un considérable intérêt aux yeux de ceux, parmi nous, qui, se refusant à limiter leur attention au présent et au futur de notre race, et persuadés que l’on comprend mieux les enfants par leurs pères, cherchent à savoir d’où nous vient et comment s’est constitué, au fil des siècles, cet opulent héritage que nous trouvons autour de nous en naissant et qui a fait de nous ce que nous sommes.

Pour moi, avec tous mes collègues vraiment ouverts à une promotion et une propagation intelligentes de l’assyriologie, je me félicite que nous soit donné à tous, professionnels aussi bien que grand public cultivé, ce guide excellent, clair, complet, agréable à lire, qui rappellera aux premiers et découvrira aux seconds la trajectoire entière de cette vieille civilisation exemplaire, désormais intégrée à notre patrimoine.

Jean Bottéro,
Le 30 août 1983.



Introduction

Parmi les quatre ou cinq grandes civilisations de l’ère préchrétienne, la mésopotamienne présente la particularité d’être à la fois la plus ancienne, la plus longue, sans doute la plus importante, tant par l’influence qu’elle a exercée sur l’ensemble du Proche-Orient et sur le monde grec que par sa contribution au développement matériel et spirituel de l’humanité, et la plus mal connue du grand public cultivé, aussi bien en France qu’ailleurs. Ce phénomène, à première vue étonnant, relève sans doute de causes multiples. En dehors des spécialistes, peu d’universitaires s’intéressent à la Mésopotamie et il est navrant de constater qu’on n’en parle pratiquement jamais dans les livres, les journaux, les émissions «culturelles» radiophoniques ou télévisées et qu’elle ne figure plus dans nos manuels scolaires ; de leur propre aveu, les experts en la matière se sont trop longtemps renfermés dans leur tour d’ivoire, donnant ainsi, sans le vouloir, la fausse impression que leur science était inaccessible au commun des mortels; en outre, pour diverses raisons et à l’inverse de l’Egypte, de la Crète, de la Grèce et même de la Turquie, l’Iraq n’a été jusqu’ici visité que par une infime minorité de touristes. Certes, il existe en France de très beaux livres d’art où sont illustrées et commentées les principales œuvres sumériennes, babyloniennes et assyriennes - œuvres dont le musée du Louvre offre un échantillonnage complet et remarquablement bien mis en valeur - et deux expositions récentes (« Chefs-d’œuvre du musée de Baghdad » et « Naissance de l’écriture ») ont connu un certain succès. Par ailleurs, les pièces maîtresses de la littérature sumérienne et akkadienne ont été publiées dans d’excellentes traductions à la portée de toutes les bourses. Mais pour qui se penche sur eux, ces objets d’art, ces poèmes, ces mythes et ces légendes …




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