Bulletin d'études orientales, n° VI
Les tribus montagnardes de l'Asie Antérieure Quelques aspects sociaux des populations Kurdes et Assyriennes
On trouvera, dans les pages qui suivent, la matière d'une série de quatre conférences données à l'Institut, des Études Islamiques (Faculté des Lettres de Paris) du 15 au 29, février 1936.
L'objet de ces conférences était d'indiquer et d'illustrer, à l'aide d'exemples caractéristiques, quelques-unes des formes essentielles de la vie tribale chez les populations kurdes et assyriennes du Proche-Orient. Il ne pouvait s'agir que d'une esquisse : l'absence des matériaux indispensables à une étude générale approfondie interdit actuellement, en la matière, toute tentative de synthèse.
On n'a donc pas cherché à développer davantage ici le texte de ces conférences; on s'est borné, à ajouter, sous forme de notes, quelques précisions et quelques références qui n'avaient pu trouver place dans l'exposé oral (1)
(1) Une référence sommaire a été fournie, en principe, pour toute donnée ne provenant pas d'une enquête personnelle directe. Les noms kurdes cités, transcrits selon l'alphabet de la revue Hawar (dont on trouvera l'exposé dans notre étude sur « Trois essais de latinisation de l'alphabet kurde » au tome V de ce Bulletin) sont imprimés en italique; ceux qui sont passés dans l'usage français figurent ici, cependant, sous leur forme courante, avec rappel entre parenthèses, en italique, s'il y a lieu, de la transcription régulière. INTRODUCTION
L'étude des tribus montagnardes de l'Asie antérieure peut présenter un double intérêt : comparaison avec les groupes analogues (Chleuhs et Kabyles) de l'Afrique du Nord, et, par ce moyen, étude plus sûre des formes générales de la vie tribale en montagne; meilleure connaissance des régions du Proche-Orient soumises à notre mandat, et dans lesquelles le voisinage des tribus de montagne et des tribus de steppe accroît encore la complexité des problèmes sociaux.
Cependant la connaissance des tribus montagnardes est beaucoup moins avancée en Orient qu'au Maghreb. Tandis que nous disposons en effet, en ce qui concerne l'Afrique du Nord, de nombreuses monographies consciencieuses, qui ont d'ores et déjà permis l'établissement de synthèses sérieuses, au Levant, nous en sommes réduits presque exclusivement, à des récits de voyageurs souvent pressés, et facilement abusés par leurs informateurs ou par l'apparence de phénomènes qu'ils n'ont pas eu le temps de pénétrer. On trouvera plus loin, à propos des tribus assyriennes et du patriarcat nestorien, un exemple d'une généralisation hâtive de cette sorte, fondée sur l'interprétation imprudente d'un récit de voyageur, et qui fausse depuis longtemps les idées reçues au sujet de ce groupe de chrétiens montagnards d'Orient.
Faute de pouvoir être fondé sur un nombre suffisant de monographies sérieuses, l'exposé qui va suivre ne saurait avoir les caractères d'une étude d'ensemble complète : nous essaierons de discerner, non pas tous les éléments essentiels de la vie des tribus montagnardes d'Orient, mais quelques-uns de ces éléments essentiels, et de préférence les plus négligés ordinairement. Nous nous bornerons à présenter une série d'exemples, d'aperçus aussi caractéristiques que possible, en souhaitant que leur choix soit assez heureux pour faire sentir l'intérêt d'une étude plus poussée de la vie de ces tribus (1).
(1) Nous envisageons d'ailleurs de reprendre prochainement quelques-uns des éléments présentés dans cette esquisse et de les utiliser, d'une manière plus complète et plus systématique, en vue de l'établissement de quelques monographies. Bulletin d'études orientales, n° VI
Pierre Rondot
Les tribus montagnardes de l'Asie Antérieure Quelques aspects sociaux des populations Kurdes et Assyriennes
[Extrait du bulletin d'études orientales de l'Institut français de Damas, t. VI]
Institut français de Damas
Toute la correspondance relative à la rédaction et à l'échange des publications doit être adressée à M. le Secrétaire Général de l'Institut français, au Palais Azem, Damas (Syrie).
Nos collaborateurs sont priés, pour la transcription des noms arabes, d'adopter de préférence les règles du Journal asiatique.
Tous les ouvrages français, arabes ou étrangers adressés à M. le Secrétaire Général de l’Institut français seront mentionnés dans le Bulletin; ils pourront faire l'objet d'un compte rendu.
Les abonnements au Bulletin et le service des Documents sont assurés par les soins de la Librairie E. Leroux, 108, boulevard Saint-Germain, à Paris (VIe). |