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Les Assyro – Chaldéens Dans l’Iran d’Aujourd’hui


Éditeur : Université de Paris-Sorbonne Date & Lieu : 1978, Paris
Préface : Pages : 94
Traduction : ISBN : 2-901165-06-0
Langue : FrançaisFormat : 150 x 235 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Mau. Ass. N° 7686Thème : Religion

Les Assyro – Chaldéens Dans l’Iran d’Aujourd’hui

Les Assyro – Chaldéens Dans l’Iran d’Aujourd’hui

Hubert de Mauroy

Université de Paris-Sorbonne

Etabli en Mésopotamie à la fin du 1er ou, au plus tard, au début du IIe siècle, le christianisme s’est par la suite infiltré dans la Perse sassanide à la faveur de la déportation de chrétiens de Syrie romaine et du prosélytisme de marchands levantins, actifs propagateurs de la foi le long des routes commerciales. En 424, l’Eglise de Perse est suffisamment puissante pour acquérir un statut d’autocéphalie à l’égard du patriarcat d’Antioche.
Les prémices de la décadence apparaissent toutefois dès le Ve siècle. La néstorisation ...


Table des Matieres

Introduction / 1

I - Les Origines Et L’histoire / 3

A. Les antécédents historiques et la constitution du réduit montagnard / 3
B. Situation du milieu du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale / 5
1. La situation des Assyro-Chaldéens en Perse vers 1850 / 5
2. De la première à la seconde guerre mondiale / 8
a) Le premier exode (début 1915) / 8
b) Le deuxième exode : l’exode des Assyriens de montagne (fin 1915) / 8
c) Le grand exode (1918) / 9
d) Un retour partiel (1921-22) / 10

II - Les Dernières Migrations de l’Epoque Contemporaine / 13

A. Les migrations internes : exode rural et concentration sur Téhéran / 13
1. L’exode rural et le dépeuplement de l’Azerbaïdjan / 13
2. La population assyro-chaldéenne des villes iraniennes (à l’excep¬tion de Téhéran) / 23
a) Rezaieh / 27
b) Tabriz / 32
c) Ispahan / 34
d) Les villes du Khouzistan / 35
e) Les villes du Kurdistan et Hamadan / 36
f) Qazvin / 38
3. La concentration des Assyro-Chaldéens sur Téhéran / 38
a) La croissance de la communauté assyro-chaldéenne téhéranaise / 39
b) Les Assyro-Chaldeens dans la ville / 42
c) Les activités des Assyro-Chaldeens / 44
d) L’origine des Assyro-Chaldéens d’Amirabad / 46
B. Les migrations extérieures et les principales diasporas / 47
1. Motivations et psychologie de l’émigrant / 47
a) Les candidats / 47
b) Les causes / 48
2. Les pays d’émigration des Assyro-Chaldéens d’Iran / 49
a) Le Koweit / 49
b) Les Etats-Unis / 50
c) L’Australie / 51
3. Les principales diasporas des Assyro-Chaldéens d’Iran / 53
a) Le Proche-Orient / 53
b) L’U.R.S.S / 55
c) La France / 56
d) Le reste de l’Europe / 57
e) Les Etats-Unis / 57
f) Le reste de l’Amérique / 58

III- La Communaute Assyro-Chaldeenne dans la Population Iranienne / 61

A. Démographie / 61
1. Importance et répartition de la communauté assyro-chaldéenne / 61
a) Importance / 61
b) Répartition / 62
2. Mouvement naturel et structure de la population assyro-chaldéenne / 63
a) Le mouvement naturel / 63
b) La structure par âge et par sexe / 65
B. La sensibilité et la mentalité des Assyro-Chaldéens / 72
1. La langue syriaque en Iran / 72
a) La décadence du syriaque / 72
b) L’activité syriaque en Iran / 74
2. Sentiment religieux et sentiment national chez les Assyro-Chaldéens / 76
a) Le sentiment religieux et la foi chrétienne des Assyro-Chaldéens / 76
b) Le sentiment national des Assyro-Chaldéens d’Iran / 78

Conclusion : Quel avenir pour les Assyro-Chaldéens en Iran / 81
a) Une intégration sans assimilation est-elle possible ? / 81
b) Les chances d’une intégration / 82
c) Les conditions du succès / 83

Bibliographie / 85

Table des Figures et Tableaux / 89

Table Des Matières / 91


INTRODUCTION (1)

La première difficulté rencontrée dans l’approche des communautés assyro- chaldéennes d’Iran concerne l’appellation « Assyro-Chaldéens ». Elle n’est pas pleinement satisfaisante, je le sais. Plusieurs auraient préféré que j’adopte le nom « Assyrien » pour désigner la communauté socio-culturelle dont je veux parler. Mais l’appellation « Assyrien » est parfois revêtue d’une coloration qui en exclut les Chaldéens unis à Rome et va jusqu’à vouloir dire « qui n’est pas catholique ». Or, les catholiques sont nombreux parmi les Assyro-Chaldéens, y compris parmi ceux qui voudraient être appelés « Assyriens ». D’autre part elle implique la revendication de l’héritage ethnique, historique et culturel de l’ancien Empire d’Assyrie (XXIe à VIIe siècle avant J.C.). Il ne semble pas possible d’avaliser cette prétention, d’autant que l’usage de l’appellation « Assyriens » vient plus probablement de la province sassanide d’Asurestan, qui désigne la Babylonie (ou Mésopotamie), province de résidence de l’administration et du catholicos-patriarche de l’Eglise Syrienne Orientale (Séleucie-Ctésiphon) (2).

Nous désignons donc par « Assyro-Chaldéens » en Iran tous les chrétiens de langue syriaque (dialecte araméen), jouissant de la citoyenneté iranienne et, en même temps, d’un statut personnel propre reconnu dans la législation iranienne qui les englobe sous l’appellation … / asuri, alors qu’eux-mêmes emploient suraye. Le syriaque populaire qu’ils parlent est appelé sureth, mais il est de plus en plus restreint au dialogue familial. Malgré les activités littéraires d’un petit nombre, et son maintien dans la liturgie, le syriaque tend à disparaître et c’est désormais en persan que les Assyro-Chaldéens de moins de quarante ans expriment les notions intellectuelles.

Aujourd’hui, la population assyro-chaldéenne d’Iran se répartit en trois confessions religieuses. En 1552, l’Eglise Syrienne Orientale s’est divisée en deux confessions : celle qui s’est appelée « Eglise Nestorienne » et qui préfère aujourd’ hui s’appeler « Eglise Assyrienne d’Orient » comprend en Iran un seul diocèse, rétabli en 1962 -, celle qui, unie à Rome, est aujourd’hui appelée « Eglise Chaldéenne Catholique », comprend trois diocèses : celui de Sanandaj, transféré à Téhéran en 1946, celui d’Ourmiah-Salmas (Rezaieh) en Azerbaïdjan et celui d’Ahwaz créé en 1966. A la fin du premier tiers du XIXe siècle, sont apparues d’autre part des communautés issues des « Eglises de la Réforme » : les Assyro-Chaldéens de tradition réformée sont aujourd’hui essentiellement regroupés dans la communauté de langue syriaque de l’Eglise Evangélique d’Iran, et secondairement dans l’Eglise de l’Assemblée de Dieu. Dans la population assyro-chaldéenne d’Iran, ces divisions sont davantage l’effet d’événements historiques que de divergences doctrinales profondes : l’unité de langue et, plus encore, de culture et de comportement social et psychologique - au milieu de la masse musulmane majoritaire - n’a jamais été sérieusement menacée par les tiraillements résultant de la rivalité des juridictions concurrentes.

Aujourd’hui, les Assyro-Chaldéens d’Iran ne sont plus qu’un petit reste d’une grande Eglise qui compta des Mésopotamiens et des Arabes, des Persans (beaucoup convertis du zoroastrisme) et des Kurdes, des Turcs et des Mongols. Au point de vue ethnique, ils ne sont donc pas aussi purement et totalement Araméens (c’est- à-dire Sémites) qu’on paraît le croire en Iran et que l’usage d’une langue araméenne (qu’ils ont d’ailleurs partagée avec les communautés juives) pourrait le faire croire : ils sont probablement plus Iraniens — au sens large, comme sont Iraniens les Kurdes et les Arméniens — qu’ils ne le pensent eux-mêmes. Ainsi au point de vue de l’histoire socioreligieuse le seul nom qui leur convient est celui de Syriens Orientaux, sans aucun rapport avec la nationalité de la République Syrienne. Par contre, rien n’empêche que dans leur recherche actuelle d’une identité socio-culturelle ils n’adoptent l’appellation « Assyriens » à condition de lever les deux ambiguïtés que j’ai notées ci-dessus. En attendant, je préfère m’en tenir à l’appellation « Assyro- Chaldéens » qui n’a d’autres fondements que de vouloir englober dans la même entité les divers rameaux héritiers de l’ancienne Eglise Syrienne Orientale (3).

(1) Le présent mémoire donne les principaux acquits de : Hubert de Mauroy, Contribution à la connaissance des Assyro-Chaldéens (communautés chrétiennes syriennes-orientales) en Iran, thèse de doctorat de 3ème cycle de Géographie, sous la direction de M. Xavier de Planhol, soutenue lé 22 juin 1973 à l’Université de Paris-Sorbonne, 448 p. en 3 fasc.

(2) Honigmann et Maricq 1953. Voir aussi Maricq 1958, et Mauroy 1975 (les références renvoient à la bibliographie finale).

(3) Depuis quelques années, certains actes du diocèse chaldéen de Téhéran portent l’appellation « Assyro-Chaldéens ».

I. Les Origines et l’Histoire

A. Les Antécédents Historiques et la Constitution du Reduit Montagnard

Etabli en Mésopotamie à la fin du 1er ou, au plus tard, au début du IIe siècle, le christianisme s’est par la suite infiltré dans la Perse sassanide à la faveur de la déportation de chrétiens de Syrie romaine et du prosélytisme de marchands levantins, actifs propagateurs de la foi le long des routes commerciales. En 424, l’Eglise de Perse est suffisamment puissante pour acquérir un statut d’autocéphalie à l’égard du patriarcat d’Antioche.

Les prémices de la décadence apparaissent toutefois dès le Ve siècle. La néstorisation accentue alors des clivages qui aboutiront à la séparation totale entre l’Eglise Syrienne occidentale (monophysite), dite « jacobite », et l’Eglise Syrienne orientale (diophysite), ou « nestorienne », qui inclut la Perse dans sa mouvance.

Un second coup est porté par l’expansion fulgurante de l’Islam (Ispahan est prise dès 643 par les armées arabes) ; une brutale déchristianisation se produit alors, principalement par apostasie, secondairement par suite de l’exode de quelques groupes chrétiens qui, suivant l’exemple des Zoroastriens, se réfugièrent sur la côte occidentale de l’Inde au VIIIe siècle. C’est enfin aux XIII - XIVe siècles que les invasions turco-mongoles portent les coups les plus durs au christianisme en Perse (4).
On s’interrogera longtemps encore sur les modalités de cet effondrement. Au XVe siècle, la difficulté de réunir un synode de l’Eglise nestorienne et de choisir un patriarche sont telles qu’un décret du patriarche Shimoun IV fixe la tradition de succession héréditaire du patriarcat (1450) : désormais le patriarche est nécessairement choisi dans la famille des Shimoun, lignée des patriarches nestoriens de Séleucie-Ctésiphon et Bagdad ; la succession se fait d’oncle à neveu, au besoin de frère aîné à cadet ou cousin. La tradition est garantie par une série d’exigences particulières, et en tout premier lieu l’abstinence complète de viandes dès le sein de la mère (5), ce qui élimine toute possibilité de candidature en dehors de la …

(4) Un résumé commode mais parfois confus de l’histoire ancienne du christianisme en Iran se trouve dans les premiers chapitres de Waterfield 1973. On doit en compléter la bibliographie en citant les travaux de PUTMAN 1970 et surtout les nombreuses publications de Fiey 1969-1975 qui tiennent lieu de monographie unique. La meilleure histoire de l’Eglise nestorienne reste encore Tisserant 1931.

(5) Cette abstinence de viandes est traditionnelle pour tout évêque de l’Eglise Syrienne Orientale, au moins à certaines époques (Putman 1970, p. 78, note 11). Certains évêques veulent encore la pratiquer aujourd'hui.


Hubert de Mauroy

Les Assyro – Chaldéens Dans l’Iran d’Aujourd’hui

Université de Paris-Sorbonne

Université de Paris-Sorbonne
Les Assyro – Chaldéens Dans l’Iran d’Aujourd’hui
Hubert de Mauroy

Publications du Département de Géographie
de l’Université de Paris-Sorbonne 
N°6

Paris, 1978

ISBN 2-901165-06-0

Achevé d’imprimer sur les presses de COPEDITH
7, rue des Ardennes - 75019 Paris
Dépôt légal n° 9114 - 3e trimestre 1978

Publications du Département de Géographie
de l’Université de Paris-Sorbonne
191, rue Saint-Jacques - 75005 Paris

Comité de Rédaction : Jean Bastié, Pierre Birot, Michel Chevalier, Paul Claval, Jean Delvert, Claude Klein, Pierre Pédelaborde, Xavier de Planhol, Jean-René Vanney.

Direction de la Publication : Xavier de Planhol.

Secrétariat de Rédaction : Daniel Balland.



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