La nuit Kurde
Adieu à l'Asie
Et maintenant, Asie, nous devons nous quitter. Est-ce moi qui le fais? Est-ce toi? Tu es en train de devenir un continent raisonnable, organisé; ton long sommeil t'a rendu la jeunesse; tu t'ébranles pour une nouvelle destinée; et l'on nous assure que la lumière aujourd'hui va venir de toi.
Si cela doit être, que cela soit, et pour le bien de tous.
Pardonne en ce cas l'image que j'ai donnée de toi dans cette fable, et qui n'est plus toi. Il faut une toile au peintre. Quand décidément nous saurons que tu ne la veux plus être, nous chercherons un autre paravent. (Mais comme elle s'étrécit la terre! Qu'ils deviennent rares, les continents de soie!)
De moi-même, d'ailleurs, je m'éloigne de toi, je te dis adieu. J'ai assis Jean de Moravie sur son trône dérisoire, j'ai fait danser les dix Filles sur l'herbe de leur pré, ramené le cavalier kurde auprès de la jeune Nestorienne, entraîné les terriens sur les vagues. Il suffit. Je n'avais plus dessein de poursuivre. Le débris de moi-même que j'ai sauvé des aventures a terminé cette première reconnaissance à travers les cantons de son esprit. Le chant de résurrection est chanté. Je n'ai plus dessein de poursuivre... |