Remarques sur un tchîkh kurde
Les tentes sous lesquelles habitent les nomades du Louristan et du Kurdistan persan ne diffèrent guère de celles qui sont employées dans tout le reste de l'Asie occidentale, -aussi bien en plaine qu'en montagne, et qu'on désigne sous le nom général de « tentes noires ».1 Admirablement appropriées aux besoins des nomades, confectionnées avec les produits mêmes du pays, faciles à démontrer, à transporter et à installer dans tous les terrains, ces tentes se font à n'importe quelle dimension et sont pour ainsi dire extensibles à volonté2; elles se composent de deux éléments principaux, indépendants l'un de l'autre, d'un côté la toile avec ses cordes et ses piquets, de l'autre les parois mobiles.
La toile est faite d'une étoffe en poil de chèvre d'un brun très foncé presque noir, épaisse et grossière, ruais très solide et à peu près imperméable, tissée en longues bandes étroites qui sont cousues ensemble dans le sens de la longueur. Pour diviser le poids et éviter d'avoir à faire des ballots trop encombrants, les plus grandes de ces toiles de tente sont généralement divisées en deux parties égales, dont l'une est munie sur l'un des côtés d'une série de ganses auxquelles correspondent sur l'autre moitié de .petits cabillots ou olives de bois ; c'est cette jointure qui se place au faîte de la tente, sur les traverses horizontales que soutiennent les piquets, et on la recouvre en général d'une bande d'étoffe pour empêcher la pluie de passer par les interstices. A l'extérieur, la toile est garnie de cordes qui servent à la fixer en terre. Les longs piquets supportant le faîte sont généralement divisés en deux ou trois morceaux, pour pouvoir être transportés plus facilement ; d'autres plus petits servent à relever les bords de la toile.
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1 Une des rares descriptions précises d'une tente de ce genre se trouve dans J. De Morgan, Mission scientifique en Perse. II, Études géographiques, p. 32 à 33 (cf. p. 23, fig. 11).
2 La tente du chef Mengour Bapir Aga que décrit M. de Morgan (loc. cit.) mesurait 13 m. de longueur.
M. Gustave Jéquier
Remarques sur un tchîkh Kurde (Paroi mobile de tente)
Du musée ethnographique de Neuchatel
