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Histoire de l’Arménie


Nivîskar : Moïse de Khorène
Weşan : Gallimard Tarîx & Cîh : 1993, Paris
Pêşgotin : Rûpel : 456
Wergêr : Annie et Jean-Pierre MahêISBN : 2-07-072904-4
Ziman : FransizîEbad : 140x215 mm
Hejmara FIKP : Liv. Fra. Moi. His. 4655Mijar : Dîrok

Histoire de l’Arménie

Histoire de l’Arménie

Moïse de Khorène

Gallimard


Qui saurait retracer l’histoire de temps immémoriaux, à l’époque où la terre, à peine émergée du Déluge, commençait tout juste à se repeupler?

Telle est pourtant la mission impossible que le prince Sahak Bagratouni confie à Moïse de Khorène : écrire l’histoire de l’Arménie, depuis l’Arche de Noé jusqu’à la mort, en 439, de Mesrop Machtot's, inventeur de l’alphabet arménien.

Partant à la recherche de ces temps disparus, Moïse retrouve le livre du savant syrien Mar Abas Gatina, tiré, dit-on, des archives royales de Ninive, et il décide de le confronter à la Bible, aux historiens grecs et aux traditions non écrites de sa nation.

Il en résulte une fresque grandiose, où l’épopée côtoie le conte, les proverbes et les chansons, tandis que le folklore dialogue avec l’histoire. Des combats de géants, après l’effondrement de la Tour de Babel, on passe à l’affrontement des royaumes et des empires, puis à l’épanouissement de l’Arménie chrétienne, avec la traduction de la Bible et les premiers chroniqueurs. Mais bientôt le pays sombre dans l’anarchie et dans la guerre, semblant retourner au chaos primordial.

Témoin capital de la mémoire collective des Arméniens, cette histoire a forgé la conscience nationale de tout un peuple. Connue en Europe à la fin du xvit" siècle, (‘Ile a suscité des débats passionnés sur les sources, la date et l’identité même de son auteur. En même temps, elle n’a cessé de stimuler les recherches archéologiques, historiques et ethnographiques, devançant ou provoquant parfois d’importantes découvertes.

L’introduction et la traduction d’Annie et Jean-Pierre Mahé offrent une, véritable, initiation aux sources historiques, aux légendes et aux traditions sur lesquelles repose le chef-d’œuvre du «Père, de, l’histoire, arménienne».


Table


Introduction

I. La question de Moïse de Khorène / 9
1. Moïse de Khorène par lui-même / 9
2. Témoignages médiévaux sur l’auteur et sur son œuvre / 11
3. Découverte de Moïse par l’Occident / 13
4. Critique des sources et débats sur la date de l'Histoire de l’Arménie / 18
5. Ethnographie et traditions orales / 20
6. Confirmations archéologiques / 21

II. Structures narratives de l’Histoire de l’Arménie / 24
1. Histoire et fable : Moïse entre la Grèce et l’Iran / 25
2. Décor et mise en scène
Dialogue de l’historien et de son commanditaire, 29; Moïse écrivain de cour, 32; & la recherche de livres introuvables, 3; information bibliographique ou fiction narrative ? / 37.
3. L'Histoire de l’Arménie sous forme de paradoxe borgésien ? Trois cercles de fiction ou / 39 trois degrés de narrativité ?, 40 ; livres réels ou décors en trompe-l’œil ?, 43 ; une histoire parlant d’autres livres ou du monde extérieur?, 46 ; espace géographique et parole humaine, 49; énigmes étymologiques et évidence des origines, 30 ; ordre social et ordre chronologique, 31; Moïse et le dynastisme arménien, 32; du chaos primordial à la catastrophe finale, 37.

III. Moïse de Khorène et l’histoire / 60
1. Sources orales et écrites de l'Histoire de l’Arménie / 60
2. Valeur historique de l’ouvrage / 75
Anachronismes ou décalages chronologiques ?, 73 ; qualité des informations sociales et institutionnelles, 78; Moïse et le passé linguistique de l’Arménie, 80; mémoire collective et stylisation historique, 82.
3. Intentions politiques de l’Histoire de l’Arménie / 86
Passé glorieux et présent malheureux, 86 ; éloge de la monarchie et ambitions royales des Bagratouni, 87; ambiguités de la chronologie, 88.

Conclusion: pour une approche interdisciplinaire / 91
Notice sur la traduction et les notes / 93
Transcription des noms propres arméniens / 95
Abréviations des livres bibliques / 98

Histoire de l’Arménie*
* Le sommaire ci-dessous, destiné à faire apparaître la composition de l’ouvrage, est de notre fait. Les intitulés, délibérément simplifiés, ne reproduisent pas les titres originaux des chapitres, déjà donnés dans la traduction.

Livre I
Généalogie de l’Arménie majeure [des origines à Alexandre de macédoine]
À la recherche du passé :
Lettre à Sahak Bagratouni, 103 —Excellence des sources grecques, 104 —Paresse intellectuelle des anciens rois ’Arménie, 105 —D’Adam à Abraham, sur le peuplement de la terre, 107 — Mar Abas Catina et le livre des ancêtres au temps de Valarchak / 117.

Les héros des origines :
Haïk et Bêl ; les descendants de Halk, 120 —Aram, 127 — Ara le Beau et Chamiram, 130 — Généalogies d’Abraham à David, 136 — Anouchavan Sausanevêr / 138.

Les premiers rois:
De Parouïr à Tigrane, 138 —Tigrane et Ajdahak, 142 — Vahagn et les descendants de Tigrane, 1; 0 — La guerre de Troie / 152.

Extrait des fables des Perses
Biouraspi-Ajdahak / 153.

Livre II
Histoire des temps intermédiaires de nos ancêtres [de la mort d’Alexandre à la mort de Terdat]

Des Parties aux Romains :
Essor de l’empire des Parthes, 156 —Valarchak organise l’armée et le royaume d’Arménie, 158 —La cour et les dynastes; Tork' Angel, 161 —Archak, fils de Valarchak, 167 —Les archives d’Édesse, 168 —Attachés Ier, fils d’Archak, 168 —Tigrane II, son fils Artavazd et Rome, 172 — Archam et Hérode / 179.

L’âge apostolique :
Abgar, le Christ et l’apôtre Thaddée, 181 — Sanatrouk et le martyre des apôtres en Arménie / 192.
Nouvel essor du royaume:
Ervand et Attachés, 193:
Ervandachar, Bagaran et Ervandakert, 196; guerre d’Ervand contre Attachés et Sembat, 198; règne d’Attachés, meurtre d’Ervaz et construction d’Attachât, 201; mariage avec Sat'inik, 203; intrigues des fils du roi et lutte contre les Romains, 205; les institutions d’Artachês, 209; mort d’Attachés, 211; Artavazd, fils d’Artachês, et les K'adj, 213.
Tiran, fils d’Artachês, 214. —Terdat Bagratouni, 215 —Le dernier Tigrane, 216 — Valarch et la construction de Valar-chapat, 218 —Bardésane et l'Histoire des temples du prêtre Olympios / 219.

La montée des Sassanides:
Khosrov, le père de Terdat, et ses luttes contre le Sassanide Attachir, 220:
Abrégé de l’Histoire d’Agathange, 220; les Pahlavik et les Archakouni de Perse, 221; légendes sur l’avènement des Sassanides, 222; campagnes de Khosrov, 22); trahison d’Anak le Parthe, père de saint Grigor / 225.

Vacance du trône et domination perse / 226.
Terdat le Grand et Grigor l’Illuminateur:
Jeunesse et éducation de Terdat et de saint Grigor, 229 — Origine des Mamikonian, zyi —Règne de Terdat le Grand, 233:
Prouesses du jeune roi, 233; mariage avec Achkhên et rencontre avec Constantin, 234; massacre des Selkouni, 235; guerre en Alvank, 237; Nounê et la conversion des Ibères, 238; défaites sassanides, 240; fondation de Constantinople, 241; le concile de Nicée, 243; la forteresse de Garni, 244; martyre d’Aristakês et mort de saint Grigor dans la grotte de Manê, 245; empoisonnement de Terdat et remontrances aux Arméniens / 247.

Livre III
Conclusion [de l’histoire]
De notre patrie
[de la mort de Terdat à la mort de Saint Sahak et de Saint Mesrop]

De la mort de Terdat à la mort d’Archak:
Le royaume livré à l’anarchie, 251 —Khosrov, fils de Terdat, 253:
Restauration par les Romains, 253; saint Jacques de Nisibe, 254; la forêt de Khosrov et la cour de Dvin, 255; invasions caucasiennes, 256 ; guerre contre les Perses et mort de Khosrov, 277.

Tiran, fils de Khosrov, 258:
Le roi, saint Vert'anês et saint Yousik, 278; guerre des Grecs contre les Perses, 278; Julien l’Apostat et le martyre de saint Yousik, 277; Tiran, aveuglé par Chapouh / 262.

Archak, fils de Tiran, 263:
Entre les Perses et les Grecs, 263, saint Nersês, ses institutions charitables et ses actes diplomatiques, 264; les crimes d’Archak contre ses neveux, Genêl et Tirit, 266; destruction d’Archakavan et de Tigranakert, 269; luttes contre les dynastes et exil de saint Nersês, 272; le bienheureux Khad, 277; le concile de Constantinople, 276; captivité et mort d’Archak, 277-

Vers la division du royaume:
Pap, fils d’Archak, 279:
Trahison et châtiment de Méhroujan, 277; empoisonnement de saint Nersês, 283; mort de Pap / 284.
Règne de Varazdat, puis, conjointement, de Valarchak et Archak, 284. — Partage de l’Arménie et rivalité entre Archak et Khosrov, 286 :
Division du royaume et déplacement des dynastes, 286; défaite et mort d’Archak, 270.

L’âge des Saints Traducteurs:
Le bienheureux Mesrop, 291 —Retour des dynastes, 292 —Archiépiscopat de Sahak le Parthe, 294 —Veramcha-pouh, frère de Khosrov, 295:
Capture de Khosrov, 295; succès diplomatique de saint Sahak en Perse, 296; les alphabets de Daniel et de Mesrop / 298.
Règne du Sassanide Chapouh et période d’anarchie, jor — Reprise des liens avec Byzance et règne d’Attaches, 304:
Mission de Mesrop à Byzance et en Arménie occidentale, 304; construction de Karin-Théodosiopolis, 307; missions de Mesrop et des Saints Traducteurs, 308; le concile d’Éphèse, 310; le voyage d’étude de Moïse de Khorène, 311; l’abolition du royaume d’Arménie et l’exil de saint Sahak / 313
Les dernières années de saint Sahak et de saint Mesrop, 315 :
Sahak, rentré d’exil, et l’indigne Chamvêl, 317; mort de saint Sahak et de saint Mesrop, 318; lamentations sur l’Arménie / 320.

Annexes
Notes / 327
Bibliographie / 419
Index des noms de personnes et de lieux / 429
Carte / 448


INTRODUCTION


Movsês Khorenat'si, c’est-à-dire Moïse de Khorène (ou de Khorian?), est le nom que se donne un auteur écrivant une Histoire de l’Arménie depuis les origines (qui remontent, selon lui, à la Tour de Babel) jusqu’à la mort, en 439, du saint moine Mesrop (Machtot's)1, inventeur de l’alphabet arménien et traducteur de la Bible.

I. La question de
Moïse de Khorène

1. Moïse de Khorène par Lui-Même

Lui-même prend soin de nous renseigner sur sa vie et sur les circonstances dans lesquelles il écrit son Histoire.

Peu avant le concile d’Ephèse2, qui eut lieu en 431, Mesrop et le patriarche (catholicos) de l’Église arménienne, saint Sahak, avaient envoyé à Édesse en Mésopotamie deux de leurs disciples, Yovsêp' et Eznik de Kolb, qui traduisirent sur place en arménien, vraisemblablement du syriaque, tous les livres des Pères de l’Église qu’ils purent trouver. Ils partirent ensuite pour Byzance, où ils poursuivirent leurs traductions, cette fois-ci du grec, et furent bientôt rejoints par leurs condisciples Lévond et

Korioun, puis par Yovhannês et Ardzan (III, 6o)3.
Après le concile d’Éphèse, où fut condamné Nestorius pour avoir voulu séparer trop radicalement l’humanité et la divinité du Christ, nos traducteurs revinrent en Arménie en rapportant le texte grec des Actes et les Canons conciliaires, ainsi que des «exemplaires sûrs» des saintes Écritures. Sahak et Mesrop leur ordonnèrent alors de traduire tous les documents et de réviser en conséquence la première traduction de la Bible, effectuée vers 406. Mais comme les traducteurs étaient peu versés dans l’art de la rhétorique, cette deuxième version fut jugée insuffisante 4, et Sahak et Mesrop décidèrent alors d’envoyer Moïse de Khorène à Alexandrie, où se trouvait l’école la plus célèbre du moment (III, 61).

Il alla d’abord à Édesse, puis en Palestine, où il étudia quelque temps. Il s’embarqua ensuite pour l’Égypte et Alexandrie, où il eut pour maître « un nouveau Platon ». En route pour la Grèce, il fut détourné sur Rome par la tempête, mais finit par gagner Athènes, d’où il repartit pour Byzance, après un séjour de quelques mois. Quand, de là, il regagna sa patrie après cinq ou six ans d’absence, au lieu des danses de joie qui devaient l’accueillir à son retour, il trouva le pays dans le deuil et apprit la mort des maîtres qui l’avaient envoyé (III, 62, 68)5.

Après une longue vie adonnée à des travaux de traduction ...

1. *Grousset 1947, p. 171-174. Rappelons que l’inventeur de l’alphabet est appelé Machtot's par les historiens Korioun (vers 443) et Lazar de P arpi (vers joo), mais Mesrop par Moïse (sauf une seule fois Machtot's, en n, 10).

2. Ibid., p. 174-17J.
* Toutes les références des notes sont abrégées : se reporter à la bibliographie p. 419-428. Abréviations des livres bibliques p. 99.

3.    Les références entre parenthèses renvoient aux numéros de Livre et de chapitre de l'Histoire de l'Arménie.

4.    Précisons que, contrairement aux allégations de Moïse, la seconde traduction de la Bible, effectuée par Sahak et Eznik vers 432, a été jugée définitive et est toujours en usage dans l’Église apostolique arménienne.

5.    Le récit est à la 1" personne du pluriel, mais Moïse ne mentionne le nom d’aucun des condisciples qui auraient été envoyés avec lui.


Moïse de Khorène

Histoire de l'Arménie

Gallimard


Gallimard
L'aube des peuples
Histoire de l'Arménie
par Moïse de Khorène
Nouvelle traduction de l'arménien classique par
Annie et Jean-Pierre Mahé
(d'après Victor Langlois)
avec une introduction et des notes

© éditions Gallimard, 1993, pour la présente édition.

Au personnel
du Maténadaran Mesrop Machtot's d'Êrévan,
Mémoire vivante de l'Arménie,
en gage de profonde admiration et de gratitude.

Composition Traitex. Achevé d ’imprimer
par la Société Nouvelle Firmin-Didot
à Mesnil-sur-l’Estrée, le 7 octobre 1993.
Dépôt légal: octobre 1993.
Numéro d ’imprimeur: 24831.

Impmné en France.

ISBN 2-074)72904-4

PDF
Destûra daxistina; vê berhêmê nîne.


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