Pirtûkxaneya dîjîtal a kurdî (BNK)
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Histoire de l’Empire Perse : de Cyrus à Alexandre


Nivîskar : Pierre Briant
Weşan : Fayard Tarîx & Cîh : 1996, Paris
Pêşgotin : Rûpel : 1248
Wergêr : Kendal NezanMultimediaISBN : 2-213-59667-0
Ziman : FransizîEbad : 160x240mm
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Bri. His. N° 5174Mijar : Dîrok

Histoire de l’Empire Perse : de Cyrus à Alexandre

Histoire de l’Empire Perse : de Cyrus à Alexandre

Pierre Briant 


Fayard


Pratiquement inconnu jusqu’alors sur les registres de l’Histoire, le peuple perse, depuis sa base de l’Iran méridional (Fars), se lance vers 550 av. J.-C. I dans une aventure prodigieuse qui, sous la conduite de Cyrus le Grand et de ses successeurs, va aboutir à la création d’un empire immense entre Asie centrale et Haute-Égypte, entre Indus et Danube. L’Empire perse ou Empire achéménide (du nom de la dynastie régnante) a rassemblé en son sein des pays, des peuples, des langues et des cultures d’une diversité prodigieuse. Cette conquête des pays du Moyen-Orient a causé un bouleversement dans l’histoire du monde : pour la première fois, un État unitaire aussi vaste que le futur Empire romain voit le jour et se développe durant plus de deux siècles (550-330). Elle se poursuit jusqu’à la mort d’Alexandre le Grand (323) qui, du point de vue géopolitique, est en quelque sorte « le dernier des Achéménides ». Aujourd’hui encore les terrasses, palais, reliefs, peintures et briques émaillées de Pasargades, Persépolis et Suse, les impressionnantes tombes royales de Naqs i-Rustam, la statue monumentale de Darius le Grand, tout vient rappeler au visiteur abasourdi la puissance et le luxe inouïs des Grands Rois et de leurs Fidèles.
Longtemps reléguée dans une ombre épaisse par le prestige conjugué de l’« Orient millénaire » et de la « Grèce éternelle » dont elle était exclue, l’histoire achéménide a reçu une impulsion entièrement nouvelle au cours des vingt dernières années. Débarrassée des oripeaux de la « décadence orientale » et de la « stagnation asiatique », la recherche a également bénéficié de découvertes documentaires décisives dont le nombre n’a cessé de croître, qu’il s’agisse de textes ou de vestiges archéologiques, numis-matiques ou bien iconographiques.
C’est cette documentation immense et diversifiée que le livre met entre i les mains du lecteur : les multiples citations de documents écrits et insertions d’images permettent de suivre l’auteur dans sa démarche d’historien qui, à travers l’espace et le temps, cherche à comprendre comment naît, se développe et sombre un tel empire. Construit sur ces piliers documentaires, nourri par des discussions qui ne masquent pas les interrogations persis- ₍ tantes, clairement articulé autour de chapitres-bilans, ce livre sans précédent ni équivalent offre aussi le minutieux exposé des divergences interprétatives et des hypothèses alternatives, une bibliographie exhaustive et un index très développé. Il s’adresse aussi bien aux historiens, sociologues et anthropologues qu’au lecteur passionné de recherches historiques et de vastes espaces.

Pierre Priant, professeur d’histoire de l’Antiquité à l’université de Toulouse-II Le Mirail, est spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient à l’époque de la domination perse et des conquêtes d’Alexandre. Il est notamment l’auteur d’Alexandre le Grand (1984), D’État et pasteurs au Moyen-Orient ancien (1982), de Rois, tributs et paysans (1982) et de Darius, les Perses et l’Empire (1992).

Table des illustrations

1a. Tombe pyramidale de Sardes / 97
1b. Tombe de Cyrus / 97
1e. Tombe de Buzpar / 97
1d. Tombe de TaS Kule / 97
2.Relief du palais P de Pasargades / 100
3a. Génie ailé / 101
3b.Sceau de KuraJ d’AnJan (PFS 93) / 102
4.Relief de Behistoun / 137
5.Carte de la révolte de l’Ionie / 159
6.Plans des terrasses de Persépolis et de Suse / 179
7.Peuples porteurs du trône (Persépolis : Salle aux cent colonnes / 187
7a. Rangée inférieure des peuples porteurs sur les tombes royales / 189
7b. Quelques peuples donateurs : Mèdes, Élamites, Parthes, 
Ariens, Bactriens, Sagartiens / 190
8.Darius et sa cour vus par un peintre grec du IVe siècle / 217
9a. Scène d’audience sur le sarcophage d’Alexandre / 223
9b. Scène d’audience sur une empreinte de Daskyleion / 224
10. La tombe de Darius à NaqS-i Rustam / 225
11. Les monnaies royales / 226
12a-c. Le roi, les Perses et la guerre / 227
12d-f. Le roi, les Perses et la guerre / 228
13. La statue de Darius à Suse / 229
14. Relief d’audience / 230
15. Tripylon. Porte est / 231
16. Tripylon. Porte sud / 231
17. Tripylon. Porte nord / 232
18. Tripylon. Porte ouest. Combat du Héros royal contre un griffon / 232
19. Files de nobles / 233
20.Le char royal / 236
21a-b. Le Héros royal / 237
22.Darius III au combat / 241
23a-b. Scènes de chasse sur cachets (en haut : sceau de Darius) / 243
24a. Sceau de Xerxès / 246
24b. Le roi assyrien devant l’arbre de VIe / 247
25. Assurbanipal sous la treille / 248
26a-e. Mages et sacrifices / 254 à 256
27. Ahura-Mazda / 259
28a-d. Autels et culte du Feu / 260 à 261
29. Monnaie de Perse hellénistique représentant un temple du Feu / 261
30a-b. Anâhita / 265
31. Porte du palais de Darius à Suse (vue en perspective) / 271
32. Scythe soignant l’un de ses compagnons (vase de Koul-Oba en Crimée) / 277
33. Serviteurs apportant des mets : Persépolis (petit escalier sud du Tripylon) / 305
33bis. Échantillons de vaisselle achéménide / 307
34. Chiens de chasse et de guerre assyriens / 310
34bis Bijoux achéménides / 318 à 319
35. L’Empire et les principales routes / 378
36. Itinéraire de Cyrus et des Dix-Mille / 379
37. Statue d’Udjahorresnet / 489
38. Stèle de l’Apis mort en 518 / 496
39. Stèle votive égyptienne / 499
40.Quelques empreintes babyloniennes, de Cyrus à Xerxès / 502
41. Sarcophage inscrit d’Esmunazzar / 506
42a-c. Relief du Bâtiment G de Xanthos et deux reliefs persépolitains / 520
43a-g. Monnaies sidoniennes et autres documents / 624 à 625
43h. Scène d’audience du sarcophage du Sartrape / 626
44. Monnaies dynastiques (?) de Cilicie / 628
44bis. Carte de l’expédition d’Agésilas / 658
45a. Monnaie au nom de Tarkumuwa / 686
46a-d. Monument des Néréides : scènes d’audience et de banquet / 690 à 691
46e. Parade sur l’herôon de Périclès de Limyra / 692
47. Relief perse de Paphlagonie / 719
48a-c. Documents « gréco-perses » de Daskyleion / 720
49. Sceau inscrit au nom de Manès / 725
50. Trilingue de Xanthos (Fc/XVI, 1974) / 728
51. Monnaies civiques ciliciennes / 731
52. Relief perse trouvé près de Kayseri / 732
53a-g. Monnaies et empreintes de Samarie / 735 à 736
54. Quelques sceaux des Murasu / 742à 743
55. Carte : Peuples et routes du Zagros / 748
56a. Tombe d’Artaxerxès II (reconstitution) / 754
56b. Tombe inachevée (Persépolis) / 755
57. Carte : Pays et peuples du Plateau iranien et d’Asie centrale
sous domination achéménide / 765
58. Carte : Alexandre en Inde et dans l’Iran oriental / 775
59. Coupe d’un qanat / 827
Généalogies : D’Artaxerxès Ier à Artaxerxès II / 589
La succession de Darius II à Darius III / 793

Table des matières

Introduction. Sur les traces d’un Empire / 9

L’Empire achéménide a-t-il existé ?, 9. - D’Alexandre à Cyrus et retour: fragments d’ego-histoire, 9. - L’historien et ses documents, 14. - L’espace et le temps, 18. - Avertissement au lecteur, 20. - Remerciements, 21.

Prologue. Les Perses avant l’Empire / 23

I. Pourquoi Cyrus?, 23. - Documentation ponctuelle et longue durée, 23. - Histoire perse et représentations grecques, 24. - II. Les légendes du fondateur, 25. - III. Les rois d’AnSan, 26.- IV. AnJan et Suse, 27. - V. La société perse d’avant les conquêtes : Hérodote et l’archéologie, 28. - Hérodote et la société perse, 28. - Limites d'utilisation des sources classiques, 29. - Les apports de l'archéologie. 30. - VI. AnJan, Ecbatane, Babylone et Suse, 32. - Les conséquences de la chute de l'Empire assyrien, 32. - Ansan dans le concert international, 33. - La domination mède. 34. - Mariages dynastiques ?, 34. - VIL Des Mèdes aux Perses, 35. - Emprunts et héritages. 35. -La structure du royaume mède, 36. - Bilan de la discussion, 37. - VIII. Conclusion, 38.

Première Partie

Les Bâtisseurs De L’empire : De Cyrus À Darius

Chapitre premier. Les rassembleurs de terres :
Cyrus le Grand et Cambyse (559-522) / 41

I. Les hostilités médo-perses, la défaite d’Astyage et la chute d’Ecbatane (553-550), 41. - Sources et problèmes, 41. - Offensives et contre-offensives, 42. - Le nouveau maître d'Ecbatane, 43. -11. La nouvelle situation internationale et les projets de Cyrus, 44. - L'héritage territorial et diplomatique mède, 44. - Problèmes chronologiques et stratégiques, 44. -1 II. La défaite de Crésus et l’installation d’un front méditerranéen, 45. - La contre-attaque victorieuse de Cyrus (547-546), 45.-La mainmise sur le royaume lydien. 46. - La révolte de Paktyès, 47. - Harpage en Asie Mineure. 48. - IV. Cyrus en Asie centrale, 49. - V. La prise de Babylone (539), 50. -Sources et problèmes. 50.-La conquête militaire. 51. - De Nabonide à Cyrus. 53.-VI.Cyrus, la Transeuphratène et l’Égypte, 55. - La Transeuphratène après la prise de Babylone. 55.
- Cyrus et Jérusalem, 56. - Cyrus et la Transeuphratène, 58. - Cyrus et l Egypte, 59. - VII. De Cyrus à Cambyse, 60. - VIII. La campagne d’Égypte (525-522), 61. - L'Égypte d'Amasis, 61.
- La conquête de la vallée du Nil et de ses abords, 63. - IX. Cambyse et les traditions égyptiennes, 66. - La « folie » de Cambyse : sources et problèmes, 66. - Udjahorresnet et Cambyse, 68. - Ralliements et résistances, 70.

Chapitre II La conquête et l’après-conquête : un bilan intermédiaire / 73

I. De Cyrus à Darius : sources et problèmes, 73. -11. Satrapes et satrapies, 75. - Les satrapes de Cyrus et de Cambyse, 75. - Les fonctions du satrape. 76. - III. Tributs et dons, 18. - Revenus et administration financière, 78. - Peuples tributaires et peuples donateurs, 79. - De Cyrus à Darius, 80. - Tribut et monnaie, 81. - IV. Continuités et adaptations : le cas de la Babylonie, 82. - Changements et intégration, 82. - Terres des temples et administration royale. 83. - Les obligationsfiscales des temples babyloniens, 84. -La justice de Gubâru. 85.-Le régime des terres. 86. - V. De Bactres à Sardes, 87. - Entité politique bactrienne et pouvoir achéménide, 87. - Pouvoir central et polycentrisme culturel, 88. - Le texte et l'image, 90. - VI. Perses et populations conquises, 90. - Conquête militaire et stratégie idéologique. 90. - Le personnel politique de Cyrus et de Cambyse, 92. - Contacts et acculturations, 94. - VIL Les lieux du pouvoir, 96. - Les anciennes résidences royales, 96. - Palais et jardins de Pasargades, 98. - Les débuts de Persépolis, 99. - Société perse et Empire, 100. — VIII. Royauté et pouvoir, \0\. - Représentations et titulatures royales à Pasargades, 101. - L'étiquette royale, 103. - D'un roi l'autre, 104. - IX. Le roi et les dieux, 105. - Religion perse et traditions iraniennes, 105. - Le tombeau de Cyrus et les usages funéraires perses, 106. - Les sacrifices autour du tombeau de Cyrus, 107. - X. L’usurpation de Bardiya (522), 109. - La réputation de Cambyse, 109. - Smerdis, Tanyoxarkès, Mergis, Mardos, 110. - Darius, Bardiya et Gaumata, lll.- Bardiya/Smerdis et Gaumata, lll. - Cambyse et Bardiya, 113.- Bardiya et l'aristocratie perse, 115.- Bardiya et les tributs de l'Empire, 117.

Chapitre III. Troubles, sécessions et reconstruction (522-518) / 1 19

I. L’arrivée au pouvoir de Darius (522), 119. - Le complot des Sept : Darius et Hérodote, 119. - Le problème du pouvoir, 121. - Les « droits » de Darius, 122. - La primauté de Darius. 124. - L'élimination de Bardiya, 125.- Une remarque de méthode, 126. - IL Révoltes et reconquêtes (522-518), 127. - Les rois menteurs, 127. - Les victoires de Darius et de ses lieutenants (522-521), 128. - Les victoires de Darius : un bilan militaire, 129. - L'aspect politique des révoltes, 132. -Darius et Vahyazdâta, 133. - La rébellion d’Oroitès, 134. - III. Les lendemains de la victoire : l’histoire officielle, 135. - Crimes et châtiments. Publicité et propagande, 135.- Véritéet mensonge à Behistoun. Darius et Ahura-Mazda, 136. - Nouvelles campagnes, nouveaux ajouts : impérialisme et religion, 139. - IV. Darius et les Six, 140. - Primus inter pares ?, 140. - Le point de vue de Darius : nobles et roi à Behistoun, 142. - Les Six et l'étiquette aulique : l'affaire d'In-taphernès, 143. - Les mariages de Darius, 144. - La saga d’Otanès, 145. - La famille de Gobryas, 147.- La saga de Mégabyze, 148.- Hydarnès, 148.- Un bilan de la discussion, 149. -V. Bilan et perspectives, 149.- Une nouvelle fondation de l’Empire, 149. - Diachronie et synchronie, 150.

Chapitre IV. Darius le Conquérant (520-486) / 151

I. La poursuite de l’expansion territoriale (520-513), 151.- Darius, Démokédès et l'Occident, 151. - Darius, Syloson et Samos, 152. - Darius, l'Indus et le Nil, 152.-Aryandès et Barkè, 153. - II. Les Perses en Europe, 154. - L expédition scythe de Darius (513), 154. - Les Perses en Thrace, 156. - Un bilan, 156. - III. La révolte de l’Ionie (500-493), 158. - Le film des événements et les problèmes posés. 152. - Une crise économique ?, 162. - Tensions civiques et pouvoir achéménide, 162. - La stratégie d Aristagoras : les débuts de la révolte, 165. - La victoire perse, 167. - IV. De la Thrace à Memphis (492-486), 168. - La mission de Mardonios en Thrace, 168.- De la Cilicie à Marathon, 170. - La conquête des îles. 170. - Conquête perse et médisme grec. 171.- Marathon. 172.- De Marathon à Memphis, 173.

Deuxième Partie

Le Grand Roi

Chapitre V. Les images du monde / 177

I. Le roi constructeur, 177. - Le remodelage de Suse. 177. - Les débuts de Persépolis, 180. - Les travaux menés dans les autres capitales. 182. - La tombe royale de Naqiş-i Rustam, 182. -Art royal et villes impériales. 183. - II. Le roi et ses peuples : inscriptions et iconographie, 184. - Les « chartes de fondation » de Suse. 184. - Les listes de pays, 185. - Les peuples porteurs, 186. - Les peuples donateurs, 187. - III. Une image idéelle de l’espace et du pouvoir impérial, 188. - Espace et administration. 188. - Sujétion et collaboration, 189. - Empire et monde connu : représentations et réalités, 191. - Centre et périphérie : « aryen de souche aryenne », 193. - Centre et périphérie : la Perse et l’Empire, 194. - IV. Images et réalités : le roi parmi ses peuples, 196.- Peuples et dons : une fête de l’Empire à Persépolis ?, 196.- Le roi nomade, 199. - Un État itinérant, 200. - Entrées et sorties royales. 201. - Nomadisme aulique et arpentage de l'espace impérial. 203. - Dons et cadeaux. 204. - Dons au Grand Roi et soumission politique. 205. - Retour à Persépolis via Babylone, 206. - V. Images et réalités : les fêtes impériales, 207. - La grande armée de Xerxès. 207. - Les revues de l'Empire, 209. - La mise en scène de Datamès, 211. - D'Artaxerxès III à Ptolémée //, 212. - VI. Table royale et paradis royaux : exaltation du centre et appropriation de l’espace, 213.

Chapitre VI. Représentations royales et idéologie monarchique / 217

I. Sources et problèmes, 217. - La diversité documentaire : complémentarité et spécificité, 217. - Monuments perses disparus ou reconstitutions grecques pour touristes pressés ?, 218. - Centre et périphérie, 211. - II. Le prince en ses miroirs, 222. - Darius à Naqs-i Rustam, 222. - Le roi victorieux et le roi de justice, 226. - Le texte et l'image, 227. - III. Le roi en majesté, 229. - La statue de Darius, 229. - Les documents iconographiques persépolitains, 230. - Le roi sur son trône, 234. -L'audience royale, 234. - Chars et chevaux royaux, 236. - Le Héros royal, 237. -IV. Le bon combattant, 237. - Un roi grand et beau, 237. - Le chef de guerre : représentations et réalités, 239. - Darius 111 au combat : une vision agonistique de la royauté, 241. - Le roi-chasseur, 242. - V. Le roi, la terre et l’eau, 244. - Le bon jardinier, 244. - Xerxès et le platane, 246. - Le platane et la vigne d'or du Grand Roi, 248. -Artaxerxès II au paradis, 249. - La tombe deCléarque, 250.-Lefaiseur de pluie et le maître de l’orage, 251.-VI. Entre hommes et dieux, 252. - Les prières royales, 252. - Les cultes officiels, 253. - Le roi, les sacrifices et les mages, 256. - Sacrifices et banquets, 258. - Le roi et le culte d'Ahura-Mazda, 259. - Le roi et le culte du Feu, 260. - Le roi, Mithra et le Soleil, 262. - Le culte d'Anâhita, 264.

Chapitre VII. Gens et vie de cour / 266

I. Sources et problèmes, 266. - Tentes et palais, 267. - 11. Le service rapproché, 269. - Le chiliarque et le service de l audience, 269. - La garde royale : Immortels et mélophores, 272. - Etiquette et sécurité, 273. - Repas royaux et étiquette, 274. - L'eau et le vin du Grand Roi, 274. - Les médecins de cour, 276.-Les mages, leurs herbes et leurs pierres, 278.-111. Les eunuques, 279. - De la fourberie des eunuques, 279. - Xénophon et le paradigme du ministre fidèle, 282. - Eunuchisme et éviration, 284. - Titre et fonctions, 285. - IV. Du côté des femmes, 289. - Epouses et concubines, 289. - Pallakai et domestiques, 289. - Les 360 concubines du Grand Roi, 292. - La vie sexuelle du Grand Roi : images et réalités, 294. - Des femmes recluses ? Le fantasme du harem, 295. - V. À la table du Grand Roi, 297. - Manger chez le Grand Roi, 297. - Le service de table du roi, 304. - Musiciennes, danseurs et artistes. 306. - Coupes et lits, 307. -VI. Les chasses royales, 309. -VII. La splendeur royale, 311.

Chapitre VIII. Les hommes du Roi / 314

I. Le roi donateur, 314. - Les déclarations royales, 314. -Les Bienfaiteurs du roi, 315. - Les dons royaux, 316. - Dons et honneurs : la hiérarchie de cour, 319. - Le premier cercle, 322. -Dons et redistributions, 324. - II. L’échange inégal, 327. - Dons et services, 327. - L'évaluation des services, 328. - Le don contraignant, 329. - Une faveur précaire, 331. - III. Le roi et ses Fidèles : la logique du système, 335. - Fidèles et bandaka, 335. - Noblesse de clan et noblesse de cour, 337. - Education et intégration idéologique, 339. - IV. Le roi et ses Fidèles : la dynamique des contradictions, 342. - Naissance et faveur royale, 342. - Faveur royale et mobilité sociale, 344. - Maisons aristocratiques perses, 346. - Cohésion familiale et politique royale, 348. - V. Roi et satrapes, 350. - Stratégies familiales et contrôle royal, 350. - Le satrape et les forces armées, 351. - Inspecteurs royaux, 355. - Lettres royales et subordination satrapique, 356. - Cours satrapiques et cour royale, 357. - VI. Le roi et ses Fidèles : les Perses, les Grecs et les autres, 359. - Sources et problèmes, 359. - Les étrangers et la hiérarchie aulique, 361. - L'ethnique perse, 362. - La composition ethnique du haut personnel impérial, 362. - VII. Royauté achéménide et aristocratie perse, 364. - Pouvoir et parentés, 364. - Le pacte dynastique, 365. - Synchronie et diachronie, 366.

Troisième Partie

Espaces, Populations Et Économie Tributaire

Chapitre IX. Espaces, communications et échanges / 369

1. Le réseau routier, 369. - Les routes royales, 369. - Itinéraires secondaires, 371.- Construction et entretien des routes. 373. - Ponts et pontonniers, 374. - II. Le contrôle de l’espace impérial, 377. - Autorisations satrapiques, 3T1. - Escortes militaires, 381. - Les gardes des routes, 381.- Poste royale et courriers royaux. 382. - Voies de communication et stratégie, 384. - Les portes de l'Empire et le réseau de garnisons. 387. - Le service du roi, 389. - III. Voies de communication et échanges, 390. - Des artères commerciales ?, 390. - Routes terrestres et routes fluvio-maritimes. 391. - Les bateaux de l Euphrate, 392. - Transports sur le Tigre, 393. - De Babylonie en Élam, 394. - De la Méditerranée à la Babylonie, 395. - La batellerie égyptienne : le Nil entre la Méditerranée et la mer Rouge ?, 396. - Douanes et échanges. 397.

Chapitre X. Tribut et prélèvements royaux / 399

1. Sources et problèmes, 399. - Tribut et pouvoir. 399. - Diachronie et synchronie, 400. - Les documents du centre. 401. - II. Satrapies et tributs, 402. - Hérodote et les tributs de Darius, 402. - Nomes, satrapies et peuples. 403. - La fixation du tribut, 405. - III. Dons et tributs, 406. - Le point de vue d'Hérodote, 406. - Les dons des peuples tributaires, 407. - De Persépolis à Babylone. 409. - Les dons des paysans perses, 409. - IV. Tributs, dons et prélèvements, 410. - Taxes, 410. - Mines. 411. - Corvées. 412. - Les devoirs de l'hospitalité, 413. - Taxes royales et taxes satrapiques. 414. - « Outre le tribut (parex tou phorou) », 415. - Levées militaires et fiscalité. 416. - Tribut et prélèvements tributaires. 417. - V. Versements tributaires, métal et monnaie, 417. - Le fantôme de l'économie naturelle. Côte et intérieur, 417. - Tributs et trésors royaux, 420. - Le problème de la monnaie royale, 420. - Darius et Aryandés, 421. - VI. L’administration tributaire : continuités et adaptations, 422. - Peuples et territoires, 422. - Cadastre en Asie Mineure occidentale, 424. - Le cas de la Babylonie, 424. - Le cas de l Egypte. 425. - Poids et mesures. 426. - VIL Économie tributaire et appropriation : terre royale et terre tributaire, 427. - Terre royale et Empire, 427. - Les écluses du Grand Roi et les qanats des Hyrcaniens, 427. - Terre royale et terres en concession, 429. - Darius et Gadatas. Alexandre et Priène, 430. - Terre tributaire et terres de la couronne. 431.- Un bilan et quelques incertitudes, 433.

Chapitre XI. Perse, Empire et économie tributaire / 434

I. Les archives de Persépolis, 434. - Tablettes des Fortifications et tablettes du Trésor, 434. - Comptes et archivages. 436. - II. Hiérarchie administrative et organisation de la production, 437. - Parnaka, 437. - Les chefs de département, 438. - Les chefs de kurtaS (kurdabatttë), 439. - Trésoreries et trésoriers, 440. - III. Le monde du travail : les kurtai, 442. - KurtaS artisans, 442. - Centurions et contremaîtres. 443. - Rations alimentaires et organisation de la production, 444. - Origines et statut(s) des kurtaS, 446. - Démographie et reproduction interne, 448. - Dispersion familiale et homogénéité ethnique, 450. - IV. L’agriculture : productions et prélèvements, 452. - BaziS et autres prélèvements, 452. - La levée du baziS animal, 453. - Les producteurs directs, 455.-V. Terres et domaines, 456,-PartetaS, 456.-Irmatam, 458. -Ulhi, 459. - VI. Les tablettes de Persépolis et l’administration impériale : sources et problèmes, 461. - VII. La gestion des biens et les magasins royaux en Égypte, 462. - Le ravitaillement de la garnison de Syène-Éléphantine, 462. - La réparation d’un bateau de l'administration, 463. - Arsenaux et ateliers royaux, 464. - VIII. La gestion des surplus, 466. - Retour au Pseudo-Aristote, 466. - Surplus en nature et échanges, 466. - Les poissons du lac Moéris, 468. - Les travailleurs de l ’Athos, 468. - Retour à Persépolis, 470. - IX. Terres et paysans, 471.- Kurtai, garda, gardu, 471. - Kurtas et laoi : Tissapheme et les paysans des villages de Parysatis, 474. - Irmatam, ulhi et terres en don (dôreai), 475. - X. La Maison du roi, 478. - Moutons, chameaux et chevaux du roi, 478. - Deux domaines économiques ?, 480. - Parnaka, la Perse et Darius. 481.- Maison royale, Perse et Empire : une hypothèse, 484. - XI. Transition, 486.

Chapitre XII. Le Roi des pays / 488

I. Darius et l’Égypte, 488. - Satrapes et satrapie. 488. - Le retour d’Udjahorresnet à Sais, 489. -Darius et les lois égyptiennes, 490. - Phérendatès et le sanctuaire de Khnûm d‘Eléphantine, 490. - Darius dans le temple d’Hibis (El-Khargeh), 491. - Darius à Héliopolis, 492. - La réputation pharaonique de Darius, 493. - Le pharaon et le Grand Roi, 494. - De Cambyse à Darius, 495. - Perses et Égyptiens, 497. - Un bref bilan, 499. - II. La Babylonie sous Darius, 500. - Sources. 500.-Satrapes et gouverneurs, 500. - Domaines et hatru. 502.-Perses et Babyloniens, 502. — III. La Transeuphratène, 503. - Le gouvernement de Transeuphratène. 503. - La province de Juda, 503. - Chypre, 504. - Phénicie. 505. - IV. De Jérusalem à Magnésie du Méandre, 507. - Darius, Gadatas et l'Apollon d'Aulai, 507. - Darius. Tattenaïet Gadatas, 508. - V. L’Asie Mineure occidentale : cités, dynastes et empire après la révolte de l’Ionie, 510. - Les mesures d Artaphernès et de Mardonios (493-492), 510.- Guerres limitrophes et arbitrage, 510. - La question des tributs, 511.- Démocraties et tyrannies, 512. - Autonomie et contrôle militaire, 513. - Pouvoir impérial et pouvoirs dynastiques, 514. - Les Perses en Asie Mineure, 516. - Art satrapique et artistes locaux, 519. - Art royal perse et art dynastique lycien, 520. - VI. Déplacements de populations et déportations, 521.- Déportations de Grecs et d'autres populations, 521. - Le statut des communautés déplacées, 522. - Les gamisaires d'Égypte, 523. - VII. Unité et diversité, 523. - Administration impériale et multilinguisme. 523. - Loi royale et lois des pays, 526.

Quatrième Partie

De Xerxès à Darius III, L’empire en Mouvement

Chapitre XIII. Xerxès le Grand Roi (486-465) / 531

1. Sources et problèmes, 531. - L année 479 et la réputation de Xerxès, 531.- Histoire perse et hellénocentrisme, 531. - L'idée de la décadence, 533. - Histoire et documentation, 534. - II. De Darius à Xerxès, 534. - La présentation d'Hérodote et la déclaration de Xerxès, 534. - Chronologie et nomos, 535. - Darius, Xerxès etAtossa, 536. - Le prince héritier, 536. - Un droit d'aînesse ?, 537. - Les cérémonies funèbres, 538. - L'investiture royale, 539. - Le successeur de Darius, 540. - L'écrasement des révoltes, 541. - La reprise du projet grec, 541. – « L'invincible houle des mers », 543. - Préparatifs logistiques, 544. - lll. De Sardes à Sardes (480), 545. - L’avancée perse et la stratégie grecque, 545.-Des Thermopyles à Salamine, 546.-De Sala-mine à Sardes, 546. - IV. Xerxès entre deux fronts (480-479), 548. - Xerxès à Sardes et Mardonios en Europe, 548. - Platées, 549. - Le front d'Asie Mineure : Mycale, 550. - La « seconde révolte de l‘Ionie ». 551. - Xerxès, de Sardes à Babylone, 551. - V. La défaite perse : ses origines et ses suites, 552. - Quelques questions. 552. - Armement et tactique. 552. - Les Perses et les autres, 555. - Artabaze et Mardonios. 556. - Les suites des défaites : les pertes perses, 557. - Les suites des défaites : les reculs territoriaux, 557. - Les suites des défaites : le prestige du Grand Roi. 558. - VI. Xerxès et ses peuples, 559. - Un problème de méthode, 559. - Xerxès et la Babylonie : le dossier babylonien, 560. - Xerxès et la Babylonie : le dossier grec, 561.-Xerxès et l'Egypte, 562.-Xerxès et les divinités grecques, 564.-De Cyrus à Xerxès, 566. -Vil. Xerxès, Ahura-Mazda et la Perse, 567. - L'inscription des daivâ : examen du contenu, 566. - Le roi, Ahura-Mazda, la vie et la mort, 567. - Ahura-Mazda et les daivâ, 568. - Le pays des daivâ : le temps du roi et le temps de l Histoire, 569.-Xerxès et la Perse, 570. - Le roi constructeur, 571. - VIII. Offensives athéniennes et territoires royaux (478-466), 572. -La création de la Ligue de Délos et les territoires royaux, 572. -L'Eurymédon et ses suites (466-465), 574. - Le cas de la Lycie : le texte et l 'image, 575. - IX. La stratégie occidentale de Xerxès, 576.-Xerxès et les satrapies d'Asie Mineure, 576. -Xerxès et Pausanias, 578. - Dons de terres et de villes: colonisation et contrôle territorial, 578. - Thémistocle à la cour du Grand Roi. 580. - X. De Xerxès à Artaxerxès, 581. - L'assassinat de Xerxès : les motifs littéraires, 581. - L'assassinat de Xerxès: les problèmes dynastiques. 582. - XI. Un bilan, 584.

Chapitre XIV. De l’avènement d’Artaxerxès Ier à la Mort de Darius II (465-405/404) / 586

1. D’un roi l’autre (465), 586. - Sources et problèmes, 586. - La position du nouveau Grand Roi, 587. -Artaxerxès Ier à Persépolis. 590. - II. La révolte de l’Égypte (v. 464-454), 591.-La révolte d'lnaros et l intervention athénienne, 591.- Caractères et suites de la révolte : Egypte perse et Égypte égyptienne. 592. - 111. Les affaires de Transeuphratène, 594. - Artaxerxès et Mégabyze, 594. - Troubles en Juda ?, 595. - IV. Le front d’Asie Mineure et de l’Égée orientale, 596. - Les hostilités athéno-perses (années 450), 596. - Retour sur la «paix de Callias». 596. - Retour à Xanthos, 600. - V. Esdras et Néhémie à Jérusalem, 600. - La mission d’Esdras, 600. - La mission de Néhémie, 601.- De Jérusalem à Éléphantine. 603. - Les ennemis de Néhémie et de Juda, 604. - VI. D’un roi l’autre (425-424), 605. - Ctésias et les tablettes babyloniennes, 605. - Familles et pouvoirs. 606. - Légitimité et propagande, 607. - Darius le Grand Roi, 608. - Vil. Les affaires du front occidental, 608. - La situation en Asie Mineure (424-413), 608.-Les contrecoups du désastre athénien en Sicile, 609. - Les traités spartano-achéménides (412-411), 610. - La reconquête athénienne (411-407), 610. - Darius II et ses satrapes, 611.- Darius II, l'Asie Mineure et les autres fronts, 613. - Darius II et ses armées, 615. - Cyrus en Asie Mineure, 617. - VIII. Le Grand Roi en ses pays, 618. - Les Murasû, la Babylonie et l'administration royale, 618. - Bëlsunu, 618. - Darius lien Égypte, 620. - Les autorités perses face aux Jttdéens et Égyptiens d’Éléphantine. 620. - Une lettre d'affaires, 623. - Le Grand Roi à Sidon et à Éléphantine, 624. - Le cas de la Lycie. 626. - Le cas de la Cilicie, 627. - Les Perses et les rois de Chypre, 628.

Chapitre XV, Artaxerxès II (405/404-359/358) et Artaxerxès III (359/358-338) / 631

I. Le règne d’Artaxerxès II : sources et problèmes, 631. - La vision des auteurs grecs, 631. - Vu de Suse, de Babylone et de Persépolis, 633. - 11. La guerre des deux frères (404-401), 634. -De Darius II à Artaxerxès II, 634. - Les préparatifs de Cyrus et la réaction d'Artaxerxès : de Memphis à Sardes, 635. -L'armée de Cyrus le Jeune, 639. - Propagande et légitimation, 640. - Loyauté personnelle et loyauté dynastique, 641. - Artaxerxès face à Cyrus, 646. - III. Artaxerxès le Victorieux, 649. - Le processus de relégitimation, 649. - Récompenses et châtiments, 649. - Le Grand Roi et ses armées. 650. - IV. La situation en Asie Mineure et la stratégie d’Artaxerxès II (400-396), 653. - De Sardes à Memphis. 653. - Artaxerxès. ses satrapes et le front d’Asie Mineure, 654. - V. Agésilas en Asie Mineure (396-394), 656. - La défaite de Tis-sapherne, 656. - L Anabase d'Agésilas, 657. - Les défenses perses face à l'offensive d’Agésilas : satrapes et ethnê, 660. - Les Perses face à Agésilas. 662. - Agésilas : un bilan. 664. - VI. Succès et revers achéménides : de l’Asie Mineure à l’Égypte (v. 396-v. 370), 664. - La défaite Spartiate, 664. - Les Perses entre Athéniens et Lacédémoniens. 665. - De Chypre à l'Égypte, 666. - Les premières opérations (391-387/386), 667. - La paix du Roi (386). 668. - Un embrasement généralisé ?, 668. - L'offensive contre Évagoras (387/386-383/381). 671.- Les échecs égyptiens, 671. - Artaxerxès et les Grecs. 674. - VII. Artaxerxès II, ses satrapes et ses peuples (c. 366-359/358), 675. - Diodore et la « grande révolte » des satrapes : l'Empire en feu ?. 675. -Lespremières révoltes : Datamès, 678. - Les troubles en Asie Mineure occidentale (366-361), 681. - Le front égyptien, 682. - Orontès et le front égyptien, 683. - Retour sur Datamès. 685. - Mausole et les révoltes, 686. - De la Carie à la Lycie, 689. - Un bilan de la discussion, 692. - VIII. Au centre du pouvoir, 694. - Dans les résidences royales, 694. - Artaxerxès IL Mithra etAnâhita : sources et problèmes, 695. - Droaphernès et la statue de Sardes, 696. -Anâhitaet Istar, 697. - Retour à Bérose, 698. - L'espace impérial, 699. - D'Artaxerxès II à Artaxerxès III, 699. - IX. Les guerres d’Artaxerxès III (351-338), 700. - Artaxerxès III et Artabaze, 700. -Échec en Egypte, révolte en Phénicie et à Chypre (351-345), 701. - De Sidon à Jérusalem et à Jéricho, 704. - La reconquête de l Égypte (343-342), 704. - Artaxerxès III en Égypte, 706. - Mentor en Asie Mineure, 706. - Artaxerxès III et Philippe II, 707.


Cinquième Partie

Le IVe Siècle et l’Empire de Darius III
Dans la Longue Durée Achéménide : un Bilan Prospectif

Chapitre XVI. Pays, peuples et satrapies : un inventaire du monde achéménide / 713

Introduction. Dans les pas d’Alexandre et sur les traces de Darius, 713. - Une autre source « achéménide » : les historiens d’Alexandre, 713. - Méthodes et objectifs, 715. - 1. Sources et problèmes, 716. - II. La satrapie de Daskyleion, 718. - III. De Sardes à Éphèse, 721. - IV. De Kelainai à Halicarnasse, 725. - V. Pixôdaros à Xanthos, 727. - VI. De Tarse à Mazaka, 730. -VII. De Tarse à Samarie via Sidon et Jérusalem, 733.-VIII. De Gaza à Petra, 736. - IX. L’Égypte d’Artaxerxès III à Darius III, 738. - X. D’Arbèles à Suse, 739. - XI. Le Grand Roi, Alexandre et les montagnards du Zagros, 747. - XII. Persépolis, Pasargades et la Perse, 753.
- XIII. De Persépolis à Ecbatane, 757. - XIV. D’Ecbatane à l’Halys, 761. - XV. D’Ecbatane à Cyropolis, 764. - XVI. Du Pendjab au delta de l’Indus, 774. - XVII. De Pattala à Suse et à Babylone : les Perses et le golfe Persique, 778. - XVIII. Un bilan et quelques questions, 782.

Chapitre XVII. Le Grand Roi, ses armées et ses trésors / 789


I. L’avènement de Darius III, 789. - D’Artaxerxès III à Darius III : Diodore et Bagôas, 789. - L'illégitimité de Darius III : la version macédonienne, 790. - L'avènement de Darius : la version perse, 791. - Darius III et la famille royale achéménide, 791. - Violence et nomos, 792. - Darius et Bagôas. 794. - Le nouveau Grand Roi. 797. -L'avènement de Darius III dans l'histoire dynastique achéménide. 797. - Un bilan, 799. - II. Le Grand Roi et l’aristocratie perse, 800. - III. Les armées royales, 803. - La thèse grecque, 803. - Mercenariat et « décadence » : réalités achéménides et filtre athénien, 807. - L'organisation du commandement, 809. - Memnon, les satrapes perses et Darius III. 810. - Le Grand Roi et les mercenaires des satrapes, 811. - Mercenaires et « mercenaires » les Grecs et les autres, 812. – « Armée grecque » et « armée barbare », 815. - IV. Populations sujettes et économie tributaire, 820.- Thésaurisation et stagnation : une fausse évidence. 820. - Centre et périphérie, 824. – « Surexploitation tributaire » et révolte. 829. - V. Transition, 833.

Sixième Partie

La Chute D’un Empire (336-330)

Chapitre xvm. Darius et l’Empire face à l’agression macédonienne / 837

I. Territoires, armées et stratégies, 837. - La première offensive macédonienne (336-335), 837. - Darius, ses satrapes et le débarquement d'Alexandre (mai-juin 334). 838. - Darius à Babylone et le front d’Asie Mineure (334-333), 843. - D'Issos à Gaugamèles (novembre 333-octobre 331), 848. - Darius et Alexandre : la guerre et la paix (333-331). Une autre lecture, 852. - Les suites de Gaugamèles (331-330). 859. - II. Darius et ses Fidèles, 862. - Mithrénès et les Perses d'Asie Mineure (334-333). 862. - La reddition de Mazakès (332), 864. - Les ralliements de Mazée et d'Aboulitès (331). 865. - Les Perses de Perse entre Darius et Alexandre, 869. - III. Les élites locales, Darius et Alexandre : popularité et impopularité de la domination achéménide, 872. - Sources et problèmes, 872. - Éphèse. Milet et Aspendos, 875. - De Sidon à Tyr. 876. -L'Égypte et les Égyptiens. 877. - Les Babyloniens : Alexandre et Darius. 881. - IV. La mort d’un Grand Roi (330), 884. - Darius à Ecbatane, 884. - Le complot contre le Grand Roi, 885. - V. La chute d'un Empire, 886. - La javeline de cornouiller, 886. - Pouvoir royal perse et empire multiculturel, 887. - Le pacte dynastique et ses limites, 888. - Retour sur Mazée, 889. - Bessos en Bactriane, 890.


Conclusion. De Nabonide à Seleukos / 893

Notes documentaires / 897
Abréviations / 897
Bibliographie / 1079
Index général / 1147
Index des sources / 1217
Table des illustrations / 1237

INTRODUCTION

Sur les traces d’un Empire

L’Empire Achéménide a-t-il Existé ?

Créé par les conquêtes de Cyrus (v. 557-530) et de Cambyse (530-522) sur les décombres et le terreau fertile des divers royaumes du Proche-Orient, puis agrandi et plus fermement organisé par Darius Ier (522-486), l’Empire achéménide s’est, pendant plus de deux siècles, étendu de l’Indus à la mer Égée, du Syr-Darya au golfe Persique et à la première cataracte du Nil, jusqu’au moment où Darius III disparaît dans un complot, alors que son adversaire Alexandre faisait déjà figure de vainqueur (330). Le terme « Empire » que nous utilisons couramment n’a, on le sait, aucun correspondant exact dans aucune langue ancienne : les inscriptions des Grands Rois se réfèrent à la fois à la terre (bûmi) et aux peuples (dahyu / daliyàva), et les auteurs grecs parlent des « territoires royaux (khôra basileôs) », de Varkhë [pouvoir] du Grand Roi et de ses satrapes, ou encore des « rois, dynastes, cités et peuples ». Le terme « Empire » implique un pouvoir territorial. Tel est bien le problème de fond que posent la genèse et la constitution de l’Empire achéménide. Marqué par une extraordinaire diversité ethno-culturelle et par une exceptionnelle vitalité des formes d'organisation locale, il donne lieu à deux lectures : l’une, qui en fait une sorte de fédération lâche de pays autonomes, sous l’égide lointaine d’un Grand Roi qui se manifesterait uniquement par le biais des prélèvements tributaires et des levées militaires ; l’autre qui, sans nier l'évidence de la diversité, entend souligner la dynamique organisationnelle des interventions multiformes du centre, et les intenses processus d’acculturation : la formulation laisse deviner dans quelle direction se développent mes préférences -je m’en expliquerai chemin faisant. Tel est, résumé en quelques mots, l’objet du livre que je soumets aujourd’hui à la sagacité des lecteurs.

D’Alexandre à Cyrus et retour : fragments d’ego-histoire

Imprudemment annoncé dans une étude parue en 1979, ce livre a été rédigé entre le printemps 1990 et le printemps 1993. J’ai apporté des retouches limitées au texte, et surtout révisé d’une manière sensible les notes documentaires, au cours des années 1994 et 1995. Mais la conception et la réalisation du livre, même sous forme préliminaire et préparatoire, remontent à près d’une quinzaine d'années, puisque c’est vers 1982-1983 que j’ai commencé à produire pour moi-même les premiers brouillons, esquisses et plans, eux-mêmes réduits maintenant à l’état d’archives résiduelles. En guise de contribution à une formule en vogue (du moins en France), l’ego-histoire, et dans le droit fil de l’introduction quej’ai écrite en 1982 pour mon recueil d’articles (RTP), j’aimerais en expliquer la genèse, de manière très personnelle.
Rien ne me prédisposait à consacrer le plus long de ma vie de chercheur et d’enseignant à l’histoire achéménide. Historien de formation, passionné par l’histoire de l’Antiquité au cours de mes études à Poitiers, j’ai, un peu par hasard (ou plus exactement à la suite d’une réflexion d’H. Bengtson), commencé à m’intéresser à un successeur d’Alexandre, l'ancien satrape de Grande-Phrygie, Antigone le Borgne, sous forme d’une thèse préparée sous la direction de Pierre Lévêque. Un passage bien connu de la lie d'Eumène (5.9-10), relatif aux agissements de l’adversaire d’Antigone dans les environs de Kelainai (capitale de la Grande-Phrygie). m’a amené à me poser des questions sur le statut de la terre et des paysans au tout début de la période hellénistique - recherches quej’ai développées dans un article consacré à ces mêmes paysans (laoi) d'Asie Mineure (1972). Le premier pas était franchi : j’avais établi ma résidence au Proche-Orient (l’Asie, comme je disais alors, à la suite des auteurs grecs), mais dans un Proche-Orient revisité par les années gréco-macédoniennes et par l’historiographie coloniale antique et contemporaine.
La préparation d’une longue étude sur Eumène de Kardia (1972-1973) puis d’un petit livre sur Alexandre (première éd. 1974) m’a très vite convaincu de la nécessité de remonter plus haut dans le temps. Qu’était-ce donc que cet Empire achéménide, dont on invoquait systématiquement la décadence sans le resituer dans son cadre historique ? J'avais toujours été frappé en effet du fait qu’à la suite de Droysen (qui aurait mérité des héritiers moins dogmatiques), certains épigones zélés affirmaient sans ambages que la conquête macédonienne avait modifié de fond en comble les structures politiques, économiques et culturelles de « l’Asie » ; mais, dans le même temps, l’avant-Alexandre n’était jamais autrement défini que comme un antonyme-repoussoir de l’après. Ces interrogations m’ont amené à prendre comme premier objet d’études des populations du Zagros, que les auteurs anciens présentaient comme des brigands qui ne se vouaient aucunement à l’agriculture et qui, comme tels, étaient « naturellement » agressifs (1976). J’en tirai la conviction, de plus en plus pressante, que toute notre vision de 1 'Empire achéménide et de ses populations était viciée du fait de déformations apportées par les historiens anciens d’Alexandre, dans le même temps qu’il m’apparaissait, avec une égale évidence, que l’historien ne pouvait éviter de recourir à ces mêmes sources. J’ai continué pendant des années à creuser ce sillon, et, dans une certaine mesure, ce livre voudrait contribuer à apporter des éléments de réponse à une interrogation ancienne : pourquoi la chute de l’Empire achéménide sous le coup de l’agression macédonienne ?
Mais le sous-titre choisi n’est pas simplement le reflet de cette véritable obsession, ou, si l’on me permet l’expression, de cette longue « quête du Graal ». Il veut exprimer également une conviction longtemps entretenue et nourrie : Alexandre et ses successeurs ont beaucoup repris à l’organisation achéménide, ce quej’ai souvent exprimé sous la formule « Alexandre, le dernier des Achéménides ». Comme toute formule, celle-ci a ses limites et elle génère ses propres contradictions. Mais, au fond des choses, elle me semble toujours à même de rendre compte des extraordinaires continuités qui caractérisent l’histoire du Proche-Orient entre les conquêtes de Cyrus et la mort d’Alexandre. De son côté, Heinz Kreissig, dont j’ai beaucoup appris, avait lui aussi fréquemment mis en valeur ces continuités dans le cadre des « orientalischer hellenistischer Staaten », dont le royaume séleu-cide était, à ses yeux, une évidente manifestation. Le terme continuité ne doit pas induire en erreur : il ne s’agit pas de nier les aménagements et bricolages apportés par la conquête macédonienne. Mais, dans le même temps, les recherches récentes rendent de plus en plus clair que, par exemple, l’Empire séleucide, dans sa genèse et ses éléments constitutifs, est une formation étatique directement greffée sur l’arbre achéménide.
Dans le courant des années 1970, et plus encore à partir du début des années 1980, la conscience s’est imposée à moi, de plus en plus clairement, qu’aussi indispensables soient-elles, les sources classiques ne pouvaient, à elles seules, répondre aux questions que je me posais. 11 me fallait pénétrer plus intimement dans la substance achéménide, tâche à laquelle je n'étais nullement préparé. J’ai heureusement fait alors des rencontres décisives. Tout d’abord Roman Ghirshman qui, vers 1972, m’a très vivement encouragé à tracer mon sillon achéménide : je ne saurais oublier la bienveillante sollicitude qu’il n’a cessé de me manifester jusqu’à sa disparition en 1979. Vers 1977 (si ma mémoire est bonne), je suis entré en contact avec Clarisse Herrenschmidt qui, si je puis dire, m’a « initié » aux inscriptions royales achéménides. Au cours des années 1970, j’ai également noué des contacts, qui ne se sont jamais interrompus depuis lors, avec l'équipe italienne, menée par Mario Liverani et nourrie par ses travaux et ceux de ses élèves : Mario Fales, Lucio Milano et Carlo Zaccagnini, avec lesquels je partageais et je partage nombre d'intérêts thématiques et d’approches conceptuelles. Les conversations, aussi fréquentes que vives, que j’ai continué d’avoir avec eux m’ont aidé à replacer le cas achéménide dans le cadre plus large de l’histoire du Proche-Orient du premier millénaire, et ainsi à prendre mieux en compte les héritages assyro-babyloniens dans les structures de l’Empire achéménide.
C'est vers 1977-1978 que Jean-Claude Gardin, qui menait alors des prospections autour de la ville hellénistique d'Aï-Khanûm en Afghanistan, m’a invité à me joindre à son équipe. Il m’avait convié à participer à leurs réflexions en tant qu’historien, et à confronter les documents textuels et les documents archéologiques. Sans pouvoir prendre part aux travaux sur le terrain (bientôt interrompus pour les raisons que chacun connaît), j'v ai appris alors l'apport formidable que représentait l’archéologie, en même temps que tous les défis interprétatifs qu'elle lance à l'historien, plus familier avec un texte d’Arrien qu'avec les « poubelles » de tessons. Cette collaboration m'a conduit, en 1984, à publier un livre sur les rapports entre l'Asie centrale et les royaumes du Proche-Orient, situé d’abord et avant tout dans le cadre de l’histoire achéménide. À lui seul, le débat, que j’ai pu alors mener, a été extrêmement riche de développements futurs. Le lecteur remarquera, le moment venu, que des désaccords subsistent entre nous. Le problème méthodologique reste posé : comment concilier l’image archéologique et l’image textuelle, qui semblent donner naissance à deux conceptions de l’Empire achéménide ? L’on verra également que le débat n’est pas réduit au cadre régional de la Bactriane.
Dans la seconde partie des années 1970, alors que je terminais mon étude sur les « brigands » du Zagros antique, j’ai également eu de fréquents échanges avec des anthropologues spécialistes des sociétés de pasteurs nomades, en particulier avec Jean-Pierre Digard dont les Bakhtyâris jouxtaient « mes » Ouxiens : cette collaboration suivie sur plusieurs années a débouché sur la rédaction d’un livre d’anthropologie et d’histoire consacré aux peuples pasteurs du Proche-Orient (1982b) et marqué lui aussi d’abord par la problématique des rapports centre/périphérie dans l’Empire achéménide, mais aussi chez ses prédécesseurs assyro-babyloniens et ses successeurs hellénistiques.
Dans mon histoire intellectuelle, l’année 1983 est marquée d’une pierre blanche. C’est à cette date en effet que, pour la première fois, j’ai participé à un Achaemenid Workshop à Groningen, à l’invitation d’Heleen Sancisi-Weerdenburg qui, bientôt rejointe par Amélie Kuhrt, avait lancé une série qui devait s’interrompre en 1990 à Ann Arbor (ici, en col-loboration avec Margaret Root). Pour la première fois, j’ai eu conscience de ne plus travailler isolément et en autodidacte sur ce qui restait mon objectif essentiel. J'ai pu côtoyer alors la « communauté achéménédisante » qui, réduite en nombre, présente l’inestimable avantage d’être internationale et d’être liée par des rapports d’amitié. J’ai pu alors, d’une manière plus systématique, mener des discussions à partir d’une problématique historique clairement posée par les organisatrices, et à partir de corpus documentaires aussi variés que l’étaient les pays de l’Empire. Les nombreuses relations, que j'ai pu nouer alors au cours et en dehors de ces rencontres, ont été pour moi déterminantes. L'initiative d’Heleen Sancisi-Weerdenburg et d’Amélie Kuhrt a donné une impulsion radicalement nouvelle aux recherches achéménides. A l’image des Achaemenid ll'orkshops. Clarisse Herrenschmidt et moi-même avons organisé une table ronde sur le tribut dans l’Empire perse ; Pierre Debord, Raymond Descat et l’équipe du Centre Georges-Radet de Bordeaux ont mis sur pied deux rencontres, l’une sur l’Asie Mineure, l’autre sur les problèmes monétaires ; Jean Kellens a organisé à Liège un colloque consacré à la religion perse ; de leur côté, Josette Elayi et Jean Sapin ont organisé trois rencontres sur la Syrie-Palestine sous la domination des Grands Rois ; et ces pages seront chez l’éditeur, quand paraîtront les Actes d’une table ronde que j’ai organisée à Toulouse autour de VAnabase de Xéno-phon. Bref, l’initiative de Groningen a donné le branle à une activité scientifique intense et à une production considérable d’études de premier plan, dont la publication régulière, dans la série Achaemenid History, mais aussi dans de nombreuses revues, nourrit et relance périodiquement les discussions et les débats - à tel point que la croissance exponentielle de la bibliographie a parfois fait naître chez moi un sentiment d’impuissance et de découragement. Autant dire qu’œuvre très personnelle, ce livre reflète également (ou voudrait refléter) la richesse et la productivité d’un champ de recherches qui, pendant longtemps, était resté en friche partielle. En employant cette expression, je n’entends pas minimiser l’importance ni la portée des travaux que l’histoire de l’Iran ancien avait suscités de longue date et dont j’ai tenu le plus grand compte. Ce que je veux simplement dire, c’est que, prise dans sa globalité et non pas réduite à l’étude de quelques sites prestigieux (Suse, Persépolis, Pasargades), et malgré la tentative synthétique d’Olmsteadt en 1948 qui mérite toujours d’être saluée avec respect, l’histoire de l’Empire achéménide était largement restée une terra incognito, désertée aussi bien par les assyriologues (pour lesquels la chute de Babylone devant Cyrus en 539 a longtemps marqué la fin de l’histoire) que par les classicistes (qui ont «kidnappé» l’histoire du Proche-Orient au moment du débarquement d’Alexandre en 334). En quelque sorte, écrasée entre « la Grèce éternelle » et « l’Orient millénaire », ballottée entre l’hellénocentrisme (d’Eschyle à Alexandre) et le judéocentrisme (Cyrus vu à travers le prisme du retour d’exil), l’histoire achéménide n’existait pas en tant que champ de recherches autonome. L’initiative d’Heleen Sancisi-Weerdenburg et d’Amélie Kuhrt a donc réintroduit plus fermement les études achéménides à l’intérieur du champ historique, balisé par une problématique dans laquelle je me suis reconnu d’autant plus aisément que j’avais commencé moi-même de consacrer des efforts isolés à en définir les termes et les enjeux.
Reste un aspect de mon « ego-histoire » que je voudrais aborder très franchement, comme je l’ai fait à plusieurs reprises ici et là dans les années antérieures, dans des publications ou dans des conversations privées, avec des collègues et avec des étudiants. Les sources écrites de l’histoire achéménide sont d’une extraordinaire variété linguistique : vieux-perse, élamite, babylonien, égyptien, araméen, hébreux, phénicien, grec, latin, pour ne pas parler du lydien, du lycien, du phrygien, du carien ou de quelque autre langue encore mal déchiffrée. Or, je dois préciser d’entrée que je ne suis aucunement spécialiste de chacune de ces langues. Je ne peux guère arguer que de ma connaissance du grec et du latin. On peut estimer que c’est là un handicap insurmontable. Mais, si le terme « handicap » rend compte d'une indiscutable réalité, je ne pense pas que l’adjectif, dont je viens de l’affubler, puisse être pris littéralement. Pour justifier cette position, je voudrais expliquer ma méthode de travail. Il existe d’abord des traductions accessibles de textes fondamentaux, qu'il s’agisse des inscriptions royales, des tablettes élamites (en sélection), des textes araméens d’Égypte ou d'ailleurs, d’un certain nombre de tablettes babyloniennes, ou encore des inscriptions hiéroglyphiques - pour ne donner qu’un échantillon des ressources disponibles. Mais utiliser les textes en traduction ne suffit pas. Il convient de se reporter aux textes originaux, du moins pour les plus importants d’entre eux. A cette fin, il existe de nombreux documents publiés en translitération. Dès lors, même un historien autodidacte est à même d'y rechercher ce que j'appellerais les mots-repères ou les mots clefs, qui donnent sens au texte. À ce moment il faut se reporter, sans exclusive, aux études philologiques, aussi ardues soient-elles. C'est ce quej’ai tenté de faire, de la manière la plus systématique possible. Ce pourquoi, ici et là, je me suis permis d’entrer dans des discussions et des débats qu'en principe mon incompétence linguistique et philologique m’interdit d'aborder : de temps à autre, je me suis rendu compte que les suggestions de l'historien pouvaient, indépendamment, rejoindre l’interprétation du philologue. Et puis, lorsqu'un problème se posait, pour moi insoluble, j’ai eu souvent recours aux conseils et avis d'amis et de collègues, qui n’ont pas été avares de leur science : combien de messages électroniques n'ai-je pas. par exemple, échangé avec Matt Stolper à propos des tablettes babyloniennes d'époque achéménide? Que l’on m’entende bien : je ne veux évidemment pas ce faisant, faire l’éloge de l'ignorance. Je ne méconnais pas les limites de l’autodidacte : il serait merveilleux d’avoir à la fois une formation d’historien et un accès immédiat à toutes les langues de l’Empire. Malheureusement, autant que je sache, l’oiseau rare n’existe pas : en tout cas ni mon ramage ni mon plumage ne m'autorisent à postuler cette distinction !
En dépit de toutes les précautions dont je me suis entouré, je ne méconnais pas les risques que j’ai pris en présentant un livre qui - raisonnablement ou non - a vocation à l’exhaustivité. En raison de mes propres lacunes, de l’inégale accessibilité des corpus documentaires, de l’ampleur persistante (voire croissante) des débats, ou encore de l’inégal progrès des recherches dans l’ordre thématique ou régional, le terme « exhaustivité » peut entretenir la confusion et/ ou prêter à sourire. Le problème, c’est qu’à partir du moment où je me suis lancé dans cette entreprise, j’ai été contraint de me mesurer à une sorte d’encyclopédisme, avec tous les risques et les illusions qu’induit une telle démarche. Je n’avais plus le droit d’éviter telle ou telle discussion, au motif de mon intérêt prioritaire pour telle ou telle problématique, ou de ma compétence limitée dans tel ou tel corpus. Unouvrage de synthèse de ce type implique nécessairement que l’auteur aborde tous les aspects et composantes, dans l’ordre politique, idéologique, socio-économique, religieux, culturel, etc., et tente de les intégrer, autant que faire se peut, dans une interprétation globale. Je me suis donc efforcé d’ouvrir tous les dossiers, mais j’ai tenu également à les laisser entrouverts. Dans certains cas, l’ampleur et la complexité (voire les contradictions) des discussions menées entre spécialistes de tel ou tel corpus ne donneront pas lieu à une prise de position tranchée de ma part (je pense, inter alia, aux débats exégétiques et historiques sur Ezra et Néhémie). En revanche, le lecteur trouvera, au moins dans les notes documentaires, un état de la question - c’est-à-dire non seulement une bibliographie¹, mais aussi et surtout les raisons qui fondent les divergences interprétatives. Dans d’autres cas, j’ai pris plus fermement position, et proposé des interprétations personnelles. J’espère qu’ainsi ce livre pourra susciter de nouvelles études spécifiques qui, sans nul doute, remettront en cause bien des interprétations qu’au demeurant j’ai fréquemment présenté sous la forme ouverte de suggestions alternatives.


L’historien et ses documents

L’une des spécificités les plus remarquables de l’histoire achéménide, c’est qu’à la différence de la plupart des peuples conquérants, les Perses n’ont pas laissé de témoignages écrits de leur propre histoire, au sens narratif du terme. Il est tout à fait notable qu’à la différence, par exemple, des rois assyriens, les Grands Rois n’ont pas fait rédiger d’Annales, où aurait été consigné le souvenir héroïsé de leurs hauts faits, sur le champ de bataille ou à la chasse. Nous ne disposons d’aucune chronique, qu’aurait rédigée un lettré de la cour, à l’instigation des Grands Rois. Certes, selon Diodore (II, 32.4), Ctésias -médecin grec de la cour d’Artaxerxès II, auteur de Persika - se flattait d’avoir eu accès aux « parchemins royaux (basilikai diphtherai), dans lesquels, selon certaine coutume (nomos), les Perses consignaient les faits du passé ». Mais, de telles archives historiques perses, nous n’avons nul autre témoignage - mis à part une tradition tardive et suspecte, qui attribuait leur destruction à Alexandre. Les archives - auxquelles se réfère par exemple le rédacteur d’Esdras (Ezra, 6,1 -2) - étaient plutôt de type administratif : dans ces archives satrapiques et/ou royales (basilikaigraphai ; karammaru sa sarri). on conservait la trace écrite des décisions les plus importantes (mouvement et dons de terre par exemple, ou encore documents fiscaux) : c’est peut-être à de telles archives (attestées dans plusieurs capitales satrapiques et/ ou impériales) qu’Hérodote a eu accès pour composer son fameux développement tributaire, mais il n’est pas exclu que l’historien d’Halicarnasse lui-même a collecté ses informations de type administratif par l’intermédiaire de témoignages oraux, selon une méthode attestée à de multiples occasions dans son œuvre. Il est donc infiniment plus probable qu’au moins dans les Persika, Ctésias s’est lui aussi d’abord fondé sur des témoignages oraux, comme l’explique d’ailleurs son abréviateur Photius (Persika, § 1). C’est à coup sûr de cette manière également qu’Hérodote, Ctésias et quelques autres auteurs grecs ont entendu conter et qu’ils ont retransmis les diverses versions de la légende du fondateur, Cyrus. C’est par le biais des « gens instruits » (cf. Diodore. II, 4.2) que se diffusaient dans tout l’Empire les témoignages édifiants des vertus royales : d’où l’intérêt que revêtent, par exemple, les historiettes achéménides rapportées par un auteur tardif, Elien, qui manifestement tient ses informations d’Hérodote lui-même ou de gens de cour, tel Ctésias. De ce point de vue. l’exemple le plus saisissant est un passage où Polybe (X, 28) transmet, par écrit, une information administrative achéménide du plus grand intérêt, que les paysans hyrcaniens a\ aient conservée dans leur mémoire collective pendant des générations ; par une série de hasards assez extraordinaire, un archiviste-mémorialiste royal était sur place quand, sur la demande d’Antiochos III, les chefs des communautés hyrcaniennes lui ont rappelé les privilèges dont ils jouissaient depuis le temps « où les Perses étaient les maîtres de l’Asie ». Encore faut-il préciser que l’information serait tombée définitivement dans l’oubli, si la mesure qu’elle rapporte n’avait eu une incidence ponctuelle sur le cours de l'expédition militaire menée par le roi séleucide en Asie centrale. C’est dans un ouvrage maintenant perdu que Polybe en a retrouvé la trace.
On ne saurait donc sous-évaluer l'importance de la tradition orale dans les pays du Moyen-Orient. C'est par voie orale, sous forme de chants et de déclamations, par l’intermédiaire des « maîtres de vérité » qu'étaient les mages, que les Perses eux-mêmes se transmettaient, de génération en génération, le geste de leurs rois et le souvenir des héros mythiques, dont les jeunes gens devenaient les dépositaires. Dans l'imaginaire collectif du peuple perse, l’histoire se confondait avec son expression mythique et, dans les déclarations royales, avec la généalogie de la dynastie. A l'exception (partielle) de l’inscription monumentale trilingue qu’a fait graver Darius sur le rocher de Behistoun, les inscriptions royales ne sont pas des documents narratifs : on n'y trouvera aucune allusion directe aux conquêtes et expéditions militaires. Elles célèbrent plutôt la toute-puissance du grand dieu Ahura-Mazda la permanence transhistorique du principe dynastique et l’éclat incomparable des vertus royales. Le Livre des Bienfaiteurs, auquel font allusion Hérodote (III, 140 ; VIII, 85-86) et le rédacteur du Livre d'Esther (6.1), ne fait pas exception : y était dressée et mise à jour la liste des personnages qui ax aient rendu un signalé service au Grand Roi et qui, comme tels, pouvaient espérer un don royal ; il participe donc lui aussi de l’exaltation de la puissance souveraine. L'art aulique achéménide lui-même n’a pas vocation narrative : c'est le Pouvoir et le Roi qui sont représentés dans des attitudes atemporelles, non un roi particulier en situation historicisée ; il en est de même des images royales portées sur la pierre, sur les monnaies et sur les sceaux. Inscrite dans le temps immobile et infini du Roi, l'histoire des Perses n'a jamais été située par eux dans le temps de l'Histoire.
Les Grands Rois et les Perses ont ainsi laissé à d'autres le contrôle de leur mémoire historique. D'où une situation proprement inouïe : c'est par les écrits de leurs sujets et de leurs ennemis que l’on peut reconstituer la trame narrative de l'histoire achéménide. D’où le pouvoir et l’autorité qui ont été longtemps l’apanage des auteurs grecs. 11 est assez compréhensible que la plupart d’entre eux aient écrit des livres consacrés à la mémoire des Grecs, qui elle-même, pour une large part, dans l’Athènes des cinquième et quatrième siècle, s’est constituée sur le socle des souvenirs, soigneusement bricolés, des affrontements avec les Perses et des victoires remportées sur les « barbares d’Asie ». Parmi ces auteurs, l’un tient une place particulière et éminente : Hérodote. Par opposition à bien de ses contemporains, il est peu suspect d’hostilité systématique contre les Perses - d’où l’accusation dirigée contre lui par Plutarque d’être un « ami des barbares » (philo-barbaros). L’objectif de ses Histoires, c’est de comprendre et d’expliquer les origines, même lointaines, des Guerres Médiques. Ce qui nous vaut de longs développements, sous forme de flash-back, sur l’histoire et les institutions de nombre de peuples et de royaumes du Proche-Orient (l’Égypte en particulier). Ce qui nous vaut également des chapitres intéressants sur des moments de l’histoire perse : les conquêtes de Cyrus, la mainmise sur l’Égypte par Cambyse, l’avènement de Darius, les réformes qu’il introduisit dans l’organisation tributaire, ou encore un développement sur l’organisation interne du peuple perse et ses principales coutumes sociales, et, bien entendu, de très longs comptes rendus de la révolte de l’Ionie (v. 500-493) et des Guerres Médiques (490-479). En dépit de ses lacunes et de ses insuffisances, la fin brutale des Histoires (en 479) laisse en quelque sorte orphelin l’historien de l’Empire achéménide. Parmi ses successeurs, Thucydide ne s’intéresse que très périphériquement à l’Empire achéménide ; quant à Xénophon et à Diodore de Sicile, leur utilisation unilatérale tend à donner un poids disproportionné au front méditerranéen. Si l’on met à part VAnabase de Xénophon, il faut attendre l’expédition d’Alexandre pour que les historiens anciens pénètrent, dans les pas du conquérant, dans la profondeur des territoires impériaux.
Enfin, de nombreux auteurs anciens avaient écrit des ouvrages consacrés spécifiquement à la Perse, ce qu’on appelle les Persika. Mais la plupart sont perdus et connus uniquement par des fragments (citations par des auteurs postérieurs). Le plus long fragment conservé est le résumé que le patriarche Photius avait rédigé sur les Persika de Ctésias. L’on est vite déçu par la lecture. L’auteur, qui a vécu pendant une quinzaine d’années à la cour d’Artaxerxès II, n’en a transmis qu’une vision biaisée, dominée par les tortueuses machinations des princesses perverses et les troubles complots des eunuques fourbes. Il est à coup sûr l’un des responsables majeurs du succès d’une approche très partiale et très idéologisée du monde achéménide. Ses Persika ne sont pas sans annoncer l’« orientalisme » de l’époque moderne qui analyse les cours du Proche-Orient à travers une grille de lecture très contestable, qui laisse surtout passer les notations relatives aux bruissements des harems et à la décadence des sultans. Xénophon, quant à lui, a écrit un long roman historique, la Cyropédie, consacré, comme le titre l’indique, à l’éducation du jeune Cyrus. Le « Cyrus » qu’il met en scène n’est certainement pas le Cyrus historique ; c’est une sorte de représentant paradigmatique des vertus royales. Il convient donc, à chaque pas, d’y distinguer, ce qui n’est pas toujours aisé, le noyau infonnatif achéménide et l’interprétation grecque. D’une manière générale, les auteurs grecs - qui peut s’en étonner ? - ont transmis une vision très hellénocentrique de l’histoire et des mœurs perses, tout comme d’ailleurs certains livres bibliques, Néhémie, Ezra, Esther ou Judith en donnent une approche résolument judéocentrique. Mais l’historien n’a pas le choix de ses documents : dans la situation documentaire qui prévaut, force nous est de recourir massivement à l’historiographie grecque pour reconstruire une trame narrative. L’on a beau se plaindre (voire s’exaspérer) de la nature de leurs œuvres, la situation devient encore plus délicate lorsque l’on n’en dispose plus ! Au surplus, il convient de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain : certains auteurs tardifs (Athénée, Élien) ont transmis de nombreux renseignements sur la personne du Grand Roi et sur la vie de cour qui, une fois dûment décryptés, permettent à l’historien de déchiffrer ce qui fut, aussi, un Empire des signes (cf. chapitres v-vn). Du point de vue de la méthode, le livre et ses interprétations sont ainsi largement le résultat d’un travail de déconstruction des textes classiques, à partir duquel j’ai tenté de montrer qu’aussi partial et idéologisé soit-il un texte grec, replacé dans les réseaux associatifs de son contexte, peut donner lieu à une stimulante lecture achéménide. Au reste, le statut historique et historiographique des déclarations et représentations royales impose une démarche identique.
Fort heureusement, l’on dispose également de documents du centre : les inscriptions royales sont de véritables miroirs de la vision que les Grands Rois se faisaient de leur pouvoir, de leurs vertus et de l’espace impérial ; elles fournissent également des renseignements de première importance sur leurs activités de constructeurs. Mais la découverte majeure fut, à coup sûr, celle d’importants lots d’archives sur argile, ce que l’on appelle les tablettes de Persépolis, inscrites en écriture cunéiforme et rédigées dans un élamite truffé de mots perses. Elles donnent de l’administration impériale une image bureaucratique et « paperassière » que ne laissaient guère deviner les sources grecques, mais qui ne saurait réellement surprendre chez les héritiers des traditions assyro-babyloniennes. C’est la même image que transmettent les nombreux documents araméens trouvés en Egypte. Certaines décisions royales et satrapiques sont également connues par des transcriptions/ traductions dans différentes langues de l’Empire: qu’il s’agisse, entre autres exemples, d’une lettre, copiée en grec, de Darius à l’un de ses administrateurs en Asie Mineure (Gadatas), ou de la correspondance échangée entre Pherendatès, satrape d’Egypte, et les administrateurs du sanctuaire du dieu Khnûm à Eléphantine. L’ensemble de cette documentation rend compte à la fois de l’intervention multiforme du pouvoir central et du plurilinguisme durable de l’Empire, tempéré par la diffusion de l’araméen. À ces documents écrits, il convient d’ajouter les multiples témoignages archéologiques, iconographiques et numismatiques que l’on a découverts et mis au jour de l’Égée à l’Indus.
L’historien a donc accès à une documentation à la fois imposante et variée, puisqu’aux sources écrites (inscriptions royales, tablettes élamites et babyloniennes, inscriptions phéniciennes, araméennes ou égyptiennes, lydiennes et lyciennes, inscriptions multilingues, papyri araméens, auteurs classiques, etc.), s’ajoutent les documents iconographiques, sous forme monumentale ou sur petits objets, dans les résidences royales et dans les provinces. Mais, même réunis, ces différents corpus souffrent d’un double handicap : ils sont très inégalement répartis dans l’espace et dans le temps. Certains pays de l’Empire sont pratiquement vierges de toute documentation écrite : c’est le cas particulièrement des satrapies du Plateau iranien, de l'Asie centrale et de la vallée de l’Indus. Il faut attendre la conquête d’Alexandre pour disposer de quelques (maigres) informations littéraires : d'où le poids hégémonique des témoignages archéologiques qui posent ainsi nombre de problèmes interprétatifs. D’autres régions sont au contraire extraordinairement bien documentées : outre la Perse elle-même (grâce aux tablettes élamites), l’on citera particulièrement la Susiane (documents textuels et archéologiques des constructions royales), l’Égypte (documents araméens d’Éléphantine et de Saqqâra, papyri démotiques, inscriptions hiéroglyphiques), la Babylonie (grâce à des milliers de tablettes) et, évidemment, l’Asie Mineure (grâce non seulement aux historiens grecs, mais également aux témoignages tardifs - grecs et araméens, ou gréco-araméens - de la diaspora impériale perse en Anatolie). En outre, certains sites provinciaux revêtent une valeur informative exceptionnelle : c’est le cas de Xanthos de Lycie, où les dynastes n’ont cessé d’élever des monuments de différente nature, sur lesquels étaient régulièrement portées des inscriptions, en lycien et en grec, et des scènes de cour, dont le répertoire iconographique porte témoignage de l’influence achéménide. C’est là également qu’en 1973 a été découvert un témoignage écrit de la plus haute importance : la désormais fameuse stèle trilingue (ara-méen, lycien, grec), datée maintenant avec certitude de la première année d’un Grand Roi, Artaxerxès IV (338-336), qui, jusqu’alors, n’était guère connu que par le nom (Arsès) que lui donnent régulièrement les sources classiques (Arsu en babylonien). Pour toutes ces raisons, je ferai fréquemment halte à Xanthos, qui s’impose à l’historien comme une sorte de révélateur miniature du pouvoir perse dans un petit sous-ensemble régional de l’Empire, tout au long de la période qui va de Cyrus à Alexandre. Dans le même temps, l’exemple témoigne des difficultés interprétatives qui naissent de l’hégémonie des sources archéologiques et iconographiques.
Distribuée inégalement dans l’espace, la documentation l’est aussi dans le temps : la majeure partie des documents du centre est concentrée, dans des proportions impressionnantes, à l’intérieur de la période qui va de la conquête de Babylone par Cyrus jusque vers le milieu du ve siècle (date des derniers documents de Persépolis) : ce n’est guère que dans le cours de cette période que l’on peut prétendre faire une histoire totale. Les règnes d’Artaxerxès Ier (465-425/424) et de Darius II (425/424-405/404) restent assez bien documentés, en raison des plus tardifs documents persépolitains, des archives des MuraJü en Babylonie et des documents araméens en Egypte. En revanche, à partir d’Artaxerxès II (405/404-359/358), l’historien en est réduit, pour l’essentiel du moins, à utiliser les témoignages des auteurs grecs : mais, on l’a dit, ceux-ci focalisent alors l’attention sur les rives de l’Égée, sur les affaires diplomatico-militaires et sur les complots de cour. Il faut attendre le règne de Darius III (335-330) pour disposer d’une documentation plus abondante, à savoir les historiens d’Alexandre qui, une fois décryptés, constituent, comme je le montrerai (chapitres xvi-xviii), une source « achéménide » d’un intérêt exceptionnel.

L’espace et le temps

Ces simples observations font saisir immédiatement la difficulté majeure que doit affronter quiconque entend écrire un livre d’analyses et de synthèse sur l’Empire achéménide. Il doit, en effet, et dans le même moment, rendre compte d’une approche diachronique, d’une vision synchronique et des différenciations régionales. Un, l’Empire est en effet multiple, de par sa propre durée, et de par l’infinie variété des pays et des cultures qui le composent. Et là revient la dictature du document. Comment mener une histoire globale sur la longue durée, alors que la documentation la plus signifiante est répartie sur quelques décennies et/ou dans quelques régions ? Pour les mêmes raisons, où, comment et pourquoi établir des coupures chronologiques qui soient réellement l’expression d’une évolution endogène, constatée et démontrable ? Il n’y a pas de raison d’ignorer les ruptures marquées par la mort d’un roi et l’avènement de son successeur, mais on ne peut pas non plus leur attribuer une valeur explicative déterminante car, quelle que soit la place centrale reconnue du Grand Roi, le rythme et la respiration de l’histoire de l’Empire, sur la longue durée, ne sont pas réductibles aux accidents de l’histoire dynastique : d’où la nécessité d’intercaler des chapitres thématiques dans la trame chronologique.
Malgré la désastreuse répartition de la documentation, j’ai tenté le pari d’une histoire totale, dans toutes les phases quej’ai isolées. Pari est un mot flatteur puisque j’ai, pour une large part, défini les différentes parties du livre en fonction même de la distribution chronologique et spatiale des documents de toute sorte. Ce que je veux dire, c’est quej’ai essayé de redonner toute son importance au IVe siècle, dont le développement est trop souvent méconnu et traité superficiellement au risque d’abandonner le pouvoir de la mémoire aux polémistes grecs et ainsi de rendre inintelligible la fin de l’histoire. Je ne cache pas que, dans ces chapitres (en particulier le chapitre xv), l’histoire ainsi reconstituée est surtout de nature politique, militaire et diplomatique. On en jugera peut-être la lecture ardue, voire rebutante. Mais, d'une part, pour reprendre une formule que je répéterai mainte fois, l’historien n’a pas le choix de ses documents. D’autre part, avec d’autres, j’estime qu’il n'y a pas de genre historique mineur : dans un Etat construit et détruit par la conquête, il serait même déraisonnable de ne pas accorder une attention soutenue aux armées et aux expéditions militaires. Enfin, l’étude de la guerre ne se réduit pas à la caricature que l’on en donne parfois sous la terminologie péjorative d’histoire-bataille : elle est un exceptionnel révélateur du fonctionnement d’un Etat, ne serait-ce, par exemple, que par l'ampleur de la mobilisation des forces productives humaines, matérielles et techniques qu’elle suppose et qu'elle impose.
De manière à marquer plus clairement encore la diachronie, j’ai brossé périodiquement des tableaux de l’Empire, pris dans ses composantes régionales, voire micro-régionales (chapitres xm, 6-7 ; xiv, 8 ; xv. 7). J’ai également dressé des bilans plus globaux, à trois moments clefs. Tout d’abord à la mort de Cambyse (522), de manière à mieux distinguer ce qui revient aux deux premiers rois, et ce qui doit être attribué à Darius (chapitre il). J’ai également établi un bilan, qui se veut exhaustif, à l’issue du règne de Darius. Ces longs chapitres (vi-xii) susciteront peut-être quelques critiques, en raison de l’utilisation, au début du vc siècle, de sources plus tardives : j'essaie d’expliquer à plusieurs reprises les raisons de mon choix. Le troisième bilan général est fixé vers le début du règne de Darius III, et il prend en compte la durée du ivc siècle dans son entier : il a pour fonction de faire un état des lieux avant le débarquement d’Alexandre, et de mieux mesurer ce qu’on a pris la désastreuse habitude d'appeler la « décadence [déclin] achéménide ». On y trouvera un relevé général des peuples et pays de l’Empire qui, sans prétendre à l’exhaustivité documentaire, est aussi complet que possible : cet inventaire n’est pas réduit à l'analyse de l’organisation administrative ; les plus longs développements sont consacrés à l’analyse des rapports interculturels (chapitre xvi) ; le bilan est complété par une analyse dynamique des appareils d'État centraux (chapitre xvn). Pour des raisons que j'expose en leur temps (introduction de la quatrième partie), un tel bilan permet d’aborder sur des bases assainies l’analyse de la phase ultime de l’histoire achéménide: à proprement parler, le dernier chapitre (xvni) n’est pas consacré à la conquête d’Alexandre, mais aux guerres menées par Darius et l’Empire face à l’agression macédonienne, et aux réponses apportées par les élites impériales au défi global de la conquête macédonienne ; conquête, résistances et ralliements sont, à leur tour, des révélateurs exceptionnellement éloquents de l’état de l’Empire, lorsque Darius III disparaît dans un complot, dans l’été 330.

1. Depuis l’achèvement du manuscrit en février 1993, j’ai eu l’occasion de « ravauder » le texte et plus encore les Notes documentaires au cours de l’année 1994 et au cours d’une partie de l’année 1995, et donc d’inclure la bibliographie récente, y compris quelques études datées de 1995 qui me sont parvenues in extremis (les ajouts ainsi greffés sont souvent cités entre crochets).

Prologue

Les Perses avant l’Empire

I. Pourquoi Cyrus ?

- Documentation ponctuelle et longue durée. - On a parfois qualifié de « scandale historique » l’écroulement brutal du formidable empire assyrien vers 610 (612 : chute de Ninive) devant les Mèdes et les Babyloniens coalisés. On peut tout aussi bien considérer que la soudaine apparition des Perses dans l’histoire du Moyen-Orient et les fulgurantes campagnes de Cyrus le Grand - Cyrus II - posent à l’historien des questions d’une ampleur et d’une complexité aussi pressantes. En effet, en deux décennies (550-530), les armées perses conduites par Cyrus II conquirent successivement les royaumes mède, lydien et néobabylonien, et plantèrent les premiers jalons de la domination perse sur le Plateau iranien et en Asie centrale. Comment expliquer ce brutal surgissement dans l’histoire d’un peuple et d’un Etat pratiquement inconnus ? Comment expliquer non seulement que ce peuple ait su forger des forces militaires suffisantes pour mener à bien des conquêtes aussi impressionnantes que rapides, mais également que, dès le règne de Cyrus, il ait disposé de l'outillage technique et intellectuel qui a permis la conception et la réalisation de Pasargades ?
L’historien qui travaille sur la longue durée sait bien qu’un règne illustre et un événement décisif s’inscrivent dans une histoire qui plonge ses racines dans un passé fécond. L’historien hellénistique Polybe en était parfaitement conscient lorsque, dans l’introduction de son Histoire, il exposait à ses lecteurs la nécessité de remonter haut dans le temps, pour comprendre comment « l’État romain a pu, chose sans précédent, étendre sa domination à presque toute la terre habitée, et cela en moins de cinquante-trois ans », et il poursuivait : « De cette façon, lorsqu’on entrera dans le vif de mon sujet, on ne sera pas en peine pour comprendre comment les Romains ont arrêté leurs plans, quels étaient les moyens militaires et les ressources matérielles dont ils disposaient quand ils se sont engagés dans cette entreprise qui leur a permis d’imposer leur loi sur mer comme sur terre et dans toutes nos régions. »
De même pour les débuts de l’histoire perse : chacun se rend compte que les victoires de Cyrus ne se conçoivent pas en dehors de l’existence d’un État déjà structuré, d’une …

Pierre Briant

Histoire de l’Empire Perse
De Cyrus à Alexandre

Fayard

Librairie Arthème Fayard
Histoire de l’Empire Perse
De Cyrus à Alexandre
Pierre Briant

© Librairie Arthème Fayard
Paris, 1996.

Aubin Imprimeur
Ligugé, Poitiers

Achevé d’imprimer en mai 1996
N" d’édition 5482 / N" d’impression L 51373
Dépôt légal juin 1996
Imprimé en France

ISBN 2-213-59667-0
35-65-9667-01/3

Couverture : 
La garde royale du palais de Darius
à Sitsi, musée du Louvre
Document G. Dagli Orti 

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