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L’islam ; des origines au début de l empire ottoman


Auteur : Claude Cahen
Éditeur : Bordas Date & Lieu : 1970, Paris
Préface : Pages : 280
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 175x265 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Cah. Isl. N° 209Thème : Général

L’islam ; des origines au début de l empire ottoman

L’islam
des origines au début de l empire ottoman

Claude Cahen

Bordas

Claude Cahen, né à Paris en 1909, ancien élève de l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm, étudie l'histoire et les langues du Proche-Orient à l'École Nationale des Langues Orientales. Agrégé d'Histoire en 1932, docteur ès Lettres en 1940, il est professeur à l'Université de Strasbourg de 1945 à 1959 et, depuis cette date, à la Sorbonne. En 1967 l'Université du Michigan à Ann Arbor l'invite au titre de professeur étranger. Des premières publications du professeur Cahen, on retiendra surtout Le régime féodal de l'Italie Normande (1940) et la Syrie du Nord au temps des Croisades (1940). Après la guerre, Claude Cahen s'intéresse encore aux Croisades mais se spécialise surtout en histoire de l'Islam et en particulier en histoire économique. C'est lui qui rédige les chapitres consacrés à l'Islam dans L’Histoire Générale des Civilisations (1953) et plusieurs chapitres d'Une histoire des Croisades (1955 et 1962). En 1961 il publie une édition revue et corrigée de L'Introduction à l'histoire de l'Orient Musulman de Sauvaget (édit. angl. 1965). Le professeur Cahen est l'auteur de Mouvements populaires et autonomisme urbain dans l'Asie musulmane du Moyen Age (1959) et de Douanes et commerce dans les ports méditerranéens de l'Égypte médiévale (1965). Il a écrit sur les problèmes de l'histoire économique ou sur d'autres sujets nombre d'articles parus dans des revues comme La Revue Historique, Le Moyen Age, Arabica, Journal Asiatique, Bulletin de l'institut Français d'Études Orientales de Damas. Il a également rédigé diverses rubriques pour l'Encyclopédie de l'Islam; depuis 1957 il est rédacteur au Journal of the Social and Economic History of the Orient. C'est en 1968 que paraît son livre Preottoman Turkey.
Claude Cahen a reçu en 1945 le prix Schlumberger de ('Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.


Table des matières

Introduction / 7

1. Les Arabes avant l'Islam / 9
2. Mahomet / 13
3. La fondation de l'empire arabo-islamique / 19
4. La période omayyade (660-750) / 29
5. L'évolution des esprits au milieu du VIIe siècle : la « révolution abbaside » / 45

6. Le premier siècle abbaside / 53
7. L'élaboration d’une culture nouvelle / 87
8. Économie et société dans le monde musulman classique (jusqu'au XIe siècle) / 97
9. L'armée et les transformations politiques et sociales
(milieu IXe siècle milieu Xe siècle) / 143
10. L'évolution des mouvements politico-religieux (milieu IXe siècle-milieu Xe siècle) / 151

11. Morcellement politique et apogée culturel du monde musulman médiéval / 161
12. La culture musulmane du milieu du IXe siècle au milieu du XIe siècle / 193
13. Du XIs au XIIIe siècle : Les nouveaux empires, l'évolution sociale et culturelle / 209
14. Des Mongols aux Ottomans / 239

Bibliographie / 264
Index / 271
Table des illustrations / 278



Table des illustrations

Coran ancien en rouleau de parchemin provenant de la grande mosquée de Damas / 12
Couverture de Coran (XIVe siècle) / 16
La Ka'ba / 18
L'ascension de Mahomet au ciel / 20
Les conquêtes arabes au VIIe siècle / 22
Coran provenant de la mosquée de Damas / 25
Pavillon omayyade en bordure du désert : Qusayr Amra / 28
Qubbat-as-Sakhra ou mosquée d'Omar à Jérusalem / 34
La mosquée du Rocher, Jérusalem / 36
Dirhams omayyades / 37
Mosquée des Omayyades à Damas / 40
Damas, mosquée des Omayyades / 41
Fresque des chanteurs et de la danse à Qasr al-Khayr al-Gharbi / 43
Détail du château omayyade d'al-Qasr al-Gharbi / 43
La famille du Prophète / 48
Stèle mortuaire à caractères coufiques / 88
Conversation entre poètes / 90
Miniature illustrant une fable du recueil Qalîla et Dimna, manuscrit de 1279, Iran mongol / 95

Grande noria sur l'Oronte / 105
Système de roues hydrauliques d'après le Traité des Automates d'al-Djazari
(XIIIe siècle) / 106
Le labour à l'araire dans les pays de la Méditerranée / 108
Les souks d'Alep (Syrie) / 116
Caravansérail de Sultan Khân / 128
Astrolabe / 134
Pont d'époque seldjuqide en Turquie / 136
Armée en marche / 145
Minaret de la grande mosquée de Samarra / 148
Le monde islamique au Xe siècle / 160
Fès, mosquée al-'Attârîn / 162
La grande mosquée de Qairouan / 164
La grande mosquée de Cordoue, intérieur (Xe siècle) / 168
Mosquée d'Ibn Tûlûn, Le Caire / 185
Plaques pour coffrets en ivoire / 188
Plat en faïence représentant un musicien / 189
Bouteille en verre émaillé / 189
Mosquée al-Azhar, Le Caire / 192
Manuscrit astronomique exécuté à Samarqand pour Ulugh-Beg (XVs siècle) :
représentation de la Grande Ourse / 197
Manuscrit médical turc du XVe siècle : réduction de fracture / 198

La « madrasa bleue » à Sivas (Seldjuqides de Rûm) / 202-203
Boîtes en ivoire sculpté (art hispano-mauresque, XIIe siècle) / 204
Faïence iranienne (XIIe siècle) / 205
Cristal fatimide (Trésor de l'abbaye de Saint-Denis, musée du Louvre) / 205
Tissu à motifs d'oiseaux (XIIe siècle, musée de Cluny) / 206
Tissu (étendard?) du XIe siècle, provenant du Suaire de sainte Anne, à Apt / 207
Tissu persan de soie (Xe siècle) / 208
L'Orient islamique au XIIe siècle / 211
Le château des « Assassins » en Syrie (XIIe siècle) / 217
Le minaret de Djâm, Afghanistan (XIIe siècle) / 219
Détail du minaret de Djâm / 220
Bassin de cuivre (art mésopotamien, XIIe siècle) dit « Baptistère de saint Louis »
(musée du Louvre) / 222
Carreau de faïence polychrome représentant une chasse du roi mythique Bahram Gûr
(art iranien, XIIIe siècle, musée du Caire) / 222
La citadelle d'Alep, art zenghide et ayyubide (Xlle-Xllle siècle) / 224
Mihrab de la mosquée de Kashan (Iran, XIIIe siècle) / 227
Art des Seldjuqides de Rûm (Qonya, Asie Mineure) / 228
Bandeaux d'écriture sur la porte d'une mosquée de Qonya / 229
Casque mongol (XIVe siècle) / 230
Mosquée de Tinmal, berceau des Almohades / 233
La Giralda de Séville (art mudejar) / 236
Marrakech : la Kutubyya / 237
Nidge (Turquie) : le tombeau de la Princesse (art seldjuqide) / 238
Troupeau de chameaux; peinture du manuscrit des séances de Hariri
(Bagdad, XIIIe siècle) / 240
Miniature de l'histoire Universelle de Rashîd ad-Dîn
(XIVe siècle) représentant le siège de Bagdad par Hulagu / 242
Types de porte et de fenêtre de mosquée (art mamluk / 243
Art mamluk : mihrab et minbar de la mosquée du Sultan Hasan / 244
Le Caire : tombeaux des Califes / 245
Lampe de mosquée en verre émaillé avec inscription décorative / 246
Mosquée de Veramin (Iran, époque mongole) : brique cuite et céramique / 248
Un cortège à la Cour des Mongols, peinture de l'Histoire de Rashîd ad-Dîn
(Manuscrit de la Bibliothèque Nationale, Paris) / 250
Le Gur-Emir, tombeau de Timur, à Samarqand / 253
Miniature d'un traité d'histoire naturelle persan : guépard (XIVe siècle) / 254
Alexandre devant la dépouille de Darius, miniature persane du XVe siècle / 255
Tapis persan, détail (début XVIe siècle) / 256
La cour des lions de l'Alhambra de Grenade / 260
Faïence hispano-mauresque / 261
Amulette égyptienne en plomb / 263

 


INTRODUCTION

Au VIIe siècle de notre ère, il y avait plus de deux cents ans que, dans sa moitié occidentale, l'Empire romain et la culture qu'il représentait s'étaient effondrés sous les coups des Germains. Empire et culture survivaient cependant dans leur moitié orientale, hellénisée, en dépit des coups des nomades jaunes et des Slaves en Europe, en dépit de la guerre sans cesse recommencée qui en Asie les opposait aux Sassanides, héritiers, de la mer d'Aral à l'Iraq par l'Iran, des empires antiques. Les Perses venaient d'occuper jusqu'aux côtes méditerranéennes de la Syrie et de l'Égypte, et si les Romains d'Orient, que nous appelons les Byzantins, les avaient enfin repoussés, les deux États étaient épuisés de l'effort désespéré qu'ils avaient fourni. C'est alors que parut l'Islam.

La naissance et l'essor de l'Islam ont l'apparence d'un prodige. Un peuple jusqu'alors presque inconnu s'était unifié dans l'élan d'une religion nouvelle. Il conquérait en quelques années tout l'Empire sassanide et, sauf l'ouest de l'Asie Mineure, toutes les provinces asiatiques et africaines de l'Empire byzantin, et attendant d'y ajouter la plus grande partie de l'Espagne, la Sicile et, temporairement, d'autres postes en terre d'Europe. Il frappait aux portes de l'Inde et de la Chine, de l'Éthiopie et du Soudan occidental, de la Gaule et de Constantinople; les États les plus anciens s'écroulaient et, du Syr-Darya au Sénégal, les religions établies s'inclinaient devant une nouvelle venue qui est celle, aujourd'hui, de quelque trois cents millions d'hommes. La civilisation nouvelle issue de ces conquêtes allait compter parmi les plus brillantes et devait être à maints égards l'éducatrice de l'Occident, après avoir elle-même recueilli en la vivifiant une large part de l'héritage antique. Depuis treize siècles, dans la guerre ou dans la paix, l'histoire musulmane est constamment mêlée à la nôtre, nos civilisations ont grandi sur le même fond originel, et si ce que nous en avons fait a fini par diverger profondément, la comparaison ne peut que nous aider à mieux nous comprendre les uns et les autres. Pour toutes ces raisons, et non seulement parce que, comme c'est le cas pour l'Inde et la Chine, un homme du XXe siècle ne saurait rester étranger à aucune des familles de la commune humanité, il est indispensable que l'histoire du monde musulman occupe dans notre culture une place considérable; indispensable que nous triomphions d'une conception de la civilisation qui serait attachée à des peuples, à des espaces privilégiés; que nous sachions qu'avant saint Thomas, né en Italie, il y avait eu Avicenne, né en Asie centrale, et les mosquées de Damas et de Cordoue avant les cathédrales de France ou d'Allemagne; indispensable que nous oubliions la mésestime où nous avons pu tenir les peuples musulmans contemporains en raison d'un effacement d'ailleurs peut-être passager en face d'une Europe aux progrès galopants de culture et de puissance; indispensable cependant aussi que, évitant un excès inverse, nous ne regardions plus l'histoire musulmane au travers de je ne sais quel mirage des Mille et une nuits, épisode exotique, extraordinaire, révolu, objet de nostalgie vague, mais comme un morceau de l'histoire humaine, diverse certes selon les lieux et les époques, mais au total tout de même largement une et solidaire.

L'historien, cependant, se doit de prévenir le lecteur qu'en l'état actuel des choses il ne peut lui être fourni de l’histoire musulmane un tableau aussi poussé que de l'histoire européenne. D'une part, à d'insuffisantes exceptions près, nous manquons pour le Proche-Orient d'un équivalent à ces documents d'archives sur la base desquels s'édifie l'histoire du Moyen Age européen, et l'abondance de la littérature ne saurait y suppléer. D'autre part, qu’il s'agisse des « orientalistes » européens, forcément d'abord linguistes avant d'être historiens, et dont les préoccupations ont parfois été infléchies par les conditions de la politique ou des curiosités intellectuelles « occidentales » plus que par la considération des besoins d'une étude complète de l'Orient pour lui-même; ou qu'il s'agisse des savants « orientaux », qui aujourd'hui seulement s'éveillent à la conscience des exigences qu'impliquent les enquêtes historiques conçues dans un esprit moderne : pour ces deux ordres de raison, le travail est, pour l'Orient, en retard d'un siècle sur ce qu'il est pour l'Occi-dent. Il est indispensable d'essayer de combler l'intervalle qui sépare les deux volets d’une histoire où l'on ne devrait pas avoir à distinguer entre « orientalistes » et, si l'on me passe le mot, « occidentalistes ». Mais, en attendant qu'il le soit, nous devons dire simplement au lecteur que l'image de l'Islam que nous lui fournirons reste relativement incomplète et, plus que toute autre, provisoire.



1.

Les arabes avant l'Islam

Si les Arabes n'avaient joué dans ('Antiquité qu'un rôle trop marginal pour que l'attention de l'historien s'y porte clairement sur eux, on prend conscience, une fois qu'au vil’ siècle ils ont forcé cette attention, qu'ils n'étaient tout de même complètement ni des étrangers ni des nouveaux venus. Depuis au moins un millénaire et demi, ils habitaient dans cette péninsule Arabique à laquelle leur nom était lié. Il n'est pas douteux qu'en un passé reculé celle-ci avait présenté un paysage plus riant que de nos jours, où elle constitue dans sa presque totalité l'un des plus redoutables déserts de notre planète. Peut-être au début de notre ère les oasis y restaient-elles un peu plus nombreuses, un peu moins chétives. En gros cependant l'Arabie était déjà le pays d'élection des nomades chameliers à vastes parcours, assez semblables à ce que sont restés les Bédouins modernes, leurs descendants les plus purs. Il faut quand même distinguer de la grande masse du territoire, où il n'est introduit de diversité qu'entre les déserts de sable et les arides plateaux basaltiques, certaines franges, au contact de la Syrie et de la Mésopotamie au nord, en Oman à l'est et surtout au Yémen au sud-ouest, où les hauts reliefs et le contact de la mousson entretiennent une humidité autorisant une végétation et des cultures étrangères au reste de l'Arabie, oasis mises à part. Des travaux d'irrigation, dont le plus fameux est la digue de Ma'rib au nord du Yémen, étendaient la mise en valeur de ces terroirs favorisés.

Dans la société arabe des premiers siècles de notre ère, il y a donc lieu de distinguer plusieurs éléments. Dans les développements historiques que nous allons avoir à exposer, les nomades n'auront pas le rôle essentiel ; ils forment cependant la masse de la population. Cependant il existe une population agricole dans les zones favorisées, et un petit nombre de villes agricoles ou marchandes. La connaissance générale de cette société est nécessaire à l'historien de l'Islam non seulement parce qu'il est né en Arabie, mais parce que la connaissance de la société préislamique commande celle de la société islamique dans une proportion plus forte qu'il ne serait vrai d'autres civilisations. Par une contradiction apparente dont rend compte une sorte de mystique raciale en même temps que la nécessité, pour comprendre les textes sacrés de l'Islam, de connaître la langue et les traditions de l'Arabie ancienne, les musulmans n'ont pas cessé de considérer le temps de I' « Ignorance » comme l'âge d'or de l'arabisme, celui dans lequel les vertus de la race s'étaient le plus décisivement épanouies. Au surplus, l'action de Mahomet ne peut se comprendre, soit qu'il ait sanctionné certains usages, soit qu'il en ait condamné d'autres, sans une connaissance de la société où ils étaient en vigueur.

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Claude Cahen

L’islam ;
des origines au début de l empire ottoman

Bordas

Bordas
Histoire universelle 714
L’islam 1
Des origines au début de l’empire ottoman
Claude cahen
Professeur à la Sorbonne

© Bordas 1970, 140701503
© Fischer Bücherai GabH, Frankfurt am Main, 1968

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite.
Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit,
photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre,
constitue une contrefaçon passible des peines prévues
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Photo de couverture : Mahomet Prêchant, manuscrit de Hariri (b.n.).

Printed in France



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