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Minorités en Islam : Géographie Politique et Sociale


Éditeur : Flammarion Date & Lieu : 1997, Paris
Préface : Pages : 526
Traduction : ISBN : 978-2-08-212809-4
Langue : FrançaisFormat : 155x215 mm
Code FIKP : Liv. Fre. 3023Thème : Général

Minorités en Islam : Géographie Politique et Sociale

Minorites en Islam : Geographie Politique et Sociale

Xavier de Planhol

Flammarion

La civilisation islamique traditionnelle avait réglé d’une façon particulièrement efficace le problème des minorités religieuses. Alors quelles étaient généralement proscrites en Europe chrétienne, l’Islam leur avait laissé une possibilité d’existence, de fait ou de droit : les sectes musulmanes hétérodoxes qui prétendaient au pouvoir politique étant, ainsi que certaines sectes chrétiennes particulièrement turbulentes, rejetées au loin, dans des refuges montagneux ou désertiques souvent, et en tout cas dans des localisations périphériques d’où elles ne pouvaient se révéler menaçantes ; tandis que la plupart des « gens du Livre » (Chrétiens, Juifs, Zoroastriens), qui acceptaient la subordination, étaient accueillis dans la société dominante, où ils connurent parfois de remarquables réussites sociales.
Ce système, fondé à la fois sur la ségrégation et le pluralisme, n’a pas résisté au grand mouvement d’occidentalisation et de modernisation, conduisant à de vastes mouvements de population et au morcellement territorial, issu de l’Europe, qui a affecté depuis près de deux siècles les pays d’Outre-Méditerranée. Naguère refoulées ou subordonnées, les minorités se sont lancées dans le jeu politique, avec parfois des succès exceptionnels leur permettant d’accéder, au moins temporairement, au pouvoir suprême (Maronites au Liban, Alaouites en Syrie), ou tout au moins de prétendre à un rôle éminent. C’est, ce sera, la source de redoutables conflits qui affectent gravement la cohésion des États entre lesquels est découpée cette aire culturelle, conflits qui entravent la formation de véritables nations, et sont pour le monde musulman dans son ensemble un principe majeur de faiblesse.


Xavier de Planhol, professeur émérite de géographie à l'université de Paris-Sorbonne (chaire de Géographie de l’Afrique Blanche et du Moyen-Orient), est membre de l’Academia Europaea.


Table des matières

Avant-propos / 9
Introduction générale / 13

I. L’ethnie : nature et signification / 15
Définition de l’ethnie, p. 15. L’ethnogenèse, p. 16. 1. Par superposition et mélange de populations, p. 16. 2. Par différenciation, p. 17 L’ethnocentrisme, p. 17. 1. Théories sociologiques, p. 18. 2. Théories psychologiques et psychosociologiques, p. 18. L’acculturation, p. 19.

II. Les composantes géographiques de l’ethnie / 19
L’implantation géographique des ethnies, p. 19. 1. Les systèmes clos, p. 19- 2. Insuffisance de cette conception, p. 20. a) Interpénétration territoriale des communautés ethniques, p. 20. b) Variation continue des caractéristiques linguistiques et culturelles, p. 21. c) Les interactions socioculturelles transcendent les limites ethniques, p. 21. d) Désaccords sur les qualificatifs ethniques, p. 21. e) Changement d’identité ethnique, p. 22. 3. Interprétation des entités ethniques, p. 22. 4. Les sociétés polyethniques, p. 23. Signification et rôle des ethnies dans le paysage, p. 24.

III. Caractères spécifiques des ethnies minoritaires / 26
Définition, p. 26. Stratégies, p. 26. Le phénomène dans l’espace et dans le temps, p. 27. Spécificités professionnelles, p. 28. L’implantation géographique des minorités, p. 29. L’impact des minorités sur le paysage, p. 30.

IV. L’Islam et le fait minoritaire / 30
Les religions et les minorités, p. 30. Attitude de l’Islam à l’égard des minorités non musulmanes : les fondements dogmatiques et historiques, p. 31. l.La période mecquoise de Mahomet et la Constitution de Médine, p. 31. 2. L’expulsion des Juifs de Médine et l’exclusivisme musulman, p. 32. 3. Les origines du statut des minorités au temps du Prophète, p. 32. 4. Développements à l’époque des premiers Califes, p. 35. Attitude de l’Islam à l’égard des minorités non musulmanes : la pratique sociopolitique et son évolution, p. 36. 1. La multiplication des mesures restrictives: la «Convention d’Omar», p. 36. 2. La réalité sociale et ses variations, p. 37. 3. L’époque ottomane. Le système des «millet», p. 39. 4. Conclusion, p. 41. L’Islam et les sectes musulmanes, p. 42.1. Caractère essentiellement politique du phénomène sectaire dans l’Islam, p. 42. 2. Conséquences sur la répartition géographique des sectes dissidentes, p. 43. 3. Les confréries, p. 44. Conclusion, p. 46.

Première partie. Le modèle traditionnel : ségrégations et refoulements / 47

Introduction : conditions générales du phénomène / 49

La bédouinisation, p. 51. Nomadisme turc et nomadisme arabe, p. 52. Stratégies minoritaires et milieux géographiques, p. 54.

Chapitre 1 : le domaine arabo-berbère / 55

I. Les sécessions montagnardes / 57
Les milieux, p. 57.1. Macbrek et Maghreb, p. 57. 2. Les données géographiques, p. 58. Le Liban : Maronites et Druzes, p. 59. 1. La montagne libanaise, p. 59- 2. Les Maronites : étapes d’une ethnogenèse, p. 60. a) Une hérésie chrétienne, p. 60. b) Moines et brigands. L’occupation de la montagne, p. 61. c) Le rattachement à Rome. L’ouverture sur l’Occident. Une montagne lettrée, p. 62. 3. Les Maronites: formation d’un paysage, p. 65. a) La montagne reconstruite, p. 65. b) La montagne peuplée, p. 65. c) La montagne plantée, p. 68. d) La montagne paisible, p. 68. e) La montagne frugale, p. 69. 4. Les Druzes: le succès, p. 70. a) Les origines, p. 70. b) le « bon gouvernement », p. 71. c) Au bonheur des Druzes, p. 73. 5- Les Druzes : les faiblesses, p. 74. a) Médiocre natalité, p. 74. b) Inaptitude à l’expansion belliqueuse, p. 75. c) Absence d’autorité suprême, p. 76. d) La secte divisée, p. 77. 6. Les Druzes : l’échec, p. 78. a) Maronites et Druzes : de la symbiose au conflit social, p. 78. b) La secte éclatée, p. 79. c) La fuite : le Haurân et le Djebel Druze, p. 80. 7. Conclusion, p. 83. Le Djebel Ansarié : Alaouites et Ismaïliens, p. 83. 1. Les possibilités naturelles, p. 83. 2. Le peuplement, p. 84. 3. Chefs et prophètes, p. 87. 4. La montagne sauvage, p. 88.

II. Sectes au désert / 91
Conditions générales du phénomène, p. 91. Le désert arabo-syrien : des Qarmathes aux Ouahhâbites, p. 92. Le Sahara, p. 95. 1. Les tribus maraboutiques, p. 95. 2. Une confrérie au désert: les Senousîs, p. 98. 3. Les Khâredjites : des steppes au Mzab, p. 100. a) « Ceux qui sont dehors », p. 101. b) Le Khâredjisme, réaction des nomades berbères à l’islamisation, p. 101. c) La colonisation du désert : le Mzab, p. 104.

III. Au-delà du désert : les hautes terres de l’arabie méridionale / 108
Situations, p. 108. Les Zaïdites au Yémen, p. 109. 1. L’imâmat zaïdite: aventuriers et dynasties, p. 109- 2. Extension géographique et limites de la secte. Les concurrences ismaïUenne et sunnite, p. 111. Les Ibâ- dhites dans l’Oman, p. 112. L’échec ibâdhite dans l’Hadhramaout, p. 114. Conclusion. Faibles effets sur le paysage, p. 115.

IV. Les ségrégations passives : plats pays et situations périphériques / 116
Géographie du Chiisme duodécimain dans le Moyen- Orient arabe, p. 116. 1. La façade maritime libanaise : un échec montagnard, p. 116. 2. Les mauvais pays libanais : Haute Beqâ’a et Galilée, p. 117. 3. En Syrie: la dissimulation ftaqîyya), p. 118. 4. L’aile orientale du Croissant Fertile, p. 119. a) Nord et Sud : un bloc homogène, p. 119. b) Bédouins, citadins et paysans, p. 120. 5. Conclusion, p. 122. a) Ruraux et clandestins, p. 122. b) L’élection et l’attente, p. 123. Les Coptes avant l’insertion: une répartition résiduelle, p. 124. 1. Les vestiges extra-nilotiques : des localisations ponctuelles, p. 124. 2. Le cantonnement en Haute-Égypte, p. 125.

Chapitre 2 : le domaine turco-iranien / 129

I. Les tentatives montagnardes / 131
Conditions générales du phénomène, p. 131. Les « Gens du Livre », p. 132. Les Musulmans, p. 133. Les Kâffrs, p. 134.

II. Le modèle diffus : les « gens de la vérité » / 136

III. l’impact des états : centres et périphéries 137
Chiitisation et minorités sunnites en Iran, p. 138. 1. Le substrat : le Chiisme iranien avant les Safavides, p. 138. 2. La chiitisation safavide: voies et moyens, p. 139. a) Le mouvement safavide, p. 139. b) Les lieux de pèlerinage, p. 140. c) La piété populaire, p. 142. d) Les Azéris, p. 143- 3. Les limites de la chiitisation : Sunnisme périphérique et ethnies non persanes, p. 144. Le Chiisme des Hazâras d’Afghanistan, p. 148. Le Chiisme anatolien, p. 150. 1. Considérations générales. Le recul historique du Chiisme, p. 150. 2. Groupements et dénominations, p. 150. a) Alevi, p. 150. b) Bektaşi, p. 151. 3- Répartition géographique et signification de l’Alé- visme rural, p. 153. a) Les faits, p. 153. b) « Vieux paysans » et filiation nomade, p. 155. c) Un pluralisme marginal : les Tahtaci, p. 157.

Chapitre 3 : aux confins turco-arabes : le taurus oriental / 163

I. Conditions générales / 165

II. Les chrétiens / 167
Les Jacobites, p. 168. Les Nestoriens, p. 170. 1. Extension géographique et types d’implantation sociale, p. 170. 2. Refuge ou aire relictuellel, p. 174.

III. Les Yézidis / 177
La secte, p. 177. Distribution géographique et genres de vie, p. 178. Éléments d’explication : une ethnoge- nèse complexe, p. 179- Éléments d’explication : la cohésion sociale, p. 182. Éléments d’explication : il y a des accommodements avec le Diable, p. 183.

Deuxième partie. Le modèle traditionnel: les groupes pluralistes / 185

Chapitre 1 : les échecs / 189

I. L’absence du christianisme en arabie n’est pas imputable à l’islam / 191
Fondements dogmatiques du problème : le décret d’Omar, p. 191. La portée réelle du décret d’Omar. Les non-Musulmans dans la péninsule Arabique, p. 192. L’extinction du Christianisme à l’époque musulmane dans la péninsule Arabique est due à sa faiblesse initiale, p. 193.

II. Pourquoi et comment le christianisme a-t-il disparu en afrique du nord? / 194
Éléments d’explication : une christianisation incomplète, p. 195. Éléments d’explication: les modalités de la conquête, p. 196. Éléments d’explication : les invasions hilaliennes et la persécution almohade, p. 198. Derniers vestiges chrétiens au Maghreb, p. 200.

III. Les minorités non musulmanes dans l’iran musulman / 201
Les Zoroastriens, p. 202. 1. La situation au milieu du xixe siècle : une minorité résiduelle, p. 202. 2. Les étapes d’un recul, p. 203. a) Les premières phases : fuites, sécessions, ségrégations, p. 203. b) Vers une stabilisation, p. 204. c) La tourmente turco-mongole, p. 206. d) L’oppression safavide, p. 207. Les Chrétiens, p. 210. Les Juifs, p. 211.

IV. Conclusion / 213

Chapitre 2 : les insertions réussies / 215

I. Les coptes trouvent leur place Dans la société égyptienne / 217
Le tournant, p. 217. Au service de l’État, p. 218. Les Coptes au Caire, p. 219.

II. Les chrétientés intégrées du croissant fertile / 221
Contrastes de densité, p. 221. Éléments d’explication, p. 223. Citadins et ruraux, p. 224. 1. L’urbanisation précoce des communautés chrétiennes, p. 224.
2. Grecs Orthodoxes et Grecs Catholiques, p. 225.

III. L’Anatolie chrétienne / 227
Les effectifs au début du xxc siècle, p. 227. L’islamisation et les résistances chrétiennes, p. 228. 1. Les processus, p. 228. 2. Les résultats : aspects globaux, p. 230. 3- Les résultats : aspects régionaux, p. 231. Les reprises chrétiennes, p. 234.1. Le processus de conversion se ralentit à la période ottomane, p. 234. 2. La recolonisation grecque de l’Anatolie occidentale, p. 235. 3. La symbiose arméno-turque, p. 238. a) La tradition migratoire des Arméniens, p. 238. b) Les Annéniens dans le grand commerce transcontinental aux xvif et xvnf siècles, p. 239. c) « La nation fidèle », p. 240. 4. Istanbul, capitale minoritaire, p. 241.

IV. Les Juifs / 243
Les diasporas, p. 243. 1. Les « autochtones » : évolution des effectifs, p. 243- 2. Les nouveaux venus: la grande migration sépharade, p. 245. 3. Des regroupements précoces dans les grandes cités, p. 246. 4. Les activités, p. 250. Les enracinements, p. 253. 1. Les localisations, p. 254. a) Le Caucase, p. 254. b) Le Kurdistan, p. 254. c) Le Judaïsme yéménite, p. 255. d) Le Maroc méridional, p. 256. 2. Éléments d’explication, p. 259. a) Les conditions de base : stabilité du peuplement et absence de christianisation, p. 259. b) La tolérance particulière du Zaïdisme n 'est pas en cause, p. 260. c) Des « castes artisanales » ?, p. 260.

Chapitre 3 : les ségrégations urbaines / 265

I. Exclusions : les sectes musulmanes dans la ville / 208

II. Exclusions : les zoroastriens d’Iran / 269

III. Étapes et vicissitudes de la cristallisation confessionnelle : les Chrétiens / 271
Développement de la ségrégation dans les villes préislamiques, p. 271. Dans les fondations musulmanes : un cantonnement périphérique initial, p. 273. Types complexes, p. 275. Progression historique des ségrégations dans les villes arabes, p. 277. La ville turque : un modèle intégrateur ?, p. 279.

IV. Étapes et vicissitudes de la cristallisation confessionnelle : les Juifs / 282
Généralisation de la ségrégation aux époques moderne et contemporaine, p. 282. 1. Des quartiers uniques et individualisés: les noms, p. 282. 2. Les exceptions: exemples de quartiers multiples et de répartition diffuse, p. 282. Origine et développement des ségrégations, p. 284. 1. Ancienneté et universalité du phénomène : les exceptions, p. 284. 2. Processus spontanés, p. 286. 3. Les regroupements imposés, p. 288. 4. Les mellahs marocains, p. 289. Localisation des quartiers juifs, p. 292. 1. Le modèle périphérique, p. 292. 2. Le modèle subpalatial, p. 294. Conclusion, p. 296.

Troisième partie. La destruction du modèle traditionnel / 297

Chapitre 1 : nouvelles géographies / 299

I. L’essor socio-économique des minorités non musulmanes / 301
Des véhicules de la modernisation et de l’innovation, p. 301. Transformation des paysages dans le Levant, p. 303. Les Juifs comme société intermédiaire, p. 306.

II. l’irruption des sectes musulmanes dans la société globale / 310
La descente des montagnes, p. 310. 1. Les Alaouites du Djebel Ansarié : un débordement de proximité, p. 310. 2. Les migrations temporaires du Djebel Druze, p. 311. 3- Le dynamisme ismaïlien: la recolonisation de la steppe, p. 312. 4. Les Hazâras à Kaboul, p. 313. Les Ibâdhites maghrébins du désert au Tell, p. 314. Les Duodécimains envahissent les capitales : Beyrouth et Bagdad, p. 315

III. Dilutions et disparitions / 318
Concentrations urbaines et métropolitaines, p. 319. 1. Le développement de l’urbanisation des communautés juives, p. 319. 2. Les minorités iraniennes non musulmanes se concentrent à Téhéran, p. 321. a) Les Zoroas- triens, p. 322. b) Les Juifs, p. 326. c) Les Arméniens, p. 322. d) Les Assyro-Chaldéens, p. 328. e) Les Bahaïs, p. 330. f) Le Téhéran des années I960, p. 331. Les émigrations, p. 332. 1. Les Juifs abandonnent l’Islam, p. 332. a) Les prémices : « la fin d’une tradition », p. 332. b) Les prémices: les débuts de l'émigration des Juifs du Yémen, p. 334. c) Le grand exode, p. 335. 2. Les flots diversifiés de l’émigration chrétienne, p. 337. a) L’extinction des minorités chrétiennes en Turquie et en Iran, p. 337. b) Les transplantations arménienne et assyro-cbaldéenne dans le Proche-Orient arabe : étape ou remaniement ?, p. 340. c) La spécificité libanaise: une émigration sans rupture, p. 342. d) Une hémorragie continue ?, p. 344. 3. Conclusion, p. 346.

Chapitre 2 : nouvelles stratégies / 347

I. Considérations générales : les minorités confessionnelles à l’époque des états-nations / 349
Les transformations du système des millets aux derniers temps de l’Empire Ottoman, p. 349. 1. Premières retouches : prolifération communautaire, p. 349. 2. L’influence européenne et le développement des conflits, p. 350. Tendances récentes dans le Croissant Fertile, p. 351. 1. La nouvelle société urbaine, p. 351. 2. Le découpage territorial, facteur de résistance du sentiment communautaire, p. 353.

II. Une intégration : la disparition programmée des yézidis / 354
Les causes, p. 355. Les effets, p. / 356.

III. Nouvelles insertions / 357
Persistance et renouveau du pluralisme, p. 357. Les Bahaïs entre présence discrète et persécution, p. 358. Attractions à la marge, p. 359. 1. Les Zoroastriens deviennent une vitrine emblématique, p. 359. 2. Les Tahtaci de la fixation à la banalisation professionnelle, p. 360. 3- Du sécessionnisme au pluralisme : les Mzabites en dedans et « en dehors », p. 362. Velléités et résignations, p. 364. 1. De la révolte à la soumission : les Assyro-Chaldéens, p. 364. 2. L’oecuménisme politique des Druzes, p. 365. a) En Syrie: l’échec de l’autonomisme, p. 365. b) Au Liban : le ralliement à l’arabisme, p. 366. c) Au service d’Israël?, p. 367.

IV. Affirmations / 369
Du sécessionnisme montagnard au militantisme, p. 370. 1. Les Maronites et l’État libanais: « qui trop embrasse mal étreint », p. 370. 2. Les Alaouites et l’État syrien : « les montagnards sont là », p. 377. De la ségrégation passive au militantisme, p. 382. 1. Mouvements et identifications politiques, p. 383. a) Du bon usage de la guerre civile : les Chiites dans le «grand jeu » libanais, p. 383. b) Du bon usage de la guerre civile : les Hazâras retrouvent leur autonomie, p. 385. c) Révolte dans le Golfe?, p. 386. 2. Les Chiites d’Irak dans l’opposition nationale, p. 388. 3. Les Alévites de Turquie : un militantisme potentiel, p. 392. Du pluralisme au militantisme, p. 393. 1. Les Arméniens, p. 394. a) De la révolte au «génocide », p. 394. b) Destins contemporains du nationalisme arménien dans le Croissant Fertile, p. 395. 2. Les Coptes : de la frustration à la revendication, p. 398. a) La tradition apolitique ecclésiale, p. 398. b) Les Coptes dans le mouvement national, p. 399. c) Le réveil communautaire, p. 400. d) De la confrontation au compromis, p. 402.

Conclusion Générale / 405

Notes / 411

Index bibliographique / 453
Index des noms collectifs / 481
Index des noms de personnes / 487
Index géographique / 496
Index thématique / 508

Table des figures / 513
Table des matières / 515


AVANT-PROPOS

Le premier dessein de ce livre est d’ordre géographique. Le monde islamique nord-africain et moyen-oriental se caractérise aujourd’hui, entre l’Europe d’une part où les ségrégations confessionnelles, sauf cas particulier, s’estompent, et le monde indien d’autre part, où le système des castes aboutit à un autre type d’imbrication, par un certain modèle de répartition géographique des minorités religieuses. La résistance opposée par le monde islamique à l’expansion du concept occidental de la nation intégrée se traduit par la persistance vigoureuse des réalités sectaires sous-jacentes, cependant que, malgré les aspirations universalistes de la religion, l’existence de statuts reconnus a longtemps préservé d’importantes minorités religieuses (chrétiennes et juives), parfois au prix de cloisonnements géographiques très stricts. C’est à l'analyse de ces types de ségrégations minoritaires, des tendances de leur évolution contemporaine, du système de tensions extrêmement original et unique sur la planète ainsi réalisé, que ce livre est d’abord consacré, dans une perspective de géographie sociale et politique1. Cet inventaire descriptif se limitera au Moyen-Orient et à l’Afrique Blanche. Les structures sociogéographiques, l’atmosphère spirituelle même, des appendices islamiques de l’Asie du Sud-Est ou de l’Afrique subsaharienne, sont de nature trop différente pour permettre des rapprochements fructueux.

Ce livre voudrait être également une contribution à l’étude générale des minorités, et de leurs types de comportement et de répartition. Le domaine islamique a été trop peu exploité jusqu’ici dans cette intention2. La science sociale du fait minoritaire s’est constituée essentiellement aux États-Unis, qui constituent certes un creuset très complexe, mais dans le contexte bien particulier d’une société jeune, mobile, pionnière. Les schémas qui y ont été définis sont loin d’être applicables dans le monde chargé d’histoire et passablement sclérosé de l’Islam, qui peut apporter en la matière à la théorie générale des enseignements comparatifs précieux.

Enfin on souhaiterait, par le biais de l’étude des minorités, aborder quelques problèmes fondamentaux de l’Islam, considéré dans sa pratique contemporaine. Dans cette confrontation, qui se déroule sous nos yeux, entre une religion révélée voici près de quatorze siècles et des concepts culturels et politiques propagés essentiellement depuis deux siècles à partir de l’Europe, dont celui de laïcité de l’État est l’un des plus novateurs, qui aujourd’hui l’emporte? qui l’emportera? et si une synthèse, éventuellement, se réalise, quelles en seront les dominantes ? L’Islam va-t-il maintenir et affirmer sa spécificité, ou se fondre dans un modèle social de type universel, ou du moins plus général? Sans prétendre résoudre des problèmes qui commandent nos destins, on essaiera cependant d’y apporter quelques éléments de réponse.
Le caractère de cet ouvrage, destiné beaucoup plus au grand public éclairé qu’à des islamisants spécialisés, a conduit à adopter, pour la translittération de l’arabe et du persan, des systèmes très simplifiés, ayant avant tout pour but de donner au lecteur une image aussi approchée que possible de la prononciation française réelle. Ce parti a abouti à des solutions qui pourront paraître déconcertantes aux lecteurs orientalistes. C’est ainsi que la voyelle brève notée par le kasra(e) a été transcrite sous des formes différentes en arabe (i) et en persan (e), conformément à la phonétique respective de ces deux langues; et que certaines consonnes (comme le djim) l’ont été, lorsqu’il y avait lieu, suivant la prononciation de l’arabe dialectal égyptien. Les voyelles longues ont été rendues par l’accent circonflexe, qui a été négligé sur l’i persan (toujours long), en l’absence de toute ambiguïté, ainsi que dans de nombreux mots entrés de longue date dans l’usage français (Téhéran, Ispahan, etc.), le choix de ces derniers étant évidemment quelque peu subjectif. Les formes françaises usuelles ont toujours été largement employées lorsqu’elles existaient, en particulier pour l’Afrique du Nord, où les voyelles longues ont été systématiquement négligées, conformément à la pratique courante à l’époque coloniale. De même on a francisé, et mis au pluriel en s, un certain nombre de noms de peuples particulièrement usités, sans que la coupure avec ceux qu’on a laissés invariables puisse être considérée, ici encore, autre que nécessairement arbitraire. On a naturellement reproduit les transcriptions originales des auteurs cités dans le texte, les notes, ou l’index bibliographique. Les diverses formes utilisées seront rapprochées dans les index. L’orthographe latine du turc a évidemment été respectée, quitte à être parfois explicitée par un équivalent approché de la prononciation française donné entre parenthèses et en italique.

Les cartes ont été dessinées au laboratoire de cartographie du département de géographie de l’Université de Paris-Sorbonne par Madame Véronique Lahaye-Boquet. Je remercie Daniel Balland qui m’a beaucoup aidé dans ma documentation.



Introduction generale

I. L’ethnie : nature et signification

Définition de l’ethnie

Les minorités religieuses sont des ethnies, présentant, il est vrai, des caractères particuliers (cf. ci-dessous, in), mais s’individualisant avant tout selon les règles de la différenciation ethnique. On entendra ici par ethnie1 un groupe qui : a) se perpétue biologiquement de lui-même, au moins à l’échelle de quelques générations; b) partage des valeurs culturelles fondamentales; c) constitue un champ de communication et d’interaction ; d) s’identifie, et est identifié par les autres, comme constituant une catégorie distincte des autres groupes de même nature.

En fait cette dernière caractéristique est la principale. Une ethnie2, c’est d’abord avant tout un nom propre, une désignation. Le critère le plus objectif est que les populations considérées se classent sous un nom propre collectif. On parlera de Maronites, d’Alaouites, de Hazâras... Cette désignation peut être revendiquée, supportée ou même rejetée par ceux auxquels elle est attribuée. Elle peut être donnée par les étrangers, ou par les intéressés eux-mêmes. On convient d’appeler ethnie l’ensemble des personnes physiques auxquelles est reconnue ou affectée cette désignation, et de la décrire par des caractéristiques associées à cette désignation.

Cette définition est, on le voit, extrêmement souple. À la limite une ethnie peut ne comprendre qu’une seule personne (« le dernier des Mohicans »). Et le concept n’implique pas une différenciation effective d’avec les autres. Il peut s’agir, en fin de compte, d’un nom seul qui subsiste dans l’inconscient collectif, même s’il n’y a plus …


Xavier de Planhol

Minorites en Islam
Geographie Politique et Sociale

Flammarion

Flammarion
Minorites en Islam
Geographie Politique et Sociale
Xavier de Planhol

© Flammarion, 1997
ISBN : 2-0821-2809-1
Printed in France.

Cet ouvrage a éte reproduit et acheve d’imprimer
Sur roto-page par l’Imprimerie floch
À Mayenne en Octobre 1997

N° d’éd. FU139501.
N° d’impr. 42338.
D.L. : octobre 1997.
(Imprimé en France)

Couverture :
La montagne guerrière, Toufanghi (fusilier) nestorien
du Hakkârî (actuelle Turquie du sud-est),
extrait de Gaspard Drouville, Voyage en Perse,
fait en 1812 et 1813, 3e édition, Paris, 1828.

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