Temporalites dans l’Oeuvre Cinematographique de Yilmaz Güney
Jean-Marc Pennet
Université Paris VII
De nombreux problèmes de recherche conditionnent ce travail. La barrière linguistique est un obstacle de taille. La bibliographie quand elle existe, est rarement traduite. Une grande partie de celle-ci est constituée d'écrits journalistiques mettant en avant le parler, l'interview et non l'analyse de fond : il y a cependant l'exception de Basuteu, critique de cinéma turc vivant en France. A partir d'un certain nombre d'articles de revues de cinéma dépouillées, on finit toujours par retrouver les memes éléments, notons qu'une grande partie des articles, des interviews, concerne "Yol", Palme d'Or à Cannes en 1982. Les informations sont peu sûres, souvent contradictoires: les mêmes chiffres sont repris d'un article à l'autre.
Les données restent incomplètes pour de nombreux points. Bien évidemment, il n'existe aucun ouvrage sur l'oeuvre de Y. Güney. En Turquie, depuis 1986, une dizaine de livres ont été édités (1): ce sont des témoignages peu satisfaisants semble-t-il sur ...
Sommaire
Introduction
Le film est son environnement
I. Des Sources Indigentes / 8
II. Güney et le cinema turc / 13
1. Y. Güney comme symbole de la dichotomie du cinéma turc.
a) La carrière de Y. Güney avant 1768 ou le cinéma commercial turc.
b) La carrière de Y. Güney après 1968 ou le cinéma d'auteur.
2. Le cinéma de Y. Güney.
a) La notion d'auteur chez Y. Güney.
b) Le style Y. Güney.
c) Les influences du cinéma de Y. Güney.
d). Un public différent
III. Problemes methodologiques / 29
1. Définition d'un film.
2. une méthode balbutiante.
I - Le temps du mythe
I. Le mythe pastoral / 35
1. Une oeuvre parallèle : Yachar Kemal
2. Folklorisation ?
II. Un Environnement protagoniste / 40
1. La ville jungle.
2. Un individu en osmose avec la nature.
III. L'heritage d'une tradition du sacre / 46
1. Des références réligieuses absentes.
2. Permanence des symboles.
3. Film et initiation.
a). La notion de monde clos.
b)'. L'espace de la quête.
I. Introduction / 58
1. Güney, une dimension politique omniprésent et multiforme.
2. Une culture politique spécifique.
II. Un cinema militant / 62
1. La censure.
2. Le spectre du réalisme-socialisme.
3. Les caractéristiques d'un cinéma millitant.
a) Une analyse hasardeuse.
b) Le manichéisme.
c) Les "mots chocs".
d) Les temps du politique.
4 "Arkadas".
III un cinema réaliste / 81
1. L'idée de peuple.
2. L'idée de réel.
3. La notion de somme.
a) "Yol" ou le concept macroscopique.
b) "Le Mur" ou le concept microcosmique.
Conclusion / 88
Le temps de l’histoire
I. Une histoire officielle mise a mal / 94
1. Le fantôme d'Atatürk.
2. Une dénonciation du nationalisme, du militarisme.
II les oublies de l'histoire : les kurdes / 99
Le temps de la rupture
I. Une rupture constante / 104
1. Une rupture filmique omniprésente.
2. Les déplacements.
II. Une occidentalisation imminente / 109
1. Un modernisme provocateur.
2. Une cellule familiale mise à mal.
III. L'individu et la rupture / 115
1. Des individus ayant une vision inadéquate du monde.
2. Une condamnation de l'individualisme.
Conclusioin
Annexes
Annexe I : Filmographie de Y. Güney.
Annexe II
Annexes III
Changer la société, disait Marx changer la vie, disait Rimbaud :
les deux programmes n'en font qu'un.
A. Breton
INTRODUCTION
A partir des années 60-70, un cinéma nouveau né de pays neufs (le Tiers-Monde) apparaît face aux traditionnelles écoles cinématographiques américaines, soviétiques, européennes ou japonaises. Le cinéma turc est de ceux-là avec, sans conte te, l'une des plus grandes figures de ce nouveau cinéma (en tous les cas, le plus grand cinéaste turc), Y. Güney (1937-1984).
Le cinéma est le témoin de l'histoire qui se fait. Comme nombre de sociétés du Tiers-Monde, la Turquie connaît une situation d'interrègne où une civilisation traditionnelle et rurale disparaît pendant qu'une civilisation nouvelle urbaine et occidentale naît dans la douleur : dans le même présent coexistent des étapes sociales très différentes. Le matériel cinématographique porte les traces de ces différentes nappes de temps constituantes d'une société en mouvement. A première vue, le cinéma semble saisir de la réalité sociale, culturelle et politique ce qui est changeant et "superficiel" et rend plus malaisément compte de ce qui est profond et permanent. Le deuxième chapitre de ce mémoire (le temps du mythe), tout en soulignant l'opposition du couple ville-modernisme au couple nature-tradition, révélera des zones de pensée dont le cinéaste n'a pas conscience.
Une période de rupture entre des types d'organisations sociales est une période "prométhéenne", qui permet l'émergence de l'individu. La violence qui accompagne cette rupture amène l'individu à bouger, à vouloir faire bouger. Etre cinéaste, c'est prendre conscience, c'est s'exprimer, c'est communiquer cette conscience. Ce type de société favorise l'engagement.
Le chapitre "Le temps du politique" décrira cette idée centrale chez Güney d'un cinéma qui se veut acteur, veut boulverser le présent d'une société. L'engagement se fonde sur la conscience de l'histoire, la croyance dans les possibilités d'intervention de l'homme dans l’histoire.
Le chapitre "Le temps de l'histoire" révélera une conception de l'histoire chez Güney en opposition à une histoire officielle.
De telles réflexions introduisent obligatoirement une réflexion sur ce qui sépare les différentes temporalités, les ruptures. Comment s'inscrivent-elles à l'image?
Quelle est la place de l'individu dans son quotidien, dans sa psychologie, dans le cinéma de Güney, dans une société en rupture? Le dernier chapitre, "Le temps de la rupture", répondra à ses différentes questions.
Le film son environnement
I. Des sources indigentes
De nombreux problèmes de recherche conditionnent ce travail. La barrière linguistique est un obstacle de taille. La bibliographie quand elle existe, est rarement traduite. Une grande partie de celle-ci est constituée d'écrits journalistiques mettant en avant le parler, l'interview et non l'analyse de fond : il y a cependant l'exception de Basuteu, critique de cinéma turc vivant en France. A partir d'un certain nombre d'articles de revues de cinéma dépouillées, on finit toujours par retrouver les memes éléments, notons qu'une grande partie des articles, des interviews, concerne "Yol", Palme d'Or à Cannes en 1982. Les informations sont peu sûres, souvent contradictoires: les mêmes chiffres sont repris d'un article à l'autre.
Les données restent incomplètes pour de nombreux points. Bien évidemment, il n'existe aucun ouvrage sur l'oeuvre de Y. Güney. En Turquie, depuis 1986, une dizaine de livres ont été édités (1): ce sont des témoignages peu satisfaisants semble-t-il sur la vie de Y. Güney. Plus grave, si de nombreux ouvrages en français s'intéressent aux cinémas de l'Afrique Noire du Monde Arabe, rien n'a été édité sur le cinéma turc. Aucun document de qualité n'existe pour brosser un tableau sérieux de ce cinéma ou pour établir simplement une chronologie sûre.
Les sources sont toujours très critiques: de nombreux articles ont été rédigés par des turcs ou kurdes réfugiés en France. On a toujours une vision excentrée, très politisée.
…
(1) Trent six information de sources orales, 11 m'a été imposible d’en connaitre d’avantage.
Jean-Marc Pennet
Temporalites dans l’Oeuvre Cinematographique de
Yilmaz Güney
Université Paris VII
Université Paris VII
Unité de Formation et de Recherche Géographie,
Histoire et Sciences de la Société.
Maîtrise d'Histoire
Temporalites dans l’Oeuvre Cinematographique de
Yilmaz Güney
Jean-Marc Pennet
Mémoire présenté et soutenu par
Monsieur Jean-Marc Pennet.
Sous la direction de
Monsieur Robert Bonnaud
Professeur à l'Université de Paris VII.
Année 1989
Merci à toutes les personnes rencontrées
à l'Institut Kurde Merci à Elif.