Les Gathas : Le livre sublime de Zarathoustra Zarathoustra ou Zoroastre Albin Michel
Zarathoustra (ou Zoroastre) est le grand oublié de l'histoire des religions. Inventeur du monothéisme il y a 3 700 ans, il a donné naissance à la religion des empires perses. Les plus grands philosophes grecs se réclamaient de lui, tandis que le judaïsme et le christianisme ont puisé à sa source les notions fondamentales de paradis, d'enfer, de royaume de Dieu... Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que soit enfin déchiffrée la langue des écrits originels de Zarathoustra, les Gathas. Le message de ces hymnes d'une grande poésie se révèle étonnamment moderne. Apôtre de la Justesse et de la Pensée juste, Zarathoustra veut mener hommes et femmes vers une vie heureuse et dénonce la corruption des élites politiques et religieuses. Khosro Khazai Pardis, spécialiste de ces textes et zoroastrien lui-même, nous livre ici une superbe traduction de ces hymnes qui ont fondé le monothéisme.
Table
Introduction / 9
I. Étude historique / 13
1. Les Aryens avant Zarathoustra / 15 2. À la recherche de Zarathoustra : la redécouverte des Gathas / 23 3. Zarathoustra et la naissance du monothéisme / 44 4. La mission de Zarathoustra / 60 5. Le bien et le mal / 69 6. La création / 76 7. Zarathoustra face à ses ennemis / 84 8. Le Zarathoustra de Nietzsche à la lumière des Gathas / 93 9. L’influence de Zarathoustra / 101 10. Le zoroatrisme contemporain et la redécouverte des Gathas / 110
Les Chants / 115
Chant I (Yasna, hat 28). Zarathoustra demande à être guidé afin de sauver l’âme de la terre et la conduire au bonheur / 117 Chant II (Yasna, hat 29). Zarathoustra est choisi pour guider le monde vers le bonheur / 122 Chant III (Yasna, hat 30). Le bien, le mal et la liberté de choix / 127 Chant IV (Yasna, hat 31). La liberté de choix / 131 Chant V (Yasna, hat 32). Enseignement trompeur et enseignant malfaisant / 139 Chant VI (Yasna, hat 33). Ô Ahura Mazda, révèle-Toi à moi / 145 Chant VII (Yasna, hat 34). Agissez par la Pensée juste et préservez la Justesse qui est la base de la Sérénité / 151 Chant VIII (Yasna, hat 43). Le bonheur appartient à celui qui rend les autres heureux / 157 Chant IX (Yasna, hat 44). Réponds à mes questions et dis-moi pourquoi et comment / 164 Chant X (Yasna, hat 45). Les deux voies de la pensée et de la vie / 172 Chant XI (Yasna, hat 46). Découragement, persévérance et victoire / 177 Chant XII (Yasna, hat 47). Ahura Mazda, la force qui crée et fait progresser / 185 Chant XIII (Yasna, hat 48). Le meilleur rejuge est une terre gouvernée par la Sérénité / 188 Chant XIV (Yasna, hat 49). Résistance contre les dirigeants oppresseurs / 193 Chant XV (Yasna, hat 50). Ô Mazda, je Te loue avec les Gathas qui éveillent la pensée / 198 Chant XVI (Yasna, hat 51). Union dans la pensée, la parole et l'action justes / 202 Chant XVII (Yasna, hat 53). D'abord consulte ta sagesse, et ensuite choisis / 210
Glossaire des termes gathiques / 215
Glossaire des noms propres / 219
Bibliographie / 221
INTRODUCTION
Les Gathas sont les chants, au nombre de dix-sept, dans lesquels Zarathoustra annonça, près de deux mille ans avant l’ère chrétienne1, les fondements de sa philosophie existentielle. Mais la disparition, à partir du IIIe siècle avant J.-C., de la langue dans laquelle ils avaient été composés a fait oublier cette doctrine pendant plus de deux millénaires. Ils ont cependant continué d’être transmis oralement, génération après génération, parmi les disciples et les prêtres zoroastriens, appelés les mobeds, qui apprenaient les Gathas par cœur, sans plus en comprendre le sens. Cet apprentissage était facilité par la nature lyrique de ces hymnes, qui comportent mesure, rimes et rythme. De plus, à partir du IIIe siècle de l’ère chrétienne, les savants et les mobeds de l’époque, afin de préserver la phonétique de cette langue oubliée, ont créé une écriture alphabétique extrêmement sophistiquée pour en transcrire la prononciation exacte et capter toutes ses nuances, accents et sonorités. Ainsi, même si la langue des Gathas ne pouvait pas être comprise, il restait possible d’en vocaliser l’écriture et de les chanter en tant que chants sacrés dans les temples.
Il fallut attendre le XVIIIe siècle pour que l’on découvre que la langue de la partie la plus ancienne de la littérature zoroastrienne, les Gathas, ressemblait étrangement à celle du sanskrit du Rig-Veda, que l’Occident venait de découvrir. Au cours des deux derniers siècles, de nombreux linguistes et chercheurs ont intensément travaillé sur les textes des Gathas : chacun de ses mots a fait l’objet de débats passionnés, d’articles innombrables et de livres savants. Pourtant, malgré tous ces efforts, un nombre d’erreurs et d’interprétations erronées persistent toujours. Elles sont surtout dues au manque de sensibilité spirituelle de nombreux traducteurs, tous excellents linguistes, mais trop sûrs de leur savoir et trop préoccupés par une traduction mot à mot. Le mot à mot trahit la langue des Gathas, très différente dans sa syntaxe des langues européennes. Une traduction littérale de sa poésie rythmée s’avère souvent incompréhensible dans la mesure où elle ne prend pas en compte le contexte spirituel et l’intention du message. Cela explique aussi pourquoi les nombreuses traductions des Gathas diffèrent tant les unes des autres.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai entrepris cette nouvelle traduction : afin d’apporter plus de cohérence et de précision aux mots-clés et de mieux replacer ces écrits dans le contexte de la pensée de Zarathoustra, mais aussi d’apporter plus de vie et de fraîcheur aux Gathas en évitant les mots vieillis ou étrangers à la pensée zoroas-trienne.
Ce travail de cinq années a donné lieu à une publication, d’abord en persan moderne en 2006, puis en anglais en 2007. La présente version française, dont les explications et les commentaires historiques ont été largement remaniés et augmentés, donne ainsi les clés pour une bonne compréhension des Gathas, les idées et la philosophie existentielle de Zarathoustra, les données historiques le concernant ainsi que le destin de ses idées en Europe depuis les philosophes gréco-romains jusqu’à Friedrich Nietzsche. Une analyse et une comparaison entre le Zarathoustra des Gathas et celui de Nietzsche jette une lumière tout à fait nouvelle sur la compréhension de son Ainsi parlait Zarathoustra2.
1. Les dates exactes où vécut Zarathoustra sont sujettes à débat ; voir p. 25, 37-38. 2. On trouvera, en fin de volume, un glossaire des termes gathiques ainsi qu’un glossaire des noms propres.
I. ÉTUDE HISTORIQUE
1. Les Aryens avant Zarathoustra
Au tout début du IIe millénaire avant J.-C., une population d’hommes et de femmes appelés les Aryens, c’est-à-dire les « nobles » dans les langues indo-iraniennes, fuirent le froid glacial de la steppe eurasienne, des alentours de la mer Noire et de la Volga où ils vivaient depuis des milliers d’années, pour suivre, avec troupeaux et bagages, le soleil à son zénith à la recherche de terres plus fertiles et d’un climat plus tempéré. Au terme d’un long et pénible parcours nord-sud à travers l’Asie centrale, une partie d’entre eux, peut-être perdue, s’installa, par vagues successives, sur des terres « au climat accueillant et doux, aux pâturages verdoyants » qu’ils appelèrent Airyana vaejah ou « terre des Aryens ». Ces terres, les hauts plateaux entourés par les massifs de l’Hindou Koush, prirent le nom à’Airya, qui donnerait Airan et enfin Iran.
Une deuxième branche, sans doute elle aussi égarée, chemina plus à l’est et aboutit à une immense vallée traversée par un grand fleuve que …
Zarathoustra ou Zoroastre
Les Gathas Le livre sublime de Zarathoustra
Albin Michel
Editions Albin Michel Spiritualités vivantes Zarathoustra Traduit et présenté par Khosro Khazai Pardis avec la collaboration de Sophie Buyse
Albin Michel – Spiritualités Collection « Spiritualités vivantes » dirigée par Jean Mouttapa et Marc de Smedt