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La Turquie en Transition : Disparités, Identités, Pouvoirs


Nivîskar : Altan Gokalp
Weşan : Maisonneuve & Larose Tarîx & Cîh : 1986, Paris
Pêşgotin : Rûpel : 228
Wergêr : ISBN : 2.7068.0928.9
Ziman : FransizîEbad : 2.7068.0928.9
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Gok. Tur. N° 7613Mijar : Siyaset

La Turquie en Transition : Disparités, Identités, Pouvoirs

La Turquie en Transition : Disparités, Identités, Pouvoirs

Altan Gokalp

Maisonneuve & Larose

Cinquante millions d’habitants aujourd’hui, cent millions à l’horizon deux mille : la Turquie est d’abord un grand chambardement démographique aux conséquences ni maîtrisées, ni toujours prévisibles.
A la lisière d’une Europe prospère, volontiers inquiète de son identité chrétienne, les épigones des conquérants d’hier, partagent désormais le pain amer des soutiers des métropoles industrielles.
Comment aborder cette Turquie et ses gens, qualifiés - faute de mieux - (['atypiques en regard des schémas qui déchiffrent l’aire islamique ?
La fragilité de l’édifice socio-économique et culturel d’une occidentalisation de bricolage, volontariste, peut-elle résister aux profonds clivages et lignes de fracture qui craquellent le pays ? Dans ce quasi-continent, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, du littoral au Plateau central, de la campagne au chaos bétonné des villes trop vite grandies, la vigueur des disparités est elle-même un problème de développement.
Laisser le prêt-à-penser au vestiaire pour penser ces disparités en interaction ; en prendre la mesure et situer les points d’ancrage : le regard croisé de la géographie humaine, de l’anthropologie, de l’histoire, de la science politique et de la littérature tente d’objectiver ici la transition qui se pose en termes de chocs : entre la modernité et ses enjeux et une société traditionnelle qui n’a plus la tradition en identité.


Table des matières

Avant-propos / 9

Chapitre 1
Les Disparités Régionales en Turquie, Marcel Bazin / 17

Chapitre 2
Espace Rural, Village, Ruralité: A la Recherche du Paysan Anatolien, Altan Gokalp / 49

Chapitre 3
A Model of Differentiated Petty Producing Peasantry, Çaglar Keyder / 83

Chapitre 4
Yachar Kemal, Romancier d’une Période de Transition, Nedim Gürsel / 97

Chapitre 5
A La Recherche d’une Identité : Le Nationalisme Turc, François Georgeon / 125

Chapitre 6
Military Rule and Political Change in Turkey, 1980-1984, William Haie / 155

Chapitre 7
La Presse Turque : Évolution et Orientations Depuis 1945, Orhan Kologlu / 177

Modernité et Société Civile en Turquie : L’Action et l’Idéologie des Ingenieurs, Nilüfer Gôle / 199

Chapitre 9
Faire La Grève En Turquie, M. Şehmus Güzel / 219


AVANT-PROPOS

Parler de « mutation » dans le cas de la Turquie, trois générations après le naufrage de l’empire ottoman, tient de la lapalissade. Dès les premiers pas dans les rues d’Istanbul, haut lieu du raffinement byzantin puis ottoman, devenue une mégalopole qui abrite plus de cinq millions de gens, on est en effet saisi par une imprégnation : celle des couleurs, odeurs et langues de toute l’Anatolie. La vieille hantise, un syndrome de forteresse assiégée qui avait fait ceindre Constantinople de ses murailles à la Chinoise est encore dans les têtes des gens d’Istanbul : que faire contre l’explosion démographique qui brouille toutes les cartes, qui transforme des espaces d’art de vivre en métropoles de chaos bétonné ? Ce qui est vrai d’Istanbul, l’est pour Ankara, Izmir, Bursa, etc.

A l’Orient compliqué, idées simples ? Le spectaculaire médiatique y pourvoie sans cesse et sans complexes ; un peu plus peut être dans le cas du regard sur la Turquie que dans l’analyse d’autres sociétés musulmanes de la Méditerranée, rendues familières en apparence par la relation coloniale. Mais quels lendemains gisent derrière le pullulement de cette classe d’âge des quinze - dix-huit ans dans les rues des métropoles turques ? Que signifie le spectacle de celle des vingt-cinq - quarante ans, au pouvoir dans la société, bardés des signes de la modernité affairiste ? Marqués par les stigmates d’une occidentalité de pacotille, ceux-ci donnent néanmoins le ton : consommer le riz pilaf, oui, tradition oblige. Mais accompagné de whisky : prestige et modernité obligent. Que traduit enfin le regard haineux, fiévreux à force d’incantations hallucinatoires, des affidés de la contre-société de zélotes, dans l’attente du Grand Soir qui effacera Atatürk et ses épigones de la terre d’Islam ?

Une société qui compte plus de cinquante millions d’habitants aujourd’hui, cent millions, en 2000, à la lisière d’une Europe prospère, chrétienne : la Turquie n’est-elle intéressante que d’un point de vue « géopolitique » ou « géostratégique » pour parler le langage des experts ?

Une remarque préliminaire : le lecteur des analyses que nous avons réuni ici, qui tentent de cerner les points d’ancrage du changement en Turquie, s’étonnera peut-être de l’absence dans un tel ensemble, de contributions concernant directement Atatürk.

On conçoit mal, en effet, un regard sur la Turquie sans un détour obligé par la figure du commandeur et par l’idéologie dont il fut l’inspirateur. Tout se passe un peu comme si, quel que soit le lieu d’où on parle, aujourd’hui encore, le Kémalisme apparaissait comme un algorithme au service de l’entendement de l’homme et de la société turcs. Atatürk et le Kémalisme servent de réponse à tout.

La Turquie apparaît-elle comme un cas « atypique » comparé au reste du monde musulman ? C’est, s’empressera-t-on d’assurer, parce qu’il y eut les réformes kémalistes de laïcisation forcée, sans précédent dans le monde islamique, et l’occidentalisation sans frontières. Que dire alors de l’émergence d’un fondamentalisme intégriste islamiste ? C’est justement parce que le Kémalisme est passé par là et a échoué dans ce qui faisait sa « force de frappe » : le laïcisme à la « petit père Combes ».

Une armée passablement interventionniste préfère-t-elle l’ordre, l’appropriation de l’appareil d’Etat et de la bureaucratie ? C’est parce que c’est une armée kémaliste. N’est-elle pas d’ailleurs l’enfant chéri d’Atatürk et l’armée de ses enfants ?

L’intelligentsia de la gauche turque elle-même, situant les conditions sine qua non du progressisme dans le camp de l’occidentalité laïque aura les yeux de Chimène pour quiconque invoquant le Kémalisme au service de l’action politique, même si c’est ce qu’il est convenu d’appeler « le parti militaire » aujourd’hui. Il arrive même qu’Atatürk fasse vendre : en 1984, les pouvoirs publics ayant voulu donner des gages aux islamistes et interdire la publicité des marques de bière à la télévision d’État, les multinationales de la bière n’ont pas hésité à louer des pleines pages de publicité rédactionnelle dans les quotidiens pour clamer haut et fort que l’interdiction était d’autant plus injustifiée et inadmissible que c’était, de la part d’un pouvoir kémaliste la négation des principes du Kémalisme. N’est-ce pas Atatürk lui-même qui avait été à l’origine de la première brasserie d’État en Turquie ? De plus, ajoutaient ces défenseurs acharnés de la modernité occidentale, nul n’ignore en Turquie que le « père de la Nation » avait un bon coup de fourchette et une « bonne descente », autant de vertus qu’un homme digne de ce nom ne saurait contourner en Turquie. Le mot de la fin revint en quelque sorte à l’éditorialiste du quotidien Cumhuriyet, journal-vestale du Kémalisme : il précisa non sans perfidie que les multinationales de la bière avaient tort de remuer Atatürk dans sa tombe ; car, si celui-ci avait bien les vertus qu’on voulait bien lui reconnaître, il détestait la bière et préférait de loin le Raki !

L’épisode ne constitue pas qu’un aspect cocasse de ce que les Marx Brothers auraient su apprécier et exploiter à sa juste valeur : c’est un des effets de sens symptomatiques que produit le nom d’Atatürk et l’idéologie qui porte son nom.

Parlez-nous de « l’homme turc ! », expliquez-nous ce qui fait la différence, chez lui, en comparaison de ses semblables de l’aire musulmane ! Tel est souvent l’injonction des habitués du prêt-à-porter conceptuel qui monteraient pourtant aux rideaux avec l’imagerie du « béret-baguette-litron ». Ils ont toutefois raison sur le choix d’un trompe-l’œil qui a la vie dure : à droite comme à gauche, chez les civils comme chez les militaires, chez les inévitables marchands du temple, tout le monde ou presque trouve son bonheur dans le pillage du paradigme constitué à partir de la vie, de l’œuvre et de la « légende dorée » d’Atatürk. C’est vrai, qu’on le veuille ou non, l’homme turc est bien le fils d’Atatürk ; dans sa culture, son identité, son imaginaire. Aucun texte de loi n’oblige quiconque en Turquie à placer le portrait d’Atatürk chez lui, dans sa boutique ou au bureau ; encore moins à acheter son buste. Or, un véritable culte privé et public continue d’être voué au personnage. Les haines qu’il suscite sont aussi obsessionnelles et participent de la même fascination.

Plus que toute autre considération c’est cet aspect « cultuel » du personnage qui rend Atatürk culturellement et sociologiquement pertinent pour la compréhension de la Turquie, même trois générations après la naissance de la République dont il fut l’initiateur en 1923.

En effet, l’imagerie d’Épinal constituée autour d’Atatürk réunit et articule tous les ingrédients du modèle héroïque, d’une tradition épique bien vivante encore dans la culture populaire. Des épopées traditionnelles à la création littéraire contemporaine (d’un Yaşar Kemal par exemple dont on trouvera une analyse ci-après ou d’un Nazim Hikmet dans l’usage qu’il fit du genre épique traditionnel) ce fil d’Ariane saute aux yeux : les récits de vie d’un paysan anatolien ou le quotidien d’un émigré turc de Kreuzberg à Berlin participent aussi de ce genre, consubstantiel à l’identité inquiète et instable des fils d’Atatürk.

Aussi, aujourd’hui encore, se référer à Atatürk revient-il à prendre un point de vue sur deux ordres de réalités de la Turquie contemporaine. C’est : soit envisager les représentations collectives relatives à Atatürk et au Kémalisme sous l’angle d’un grand système mythique, qui doit être analysé en tant que tel. Ou bien c’est considérer un processus d’occidentalisation complexe, déjà fortement engagé avant les réformes kémalistes et qui se poursuit dans l’enracinement de l’œuvre d’Atatürk dans la société turque contemporaine.

Mais au-delà du Kémalisme et de sa spécificité, il y a le changement social d’une société rurale en transition : dans sa démographie, dans ses structures socio-économiques et culturelles. Un processus qui par bien de ses aspects est exemplaire, anticipant l’avenir de bon nombre de sociétés du tiers-monde en proie au télescopage d’une démographie galopante avec l’apparition de structures étatiques instables, des nationalismes identitaires exclusives d’altérités et la dépendance sans gloire des puissances du monde industriel.

Les contributions qui constituent l’ensemble présenté dans ce livre traduisent d’abord un choix méthodologique. Il s’agit de prendre des points de vue sur les dimensions qui forment l’armature de la mutation socio-culturelle de la Turquie depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale : Le Plan Marshall (1947) et l’ancrage du pays dans l’orbite américaine. Pour ce faire, le choix consiste à soumettre ces faits sociaux pluridimensionnels et complexes, à l’éclairage différencié mais croisé des démarches de la géographie humaine, de l’anthropologie, de la sociologie et de la science politique. L’écosystème turc et ses rapports avec la vie sociale et économique induisent des modes et des formes de différenciation que celles qui résultent de l’histoire ou de la démographie du pays. Qu’est-ce que le paysan anatolien ? L’identité nationale turque est-elle unidimensionnelle ? Sa traduction sur le champ des idéologies ?

Construire le changement social du pays en objet : tel est l’axe principal des analyses présentées ici. Les lentes transformations des structures profondes, le repérage des points de clivage et des lignes de fracture de la société turque dans l’opposition complémentaire de ses composantes rurale et urbaine constituent donc autant de points de focalisation d’une problématique non globalisante. Le propos restera volontairement à l’écart des débats menés en termes de modèles et de la conformité éventuelle de ceux-ci avec le « cas turc ».
Une Turquie en transition ? C’est d’abord la nécessité de prendre en compte la mesure des disparités spatiales et régionales qui sous-tendent le processus de mutation socio-économique du pays. M. Bazin présente ces disparités en interaction : la vigueur de celles-ci, explique-t-il, est en elle-même un problème de développement.

La mutation, on l’a dit, est induite par une démographie de croissance exponentielle qui touche en particulier le monde rural. Elle modifie les modes de faire-valoir en milieu rural, ses rapports de production, les modalités du contrôle social. Cela dit, une analyse attentive aux détails souvent négligés dans les catégories statistiques standard, permet de voir que cette société rurale dont on annonce un peu trop vite la disparition réagit au changement en mettant en œuvre des modes d’adaptation spécifiques. Derrière l’exode rural, l’émigration extérieure et l’urbanité sauvage des bidonvilles, apparaît ainsi l’invariance du monde paysan replié dans les derniers bastions de son identité traditionnelle. En choisissant de présenter des données détaillées sur cette ruralité qui perdure et qui continue de sous tendre les attitudes, les comportements et les systèmes de valeurs des urbains de fraîche date, nous avons voulu mettre l’accent sur une dimension sociologique qui est souvent ignoré dans les débats sur le changement de la société turque.

La Turquie républicaine est aussi la mise en œuvre par les Kémalistes de ce qu’il faut bien appeler une « utopie paysanne ». Le monde rural a été le lieu géométrique de toutes les références idéologiques de cette époque : la réforme de la langue turque ? On prendra les parlers paysans comme base lexicale. Le progressisme politique ? Il prendra racine dans le paysannisme de l’expérience socio-pédagogique des Instituts villageois des années quarante. La littérature aussi, des chroniques paysannes de l’instituteur villageois anatolien aux épopées rurales d’un Yaşar Kemal, prendra racine dans cette sensibilité paysanne. N. Gürsel tente de saisir la mutation du milieu rural à travers la relecture de quelques textes de la figure de proue des romanciers turcs, Yaşar Kemal.

L’expression politique et idéologique de cette transition ? C’est la question du nationalisme turc d’abord, ses racines, ses avatars et ses modalités contemporaines : F. Georgeon présente cette composante principale de l’identité turque dans une mise en perspective historique. Ce nationalisme se situe à l’articulation de deux phénomènes historiques majeurs de notre temps : le réveil des nationalités et des nationalismes du siècle dernier, d’une part, et, d’autre part des nationalismes « anti-impérialistes d’aujourd’hui. « Qui n’est pas nationaliste aujourd’hui en Turquie ? », pourrait-on dire. La contribution de F. Georgeon permet de comprendre ces nationalismes de droite et de gauche et la place de l’Islam dans cet ensemble.

Nationalisme identitaire et Etat-Nation : l’Etat turc qui est héritier d’une longue tradition étatique, pratiquement sans solution de continuité est, une fois de plus, aux prises avec ce que la littérature politiste turque appelle justement son « parti militaire ». Le balancier de la vie politique turque est en effet périodiquement bloqué dans ce pôle : une manière « d’alternance » ou presque. Le dernier avatar de ce « roulis » de la démocratie institutionnelle en Turquie est présenté ici, dans ses points de repère par W. Haie. L’Etat, une vie politique chaotique et la société : la presse turque parvient-elle à jouer ce rôle ambigu de quatrième pouvoir qu’on attribue à la presse du « monde libre » ? Quelle est sa position vis-à-vis des pouvoirs ? Du pouvoir ? A. Kologlu, ancien directeur général de la presse et de l’information durant la courte expérience sociale-démocrate de Bülent-Ecevit, présente un dossier qui permet de saisir les grandes lignes du système de la presse en Turquie. C’est une presse qui semble agir moins en caisse de résonnance de la classe politique que comme une force politique spécifique qui amplifie les tendances qui se dessinent en filigrane dans la société turque urbaine, saisissant au vol les signes de « l’esprit du temps », quitte à jouer avec le feu lors des campagnes médiatiques qui rendraient jalouse la presse de Springer. Une culture politique de bricolage, conjuguée avec une identité culturelle et sociale instable servent de terreau à cette presse qui domine la scène du quotidien avec un nombre de titres et des tirages qui a peu d’équivalent dans le tiers-monde.

Mais l’Etat et la Nation, l’Etat-Nation, ne constituent que quelques-uns des systèmes et des sous-systèmes idéologiques qui parcourent le champ de la vie sociale. « L’idéologie des ingénieurs et des architectes » présentée par N. Gole illustre cette pluralité de systèmes idéologiques en situation d’interface : systèmes religieux, laïcs, professionnels, populaires, bureaucratiques, etc., qui entrent en combinaison. C’est le cas, ici, à travers l’exemple d’une nouvelle classe politique qui s’auto-recrutait dans les rangs des diplômés des écoles de sciences politiques naguère, mais qui est constituée autour des ingénieurs désormais. Cette nouvelle classe politique a beau proclamer son attachement au monde ouvrier et à sa cause, ce dernier mène encore des luttes qui rappellent les débuts de la révolution industrielle en Europe ; l’épopée de la conquête des droits syndicaux et d’association. Comment faire la grève en Turquie ?, se demande Güzel dans le dossier qu’il présente : dossier qu’on peut lire en contrepoint du texte sur l’idéologie des ingénieurs et des architectes en Turquie.

Pour finir, il faut rappeler le choix qui a prévalu dans la structuration de ce livre : rester le plus près possible des faits, de l’informatif et du descriptif, au risque de laisser le lecteur amateur d’interprétations en termes d’idéologie et de « modèles » sur sa faim.

Plus qu’un débat, en effet, ce sont des arguments de quelques zones de congruence dans la Turquie en transition qui sont présentées ici. Le débat existe néanmoins dans la diversité de références et d’argumentation de chacune des contributions qui gardent toute leur individualité.

Altan Gokalp

Chapitre 1

Les disparités régionales en Turquie

Marcel Bazin
Université de Reims

Les problèmes de développement de la Turquie sont souvent abordés de façon globale, or les disparités y sont considérables à la fois entre les différents groupes sociaux et entre les différentes parties du territoire turc. La vigueur même de ces disparités constitue en elle-même un problème de développement. Notre contribution à cet ouvrage en tant que géographe tendra donc à analyser ces disparités, en nous appuyant en bonne partie sur la cartographie des données statistiques récentes.

Il convient au préalable de s’interroger sur la notion de région en Turquie. En effet des noms propres désignant spécifiquement une portion de territoire délimitée en fonction de critères variés, naturels, historiques ou économiques, sont pratiquement absents de l’usage turc contemporain. La seule région ayant un nom turc est la plaine d’Adana : c’est la Çukurova, la « plaine-fosse » encadrée par le Taurus et l’Amanos.

Ailleurs, et aussi dans ce cas (Cilicie), les auteurs occidentaux utiliseront volontiers les noms antiques des régions (cf. la thèse de X. de Planhol : De la plaine pamphylienne aux lacs pisidiens, Paris, 1958). Certains de ces noms, très anciens, remontent aux peuples « asianiques » qui se partageaient l’Asie mineure avant sa conquête par les Perses, d’autres sont plus tardifs. Presque tous sont complètement sortis de l’usage. Alors que la majorité des noms de villes importantes dérivent de noms antiques, seul le nom de la Thrace, Trakya, est utilisé couramment en turc moderne. Notons cependant que le développement du tourisme fait …

Altan Gokalp

La Turquie en Transition :
Disparités, Identités, Pouvoirs

Maisonneuve

Maisonneuve & Larose
La Turquie en Transition :
Disparités, Identités, Pouvoirs
Sous la direction de Altan Gokalp

Contributions de :
Marcel Bazin. François Georgeon. Alton Gokalp
Nilüfer Gôle. Şehmus Güzel. Nedim Gürsel
William Haie. Çaglar Keyder. Orhan Kologlu.

Marcel Bazin (Université de Reims, Institut d’aménagement du territoire et d’environnement).
François Georgeon (CNRS-Etudes Turques, Paris).
Altan Gokalp (CNRS-Laboratoire d’Ethnologie et de sociologie comparative, Université de Nanterre).
Nilüfer Gole (Bosphorus University Istanbul).
Şehmus Güzel (Université de Paris VIII).
Nedim Gürsel (CNRS-Etudes Turques, Paris).
William Hale (University of Durham, Department of Politics).
Çaglar Keyder (State University of New York).
Orhan Koloôlu (Ankara).

Publié avec le concours de l’Université de Paris X-Nanterre

Paris
Maisonneuve et Larose
1986

© G.-P. Maisonneuve et Larose, 1986

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à 1 usage prive du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40)
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

ISBN : 2.7068.0928.9

Imprimé en France



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