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Les Arméniens au XXè siècle


Editor : L'Harmattan Date & Place : 1984, Paris
Preface : Pages : 256
Traduction : ISBN : 2-85802-383-X
Language : FrenchFormat : 135 x 210 mm
FIKP's Code : Liv. Fre. Kas. Arm. N° 7563Theme : General

Les Arméniens au XXè siècle

Les Arméniens au XXè siècle

Béatrice Kasbarian-Bricout

L'Harmattan

Sans cesse disputé et convoité, le territoire arménien connut bien des occupations étrangères, mais la plus terrible fut sans conteste la domination ottomane de tous les peuples soumis au joug turc ; celui qui en a le plus souffert fut le peuple arménien.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Benson écrivait à Londres : « ... le devoir des Alliés, à la signature du traité de paix, serait de commencer leur œuvre de libération en s’occupant tout d’abord des Arméniens... »
Mais après de longues années de guerre, les États victorieux — tous les Etats— pensèrent d’abord à eux. Qui leur jetterait la pierre ?
Le destin de l’Arménie a toujours été de lutter seule... peut-on échapper à son destin ? Le pays entouré d’ennemis devait-il disparaître à jamais ?
Les rescapés du génocide de 1915, dispersés aux quatre vents, luttèrent seuls, oubliés de tous.
Ceux qui sur place, dans ce qui restait du pays de leurs ancêtres, tentèrent de maintenir un État, durent, après quelques mois d’indépendance, prêter allégeance à la Russie révolutionnaire, mais sauvèrent l’Arménie de l’anéantissement.
Dans la diaspora, la troisième génération découvre son identité avec plus ou moins de difficultés et s’exprime parfois avec violence.
Depuis dix ans, les Arméniens sont à la une des journaux ; ils ont rompu avec fracas le mur du silence.
Qui sont-ils ? Qu’attendent-ils des pays qui les ont recueillis ?
Quel est l’avenir du Peuple Arménien ?

L’auteur, Béatrice Kasbarian-Bricout, ethnologue, ancienne élève de l’Institut des Langues et Civilisations Orientales (section russe) s’est toujours passionnée pour l’Arménie, le pays de ses ancêtres. C’est ainsi qu’elle a visité certains lieux où la présence arménienne a laissé des empreintes que le temps et l’incurie des hommes effacent... Sis, Marache, Zeitoun, Mouch, Van, Ani, villes situées aujourd’hui dans le territoire turc sont pour elle plus que de simples noms inscrits sur la carte... Ses derniers voyages l’ont conduite en Arménie soviétique.
Béatrice Kasbarian-Bricout est l’auteur de nombreux articles ainsi que des livres La Société arménienne au XIX' siècle (1981) et L’Arméno-Cilicie Royaume oublié (1983). Elle a d’autres ouvrages en préparation.




Table des matières

Preface / 5
Avant-Propos / 13
Introduction / 15

Chapitre premier. — Les Arméniens diasporiques / 19
Les Arméniens de Suisse, de Belgique, d’Italie, de Chypre, de Grèce, d’Éthiopie, de Grande-Bretagne (21). Les Armé¬niens de Jérusalem, d’Iran, du Liban, de Syrie (31). La communauté arménienne des États-Unis (39). Les Arméniens d’Australie (41). Les Arméniens du Canada (42). Les Armé¬niens de France (44). La genèse du paragraphe 30 (56). Être ou ne pas être Arménien en Turquie (57).

Chapitre II. — Être Arménien dans la République Arménienne Indépendante des Tachnaks / 77
La Première Guerre mondiale et les Arméniens (81). Les Puissances Alliées en Arménie entre 1919 et 1920 (82). L’Arménie en sursis. Accords russo-turcs et franco- turcs (84).

Chapitre III. — Être Arménien en Russie et en Transcaucasie / 87
L’Arménien d’Arménie russe au xxe siècle avant la Révolu-tion de 1917 (87). Les Arméniens de Transcaucasie avant la Révolution de 1917 (88). La Transcaucasie (89). Les Turcs, la Transcaucasie et les Arméniens (93). Les Arméniens des Républiques transcaucasiennes (94). La Révolution russe et le peuple arménien (98). Être Arménien au XXe siècle en diaspora soviétique (99).

Chapitre IV. — La République Socialiste Soviétique d’Arménie / 103
Aperçu historique (103). L’Arménie pendant la période khrouchtchevienne (108). Répartition des pouvoirs dans la République Socialiste Soviétique d’Arménie (109). Le parti communiste arménien (114). La justice et l’organisation judi-ciaire (115). Le pays arménien (119). L’agriculture (122). Le commerce (134). La population (135). Les droits de la nature (139). L’habitat (145). Voies de communication. Transports (149). Organisation du travail et régime social (151). Échelle de prestige et niveau de vie (160). Le budget familial en Arménie Soviétique (164). La fisca¬lité (166). L’adaptation au système (168). La religion (170). La famille (177). Les loisirs (184). Le caractère ar¬ménien (190).

Chapitre V. — Vie culturelle en Arménie / 193
La culture au quotidien (193). La tradition et la vie de tous les jours (194). Les arts populaires (195). Le folklore (196). Traditions culinaires (200). La sauvegarde de l’héritage national en Arménie Soviétique (201). L’instruction en Arménie (205). La vie culturelle (212). La culture et la pierre (214). Les sciences (217). La vie intellectuelle. Écri¬vains et peintres (220). La langue et la russification (221).

Chapitre VI. — Perspectives / 227
Réflexions (225). De la réflexion à la lutte armée (231). Les revendications arméniennes et l’URSS (239).

Conclusion / 245

Annexe 1 / 247
Annexe 2 / 249

Bibliographie / 253


PRÉFACE

M’adressant aux non-spécialistes, je donne seulement dans cet ouvrage les plus grandes lignes de l’Histoire arménienne durant ce XXe siècle. Mais auparavant je voudrais que le lecteur sache que l'histoire de l’Arménie est fort ancienne puisqu’elle débute voilà 3 000 ans et son ancienneté explique sa richesse en légendes.

En Arménie comme en Grèce, réalités et légendes se mêlent intimement. En Arménie l’une de ces légendes raconte la naissance du pays et comporte de nombreuses variantes. En voici une.
Lors de la création, Dieu distribua les terres oubliant les Arméniens. Pourquoi cet oubli ? L'injustice venait de naître... Ne pouvant en rester là, le Créateur proposa alors aux Arméniens un coin de terre caillouteux et bossu impropre à toute culture et à toute vie. Les Arméniens acceptèrent ce « tas de cailloux » dont personne n'aurait voulu, s’y établirent et l’aimèrent plus que tout.

D'autres versions expliquent qu’au moment du partage des terres, le Créateur, fatigué, se reposa au sommet d’une montagne pour tamiser la terre à distribuer. La fatigue aidant, le Créateur jetait indéfiniment les cailloux du même côté, la bonne terre arable tombant invariablement de l'autre côté. Parmi les peuples attendant le partage se trouvaient les Géorgiens ; pour tromper l’attente ils festoyèrent ; les boissons, enfumant leur esprit, eurent vite raison de leur conscience et ils s’écroulèrent ivres-morts du côté fertile... Les Arméniens ne pouvaient décemment les déloger et se contentèrent donc du côté caillouteux...

Quelle que soit la version adoptée, il est indéniable qu'il y avait eu au départ une injustice et que celle-ci ne pourrait être réparée...
Etre Arménien, c’est ressentir un peu cette injustice.
La Création étant terminée, l’Histoire allait commencer.

Celle du peuple arménien débute comme une histoire d’amour : deux peuples : les Ourartéens et ceux venus du Nord-Est se rencontrent sur les bords du lac de Van, fraternisent et fondent une nation comme d’autres bâtiraient une maison.
Ils sortent du paganisme et adoptent très tôt entre 301 et 302 - certains auteurs donnent pour date 298 - le christianisme et très vite nouent des liens avec d'autres pays.

Mais le royaume a déjà des bases solides quand les premières épreuves s’abattent sur lui : Assyriens, Mèdes, convoitent et attaquent le royaume. Romains, Byzantins font de même et, plus tard, les Seld- joukides semèrent également la mort et feront éclater le royaume en 1071.
Une partie du peuple fuit vers le Taurus cilicien puis gagne le lit¬toral, s'y établit et parvient à instaurer une royauté qui durera trois siècles.

Mais les Seldjoukides et les Mongols n’accepteront pas cette dernière enclave chrétienne. Les principautés franques, le royaume latin de Jérusalem tombent sous la poussée musulmane... Isolé, abandonné par la chrétienté occidentale, le nouveau royaume arménien de Cilicie luttera en vain jusqu'en 1375, puis sera anéanti.
Durant cinq siècles, tout ce qui est arménien sera dispersé aux quatre vents.

Les rescapés s'accrocheront à des îlots de terre, luttant désespérément jusqu 'à ce qu 'une nouvelle vague turque les submerge.
Ce sera la domination la plus dure, la plus impitoyable que l’Histoire de ces derniers siècles connaîtra et qui s’achèvera par le génocide du peuple arménien en 1915.

Pour les rares survivants, ce sera l’exode. Pour ces derniers, il n’y aura que des départs, toujours des départs, jamais d’arrivées.
Ces hommes, ces femmes, ces enfants deviendront des nomades par la force des choses et une famille arménienne n’en finira pas d'être d'ailleurs et de nulle part.

Rejetés par l’Histoire et l’indifférence, ils erraient...
Pays rayé de la carte, population exterminée, tout semblait consommé. Et pourtant non ! Le vieux tronc séculaire arasé avait encore quelques racines... L'Arménie agonisante palpitait encore, le peuple vaillant et laborieux s’accrochait à la vie et demandait de l’aide.
Mais l'Europe entre 1914 et 1918 subissait les remous de la guerre et ne voulait ni ne pouvait se tourner vers ce lointain et frêle pays et la Russie révolutionnaire avait trop à faire pour lui tendre une main secourable.

C’est alors qu’en 1918 une poignée d’hommes créera envers et contre tous un Etat indépendant qui s’avérera impuissant à résoudre les nombreux problèmes intérieurs et extérieurs ; et après dix-huit mois de vie le pays se rangera à l’ombre de son grand voisin : l’URSS.

Avant-Propos

Parmi les bouleversements de ce XXe siècle il n’en est sans doute pas de plus important que celui de la Révolution russe d’octotfre 1917.
Un tel changement ne pouvait que donner naissance à de très nombreuses publications, toutes plus ou moins partisanes.

Il resterait à établir une mise au point plus méthodique et exempte d’idées préconçues ; mais ce livre — pensé durant les voya¬ges effectués en Arménie soviétique au cours des années 1973 et 1981, et ayant pris corps lors d’un récent voyage d’étude en 1983 - a des prétentions plus modestes.
Dans ces pages j’ai essayé de dégager l’essentiel du cadre où le peuple arménien a fixé sa destinée et l’évolution historique qui, à travers de nombreuses vicissitudes, a conduit le pays à sa situation politique actuelle.

Ce sera le thème des premiers chapitres ; les suivants montreront les résultats obtenus sur les plans économique et social.
Partie importante et pleine d’intérêts mais qui ne pouvait seule, fait l’objet de ce livre. Il fallait, à mon avis, dresser le tableau d’une période historique qui, à la suite de grands événements, s’estompe déjà dans les mémoires.

Notre chronologie est volontairement brisée avec des nécessaires redites car le lecteur n’est pas encore familiarisé avec ces pages d’Histoire.

Introduction

« Il est difficile de relater en quelques mots tout ce que l’Arménie m’a fait découvrir... Ce pays où, en entrant, il faut se découvrir comme dans une église et se déchausser comme dans une mosquée... » (Ilya Ehrenbourg).
C’est à peu de chose près le sentiment qui anime tout Arménien lorsqu’il foule pour la première fois le sol arménien, le pays rêvé de ses ancêtres, le « paradis » terrestre, le pays que les martyrs arméniens imaginaient avant de mourir.

De nos jours l’Ararat est pris comme le symbole du pays... Tout le monde connaît le mont où la Bible fit s’échouer l’Arche de Noé mais peu de personnes connaissent le pays qui le revendique... Et souvent celui qui pense connaître ce pays ne le voit qu’à travers un mythe plus ou moins coloré.
Très souvent et encore de nos jours, lorsqu’on parle de l’Arménie, on imagine les femmes aux longues nattes dépassant d’un voile arachnéen et dont le costume est réhaussé de bijoux... Certains se réfèrent plus prosaïquement au papier dit « d’Arménie », d’autres pensent à la Danse du Sabre de Katchadourian, d’autres encore à sa religion, ni catholique, ni orthodoxe, ni protestante, ni anglicane, embrouillant considérablement les choses dans leur esprit.

On les voit plus souvent bruns et basanés et la connaissance s’arrêtait là il y a encore une dizaine d’années.
De nos jours certains actes violents ont mis l’accent sur le génocide arménien de 1915 : mais, pour le « reste », un flou enveloppe la géographie et les grands moments de l’Histoire arménienne.
Pour comprendre l’Arménie et les Arméniens, il faut connaître quelque peu leur passé.

Quant à la société arménienne du XXe siècle, et plus particulièrement de cette seconde moitié du xxe siècle, elle est plus difficile à cerner puisqu’elle est non seulement dispersée mais très souvent intégrée, et parfois en voie d’assimilation, dans les nombreux pays où elle se trouve.
…..


Béatrice Kasbarian-Bricout

Les Arméniens au XXè siècle

L'Harmattan

Editions L’Harmattan
Les Arméniens Au Xxe Siècle
Béatrice Kasbarian-Bricout

Editions L’Harmattan
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique
75005 Paris

© L'Harmattan, 1984
ISBN : 2-85802-383-X

A la mémoire de mes parents et grands-parents

Composition, mise en pages : VIRE graphic
Les Moulins-de-Neuville — 14500 Vire

Achevé d’imprimer sur les presses
de l’Imprimerie Ch. Corlet — 14110 Condé-sur-Noireau

N° d’imprimeur : 3739 — Dépôt légal : juin 1984

Imprimé en France



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