Les Kurdes Entre Turquie et Irak
Junien Javerdac
Balkan
Vivant de chaque côté de la frontière turco-irakienne, les Kurdes risquaient de se retrouver en première ligne, pris entre deux feux, pendant la guerre du Golfe arabo-persique. Les F. 111 américains décollaient de la base d'Incirlik, au Kurdistan turc, pour bombarder Kirkouk, au Kurdistan irakien, et Bagdad. Persécutés par le régime de Saddam Hussein, victimes des armes chimiques, les Kurdes d'Irak, par dizaines de milliers, ont cherché refuge en Turquie, où pourtant leur sort n'est guère meilleur, et où le pouvoir combat le mouvement autonomiste kurde.
Contenu
- Kurdes
Ecartelés entre Turquie et Irak
- Albanie
Péril en la demeure
- Grèce
L'Odyssée des Grecs du Pont-Euxin
- Yougoslavie
La question serbe, par l'écrivain Dobrica Cosic
L'indépendance de la Slovénie, par le président France Bucar
- Montenegro
Propriété et travail, dans la communauté familiale
- Theatre Grec
Une pièce inédite de Kapetanakis
- Lettres Bulgares : Raditchkov
Guerre du Golfe
LES KURDES ENTRE TURQUIE ET IRAK
Vivant de chaque côté de la frontière turco-irakienne, les Kurdes risquaient de se retrouver en première ligne, pris entre deux feux, pendant la guerre du Golfe arabo-persique. Les F. 111 américains décollaient de la base d'Incirlik, au Kurdistan turc, pour bombarder Kirkouk, au Kurdistan irakien, et Bagdad. Persécutés par le régime de Saddam Hussein, victimes des armes chimiques, les Kurdes d'Irak, par dizaines de milliers, ont cherché refuge en Turquie, où pourtant leur sort n'est guère meilleur, et où le pouvoir combat le mouvement autonomiste kurde.
par Junien Javerdac
En 1988, à peine la guerre mineuse et meurtrière qui avait opposé pendant 8 ans l'Irak et l'Iran avait-elle pris fin, que Saddam Hussein s'empressait de reprendre les armes, cette fois contre les Kurdes.
En mars 1988, une unité de 1 250 peshmerga, « ceux qui sont face à la mort », les insistants de l'Union Patriotique Kurde de Talabani, appuyés par des « gardiens de la révolution » iraniens, s'emparent de Habalja et renforcent leur position dans la région autonome Kurde d'Irak. Saddam Hussein décide alors d'employer les grands moyens pour les déloger, les armes chimiques. De l'ypérite (un vésicant), du tabun et du sarin (deux neurotoxiques) fabriqués, avec des produits fournis par des firmes allemandes, suisses, italiennes et britanniques, dans les usines de Samarra et Al-Fallujah, censées produire officiellement des médicaments, des engrais et des insecticides. Les 16 et 17 mars, les bombardements ont répandu des nuages jaunâtres de gaz toxiques qui ont figé dans la mort 5 000 hommes, femmes et enfants de Halabja, ainsi que les habitants de Khorman et Silouane.
Alors que la communauté internationale a été prompte à crier au scandale et à se mobiliser quand Bagdad a annexé l'émirat pétrolier de Koweit, elle n'a pas élevé la moindre protestation après le génocide chimique des Kurdes. Tandis que la cause des Palestiniens qui ont toute la nation arabe pour les soutenir suscite de nombreuses sympathies, personne ne se préoccupe de la cause Kurde. Ce n'est pas une minorité de poids politique sur la scène du Moyen-Orient.
Et pourtant, avec une population de 22 à 25 millions, elle n'est pas négligeable.
Près de la moitié des Kurdes vivent dans l'est de la Turquie ; ils sont de 10 à 12 millions et représentent 20 % de la population turque.
Ils sont 6 millions en Iran (17 % de la population), 4 millions en Irak (25 %), moins de 1 million en Syrie et 200 000 environ en URSS, surtout en Arménie, Géorgie et Azerbaïdjan.
Si leurs conditions de vie ne sont pas bien différentes de celles des Arabes et des Turcs de la région, ils n'ont culturellement que peu de choses en commun, sinon la religion. Ce sont des Caucasoïdes de souche indo-européenne, que l'on dit descendants des Mèdes, parlant une langue du groupe iranien et pratiquant l'Islam sunnite.
Leur drame — qui est aussi celui de leurs ennemis héréditaires, les Arméniens — est d'avoir été perpétuellement en conflit avec leurs voisins et de n'avoir jamais pu constituer et faire reconnaître durablement un Etat indépendant.
Après la capitulation de l'Empire ottoman, les Anglais ont obtenu de la Société des Nations, en avril 1920, que l'Irak fût placé sous mandat britannique, et que le pachalik turc de Mossoul, peuplé de Kurdes, mais riche en pétrole, fût rattaché à l'Irak.
En août 1920, le traité de Sèvres signé par les Alliés et les Turcs prévoyait la création d'Etats arménien et Kurde, mais les Turcs parvenaient à faire disparaître ce projet du traité de Lausanne en 1923.
Après la guerre, en 1945-1946, une éphémère République kurde fut créée à Mehâbâd, en territoire iranien, mais elle ne put se maintenir faute du soutien soviétique. L'URSS n'a d'ailleurs accordé sur son territoire aucune région …
Junien Javerdac
Les Kurdes Entre Turquie et Irak
Balkan
Balkan
Minorités et Diaspora
Avril-Mai-Juin 1991
Les Kurdes Entre Turquie et Irak
108, rue du Palais-Gallien,
Bordeaux 33000