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Temps, Subordination et Concordance des Temps dans le Roman Kurde – I


Editor : Université de Rouen Date & Place : 2006, Rouen
Preface : Pages : 348
Traduction : ISBN :
Language : FrenchFormat : 210x295 mm
FIKP's Code : Liv. Fre. Ayd. Tem. N° 6984Theme : Dissertation

Temps, Subordination et Concordance des Temps dans le Roman Kurde – I

Temps, Subordination et Concordance des Temps dans le Roman Kurde – I

Ibrahim Aydogan

Université de Rouen


Il en découle que l’homme enrichit sa langue en fonction de ses acquis, de ses conditions de vie et de ses besoins, tout en lui attribuant des rôles dont fait partie la représentation du monde, laquelle implique l’expression du temps.
L’homme, naturellement enclin à commenter son vécu et à spéculer sur son avenir, se trouve tout aussi naturellement, en vue de rendre son histoire compréhensible et logique pour son interlocuteur, dans l’activité consistant à situer les événements par rapport à un ordre chronologique dans le temps. Dès lors, il a, tout comme son interlocuteur, nécessairement recours à une conception du temps qui implique sa propre expérience temporelle.
Cette activité de la communication humaine passe ...


Sommaire

Introduction / 5

Partie I : Temps, texte et référence / 14
1. Temps, langage et représentation temporelle / 16
1.1. Les approches référentielles / 18
1.2. Temps, aspect et représentation mentale du récit / 91
1.3. Adverbes temporels et espace-temps tripartite / 106
2. Subordination Temporelle et Concordance des Temps / 123
3. Temps, texte et narration : les approches textuelles / 171

Partie II : Langue et littérature kurdes / 215
1. Les Kurdes : histoire, géographie, population / 217
2. Le kurde : une langue menacée et interdite / 221
3. La découverte de la prose et la naissance du roman chez les Kurdes / 240
4. Conclusion / 248

Partie III : Système verbal du kurde / 250
1. En introduction, un aperçu historique des travaux sur le kurde / 252
2. Identification des temps verbaux du kurde : une voie sans issue ? / 264
3. Etat des lieux / 345

Partie IV : Subordination temporelle et concordance des temps en kurde / 348
1. Syntaxe de la phrase complexe et subordination dans les travaux linguistiques kurdes / 350
2. La subordination temporelle en kurde / 357
2.1. Les conjonctions de subordination / 361
2.2. Les subordonnées complétives / 380
2.3. Les subordonnées relatives / 463
2.4. Les subordonnées circonstancielles / 490

Conclusion Générale / 558

Annexe, bibliographie, index / 566

Table des matières / 600


INTRODUCTION

1. L’objet d’étude

L’objet de cette étude est la temporalité verbale dans la langue kurde, en particulier celle de la phrase complexe à subordonnée temporelle.
Les constructions des phrases complexes à subordonnée temporelle du kurde ressemblent plus ou moins à celles du français, dans la mesure notamment où elles se construisent en général à l’aide de conjonctions de subordination qui introduisent les propositions subordonnées. Les relations temporelles qu’entretiennent les propositions principales avec leurs subordonnées, dans le cas de certains types de subordonnées, nécessitent une concordance temporelle entre les verbes des deux propositions selon les trois relations temporelles, simultanéité, postériorité et antériorité.
Héritée de la consecutio temporum du latin, la concordance des temps occupe depuis longtemps une place considérable dans les grammaires des langues qui connaissent la subordination temporelle. Les grammairiens français ont intégré cette règle depuis au moins le XVIIe siècle. Selon les règles de cette concordance, le verbe de la proposition subordonnée s’accorde temporellement avec celui de sa principale en s’inscrivant dans son monde temporel. Nous décrirons l’historique et les règles de cette concordance dans le deuxième chapitre de la première partie (§ 2) de cette étude.
Puisque la construction de la phrase complexe du kurde ressemble à celle des langues du groupe latin, peut-on également parler de concordance des temps entre les deux propositions d’une phrase complexe dans cette langue ? Notre étude se propose de répondre à cette question.
Lorsqu’on étudie la temporalité d’une langue, il est indispensable de connaître son système verbal. La première source qui se présente à ce sujet est la grammaire de cette langue. Or, en ce qui concerne le système verbal du kurde, nous avons observé une variation importante au niveau de l’identification des temps verbaux. Ainsi, comme nous le montrerons dans la trosième partie de cette étude, le nombre des temps verbaux diffère de 11 à 29 d’une grammaire à l’autre.
Pourquoi cette différence ? Comment résoudre alors le problème d’identification des temps verbaux ? Comment décrire le système verbal du kurde ? Nous essayerons d’y répondre en observant dans la production langagière le comportement des formes verbales décrites dans les grammaires kurdes.

2. Limites de l’étude
Le kurde est une langue polydialectale faisant partie du groupe des langues iraniennes, au sein de la grande famille des langues indo-européennes. On distingue généralement quatre grands dialectes du kurde, qui sont le kurmandji, le soranî, le zazakî et le goranî. Les locuteurs de cette langue, les Kurdes, vivent aujourd’hui principalement aux alentours de la Mésopotamie, dans la zone partagée depuis 1923 entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Ils forment une population estimée à 35 millions de personnes, répartie entre ces quatre pays ainsi que dans le Caucase et en Europe.
Le cas de la langue kurde est exceptionnel ; car, depuis le partage définitif de la zone de peuplement kurde, en 1923, le traitement politique des Kurdes et de leur langue diffère d’un pays à l’autre. Ainsi, alors que le kurde a été officiellement reconnu en Iran et toléré en Syrie, qu’il a même été élevé au rang de langue officielle en Irak, il a connu une interdiction sévère en Turquie pendant près d’un siècle, jusqu’en 2002, voire jusqu’à aujourd’hui encore en pratique. Les conséquences de cette interdiction prennent une ampleur importante dans les travaux linguistiques effectués sur le kurde en Turquie. Ainsi, comme nous l’observerons dans la deuxième partie de cette étude, les conditions historiques et sociopolitiques des Kurdes n’ont pas été les mêmes dans chaque partie de leur pays. C’est pour cela que, par souci d’homogénéité, nous limiterons notre étude à l’emploi du kurde en Turquie où se trouve la plus grande zone de peuplement kurde.
Le dialecte le plus usité par les Kurdes de Turquie est le kurmandji, parlé par environ 70 % des Kurdes et 90 % des Kurdes de Turquie. Ce dialecte est parlé également au Kurdistan syrien, au nord du Kurdistan irakien, au nord du Kurdistan iranien ainsi que parmi les Kurdes des pays du Caucase. En raison du caractère dominant du dialecte kurmandji et de l’histoire singulière des Kurdes de Turquie, nous bornerons cette étude à la zone turque du dialecte kurmandji que nous appellerons le kurde.

3. Choix du corpus
Afin de décrire le système verbal du kurde et d’observer le comportement aspectuo- temporel des temps verbaux dans les phrases complexes, nous avons constitué un corpus de 17 romans kurdes écrits par les Kurdes de Turquie. Comme le note Somé (1998), « les textes narratifs ont l’avantage d’offrir aisément un déploiement de la totalité du système verbal »1. De ce point de vue, les romans sont sans doute les productions langagières présentant le mieux les constructions syntaxiques et temporelles d’une langue.
En kurde kurmandji, nous avons recencé 108 romans publiés jusqu’à aujourd’hui. A notre connaissance, 70 de ces romans sont écrits par les Kurdes de Turquie. Nous en avons sélectionné 17 qui nous serviront de corpus. Nos critères de choix sont la ville natale de l’auteur et une meilleure représentativité de son parler dans son ouvrage. Nous avons suivi une telle procédure car le kurde est une langue non standardisée, non enseignée en Turquie et, par conséquent, nous y observons une multiplicité de parlers. C’est pour rendre compte de cette multiplicité de parlers que nous avons pris comme critère les villes natales des auteurs. Nous avons effectué des vérifications auprès des auteurs et de leurs éditeurs pour les ouvrages qui ne communiquent pas les informations nécessaires à cette distinction.
Il est évident qu’un corpus écrit ne représente pas aussi bien qu’un corpus oral les parlers d’une langue. L’absence d’enseignement du kurde en Turquie rend néanmoins crédible un corpus écrit sur ce point dans la mesure où Ton n’observe pas encore une différence nette entre le kurde écrit et le kurde oralq.

4. Cadre théorique
La temporalité verbale, depuis l’interprétation aristotélicienne du verbe, a connu une évolution importante dans le champ linguistique. Aristote, dans sa Poétique, mentionne le temps dans les ajouts du verbe à la phrase dont il constitue l’essentiel3. Puisque l’objet de notre étude est la temporalité de la phrase complexe à subordonnée temporelle, les verbes des propositions principales et des propositions subordonnées ainsi que les relations temporelles qu’ils entretiennent entre eux se situent au centre de cette étude.
S’agissant de l’événement communiqué par une proposition subordonnée, deux types de relation peuvent intervenir dans la stratégie temporelle de la subordonnée. Cette stratégie est déterminée soit par la matrice temporelle posée par le temps de la principale, soit directement par le moment de l’énonciation, notamment lorsqu’il s’agit d’un fait valable au présent de l’énonciation. Dans ce cas, il peut y avoir concordance ou indépendance entre la subordonnée et sa principale.
Comme le précise Gosselin (1996), « les concepts de concordance et d’indépendance des temps nous servent à caractériser les relations sémantiques temporelles exprimées par le temps morphologique de la subordonnée vis-à-vis de celui de la principale »4. L’indépendance entre les deux propositions indique que « ces relations sont les mêmes que si les deux propositions appartenaient à des phrases différentes »5. Dans le cas contraire, le temps de la proposition subordonnée est attribué selon sa relation avec sa principale, cette relation étant indispensable à son interprétation temporelle. Cette dépendance temporelle de la subordonnée à sa peincipale est créée par sa dépendance syntaxique vis-à-vis de celle-ci. Dès lors, l’événement de la subordonnée ne peut pas être interprété comme s’il se trouvait dans une proposition indépendante. C’est ce qu’on appelle la concordance temporelle et c’est pour cela que Gosselin (1996 : 34), qui oppose la concordance à V indépendance, distingue nettement les propositions subordonnées dans lesquelles il observe la dépendance temporelle :
« Les complétives, les interrogatives indirectes et certaines relatives (en particulier les relatives « déictiques ») sont régies par des règles de la concordance des temps ; autrement dit, les temps morphologiques qui apparaissent dans ces subordonnées n’ont pas toujours la même valeur que lorsqu’ils se manifestent dans une principale ou une indépendante (...) ».
Bien que des linguistes comme Brunot et Bruneau (1969) aient parfois contesté l’existence d’une telle règle en affirmant que « cette règle n’a jamais été observée par de bons écrivains », nous remarquerons une toute autre approche chez Damourette et Pichon (1938) qui la trouvent appliquée par « de bons écrivains » et qui affirment que « la concordance se fait après tout tiroir exprimant un passé »6 Imbs (1960) a déjà remarqué que Brunot, au sujet de la concordance des temps, se réfutait lui-même par une explication contre-exemple en proposant un tableau qui n’est autre « qu’une nouvelle table de la concordance des temps »7. Il en ressort qu’il y a effectivement une concordance des temps entre les deux propositions d’une phrase complexe, qu’on le veuille ou non, même si l’on observe des exceptions comme les vérités étemelles ou les faits valables au moment de l’énonciation.
Dans les phrases complexes à subordonnée temporelle des langues comme le kurde, le français et l’anglais, et de bien d’autres langues qui connaissent cette construction, les verbes des propositions subordonnées se conjuguent selon les temps des modes en inscrivant les événements dans l’une des trois périodes de temps, présent, passé et futur. Pour repérer temporellement un événement, le premier critère est l’existence d’un moment de l’énonciation. Comme le montrent les approches référentielles, on considère le repérage temporel de l’événement par l’intermédiaire d’une référence temporelle repérée elle-même par rapport à ce moment de l’énonciation. C’est pour cela que, depuis le travail de Reichenbach (1947), on considère l’existence de trois points temporels pour l’interprétation temporelle d’un événement : point de l’énonciation, point de référence et point de l’événement. Nous expliquerons ces approches dans le premier chapitre (§ 1.1) de la première partie de cette étude.
Selon la littérature des approches référentielles, l’origine de ces approches remonte jusqu’au chapitre Tems Grammaticale de Beauzée dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Vetters (1996) et De Saussure (1997) expliquent clairement l’approche de Beauzée en la rapprochant de celle de Reichenbach à qui se référaient depuis longtemps les approches référentielles contemporaines. Une recherche de Lallot (1985) signale que Planude, grammairien grec du XIIIe siècle, avait développé une approche que l’on peut ranger du côté des approches référentielles.
Or, une lecture extralinguistique semble nécessaire pour mieux exposer les approches référentielles en linguistique. Nous avons observé une approche similaire dans Physique IV d’Aristote, qui nous semble importante à décrire avant d’entreprendre l’étude des approches référentielles linguistiques. En effet, comme le souligne Gosselin (1996), les autres disciplines, notamment la philosophie, peuvent avoir une influence importante sur les travaux linguistiques. Beauzée lui-même avait signalé, dans la même Encyclopédie, les références philosophiques de son approche du temps dans un chapitre à part, Tems Metaphysique, et avait mentionné, entre autre, l’approche aristotélicienne. Ce chapitre, qui indique la nécessité d’un rapprochement entre les approches philosophiques du temps et celles de Beauzée et de Reichenbach, n’avait pas attiré l’attention des linguistes jusqu’à aujourd’hui. C’est pour cela que nous ferons une lecture descriptive de Physique IV d’Aristote du point de vue référentiel et que nous nous appliquerons à montrer que, dans l’approche aristotélicienne du temps, on décèle clairement, mais dans un cadre philosophique, une approche référentielle qui nous aidera à mieux comprendre les approches référentielles linguistiques contemporaines. Nous exposerons notre analyse concernant ce rapprochement dans les chapitres (§ 1.1.1) et (§ 1.1.6) de la première partie de cette étude. Nous expliquerons, par la suite, les approches référentielles dans leur prolongement avec la représentation des événements de Kamp et Rohrer (1983).
Nous prêterons une attention particulière à l’approche aspectuo-temporelle de Gosselin (1996) qui combine les approches référentielles et les approches aspectuelles en prenant en compte la notion de durée qui implique celle d'aspect dans la représentation des événements. Désormais les points temporels des approches référentielles sont considérés avec leurs intervalles temporels. Ce modèle calculatoire du temps et de l’aspect, conçu pour le français mais déjà appliqué à d’autres langues comme le japonais, le vietnamien et l’arabe, nous servira de modèle dans l’interprétation de nos exemples. Ce modèle nous servira également dans l’interprétation des formes verbales observées dans les grammaires kurdes ainsi que dans notre corpus.

5. Méthodologie
Il convient de préciser que le but de cette recherche n’est pas de faire une étude comparative entre le kurde et les autres langues au niveau de la temporalité de la phrase complexe et de la concordance des temps. Néanmoins, comme les constructions de ces phrases manifestent un parallélisme nettement observable, et comme le kurde est une langue qui n’a pas été beaucoup étudiée sur ce point, les travaux effectués sur ces constructions complexes dans d’autres langues peuvent servir de point de départ. Dans la description du système verbal du kurde, nous pouvons nous servir des grammaires kurdes qui ont tenté d’identifier et de décrire les temps et les modes du kurde, mais pour les types de phrases complexes, nous prendrons comme modèle les travaux effectués sur le français. Nous nous servirons notamment de la Grammaire méthodique du français de Riegel et alii (1999) et de l’étude de Garagnon et Calas (2002) sur la Phrase complexe.
Par ailleurs, la variation importante observée au niveau de l’identification des temps verbaux dans les grammaires nécessite une étude approfondie sur le système verbal du kurde également avant d’entreprendre l’étude de la phrase complexe. Notre hypothèse est qu’il faut tenir compte des conditions sociopolitiques et historiques des Kurdes et de la diversité des parlers de leur langue en Turquie afin d’y apporter une explication et de faire une description générale de cette langue. C’est pour cela que nous allons réaliser cette étude en quatre étapes.
Comme nous l’avons signalé, dans la première partie de cette étude nous retracerons les approches référentielles de la philosophie à la linguistique, et nous les expliquerons dans leurs prolongements avec les théories de représentation temporelle des événements, notamment la SRD de Kamp et Rohrer (1983). L’approche aspectuo-temporelle de Gosselin (1996) qui combine les approches référentielles avec les approches aspectuelles nous servira de modèle notamment dans la description des temps verbaux du kurde. Nous expliquerons également les approches systémiques et les approches textuelles qui nous semblent importantes du point de vue de leur interprétation des temps verbaux.
Dans la deuxième partie de notre étude, nous exposerons les conditions sociopolitiques et historiques des Kurdes dans chaque partie du pays ainsi que l’évolution de la production littéraire dont nous avons extrait notre corpus.
Dans la troisième partie, dans un premier temps, nous décrirons le système verbal du kurde à travers une comparaison des grammaires kurdes et des travaux linguistiques effectués sur les temps verbaux. Dans un deuxième temps, afin d’identifier les temps et les modes du kurde, nous analyserons les formes verbales observées dans les grammaires et nous nous appliquerons, à travers notre corpus, à répondre à la question suivante : toutes les formes verbales observées dans les grammaires existent-elles réellement dans le système verbal du kurde et chaque forme verbale observée correspond-t-elle à un temps verbal spécifique ?
Dans la quatrième partie, nous observerons les moyens de mise en subordination en kurde à travers les exemples puisés dans notre corpus. A partir de ces exemples, nous essayerons de déterminer si la concordance des temps a sa place en kurde.

Première partie

Temps, texte et référence

Le temps dévore ses enfants, comme le monstre Cronos8 dévorait ses enfants
au Jur et à mesure que son épouse Rhéa les mettait au monde

Bernard Piettre, Philosophie et Science du temps, p. 9.

1. Temps, langage et représentation temporelle

Dans le Dictionnaire Philosophique, Voltaire explique ceci :

Les langues ont toutes été faites successivement et par degrés, selon nos
besoins. C’est l’instinct commun à tous les hommes qui a fait les premières
grammaires, sans qu’on s’en aperçut. Les Lapons, Les Nègres aussi bien que
les Grecs, ont eu besoin d’exprimer le passé, le présent, le futur et ils l’ont
fait.9

Il en découle que l’homme enrichit sa langue en fonction de ses acquis, de ses conditions de vie et de ses besoins, tout en lui attribuant des rôles dont fait partie la représentation du monde, laquelle implique l’expression du temps.
L’homme, naturellement enclin à commenter son vécu et à spéculer sur son avenir, se trouve tout aussi naturellement, en vue de rendre son histoire compréhensible et logique pour son interlocuteur, dans l’activité consistant à situer les événements par rapport à un ordre chronologique dans le temps. Dès lors, il a, tout comme son interlocuteur, nécessairement recours à une conception du temps qui implique sa propre expérience temporelle.
Cette activité de la communication humaine passe par une imitation de la nature, que Platon et Aristote ont nommé mimèsis^. Dans les textes qui proposent une histoire, établie en une succession d’événements, dits textes narratifs, le temps est donc un outil indispensable à la portée de l’auteur, dont la fonction signifiante est de permettre une représentation mentale de l’histoire de la part de son lecteur. Vetters (1996) affirme que c’est avec les informations temporelles que le lecteur peut construire sa représentation des événements.11
…..

1 Somé (1998), p. 10.
2 Nous avons arrêté notre classement des publications de romans kurdes en juin 2006. Nous proposons une liste complète des ouvrages sélectionnés en annexe II.
3 Poétique, 1457a.
4 Gosselin (1996), p. 258.
5 Ibid.
6 Damourette et Pichon (1938), p. 182.
7 Imbs (1960), p. 207.
8 Le temps se dit en grec Chronos.
9 Léon Vernier (1888) - Étude sur Voltaire grammairien et la grammaire au XVIIIe siècle : thèse présentée à la Faculté des Lettres de Paris. (Reproduit par la Bibliothèque Nationale de France, dans la collection « Gallica », consultable sur le site Internet www.bnf.fr). (Étude signalée par Weinrich (1972), p. 67.)
10 Aristote, Poétique, IV, 6-9. Sur l’approche platonicienne dont s’inspire Aristote, outre mimèsis, Genette (1966) met en évidence un autre mode de narration : diègegis qui représente le simple récit. Genette définit le récit comme « la représentation d’un événement ou d’une suite d’événements, réels ou fictifs, par le moyen du langage, et plus particulièrement du langage écrit »
11 Cari Vetters (1996), Temps, aspect et narration, p. 2.

Ibrahim Aydogan

Temps, Subordination et Concordance des
Temps dans le Roman Kurde - I

Université de Rouen

Université de Rouen
Temps, Subordination et Concordance des
Temps dans le Roman Kurde - I
Etude Descriptive sur le Système
Verbal et la Subordination Temporelle en Kurde
Ibrahim Aydogan

Université de Rouen
U. F. R. des Lettres Et Sciences Humaines
Ecole doctorale « Savoir, critique, expertises »
Laboratoire d’accueil : FRE 2787 Dyalang CNRS

Temps, Subordination et Concordance des Temps dans le Roman Kurde
Etude Descriptive sur le Système
Verbal et la Subordination Temporelle en Kurde

Thèse de doctorat
Tome 1
Ibrahim Aydogan
27 novembre 2006

Sous la direction de
M. Laurent Gosselin
M. Salih Akin
Composition du jury
M. Salih Akin
M. Jacques Bres
M. Laurent Gosselin
Mme. Zlatka Guentcheva
M. Cari Vetters

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