Presse - Iran 1983
FIDH
Compte d’auteur
L'avènement de la République Islamique d'Iran a marqué la fin de la Savak de triste mémoire.
Cet organisme, police secrète du Shah d'Iran, était en fait responsable des tortures dont des centaines d'opposants à la politique de ce monarque furent victimes sous son régime.
La disparition de la Savak n'a pas pour autant mis fin à la pratique de la torture en Iran.
Loin s'en faut.
Elle fut immédiatement remplacée par la Savama (c'est-à-dire :"Sang de Dieu" en Persan), dont l'organisation fut confiée au Général Sojdehi, principal adjoint du Général Nassiri, qui était responsable de la Savak.
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PRESENTATION
Au début du mois de Juin 1983, la F.I.D.K. était avertie de l'exécution, à la prison d'Ourmiah, de 59 personnes (garçons et filles) âgées pour la plupart de 16 à 25 ans.
Selon les informations qui nous avaient alors été communiquées ces 59 personnes n'avaient commis aucun crime ou délit.
Tout au plus, pouvait-il être reproché à quelques-unes d'être militantes du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (P.D.K.I.) qui combat pour "La Démocratie en Iran et l'Autonomie du Kurdistan".
Ces peines capitales auraient été décidées au cours de procès sommaires, d'une durée de quelques minutes, par un Mollah tout dévoué à la cause de la République Islamique et faisant fonction de "Juge impartial et indépendant".
Toujours selon les informations qui nous parvenaient d'Iran, des centaines de civils appartenant à la minorité Kurde vivant dans ce pays, étaient emprisonnés, torturés, exécutés, alors que dans le même temps, de très nombreux villages étaient bombardés ou attaqués, provoquant ainsi l'exil de milliers de paysans.
Sous le régime du Shah d'Iran, la F.I.D.H. avait eu, à plusieurs reprises, la possibilité d'envoyer des observateurs enquêter sur la situation des Droits de l'Homme dans ce pays.
Depuis l'instauration de la République Islamique, toutes les demandes présentées aux Autorités de Téhéran ont été systématiquement refusées.
Devant la gravité des informations qui lui étaient rapportées, la F.I.D.H. décidait de mandater un observateur afin d'aller
Enquêter sur les conditions d'application de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme au Kurdistan Iranien par :
- 1°) Le Gouvernement de la République Islamique d'Iran.
- 2°) Le Parti Démocratique du Kurdistan Iranien, en lutte armée contre le Gouvernement de Téhéran, dans les territoires qu'il contrôle. (Conditions de détention et traitement des prisonniers appartenant à l'armée iranienne ou Passedars)
Compte-tenu du refus du Gouvernement Iranien d'accorder un visa aux représentants des Organisations Humanitaires, une telle mission ne pouvait, par définition, qu'être limitée sur un plan géographique.
Pour les mêmes raisons, elle ne pouvait porter sur les violations des Droits de l'Homme commises dans d'autres régions de l'Iran, ou à l'égard d'autres minorités (telles les Bahai's) ou mouvements politiques (tels les Moujahedin) même si la F.I.D.H. en est également particulièrement préoccupée.
Mais un tel rapport aurait été notablement incomplet s'il n'était pas en grande partie bâti autour de témoignages recueillis auprès de ceux qui vivent dans les villes du Kurdistan Iranien (contrôlés par l'Armée ou les Passadars) et qui, soit eux-mêmes, soit leurs proches ont été arrêtés, torturés ou exécutés.
Pour des raisons évidentes, nous ne pouvions pénétrer dans ces villes et notamment, celle de Mahabad d'où étaient originaires les 59 personnes exécutées en Mai 1983 à la prison d'Ourmiah.
Ce sont alors des dizaines d'hommes et de femmes qui sont venues de Mahabad pour nous apporter leurs témoignages, malgré les risques que leur faisait courir une telle démarche, montrant ainsi quelle importance avait à leurs yeux la première mission humanitaire venant enquêter sur la situation des Droits de l'Homme en Iran.
A ces témoignages, s'ajoutent ceux que nous avons pu recueillir dans les nombreux villages que nous avons traversés dans la région de Serdashte-Mahabad où nous avons séjourné plus de trois semaines.
Nous avons enfin visité les deux prisons centrales du P.D.K.I. où nous nous sommes naturellement entretenus avec de nombreux prisonniers.
Ainsi que nous l'avons déjà expliqué, le fait que 1 'Armée Iranienne et les Passedars contrôlent les villes et les routes situées au Kurdistan Iranien (on évalue en effet à plus de 100.000 le nombre des soldats et Passedars engagés sur le front du Kurdistan auxquels s'opposent 12.000 Peshmergas) nous a obligés de cantonner notre mission d'investigation dans les limites que nous avons décrites ci-dessus.
Mais il est évident que la F I D H est prête à organiser une mission générale d'enquête sur la situation des Droits de l'Homme en Iran et à en soumettre les conclusions au Gouvernement de ce pays, dès que celui-ci lui aura fourni les autorisations nécessaires.
I - L'Application de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme par le Gouvernement de la République Islamique d’Iran
A) La Pratique de la Torture et la Situation Dans les Prisons de Mahabad
L'avènement de la République Islamique d'Iran a marqué la fin de la Savak de triste mémoire.
Cet organisme, police secrète du Shah d'Iran, était en fait responsable des tortures dont des centaines d'opposants à la politique de ce monarque furent victimes sous son régime.
La disparition de la Savak n'a pas pour autant mis fin à la pratique de la torture en Iran.
Loin s'en faut.
Elle fut immédiatement remplacée par la Savama (c'est-à-dire :"Sang de Dieu" en Persan), dont l'organisation fut confiée au Général Sojdehi, principal adjoint du Général Nassiri, qui était responsable de la Savak.
La tâche de la faire fonctionner revint principalement aux Passedars qui s'empressèrent de "réembaucher" une bonne partie des tortionnaires de l'ex Savak .
Sans les témoins avec lesquels j'ai pu m'entretenir, qui ont été emprisonné se torturés à la fois sous le régime du Shah d'Iran, puis sous celui de l'Imam Khomeiny, la différence entre la Savak et la Savama réside seulement dans le fait que la torture pratiquée par la Savak était "plus scientifique" alors qu'aujourd'hui, elle repose principalement sur la brutalité et le sadisme des Passadars chargés de "l'interrogatoire"
Et ils ajoutaient que "jamais la Savak n'aurait osé torturer encore moins exécuter autant de femmes et d'enfants, c'était une tradition que même la Savak était obligée de respecter"
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FIDH
Iran 1983
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La Situation des Droits de l'Homme en Iran
Mission d'Enquête au Kurdistan Iranien
(9 Aout - 8 Septembre 1983)
Mission Effectuée Par :
Monsieur Christian Rostoker Avocat à la Cour
Secrétaire Général Adjoint de la FIDH
Rapport
La Situation des Droits de l'Homme en Iran
Mission d'Enquête au Kurdistan Iranien
(9 Aout - 8 Septembre 1983)
Mission Effectuée Par :
Monsieur Christian Rostoker Avocat à la Cour
Secrétaire Général Adjoint de la FIDH