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La face cachée d’Eve : Les Femmes dans le Monde Arabe


Nivîskar : Naoual Saadaoui
Weşan : Zed Press Tarîx & Cîh : 1983, London
Pêşgotin : Rûpel : 416
Wergêr : ISBN : 2 - 7210 - 0226 – 0
Ziman : FransizîEbad : 105x165 mm
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Saa. Fac. N° 7528Mijar : Giştî

La face cachée d’Eve : Les Femmes dans le Monde Arabe

La face cachée d’Eve : Les Femmes dans le Monde Arabe

Naoual el Saadaoui


Zed Press


« Nous, femmes des pays arabes, nous savons que nous subissons encore l’esclavage, mais nous savons aussi que celui-ci n’est pas lié au fait que nous sommes orientales ou arabes, ou que nous faisons partie de sociétés islamiques, mais au système patriarcal qui domine le monde depuis des millénaires.
La seule façon de nous libérer, c’est de nous débarrasser de ce système. Les femmes n’accéderont jamais d la liberté si elles ne parviennent pas à s’organiser en un front politique assez puissant, conscient et dynamique (...)
Si le prix de la liberté est élevé, nous savons par expérience que le tribut de l’esclavage l’est bien plus … »


Table

Préface de la Ie édition (février 1980) / 5
Introduction / 39

I. La Moitié Mutilée /  51
1. La question qui restait sans réponse / 51
2. L’agression sexuelle contre l’enfant de sexe féminin / 59
3. Le grand-père aux étranges manières / 65
4. L’injustice de la justice / 69
5. L’« honneur », cette fine membrane / 79
6. L’excision des filles / 91
7. Obscurantisme et contradictions / 109
8. L’enfant illégitime et la prostituée / 120
9. Avortement et fertilité / 141
10. Une conception erronée de la féminité, de la beauté et de l’amour / 159
Notes du 1er chapitre / 190

II Les Femmes dans l’Histoire / 197
11. La treizième côte d’Adam / 197
12. Le divin homme et la femme pécheresse / 215
13. La femme au temps des Pharaons / 223
14. L’affranchissement de l’esclave, mais non de la femme / 234
Notes du 2 chapitre / 252

III. La Femme Arabe / 257
15. Le rôle de la femme dans l’histoire des pays arabes / 257
16. L’amour et la sexualité dans la vie des Arabes / 270
17. La femme dans la littérature arabe / 305
Notes du 3‘ chapitre / 326

IV. La Brèche Est Ouverte / 333
18. Les pionniers de la libération de la femme arabe / 333
19. Les femmes dans le monde du travail.    . / 360
20. Le mariage et le divorce     / 377
Notes du 4e chapitre / 405
Epilogue / 409


PRÉFACE

L’oppression des femmes, l’exploitation et les pressions sociales auxquelles elles sont soumises ne sont pas l’apanage exclusif des pays arabes, du Moyen-Orient ou du Tiers monde. Elles font partie intégrante d’un système politique, économique et culturel qui domine la grande majorité des sociétés dans le monde, qu’elles soient archaïques et féodales ou modernes et industrialisées, comme celles qui ont vu la révolution scientifique et technologique.
La situation actuelle de la femme dans la société est le résultat de plusieurs évolutions historiques qui ont conduit à la domination d’une classe sur l’autre et de l’homme sur la femme. Elle est donc le résultat d’un conflit de classes et de sexes.

Malgré cela, de nombreux scientifiques, des écrivains, des personnalités importantes dans le domaine social et politique continuent à dissocier la longue lutte que mènent les femmes pour leur émancipation de celle que mènent tous les peuples pour changer les structures de leur société. Et pourtant, seul ce bouleversement de structures pourra définitivement mettre fin à l’exploita-tion externe et interne des classes ; en même temps sera abolie la domination de la femme par l’homme dans la société comme au sein de la famille, l’essence même des relations patriarcales. De ces relations découlent les valeurs et les croyances sacrées qui ont cimenté et per-pétué depuis toujours l’oppression des classes par un système patriarcal, et ceci malgré toutes les transformations que la société a connues depuis l’apparition des premières communautés humaines sur la terre.

Pour les milieux influents, en particulier ceux de l’Occident impérialiste, les problèmes des femmes arabes proviennent de la nature et des valeurs de l’islam ; de même, le retard accusé par les pays arabes dans de nombreux domaines procéderait de facteurs religieux et culturels, voire de caractéristiques propres à la psycho-logie des populations arabes. Pour eux, les facteurs économiques et politiques ne jouent aucun rôle dans le sous-développement qui résulte bel et bien de l’exploi-tation des ressources par d’autres pays et du pillage des richesses naturelles. Ils ne voient aucun rapport entre l’émancipation politique et économique et le processus de croissance, de développement et de progrès.

Pour ces milieux, développement veut dire change¬ment dans la culture des pays arabes, modernisation dans le sens des valeurs occidentales, progrès technolo¬gique qui permet de mieux utiliser les ressources, de faire en moins de temps plus de bénéfices et de trouver des moyens rentables d’extraire le pétrole des sables du désert ou des profondeurs de l’océan. Tout cela à une condition, et une seule : ces ressources doivent être mises au service du capitalisme international et des multinationales qui dominent encore une grande partie du monde. Elles doivent être soumises aux lois de l’échange inégal et de l’exploitation impitoyable.

Certains pays arabes et islamiques ont été le théâtre de telles tentatives de modernisation, entreprises par des gouvernements nationaux, souvent pour le compte des pays occidentaux qui les contrôlent. Le seul résultat a été un pseudo-développement et la division d’un pays en deux : d’une part, un secteur moderne et restreint, étroitement lié aux intérêts de multinationales, d’autre part, un vaste secteur traditionnellement agricole dont on exporte la production; d’une part, une petite minorité qui s’enrichit grâce à sa part de bénéfices, d’autre part une large majorité de la population réduite à la pauvreté, voire l’indigence; d’une part, une classe dirigeante opulente et riche, d’autre part, des masses populaires qui doivent vivre chichement d’une miche de pain et d’un bol de riz. Les profits et les bénéfices tirés de cette forme de développement vont directement dans les coffres-forts des banques occidentales et des compagnies internationales, tandis que le fossé qui sépare les pays « développés » des pays « sous- développés » s’élargit de jour en jour. En 1978, aux Etats-Unis d’Amérique, les bénéfices « déclarés » s’élevant à 360 milliards de dollars ont augmenté de 343% par rapport à l’année précédente. Pendant ce temps, dans les pays arabes, il meurt chaque année un million d’enfants de moins d’un an à cause de la pauvreté, de la malnutrition et de la maladie. Us ont droit, en protéines et vitamines, à 1/10 seulement de ce que l’on donne aux chats et aux chiens aux Etats-Unis.

Un gouffre de plus en plus profond sépare la minorité de riches qui contrôle les nations de la vaste majorité de ceux qui ne connaissent que l’épuisement, le dur labeur, la maladie et la faim. En conséquence, les pro¬blèmes deviennent de plus en plus critiques, les conflits s’aggravent, les explosions populaires se multiplient, et dans le monde entier la voix des peuples s’élève pour réclamer la liberté, l’indépendance et l’égalité sociale. Ce phénomène, qui se répand de plus en plus, ébranle les fondements d’un système impérialiste qui repose sur la discrimination sociale, sexuelle et raciale. Une lutte des classes ouverte ou clandestine, légale ou illégale, gagne peu à peu dans presque tous les pays du Tiers monde.

La révolution iranienne de 1978/79, en chassant la dynastie des Pahlevi, a montré que les populations des pays sous-développés ne veulent et ne peuvent plus payer le prix d’une crise économique qui s’aggrave. Cette crise, qui affecte un nombre croissant de gens (les travailleurs dans les villes et les campagnes, les classes moyennes, les intellectuels et la bourgeoisie nationale), frappe des millions d’hommes et de femmes, dont la vie, de toute façon, n’est que souffrance du premier au dernier soupir. Le Shah d’Iran s’était proclamé l’initia¬teur d’un processus de modernisation qui devait accroître la prospérité du pays mais qui, en fait, n’a profité qu’à une poignée de despotes corrompus, dégénérés et sanguinaires. Cette même modernisation n’a par contre apporté que misère et mort à tous les autres, ceux qui travaillaient aux champs, derrière les machines, dans les écoles et les universités et ceux qui faisaient fonc¬tionner tout l’engrenage administratif et commercial dans un pays où les revenus de la production pétrolière s’élevaient à 9 milliards de dollars par an.

La révolution iranienne est donc avant tout d’ordre politique et économique. C’est un vaste mouvement populaire qui vise à émanciper hommes et femmes en Iran, et non pas à renvoyer les femmes au port du voile, à la cuisine et à la chambre à coucher. La révolution s’est effectuée sous la bannière de l’islam, qui devient ainsi le symbole de la libération de l’oppression impérialiste subie par plus de 37 millions d’iraniens dans leur vie économique, sociale et culturelle. A l’origine, dans les préceptes fondamentaux développés par Mohamed, l’islam était la force qui voulait libérer l’esclave, établir l’égalité sociale et la propriété en com¬mun des biens - on entreposait l’excédent de richesses dans une « maison des richesses » ou une « banque » et l’on s’en servait pour nourrir, habiller et loger les pauvres. Initialement, l’islam ressemblait fort à un socialisme primitif, car l’argent déposé dans la « maison des richesses » appartenait à tous les musulmans, indépendamment de leur tribu ou de leur classe.
Mais le socialisme primitif n’a pas réussi à s’implanter solidement : il ne survécut pas à l’apparition et à la montée, après la mort de Mohamed, de nouvelles couches sociales qui cherchèrent à accroître leurs richesses et dont l’influence s’amplifia considérablement lorsque les guerriers musulmans quittèrent les déserts brûlants de l’Arabie pour envahir les vallées fertiles de Syrie, d’Irak et d’Egypte. Othman Ibn Affan, quatrième calife des musulmans et chef de la dynastie des Omeyyades à Damas, a été le premier à engager la lutte contre les tendances socialistes de l’islam.

C’est ainsi que naquit un antagonisme dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. D’un côté, il y avait ceux qui, porteurs d’un grand espoir, luttaient pour établir la justice sociale, la liberté et l’égalité, de l’autre, ceux qui défendaient les privilèges de classe et l’oppres¬sion féodale. Ces derniers se retrouvèrent aux côtés des dominateurs turcs, français, anglais, italiens et allemands et, enfin, des impérialistes internationaux, Etats-Unis en tête.
Avec le règne d’Othman Ibn Affan à partir du 8e siècle après J.-C., les peuples arabes unis par l’islam ont vu débuter une ère d’oppression féodale et de domination étrangère. La période la plus sombre fut celle marquée par la domination de l’empire turc - n ’était-il pas, lui aussi, « uni par l’islam » qui reste, dans l’histoire arabe, synonyme de pouvoir corrompu, dégénéré, obscurantiste, inhumain et réactionnaire.

C’est à partir de cette époque également que les femmes furent obligées de travailler dur, de se cacher le visage derrière un voile et de trembler entre les murs d’un harem, prison sans fenêtres, munie de barreaux de fer, entourée de hauts murs et gardée jour et nuit par des eunuques armés de sabres.
Désirant se libérer de l’oppression et des injustices que leur faisaient subir les envahisseurs étrangers et leurs propres seigneurs féodaux, les peuples arabes n’avaient plus pour ultime espoir que les préceptes d’égalité sociale, de liberté et de justice qui avaient fait la force de l’islam à l’origine. C’est pourquoi la plupart des chefs révolutionnaires qui ont lutté contre le despo-tisme féodal sous toutes ses formes, puis contre le colonialisme ont été également des chefs religieux et des philosophes de l’islam. Il en va de même pour les phi-losophes qui ouvrirent la voie au développement intel-lectuel et culturel des peuples arabes particulièrement aux 19e et 20e siècles. Je n’en nommerai que quelquesuns : Gamal El Dine El Afghani, Abdel Rah- man El Kawkabi, Abdallah Nadeem et le cheik Mohammed Abdou. Il est intéressant et significatif de remarquer que leur pensée et leur action ne visaient pas seulement à libérer les peuples arabes des contraintes économiques, politiques et militaires du colonialisme croissant et de l’oppression féodale ; en effet, ils se penchèrent également sur le problème du rôle de la femme et sur la question de savoir comment l’intégrer dans la vie et la lutte pour l’émancipation.

C’est donc un héritage naturel que la révolution ira-nienne d’aujourd’hui reprend : celui de la lutte que mènent les peuples arabes pour la liberté et l’égalité sociale, en se fondant sur les préceptes du Coran et du Prophète Mohamed. L’islam est une force non seulement philosophique et théologique, mais aussi, dès le début, politique, voire économique et sociale. De tous temps, il a servi à justifier les actions de forces opposées : celles qui défendaient la féodalité, l’oppression et la réaction et celles qui luttaient pour la liberté et la libération des peuples arabes.
Depuis quelques années, le conflit entre les forces : 
…..

Introduction

Ce livre tire son origine de ma longue expérience en tant que médecin de ville et de campagne, grâce à laquelle j’ai rencontré ces hommes et ces femmes qui, jour après jour, sont venus frapper à ma porte, poussés par le poids de leurs problèmes psychologiques et sexuels.

On pensera sans doute que cette étude n’aborde que les femmes - leurs familles, leurs enfants, leur mari - et les problèmes émotionnels auxquels elles doivent faire face. Depuis toujours, les analyses qui ont pour objet la femme ont été reléguées parmi les sujets secondaires, parce qu’on estimait qu’elles n’abordaient qu’un sujet bien délimité portant sur un seul groupe de la population. Ne dit-on pas que l’univers de la femme se limite uniquement à la famille, les enfants et la maison? Comment ce monde restreint pourrait-il donc rivaliser d’intérêt avec les grandes questions politiques et humaines autour desquelles s’embrasent les passions et s’élaborent des systèmes de pensée comme la liberté, la justice, l’avenir du socialisme ?

….


Naoual el Saadaoui

La face cachée d’Eve
Les Femmes dans le Monde Arabe

Zed Press

Zed Press
La face cachée d’Eve
Les Femmes dans le Monde Arabe
Naoual el Saadaoui

© 1980, Zed Press. London.
Titre original: The hidden face of Eve.
© 1982, Éditions des femmes
6, rue de Mézières, 75006 Paris.

Pour la version française :
Première édition : 1er trimestre 1982.
Deuxième édition : 1er trimestre 1983.

« Composition réalisée en ordinateur par IOTA »

Imprimé en France par Brodard et Taupin
7, bd Romain-Rolland - Montrouge.
Usine de La Flèche, le 15-03-1983.
6364-5 - Dépôt légal mars 1983.

ISBN : 2 - 7210 - 0226 – 0

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