Dans les excellents travaux que nous possédons sur la langue kurde l'on a trop peu remarqué, semble-t-il, que cet idiome a accueilli dans son glossaire non seulement des mots turcs, arabes, parfois aussi syriaques et géorgiens, mais encore qu'il s'est approprié des mots néo perses qui sont employés à côté de leurs formes sœurs kurdes, et, grâce à leur grande ressemblance avec ces dernières, se trouvent regardées comme étant kurdes elles-mêmes. Dans sa grammaire du néo-syriaque, Nöldeke est le seul, à notre connaissance, qui ait donné à entendre cet état de choses. Vu la proche parenté du kurde et du néo-perse il est souvent difficile de décider si un mot est purement kurde ou s'il provient du néo perse. Assurément parmi les vocables kurdes les suivants, entre autres, sont purement perses: baxšiš don, pourboire, en foi, yasmin jasmin, dana, jaspe; bazirgān marchand, eferin louange, bazar marché, tu mûre, usek panthère, šimšyër sabre, taktaravana litière, xerdal moutarde, moor cachet, šehrestān ville, pôlad acier, guné péché, dumbala truffe, pirusa turquoise, be baxt malheureux (néo-perse bed baxt), mei vin, et nombre d'autres. Les mots que la langue littéraire allemande — laquelle, comme l'on sait, procède d'un idiome moyen allemand, — a emprunté au saxon (bas allemand) tels que torf tourbe (vieux haut ailem. zurfa, sanskrit darbha), boot canot, esquif (angl. boat, anglo-sax. bât), teer goudron (angl. tar, lithuanien dervà bois résineux, v. haut - ailem. zâr, hessois zehr) sont aisés à reconnaître en cela qu'ils manquent de la substitution consonantique [lautverschiebung] du haut allemand, mais pour décider si un mot est kurde ou persan il n'y a point de recours, la majeure part du temps, à un critérium aussi sûr...
Note sur les mots étrangers en kurde
Dans les excellents travaux que nous possédons sur la langue kurde l'on a trop peu remarqué, semble-t-il, que cet idiome a accueilli dans son glossaire non seulement des mots turcs, arabes, parfois aussi syriaques et géorgiens, mais encore qu'il s'est approprié des mots néo perses qui sont employés à côté de leurs formes sœurs kurdes, et, grâce à leur grande ressemblance avec ces dernières, se trouvent regardées comme étant kurdes elles-mêmes. Dans sa grammaire du néo-syriaque, Nöldeke est le seul, à notre connaissance, qui ait donné à entendre cet état de choses. Vu la proche parenté du kurde et du néo-perse il est souvent difficile de décider si un mot est purement kurde ou s'il provient du néo perse. Assurément parmi les vocables kurdes les suivants, entre autres, sont purement perses: baxšiš don, pourboire, en foi, yasmin jasmin, dana, jaspe; bazirgān marchand, eferin louange, bazar marché, tu mûre, usek panthère, šimšyër sabre, taktaravana litière, xerdal moutarde, moor cachet, šehrestān ville, pôlad acier, guné péché, dumbala truffe, pirusa turquoise, be baxt malheureux (néo-perse bed baxt), mei vin, et nombre d'autres. Les mots que la langue littéraire allemande — laquelle, comme l'on sait, procède d'un idiome moyen allemand, — a emprunté au saxon (bas allemand) tels que torf tourbe (vieux haut ailem. zurfa, sanskrit darbha), boot canot, esquif (angl. boat, anglo-sax. bât), teer goudron (angl. tar, lithuanien dervà bois résineux, v. haut - ailem. zâr, hessois zehr) sont aisés à reconnaître en cela qu'ils manquent de la substitution consonantique [lautverschiebung] du haut allemand, mais pour décider si un mot est kurde ou persan il n'y a point de recours, la majeure part du temps, à un critérium aussi sûr. Cependant, nous pouvons établir le principe induisant rarement en erreur, que le mot d'emprunt persan est toujours celui dont la forme se trouve la plus proche de la forme employée en persan, tandis que le mot purement kurde est plus gâté ou s'éloigne davantage, en général, du type persan. S'il ne s'offre à nous qu'une seule forme en tant que kurde, il faut alors admettre qu'elle appartient en commun au kurde et au persan en tant qu'ils sont parents d'origine, bien que, même dans ce cas — vu l'accord fréquent dans les deux idiomes — il soit admissible die supposer que le kurde a perdu le mot qui lui était propre et a accueilli le vocable persan. Sous ce rapport le kurde en a agi largement avec le persan tout comme avec l'arabe et le turc. Pour les conceptions et les choses les plus habituelles il a échangé ses vocables iraniens contre des mots turcs, et le peuple kurde — qui, d'après les récits des voyageurs qui demeurèrent sans parti pris dans son sein, Rich, Lerch et autres, se distingue fort avantageusement de son phlegmatique dominateur turc par ses talents et ses nobles facultés — présente sous ce regard un phénomène fâcheux , car l'on sait combien procurent de force à une nation et imposent même à un puissant ennemi la conscience nationale et la garde des coutumes et de la langue domestiques.
Puis il faut remarquer que les Kurdes — autant qu'ils dépendent de l'autorité du Sultan, — n'ont admis la plupart du temps les mots persans que par l'entremise du turc; ceci trouve déjà son explication dans- le fait que ceux des Kurdes dont il s'agit ne se trouvent pas en contact avec les Perses et dans nombre de cas l'on peut reconnaître que dans leur langue les mots néo-perses sont prononcés à la façon turque. Même phénomène pour beaucoup des mots arabes — la plupart peut-être, — bien qu'ici il soit arrivé fréquemment que les mots syro arabes aient pénétré en kurde directement; par ex. le kurde trár tasse, écuelle (Garzoni Grammatica e Vocabolario della lingua kurda p. 121) fut directement emprunté aux Arabes Bédouins de la Syrie; voyez dans le Journal de la Société orientale de Leipzig (t. XXII, p. 80, I. 18) le conte en dialecte ‘aneza, publié par Wetzstein, où dlāl ... (plur. de dalla …) signifie « cafetières de cuivre ».
Nous allons ci-dessous discuter quelques mots kurdes d'emprunt et montrer d'après l'observation phonétique la marche de l’emprunt.
Lerch (Forschungen über die Kurden) désigne en tant que kurde, dans son glossaire, le mot h’āv, sommeil; dans ses textes ce mot se trouve dans la traduction d'une fable turque (1. partie, p. 28, 1. 3). Mais à côté apparait le kurde xaun que Garzoni, p. 250, écrit kahhu'n. Il n'y a aucun doute que h’āv soit le perse xvāb ... qui est également usité en turc auprès du mot domestique uyuqū tandis que xaun est le mot kurde primitif et est plus rapproché que le perse de l'arménien k`un ... et du vieux baktrien qafna…
En kurde « viande » se dit gōšt et gōvd. Le premier est le mot perse emprunté gōšt ... le dernier présente une loi phonétique spécifique du kurde et est donc la forme kurde. L'apparition de v à la place de š s'explique sans doute ainsi: š s'est aminci en un souffle (comme dans gōh, oreille, persan gōš ..., puis il tomba entièrement, sur quoi, d'après le ö, l'on développa la spirante labiale ; ou bien l'on peut admettre que la spirante h se transforma en la labiale v, permutation qui a fréquemment lieu, comme l'on sait, dans les langues romanes et germaniques. Le k. tōvil, écorce, semble être formé de la même façon: pers. tōz, lithuan. toszis, écorce de bouleau; tandis que dans cāv, oeil (baktr. cašman 06 ,200, pers. ...) le s changé en h est tombé et v est né de l'affixe man.
Le néo-perse xvāhar se trouve dans le kurde xoar-zi, neveu (pers. xvāhar zāda, prononcé actuellement xāher zāde ...) tandis que le terme pur kurde est h’oéng qui approche fort près du baktr. qanha (nomin.). On donne également comme exprimant en kurde le mot « sœur » le terme kusk (Garzoni p. 250), chusk (ch = y, Klaproth, Mines de l'Orient IV. 316), chuschg (Sandreczki, Reise von Mosul nach Urumia II. 229); ce mot ne semble signifier rien autre chose que « affinis, proche parente" et être identique au néo-perse ē, actuellement prononcé xiš, xÿš…