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Les Mystiques Musulmans


Nivîskar : Marijan Molé
Weşan : Les Deux Océans Tarîx & Cîh : 1982, Paris
Pêşgotin : Rûpel : 128
Wergêr : ISBN : 2-86681 0007
Ziman : FransizîEbad : 155x210 mm
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Mol. Mys. N° 5409Mijar : Giştî

Les Mystiques Musulmans

Les Mystiques Musulmans

Marijan Molé

Les Deux Océans

La Mystique (au sens étymologique du terme, c’est-à-dire : connaissance des mystères) est une des composantes essentielles de l’Islam, à tel point qu’il est difficile d’aborder la tradition islamique sans se référer à elle.
Dans cet ouvrage, le professeur Molé, spécialiste des religions du Moyen-Orient, et chargé de recherches au C.N.R.S., traite des origines si contreversées de la Mystique musulmane ou Soufisme et décrit d’une manière toute nouvelle les méthodes, principes et figures les plus caractéristiques de la vie intérieure de l’Islam, telle qu’elle a été expérimentée par les mystiques musulmans du VIIe siècle à nos jours.
L’auteur a adjoint à son ouvrage plusieurs traductions inédites qui illustrent et mettent en valeur les divers aspects de ce sujet si essentiel en Islam.


Table des Matières

Avertissement / 1

Chapitre Premier. — La préhistoire / 3
Note bibliographique / 22

Chapitre II. — Les origines / 27
Note bibliographique / 50

Chapitre III. — L'essor / 51
Note bibliographique / 83

Chapitre IV. — La maturité / 85

Note bibliographique / 123


AVERTISSEMENT

Le présent livre ne prétend pas être une histoire du soufisme ; son format ne le permettrait pas, et il n’est pas encore possible de l’entreprendre. Trop de textes importants restent inédits et trop de facteurs nous échappent. Notre but a été d’en présenter les grandes lignes et de suggérer, sur certains points, la voie dans laquelle le développement de recherches nous paraît devoir être fructueux. Mais nous ne donnons pas de solutions aux problèmes abordés.

Notre présentation suit le cadre chronologique, mais sans rigidité. Là notamment où l’examen d’un problème général à propos d’un mystique nous paraissait l’exiger, nous n’avons pas hésité à poursuivre le développement et à anticiper sur l’époque suivante. D’autre part, aux différentes époques, nous avons concentré notre attention sur quelques problèmes qui se sont posés aux soufis, l’influence chiite et la réaction sunnite, l’expérience mystique et la doctrine de l’être. Sur ce dernier point, nous croyons avoir donné une interprétation nouvelle, mais qui aura besoin d’une élaboration plus poussée dans un travail plus technique. Ce problème permet également d’entrevoir une liaison plus grande et plus intime entre la théorie et la pratique sou fies, entre la métaphysique de l’être, la conception de l’extase mystique et la coutume du samà', cette liaison étant fondée sur la représentation du « Govenant » primordial.
Ceci nous a conduit à consacrer quelques développements au samâ', mais nous n’en donnons pas une description exhaustive. Nous n’analysons pas non plus la Voie soufie, ses pratiques, ses rites, ses institutions. Ces problèmes seront traités ailleurs.

Chapitre Premier

La Préhistoire

Le mysticisme islamique présente pour l’observateur européen des difficultés considérables. La difficulté intrinsèque de comprendre une religion étrangère n’est pas la moindre. A quel point m’est-il possible de connaître une expérience religieuse, individuelle par définition, qui non seulement n’est pas la mienne, mais encore se développe à l’intérieur d’un système dont les coordonnées ne me sont pas familières ? L’entreprise exige un effort considérable ; tout en restant lui-même, le chercheur doit se mettre dans la situation de ceux qu’il étudie et suivre leur expérience de l’intérieur.

Les difficultés que présente l’islam sont d’un autre ordre que celles auxquelles nous avons affaire en abordant les religions de l’Inde ou de l’Extrême-Orient, nées dans un milieu culturel qui n’a eu, avec celui d’où est sortie notre civilisation, que des rapports sporadiques et extrêmement lointains. Sur ces domaines, avant de pénétrer dans l’univers de ces religions, un Occidental doit d’abord s’approprier un langage conceptuel dont il sait d’avance qu’aucun terme ne recouvre exactement la valeur de celui qui, dans sa propre langue, a une acception voisine ; et que tout le système des références et la hiérarchie de valeurs sur quoi ce langage est fondé diffèrent profondément de ceux auxquels il est habitué.

Le cas de l’islam est différent. La plus grande partie des éléments dont est bâti son système religieux sont les mêmes que ceux qui entrent dans la structure des systèmes juif et chrétien, tandis que la philosophie islamique dérive en grande partie des mêmes sources que la scolastique médiévale ; la mystique musulmane continue, en partie, les traditions des mystiques hellénistique et chrétienne. Mais ces éléments communs n’ont ni la même valeur ni la même place dans le système islamique que dans le système chrétien. L’islam n’est pas un christianisme imparfait, ni le christianisme un islam imparfait ; chacune de ces deux religions a une structure sui generis qui se suffit à elle-même et dont les différents éléments doivent être compris et jugés selon les critères qui lui sont propres.

Ces réflexions valent notamment pour le problème si controversé des origines du soufisme. Sa théorie contient plusieurs éléments qui sont connus d’autres religions et les pratiques soufies évoquent, plus d’une fois, certains usages analogues des moines chrétiens ou bouddhistes. Mais les soufis n’ont jamais voulu être autre chose que des musulmans ; toutes les doctrines qu’ils professent, et tous leurs gestes, coutumes et usages, s’appuient sur une interprétation du Coran et de la tradition prophétique. Il y a là deux plans à distinguer. Dans leur intention, les soufis ne font autre chose que méditer sur la révélation coranique et pratiquent, avec ferveur, le culte musulman. Mais, au moment de la conquête arabe, la population du Proche-Orient professe d’autres religions et ne s’islamise que progressivement ; la masse des musulmans au début de l’époque abbasside est constituée par les convertis chrétiens, mazdéens, manichéens, etc. En adoptant la nouvelle religion dominante, ces hommes n’ont pas, du jour au lendemain, oublié leurs traditions ni changé leur façon de penser. L’influence du substrat religieux préislamique sur l’islam dans la période formative de ce dernier ne s’est pas exercée uniquement par contact direct entre théologiens chrétiens et conquérants arabes, mais aussi par la persistance, au-delà du changement de credo, de certaines formes sociales et de certaines structures qui s’insèrent désormais dans un contexte nouveau et y retrouvent un sens nouveau.

La tradition sur Salrnân Fârsi, « le barbier perse », ou Salmân-i Pâk « le barbier pur », a ici la valeur d’un symbole. Fils d’un mage, Rôzbih douta de la religion de ses ancêtres et partit à la recherche du vrai prophète. Il se fit tout d’abord moine chrétien ; puis, familier de Muhammad, il accepta sa religion, et devint son client et son compagnon, voire son confident. Le Prophète aurait dit à son sujet : « Salrnân fait partie de nous, gens de la maison », et cette phrase, comprise comme le prototype de l’adoption spirituelle et de l’initiation, joua un grand rôle dans l’ésotérisme islamique. Confident de 'Alï, il se serait opposé à l’élection d’Abù Bakr au califat ; d’autres traditions, visiblement sunnites, en font par contre un confident d’Abù Bakr, et son disciple : et c’est à ce titre qu’il est revendiqué comme ancêtre spirituel par certaines congrégations sou fies. Il serait mort …


Marijan Molé

Les Mystiques Musulmans

Les Deux Océans

Les Deux Océans
Les Mystiques Musulmans
Marijan Molé

Les Deux Océans
Paris

© Presses Universitaires de France, Paris
ISBN 2-86681 0007

Achevé d’imprimer en février 1982
sur les presses offset
de l’imprimerie Corbière et Jugain
à Alençon (Orne)
Dépôt légal : février 1982



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