Le Dossier Arménien
Kâmuran Gürün
Triangle
En France, les ouvrages sur la «question arménienne» sont de plus en plus nombreux. On en trouve de toutes sortes, qu'ils s’apparentent au roman d’aventure ou à la thèse universitaire. Mais toute cette production ne reflète que le point de vue arménien.
Ce livre est le premier à présenter la version turque.
Son auteur est un membre de la Société Turque d'Histoire.
Basé sur des documents d’archives non seulement turques, mais aussi françaises, anglaises, américaines ou allemandes, il fait le point sur une affaire qui n’a jamais été traitée jusqu’à ce jour que sur le mode passionnel.
Il éclaircit les faits historiques, les replace dans leur contexte et révèle le dessous des cartes.
En cela, c’est un vrai dossier.
Sommaire
Sources et Abréviations / 7
Préface / 9
Introduction / 11
Chapitre Premier: l'Arménie et les Arméniens / 19
1. L’origine des termes “Arménie” et “Arméniens” / 19
2. Les débuts de l’histoire arménienne / 27
3. Le royaume arménien de Cilicie / 34
Chapitre II: Les origines de la question Arménienne / 39
1. L’Eglise arménienne / 39
2. Le facteur religieux / 45
3. L’activité des missionnaires / 50
4. La propagande / 56
Chapitre III: Les Arméniens dans l’empire Ottoman et la politique des grandes puissances / 67
1. L’Empire ottoman jusqu’à l’époque des réforme / 67
2. La politique des grandes puissances / 86
3. Du rescrit de 1856au congrès de Berlin / 95
4. La population arménienne / 101
a. Les sources arméniennes / 102
b. Les sources occidentales / 106
c. Les sources ottomanes / 109
d. La province d’Erzurum / 115
e. La province de Van / 116
f. Province de Bitlis / 117
g. Province de Diyarbakir / 121
h. Province de Mamuretelaziz (Elaziz) / 122
i. Province de Sivas / 122
5. La guerre russo-turque de 1877-1878 et le Congrès de Berlin / 125
Chapitre IV: La question Arménienne / 137
1. Le coup d’envoi des réformes / 137
2. L’internationalisation du problème des réformes / 141
3. Les Arméniens se préparent / 151
4. Associations et comités / 155
5. Actes de terrorisme et soulèvement / 162
a. L’arrestation des “Protecteurs de la mère patrie” / 165
b. L’affaire Musa Bey / 167
c. Un affrontement entre les forces de l’ordre et les francs-tireurs de l’Armenakan / 167
d. Le soulèvement d’Erzurum / 168
e. La manifestation de Kumkapi / 171
f. Incidents divers jusqu’à l’insurrection du Sassoun / 174
g. La première insurrection du Sassoun / 176
h. La manifestation de la Sublime Porte / 180
i. Les autres événements des années 1895-1896 / 186
j. La révolte de Zeytun / 189
k. La révolte de Van / 193
l. L’attaque de la Banque ottomane / 196
m. La deuxième révolte de Sassoun / 199
n. L’attentat de Yildiz / 200
o. Bilan général des révoltes / 200
6. La poursuite des réformes / 202
7. L’affaire d’Adana et la fin des discussions sur les réformes / 207
a. L’affaire d’Adana / 207
b. Les discussions au sujet des réformes : suite et fin / 211
Chapitre V: La première guerre Mondiale / 227
1. Les Arméniens dans la guerre / 227
2. Le transfert des populations arméniennes / 247
3. Le partage de l’Empire ottoman / 267
4. La liquidation du front de l’Est / 269
5. L’armistice et la chasse aux coupables / 275
6. Le traité de Sèvres / 285
Chapitre VI: La Guerre d’indépendance / 293
1. Les débuts de la lutte nationale et ses objectifs / 293
2. Le front de l’Est / 295
3. Le front Sud / 318
4. Le font occidental / 343
5. Le traité de Lausanne / 344
Conclusion / 353
Bibliographie / 357
PRÉFACE
Certains pourraient se demander pourquoi ce livre porte le titre de “Le dossier Arménien”. En voici la raison:
Aucun gouvernement ne s’est jamais préoccupé de ce qu’on appelle — selon l’expression qui s’est petit à petit installée dans l’historiographie à partir de la seconde moitié du XIXe siècle — le “problème arménien”. Ce sujet n’a été érigé en “problème” que par l’Eglise arménienne, les organisations terroristes et les quelques Arméniens appartenant auxdites organisations.
Par contre dans toutes les chancelleries des grands Etats, il existe un “dossier arménien”. De temps à autre, parce qu’ils y trouvaient leur intérêt, les dirigeants de ces Etats ont jugé bon d’ouvrir ce dossier et quand la nécessité ne s’en est plus fait sentir, ils l’ont refermé et rangé dans le placard.
Les communautés arméniennes, pour leur part, ont cru qu’elles se trouvaient en présence d’un véritable problème et n’ont pas compris, ou n’ont pas voulu comprendre, que chaque incident ne faisait qu’ajouter une nouvelle page à ce dossier et que leurs rêves ne pouvaient exister que dans leur imagination.
Lorsque la Russie occupa les provinces orientales de la Turquie, elle interdit aux Arméniens de s’y établir et déclara à cette occasion qu’il n’existait pas plus de problème arménien que de problème yakoute. De même, lorsque la France occupa la Cilicie, elle déclara qu’il ne pouvait être question d’une Arménie autonome dans cette région et interdit aux Arméniens d’y pénétrer.
Ces événements sont enregistrés dans les dossiers des chancelleries, mais leur véritable place serait plutôt dans la mémoire des communautés arméniennes.
Ce sont ces dossiers que nous allons examiner. C’est pour cette raison que notre livre porte le titre de “Le dossier Arménien”.
Kâmuran Gürün
Ankara, 28 juillet 1982
IntroductionOn ne saurait imaginer une nation ou une communauté dépourvues d’histoire. Un groupe humain dont les membres appartiennent à une même race, ont une même origine, une même religion, une même langue et ont vécu, ne serait-ce que quelque temps dans une même région, constitue une communauté qui de toute évidence a son histoire propre.
Une communauté possède une histoire même si elle ne s’est jamais constituée sous la forme d’un Etat, même si elle est assujettie à une nation plus puissante ou morcelée entre plusieurs pays. Car l’histoire est la somme des divers événements survenus dans la destinée d’une communauté, c’est-à-dire d’un groupe possédant les traits énumérés ci-haut.
Il est assurément normal que les ressortissants d’une nation ou d’une communauté écrivent leur propre histoire. Cependant pour ce faire, il faut d’abord qu’ils possèdent une écriture. Bien que celle-ci ait été inventée par les hommes il y a fort longtemps, on constate qu’elle est apparue chez divers peuples à des stades différents de leur développement. Par conséquent, ceux qui veulent acquérir des notions sur la période de leur histoire non consignées dans leur propre langue, peuvent en retrouver des éléments dans l’histoire des peuples voisins, dotés d’une écriture avant eux.
Il est, certes, tout à fait naturel qu’ayant acquis l’accès à l’écriture, une communauté relate son histoire en sa propre langue après l’avoir étudiée à travers des sources étrangères. Mais si ceux qui le font se permettent d’ajouter au récit leurs propres inventions ou de s’approprier l’histoire d’autres peuples, les théories qu’ils auraient ainsi avancées ne seront jamais universellement admises et ne se propageront guère hors d’un cercle très étroit.
Si pour écrire des livres d’histoire il faut, en premier lieu, posséder une langue écrite, la seconde condition pour élaborer une œuvre historique digne de ce nom c’est d’être objectif et de se placer sur un terrain scientifique. Sinon l'“histoire” en question ne sera pas une œuvre historique mais de la mythologie, une légende ou un conte.
On ne saurait dire que les historiens — surtout ceux du Moyen Age — aient été parfaitement objectifs en relatant l’histoire de leur pays. Par conséquent, si on veut examiner de façon objective les événements qui se sont déroulés au cours d’une période éloignée, il est indispensable d’étudier l’histoire de divers autres Etats ayant eu un rapport avec les événements en question et d’établir une “moyenne” plausible entre les diverses versions.
Kâmuran Gürün
Le Dossier Arménien
Triangle
Triangle
Le Dossier Arménien
Kâmuran Gürün
© 1983 Société Turque d’Histoire
Achevé d’imprimer en avril 1984
Dépôt légal 2e trimestre 1984
Printed in France
N° d’Imp.: 11633
ISBN 2.85809 1315