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Images du ciel d’Orient au Moyen Age


Auteur : Anna Caiozzo
Éditeur : Presses de l’Université de Paris-Sorbonne Date & Lieu : 2003, Paris
Préface : Pages : 512
Traduction : ISBN : 2-84050-234-8
Langue : FrançaisFormat : 150x240 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Cai. Ima. N° 2902Thème : Général

Images du ciel d’Orient au Moyen Age

Images du ciel d’Orient au Moyen Age

Anna Caiozzo

Presses de l’Université de Paris-Sorbonne

Les manuscrits proche-orientaux islamiques turcs, arabes et persans nous dévoilent depuis le XIe siècle une iconographie des cieux d’une richesse insoupçonnée où le ciel de l’astronome, le ciel de l’astrologue, celui du mystique et celui du sorcier rivalisent d’imagination, peuplant les sphères de créatures merveilleuses. Si les astronomes arabo-persans ont pérennisé l’iconographie des cieux au Xe siècle, dès le IXe siècle, les astrologues, magiciens et cosmographes, bravant les interdits polythéistes imposés par l’Islam, sauvèrent les divinités planétaires gréco-romaines ou proche-orientales en les métamorphosant en planètes au service d’Allah. L’élaboration de cette iconographie des cieux demeure complexe : héritière de multiples courants historiques, religieux et intellectuels, elle dépasse les horizons du Proche-Orient médiéval.



Table des matières

Remerciements / 5

Préface / 7

Conventions / 9

Introduction / 11

Premiere Partie
Le Ciel de l’Astronome
(Le Zodiaque Astronomique, Héritages, Innovations Et Ruptures) / 29
Chapitre 1. La naissance du zodiaque / 31
I. Les origines lointaines / 31
1. De Sumer à Babylone, l’invention du zodiaque / 31
2. Les apports des mondes grec, égyptien et romanisé / 33
a. La conceptualisation du zodiaque par le monde grec antique et hellénistique (VI‘ - III' siècles av. J.-C.) / 33
b. L’astrologie « chaldéenne » à la conquête du monde romanisé / 35
c. L’Egypte et les décans / 36
II L’iconographie du zodiaque dans le bassin oriental de la Méditerranée / 38
1. Les monuments porteurs d’iconographie zodiacale / 38
a. Les mithraea / 38
b. Les autres monuments / 40
2. Une iconographie canonique fidèle aux sources écrites / 41
3. Les supports iconographiques transportables / 46
a. Les monnaies / 46
b. Les globes célestes / 48
c. Les codex / 49
III. Le zodiaque de Qusayr ‘Amra / 56
1. Le ciel du prince / 56
2. Les signes visibles / 57
3. Les sources d’inspiration du peintre / 58

Chapitre 2. Le zodiaque astronomique d’al-$üfî / 61
I. Le zodiaque des constellations / 61
1. L’invention du zodiaque astronomique / 61
2. Les sources iconographiques d’al-Sûfî / 62
3. Les illustrations des constellations du zodiaque sidéral, ou zodiaque astronomique / 64
II. / La diffusion de l’iconographie du Livre des Etoiles Fixes / 75
L Une tradition iconographique unique ? / 75
2. Les globes célestes / 77
III. La tradition d’al-Sûfî en Occident médiéval / 78
1. En Italie / 79
2. En Espagne chrétienne / 80

Chapitre 3. Les continuateurs : d’al-Qazwînî à Iskandar Sultan / 83
I. La tradition des Etoiles Fixes dans les ‘Ajâ’ib al-makhlüqât en langue arabe / 83
1. La vocation littéraire et les ambitions scientifiques des ‘Ajâ’ib al-makhlüqât 83
2. Les manuscrits illustrés d’al-Qazwînî en arabe / 85
a. Le Codex Monac. arab. 464 de Munich (1280) / 86
b. Le Ms. B.L. Or 14.140, Londres, XTV' siècle / 86
c. Le Sarre Qazwïnï / 86
d. Le Ms. E. 7 de Saint-Pétersbourg et les autres copies tardives / 87
e. Le Ms. n °128 de Dublin / 90
II. Les Anthologies scientifiques d’Iskandar Sultan / 92
1. Les princes tïmürides et l’étude du ciel / 92
2. Des manuscrits à vocation scientifique / 92
Chapitre 4. Du trône de Salomon à celui de Khusraw :
une relecture de l’horloge à eau d’al-Jazarï / 97
I. Al-Jazarï, un ingénieur au service des princes artuqides / 97
II. L’horloge à eau dans les diverses copies du Kitâb Sma‘rifât al-hiyal al-handasiyya / 98
III. Les filiations mythiques / 103

Conclusion / 107

Deuxieme Partie
Le Ciel de l’Astrologue ou L’invention Du Zodiaque Astrologique / 111
Chapitre 1. Les éléments à la source d’une nouvelle iconographie / 115
I. La constitution de la science astrologique / 115
1 La conception astrologique du zodiaque / 115
a. Les précurseurs / 115
b. L’astrologie hermétique : une clef pour comprendre l’univers / 116
2. La formation d’une astrologie islamique : Abü Ma'shar, le père fondateur de l’astrologie arabo-persane / 117
3. Zodiaque et planètes : les liens établis par l’astrologie
entre les astres et les constellations / 120
a. La signification du zodiaque astrologique / 120
b. Les planètes / 122
c. Les liens entre signes du zodiaque et les planètes / 123

II Les brassages religieux et culturels et les origines ésotériques de l’iconographie du zodiaque et des planètes : à la recherche des foyers d’élaboration de l’iconographie astrologique / 127
1. La Haute Mésopotamie, foyer multiséculaire de croyances
et de cultes planétaires / 128
a. Harrân, centre d’un culte aux planètes / 128
b. Le culte aux planètes des Harraniens / 129
c. Le panthéon harranien / 131
d. Zodiaque et planètes dans la Ghâyat al-Hakîm / 135
2. Les sectes mésopotamiennes des adorateurs des planètes / 137
3. Sectes et religions importées en Haute Mésopotamie / 137
a. Le zurvanisme / 137
b. Les mazdakiens / 138
c. Des inconnus adorateurs des planètes, aux croyances voisines de celles des Harraniens / : / les Sipasiens / 139
d. Les religions venues de l’Inde et leur rôle / 139

Chapitre 2. L’iconographie des planètes au XHI' siècle ou la métamorphose des divinités planétaires / 143
I. Les sources iconographiques à thèmes astrologiques antérieures aux miniatures / 143
1. Le rôle des métaux dans l’élaboration et la diffusion
d’une iconographie astrologique. / 144
a. Les monnaies / 144
b. Vaisselles et objets décoratifs / 146
2. Les thèmes astrologiques dans les décors d’architecture / 148
II. Les planètes dans les manuscrits arabes et persans des XII1 et XIII1 siècles / 150
1. Une miniature astrologique, le frontispice du Kitâb al-dityâq, Livre de la Thériaque, Paris, Ms. B.n.F. Ar. 2964 (595H./1199) / 150
2. Les planètes du Daqâ’iq al-haqâ’iq (Paris, B.n.F., Ms. Pers. 174) / 153
3. La première cosmographie enluminée d’al-Qazwînî : le Codex Monac. 464
(Iraq, 1280 env.) et les manuscrits postérieurs / 158
a. Les fonctions des planètes dans les ‘Ajâ’ib al-makhlüqât d’al-Qazwînî / 158
b. Les copies arabes postérieures, problèmes de datation et filiation iconographique / 162
III. Les représentations des planètes dans les miniatures et les métaux : essai d’interprétation / 165
1. La Lune, al-Qamar / 167
2. Mercure, al-‘Utârid / 171
3. Vénus, al-Zuhara / 174
4. Mars, al-Mirrikh / 176
5. Soleil, al-Shams / 182
6. Jupiter, al-Mushtarî / 186
7. Saturne, al-Zuhal / 189
Chapitre 3. Les prémisses du zodiaque astrologique / 199
I. Les zodiaques décoratifs / à connotation astrologique / 199
1. Les métaux / 199
a. Monnaies / 199
b. Vaisselles en métal / 200
2. Décors architecturaux / 206
II. Les miniatures représentant de nouveaux types de zodiaques / 207
1. Le folio du Daqâ’iq al-haqâ’iq (Paris, Ms. B.n.F. Pers. 174, XIII' siècle) / 207
2. Le Kitâb Sma‘rifat al-hiyal al-handasiyya / 209
III. Entre zodiaque astronomique et zodiaque astrologique, les séries mixtes ? / 210
Chapitre 4. La huitième planète : al-Jawzabar, le dragon des éclipses de Lune / 213
I. Signification astrologique et magique du dragon / 213
1. Chez les Hindous : Râhu et Ketu / 213
2. L’ouroboros, symbole du temps / 214
3. Dans l’astrologie arabo-persane / 214
II Racines et origines mythologiques du Dragon / 215
1. Aux époques babyloniennes archaïques / 215
2. Dans le milieu turco-chinois / 216
3. Le dragon dans l’art chrétien oriental / 217
III. Les représentations du Dragon, pseudo-planète, dans l’art islamique 218
1. La planète al-Jawzahar : le double dragon affronté / 219
a. En architecture / 219
b. Dans les miniatures / 221
c. Dans les métaux / 222
2. La matérialisation des nœuds de Lune en domicile dans les signes : les étrangetés iconographiques des signes des Gémeaux et du Sagittaire / 223
a. Les Gémeaux / 224
b. Le Sagittaire / 224
3. Les nœuds en forme de cœur décorant le corps du dragon / 225
a. Un symbole intemporel du serpent et du dragon / 225
b. Un symbole magique et apotropaïque / 225
c. Un motif décoratif ou astrologique ? / 226

Conclusion / 229

Troisieme Partie
Le Triomphe Du Zodiaque Astrologique et des Planètes Associées Dans Les Encyclopédies et les Ouvrages de Vulgarisation / 231
Chapitre 1. Le zodiaque astrologiqueJes signes conjugués aux planètes : l’exemple d’un zodiaque astrologique d’al-Şûfi, le Kitâb Şuwar al-rawaj wa kawâkib (Istanbul, T.S.K., Ms. Revan 1707) / 235
Chapitre 2. Les copies illustrées du Kitâb al-mawâEd d’Abü Ma'shar et les diverses formes d’association entre signes et planètes / 239
I. Planètes, signes et décans conjugués dans le Kitâb al-bulhân d’Oxford / 240
1. Les planètes en domicile dans les signes / 240
2. Les décans / 248
a. Origine et descriptif des décans dans les textes astrologiques arabes / 248
b. La survivance des décans d’Abü Ma'shar dans quelques manuscrits occidentaux / 249
c. Décans et signes du zodiaque / 251
3. Apogée (exaltation) et périgée (chute) / 251

II Signes, décans, hudûd / 257
1. Le Kitâb al-mawâlïd de la Bibliothèque de Sarajevo et de la Keir Collectionl 098 / 258
2. Le Kitâb al-mawâltd de la Bibliothèque nationale de France (Paris, Ms. B.n.F. Ar. 2583) / 261
Chapitre 3. Le triomphe de la série mixte dans les cosmographies en persan 271
I. Une anthologie scientifique princière / 273
II Les cosmographies en persan et leurs illustrations / 274
1. Les manuscrits tïmürides / 275
a. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Shirâz, Rabï‘ I, 824H. Mars 1421, Istanbul, T.S.K., Revan 1660 (Annexes 5 et 6 n°l) / 275
b. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran (?), 825H./1422, Istanbul, Süleymaniyye, Fatih 4171 (Annexes 5 et 6 n°2) / 276
c. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, 1440 environ, Manchester, John Rylands Library, Ryl. Pers. 37 (ex Bland) (Annexes 5 et 6 n°4) / 277
d. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, Shirâz, 845H. 1441, Londres, B.L., Add. 23.564 (Annexes 5 et 6 n°3) / 279
e. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Herât, 893H. 1488, Paris, B.n.F., Sup. Pers. 1781 (Annexes 5 et 6 n°5) / 280
f. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, 14 Shawwâl 906H./1497, Istanbul, Süleymaniyye, Fatih 4172 (Annexes 5 et 6 n°ll) / 280
g. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, 909H./1503-04, Londres,
B.L., Or. 12.220 (Annexes 5 et 6 n°12) / 282
2. Les manuscrits turkmènes / 282
a. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran occidental (?) ; 1480-1490 (?) ; Oxford, Bodleian Library, Or. Laud 132 (Annexes 5 et 6 n°6) / 283
b. Tuhfat al-gharâ’ib, Tabriz ? 897H./1492, Vienne, Ô.N.B., N.F. 155 (Annexes 5 et 6 n°7) / 284
c. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Shirâz, 1495, Istanbul, T.S.K., Revan 1659 (Annexes 5 et 6 n°8) / 286
d. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, fin XV‘, Londres, B.L., R.A.S Morley 178 (ex Luan 11) (Annexes 5 et 6 n°9) / 286
e. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, fin XVe, Paris, B.n.F., Supplément persan 2051 (Annexes 5 et 6 n°10) / 286
3. Quelques manuscrits séfévides / 287
a. Al-Qazwïnï, ‘Ajâ’ib al-makhlüqât, Iran, 952H. 1545, Dublin, Chester Beatty', Ms. Pers. 212 (Annexes 5 et 6 n°13) / 287
b. Tuhfat al-gharâ’ib, Iran, 1576, Vienne, Ô.N.B., Codex Mixt 324 (Annexes 5 et 6 n°14) / 287
III. La constitution de types simplifiés : zodiaque et planètes des cosmographies / 287
1. La particularité des planètes dans les cosmographies / 287
a. La Lune / 287
b. Le Soleil / 288
c. Mercure / 290
d. Vénus / 291
e. Mars / 292
f. Jupiter / 293
g. Saturne. / 294
2. De la simplification du zodiaque à l’abstraction des formes / 297
a. Le Bélier / 297
b. Le Taureau / 298
c. Le Capricorne / 298
d. Le Cancer / 298
e. Le Lion / 299
f. Le Scorpion / 299
g. Les Poissons / 300
h. Les Gémeaux / 300
i. Le Sagittaire / 304
j. La Vierge / 305
k Le Verseau / 309
1. Un objet particulier et son porteur : la Balance / 310
3. Zodiaque et planètes tïmûrides — zodiaque et planètes turkmènes / 311
4. Une évolution décisive des formes du zodiaque / 313

Conclusion / 315

Quatrieme Partie
Le Ciel Du Magicien Et Du Sorcier / 317
Chapitre 1. Zodiaque, planètes et talismans / 321
I. Les talismans des signes du zodiaque / 321
II. Planètes et talismans / 326
Chapitre 2. Un zodiaque particulier : les mansions lunaires, une iconographie problématique / 331
I. Les mansions lunaires dans quelques textes magiques / 331
II Jinns et anges des mansions lunaires du Daqâ’iq al-haqâ’iq (Ms. B.n.F. Pers. 174) / 338
III. Les mansions lunaires du Kitâb al-mawâlîd d’Abû Ma'shar / 340

Conclusion / 347

Annexes / 357
Annexe 1 : Les zodiaques d’époque romaine (I“ - IIe siècles ap. J.-C.) / 358
Annexe 2 : Le zodiaque dans le Kitâb ff ma‘rifat al-hiyal al-handasiyya d’al-Jazarï / 360
Annexe 3 : L’image des planètes dans les métaux / 362
Annexe 4 : Le zodiaque dans les métaux du Proche-Orient médiéval (XII' - XV' siècles) / 364
Annexe 5 : Caractéristiques iconographiques des planètes dans quelques cosmographies en persan (XV' - XVI'siècles) / 372
Annexe 6 : Caractéristiques iconographiques du zodiaque dans quelques cosmographies en persan (XV' - XVI' siècles) / 379
Annexe 7 : Description des planètes dans quelques textes astrologiques (XI' - XIII' siècles) / 391
Annexe 8 : Quelques associations des planètes aux éléments du microcosme selon le principe des analogies / 398
Annexe 9 : Quelques associations du zodiaque aux éléments du microcosme selon le principe des analogies / 405
Table des figures au trait / 411
Table des planches photographiques couleur / 427
Tables des photographiques en noir et blanc / 431
Bibliographie / 433
I. Sources iconographiques et littéraires consultées / 433
1. Manuscrits / 433
a. Manuscrits orientaux / 433
b. Manuscrits latins à peintures / 436
2. Métaux / 436
II. Sources publiées / 437
1. Sources iconographiques orientales / 437
2. Sources iconographiques occidentales / 440
3. Sources archéologiques / 440
a. Architecturales / 440
b. Métaux / 441
4. Sources littéraires publiées / 444
a. Grecques / 444
b. Latines et espagnoles / 444
c. Syriaques / 445
d. Sources arabes / 445
e. Sources en persan et ancien persan / 447
f. Autres / 448

III. Etudes / 448

Index / 469

Table des matières / 479

PREFACE

Ce livre s’adresse tout d’abord aux amateurs d’art islamique, puis aux connaisseurs des images du ciel, antiques et médiévales, tant orientales qu’occidentales, et enfin, au delà, à tous ceux qui prennent plaisir à une plongée dans l’univers spirituel d’un certain Moyen Age, familier ou plus lointain, qui pose le monde comme régi par des forces immatérielles, conception selon laquelle les corps terrestres sont reliés aux astres et soumis à leur domination.
Le rôle de modèle assigné à l’iconographie astrale de l’islam dans la genèse de l’iconographie astronomique et astrologique du Moyen Age et de la Renaissance occidentales, notamment au début de ce siècle par Aby Warburg et Fritz Sax1, a été récusé par la suite, et récemment encore, par Dieter Blume, au bénéfice du postulat d’un modèle intellectuel et visuel classique, dominant et omniprésent, en Orient comme en Occident. Anna Caiozzo, à son tour, remet l’apport du monde islamique à la place qui semble, après tout, lui revenir de droit, non sans démontrer, en revanche, dans une certaine iconographie orientale, des influences spécifiques indubitablement chrétiennes.
Anna Caiozzo distingue les trois facettes du ciel d’Orient : celle de l’astronome, celle de l’astrologue et celle du magicien. Ce livre accorde tout d’abord une attention soutenue à l’œuvre astronomique de ‘Abd al-Rahmân al-Sûfî et de ses successeurs, qui surent dresser une carte du ciel, à vocation essentiellement didactique, où les étoiles sont comprises comme des réalités qu’il s’agit de connaître et de désigner par des noms précis, dont il faut comprendre les lois de parcours. Les images appartenant à cette catégorie suivent des traditions classiques.
Le ciel de l’astrologue est la scène de forces mystérieuses. Les astres, zodiacaux et planétaires, y apparaissent comme entités vivantes et mouvantes, détenteurs de forces obscures, destructrices ou bénéfiques, intermédiaires entre le monde terrestre et Dieu. Le fonds mystique propre à l’hermétisme néoplatonicien, aux mystérieuses sectes harraniennes et aux « Frères de la Pureté » s’exprime visuellement dans l’imagerie céleste de l’astrologue, puis du magicien. Dans cette vision, les puissances astrales sont des émanations — entachées d’imperfections — de forces supérieures, et finalement de l’instance suprême, Dieu. Ce sont des médiateurs entre le monde terrestre et le Un.
Le ciel du magicien enfin est comparable à celui de l’astrologue, mais l’homme, ici, utilise sa connaissance des puissances médiatrices, anges ou démons stellaires, pour capter leur attention et infléchir leur action.
L’un des intérêts principaux de ce livre est d’avoir su définir les attributions, les caractéristiques et les limites de ces trois différentes appréhensions du ciel étoilé médiéval du Proche-Orient, qu’elles soient parallèles, complémentaires ou successives. Cette imagerie astrale complexe — à première vue souvent rébarbative, car modeste et répétitive — est déchiffrée ici à l’aide d’une érudition étendue, fondée sur la connaissance des images et des sources textuelles. Les images associées aux astres depuis des temps immémoriaux — de l’Inde jusqu’à l’Egypte — étaient peut- être à l’origine de simples moyens mnémotechniques, mais assurément elles étaient surtout les focalisations de mythes et légendes qui, à leur tour, influençaient les images. Images et légendes connaissent, à travers leurs pérégrinations, des variations aussi bien de leur aspect visuel que du contenu de leur cortège épique. Ce livre essaie de démêler la pelote de leurs formes et de leurs significations. Le regard attentif d’Anna Caiozzo offre, pour cette passionnante aventure, un excellent guide, dont l’érudition n’est jamais aride et dont la lecture est agréable.

Marianne Barrucand

Introduction

Le ciel d’Orient fut représenté dans les manuscrits orientaux illustrés dès le début du XIe siècle et il inaugure de ce fait la miniature arabo-persane1. On trouve de fort belles représentations des constellations dans les collections de manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France, et en particulier dans quelques copies d’époque médiévale du Livre des Etoiles Fixes, première table d’étoiles illustrée en Iran. L’auteur, l’astronome persan ‘Abd al-Rahmân al-Sûfï (903-986 ap. J.-C.)2, alors au service du souverain büyide ‘Adud al-Dawla, détermina la forme que les constellations devaient revêtir dans ses ouvrages.
Parmi les copies médiévales du Livre des Etoiles Fixes conservées à Paris, se trouve l’une des plus célèbres et des plus raffinées dans son exécution, le manuscrit B.n.F. Ar. 5036, qui appartint au prince astronome tîmüride Ulugh Beg (1394-1449), fils de Shah Rukh, petit-fils de Tïmür Leng, et son probable commanditaire, alors gouverneur du Khurâsân. Elle fut sans doute réalisée à Herât vers 1440. La copie d’Ulugh Beg présente sous forme de miniatures le ciel des étoiles fixes, dans lequel on recensait à l’époque quarante-huit constellations. Ce type d’iconographie relève d’une démarche qui peut aujourd’hui être qualifiée d’astronomique, étant donné l’usage que l’on faisait de ces copies qui, toutes, comportent des tables positionnant les étoiles, ainsi que leur description détaillée : localisation sur la figure de la constellation de référence, degré d’intensité (ou magnitude) et taille (ou grandeur). Elles servaient indubitablement à soutenir ou à enseigner l’observation de la sphère céleste.
Les représentations du ciel ne se limitent pas au domaine astronomique. En parcourant d’autres manuscrits orientaux à peintures de l’époque médiévale, arabes et persans principalement, on s’aperçoit que leurs auteurs privilégient, parmi les quarante-huit constellations, les douze d’entre elles qui forment le zodiaque. On les retrouve dans les cosmographies en arabe et en persan, telle la cosmographie des ‘Ajâ’ib al-makhlüqât d’al-Qazwînî, dans les horoscopes, dans les manuscrits d’astrologie ou de littérature pseudo-scientifique (diverses anthologies), ainsi que sur …

1. Le terme « persan » ne désigne pas ici la langue mais l’origine géographique des auteurs qui écrivaient soit en arabe, soit en persan ; en revanche la dénomination « manuscrit persan » ou « manuscrit arabe » désignera la langue dans laquelle ledit manuscrit a été rédigé.
2. La présente publication sur la représentation des cieux fait suite à une recherche effectuée dans le cadre d’un Doctorat Nouveau Régime portant sur « L’iconographie du zodiaque dans les manuscrits d’astronomie, d’astrologie et de littérature pseudo-scientifique du Proche-Orient médiéval (turcs, arabes et persans) », thèse soutenue en 1998 à l’Université de Paris IV-Sorbonne, sous la direction de Madame Marianne Barrucand. Le sujet proposé a lui-même été inspiré par une étude iconographique précédente du Livre des Etoiles Fixes de ‘Abd al-Rahmân al-Sûfï, dans le cadre du Diplôme d’Etudes Approfondies en Histoire de l’Art (Université de Paris IV, 1992).

…..


Anna Caiozzo


Images du ciel d’Orient au Moyen Age

PUP Paris-Sorbonne

Presses de l’Université de Paris-Sorbonne
Images du ciel d’Orient au Moyen Age
Une histoire du zodiaque et de ses représentations
dans les manuscrits du Proche-Orient musulman
Anna Caiozzo

Images du ciel d’Orient au Moyen Age

Collection Islam dirigée par Marianne Barrucand
Dans la même collection :
L’Égypte fatimide

Illustrations de couverture :
Les signes du zodiaque, dessins d’après le manuscrit Laud Or. 132,
Oxford, Bodleian Library

© Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003
1, rue Victor Cousin - 75005 Paris

ISSN : 1299-5541
ISBN : 2-84050-234-8

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