L’épopée des Ayyoubides se déroula du XIIe au XVe siècle. Cette dynastie kurde fut fondée par Ayyoub et son fils Saladin. Elle régna sur l’Égypte, le Yémen, la Syrie-Palestine, la Transjordanie et la haute Mésopotamie. Après la mort du grand Saladin, en 1193, d’autres princes ayyoubides gouvernèrent divers royaumes et principautés, Damas, Alep, Homs, Hama, Kérak, Malphercat, Hisn Kaifa. Trois chroniqueurs chrétiens, Michel le Grand (1126-1199), l’Édessénien anonyme (mort après 1237) et Bar Hébraeus (1226-1286), nous ont parlé dans la langue de leur peuple, le syriaque, un dialecte araméen, de l’épopée. Ces chroniqueurs syriaques nous ont donné leur vision de cette riche période de l’histoire, l’une des plus brillantes dans les domaines culturels et artistiques, dont ils furent les témoins.
Ephrem-Isa Yousif originaire de Sanate, un village de la haute Mésopotamie, est l’auteur de plusieurs livres sur la Mésopotamie et sur la culture syriaque. Diplômé de l’université française où il obtint deux doctorats, en Philosophie et en Civilisations, il a enseigné la philosophie pendant des années à Toulouse. Aujourd’hui, il donne des cours et des conférences dans diverses régions. Il a déjà publié des ouvrages comme Les Chroniqueurs syriaques, La Floraison des philosophes syriaques, Les Syriaques racontent les croisades.
Table des matières
Introduction / 9
Première partie Saladin et l’épopée des Ayyoubides / 19
Chapitre I. Les visées d’Amaury et de Nur al-Din sur l’Égypte / 21 Chapitre II. Les expéditions de Shirkuh en Égypte / 27 Ch. III. Saladin contrôle l’Égypte / 39 Ch. IV. Saladin veut conquérir toute la Syrie / 47 Ch. V. Autres défaites et conquêtes de Saladin / 55 Ch. VI. La bataille de Hattîn vue par les Syriaques / 67 Ch.VIL Saladin s’empare de Jérusalem / 75. Chapitre VIII. Saladin face à la troisième croisade / 85 Ch. IX. Saladin et Richard Cœur de Lion / 93 Chapitre X. Saladin et les chrétiens d’Orient / 103
Deuxième partie Règnes d’al-‘Adil, de ses fils et neveux / 115
Ch. I. Histoire de Malik al-Afdal / 17 Ch. II. Al-Afdal évincé par son oncle al-‘Adil / 125 Ch. III. Malik al-‘Adil, chef des Ayyoubides / 135 Ch. IV, Al-‘Adil, ses fils et la cinquième croisade / 143 Ch.V. La troisième victoire d’al-Ashraf à la Mansoura / 151 Ch. VI. Les neiges de Khalat, ville d’Arménie / 157 Ch. VII Al-Kamil et l’empereur Frédéric II / 167 Ch. VIII. Les dernières campagnes d’al-Kamil et d’al-Ashraf / 171 Ch. IX. Les derniers éclats du sultanat ayyoubide d’Égypte / 179
Troisième partie Autres principautés ayyoubides après Saladin / 191
Ch.I. Damas sous al-’Adil et ses descendants / 193 Ch. II. La principauté ayyoubide d’Alep / 203 Ch. III. Homs, la principauté de Shirkuh et de ses descendants / 227 Ch. IV. Hama, la principauté de Shahinshah et de ses descendants / 235 Ch. V. La principauté de Transjordanie / 243 Ch. VI. La principauté ayyoubide de Maïphercat / 253 Ch. VIL Derniers fiefs ayyoubides / 261 Ch. VIII. Les Syriaques chez les Ayyoubides / 265
Conclusion / 271
Appendice / 277 Index / 279 Tableaux dynastiques / 289 Carte de l’empire ayyoubide / 293 Table des matières / 295
INTRODUCTION
Au cours de travaux et recherches sur les Kurdes et leur histoire, avec un doux bruit de pages froissées, je découvris la dynastie des Marwanides, qui gouverna Maïphercat et Amid de 990 à 1085. Les savants syriaques se souvinrent de la lumière dorée qui brilla sur cette région durant presque un siècle, et firent l’éloge des émirs de cette illustre Maison, comme je l’indiquai dans un article publié en novembre 2000 dans la Revue des Etudes kurdes. Je rencontrai encore, grâce aux chroniqueurs syriaques qui en parlaient abondamment, une autre dynastie kurde, celle des Ayyoubides, fière, audacieuse, qui exerça le pouvoir au Proche-Orient dès la fin du XIIeme siècle. L’heure venue, un flot de cavaliers ayyoubides, le soleil enroulé au fil des crinières de leurs chevaux, passa sous le ciel éclatant de l’Orient, chargé de bleu cobalt et d’indigo. Il roula vers les terres d’Égypte, de Syrie-Palestine, de Haute-Mésopotamie, du Yémen. Que le lecteur se laisse porter au gré de ce flot agité ou tranquille qui raconte une glorieuse histoire ; qu’il s’enfonce dans le tourbillon de ces années, retrouve des 9 visages lointains, des personnages oubliés, revive leurs sentiments chevaleresques, leurs drames et leurs bonheurs, leurs frissons d’épopée. La dynastie des Ayyoubides régna non sur un petit royaume, mais sur un vaste empire peuplé de Kurdes, de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Coptes, de Syriaques. Tableau du Proche-Orient à la fin du XIcmc siècle La situation politique Les Turcs Seldjoukides, venus d’Asie centrale à la fin du Xeme siècle, s’étaient avancés en Iran, en Iraq, ils avaient pénétré en Asie Mineure, et contrôlaient une partie de l’Asie centrale, l’Anatolie, la Syrie-Palestine (sauf les ports et Tripoli), la Mésopotamie. Ils s’étaient convertis à l’islam sunnite. En 1071, ils infligèrent aux Byzantins une grande défaite à Mantzikert, et ouvrirent la route de l’Anatolie. Sur leurs territoires, coexistèrent des émirats turcs rivaux Dès la fin du XIeme siècle, à la mort en 1092 du grand sultan Malik Shah qui réorganisa l’Empire, celui-ci connut un certain affaiblissement, un morcellement, des querelles de famille. En Syrie, gouvernaient deux princes seldjoukides, rivaux, les neveux de Malik Shah, Ridwan à Alep et Duqâq à Damas, puis arriva son successeur Tughtikîn. À Bagdad, cœur de l’Orient musulman, le calife ‘abbasside, était soutenu par les sunnites, descendants d’un oncle de Mahomet, Abbas. 11 se Irouvait placé sous la tutelle des sultans seldjoukides, et voyait son pouvoir réel décliner depuis le milieu du Xeme siècle. Le calife restait cependant le représentant officiel de tout l’islam. Au Xeme siècle, les Fatimides, descendants de Fatima, la fille de Mahomet, avaient fondé en Égypte un puissant 10 califat shiite avec Le Caire pour capitale, qui s’opposait au califat sunnite de Bagdad. Ils contrôlaient la Mer Rouge. A la fin du Xlen,e siècle, ils cherchèrent à étendre leur influence sur la Syrie méridionale. Puis les califes fatimides furent affaiblis par des désordres militaires, des révoltes des milices turques, berbères, soudanaises, des querelles de palais. La situation des chrétiens d’Orient Dans la seconde moitié du Xle'"e siècle, les chrétiens autochtones étaient nombreux en Orient. Les Jacobites et les Nestoriens de langue syriaque, vivaient en Mésopotamie et en Syrie ; les Maronites de culture syriaque, les Grecs (Melkites), habitaient en Syrie et en Mésopotamie. Beaucoup de Coptes demeuraient en Égypte. L’empereur byzantin de Constantinople n’hésitait pas à engager dans son armée des contingents musulmans et l’émir de Shayzar, en Syrie, des chrétiens arméniens. Leur foi opposait plutôt entre eux les chrétiens de multiples confessions. À cette époque, les chrétiens restaient majoritaires dans les campagnes, mais ils étaient devenus minoritaires dans les villes, au Caire, à Damas, à Alep. Ils bénéficiaient depuis la conquête arabe au milieu du VHeme siècle d’un statut de protection de leurs personnes, de leurs biens, de leurs cultes, la dhimma. Ils avaient le droit de vivre en terre d’Islam, et de pratiquer leur religion, moyennant le paiement d’une taxe, la capitation. Ils étaient parfois soumis à des mesures discriminatoires, port de signes distinctifs sur les vêtements, interdiction de construire de nouveaux édifices religieux, de monter à cheval...Cette pression entraîna le passage de dhimmis à l’Islam. Les situations varièrent selon les époques, les régions, les émirs, les conflits. Une fois le calme revenu, les …
Ephrem-Isa yousif
Saladin et l’épopée des Ayyoubides
L’Harmattan
Editions de l’Harmattan Saladin et l’épopée des Ayyoubides Chroniques syriaques Ephrem-Isa Yousif
Peuples et cultures de l’orient Collection dirigée par Ephrem-Isa Yousif