Chris Kutschera, né en 1938. Journaliste. Avec sa femme, photographe, il publie, dans la presse française et étrangère, des reportages politiques : le Biafra, 1969 ; le Golfe persique, 1970-1978 ; le Soudan, 1971 ; les Kurdes, 1971-1975 ; le Chili, 1976 ; les Palestiniens, 1976-1978.
Situé aux frontières de la Turquie, de l'Irak, de l'Iran et de la Syrie, le Kurdistan est-il, comme le Biafra ou le Sud-Soudan, un de ces pays condamnés à ne jamais accéder à l'indépendance ?
La population est pourtant beaucoup plus importante - 10 à 15 millions - que celle de nombreux peuples qui ont obtenu leur incdépendance depuis 1945 et sont aujourd'hui membres des Nations Unies.
La situation stratégique du Kurdistan explique peut-être, en partie, l'éhec de ces aspirations nationales : les Kurdes vivent sur un territoire situé en plein cœur du Moyen-Orient pétrolier et liguent contre eux les gouvernements des pays menacés par un éventuel démembrement...
Mais les raisons sont surtout internes au mouvement national. L'auteur qui a eu accès aux archives diplomatiques françaises et britanniques et a interviewé les principaux acteurs du drame kurde, a reconstitué l'histoire mal connue de ce mouvement pour replacer dans une perspective globale les soulèvements, les révoltes et les répressions qui se succédèrent, depuis la fondation des premiers clubs politiques à la veille de la première guerre mondiale, jusqu'à l'effondrement du mouvement du général Barzani.
Effondrement temporaire, car le problème kurde sera, selon l'auteur, la question cruciale des années 1980 au Moyen-Orient.
Table des matires
1er Partie : la naissance du nationalisme kurde
1. - L'émir Bedir Khan, «roi » du Kurdistan / 13 2. - Cheikh Obeidalla de Chemdinan / 17 3. - La fondation des Clubs kurdes / 18 4. - Le clan Bedir Khan / 20 5. - Cherif pacha / 23 6. - Les principaux courants nationalistes kurdes / 27 7. - La scission du mouvement kurde / 31 8. - La recherche d'un « protecteur » / 33
2e Partie : les annees de repression
I. La révolte du Kurdistan turc (1921) / 39 1. - Les Anglais et la révolte kurde / 41 2. - Le plan de Khalil Bedir Khan / 41 3. - L'aide de la Grèce / 42 4. - La décsion de Churchill / 43 5. - La répression /43
II. Simko / 43 1. - La prise de Saouj Boulak (Mahabad) / 46 2. - Simko / 47 3. - Simko et les Anglais / 50 4. - ...et les Turcs / 51 5. - ...et les Russes / 52 6. - La bataille de Miandoab (avril 1922) / 53 7. - La bataille de Shakar Yazi (25 juillet 1922) / 54 8. - La bataille de Sari Tash (août 1922) / 54 9. - L'exil / 54 10. L'accueil de cheikh Mahmoud / 55 11. Les années d'errance / 55
III Les révoltes de cheikh Mahmoud / 56 1. - L'émir Fayçal / 56 2. - Le référendum (août 1921) / 58 3. - Le roi Fayçal et les Kurdes / 59 4. - L'agitation turque au Kurdistan / 61 5. - L'évacuation de Souleimania (1er septembre 1922) / 62 6. - Le retour de cheikh Mahmoud (30 septembre 1922) / 63 7. - Cheikh Mahmoud « roi du Kurdistan » (18 novembre 1922) / 63 8. - La presse kurde pendant le règne de cheikh Mahmoud / 65 9. - La question de Kirkouk / 66 10. - Cheikh Mahmoud et les Turcs / 67 11. - La déclaration britannique de Noël 1922 / 67 12. - L'éviction de cheikh Mahmoud / 68 13. - Le bombardement de Souleimania /69 14. - Les opérations contre Oz Demir / 69 15. - La nomination de Taha à Rowandouz / 70 16. - L'occupation de Souleimania (16 mai 1923) / 70 17. - L'échec du regime des collaborateurs / 71 18. - Le retour de cheikh Mahmoud à Souleimania (11 juillet 1923) / 72 19. - L'Assemblée constituante et le traite d'alliance avec la Grande Bretagne / 74 20. - Les bombardements de Souleimania (mai 1924) / 75 21. - La réoccupation de Souleimania (19 juillet 1924) / 76 22. - Epilogue / 76
IV. La révolte de cheikh Said (1925) 1. - La révolte de cheikh Said / 79 2. - Cheikh Said / 79 3. - Les preparatifs de la révolte / 80 4. - La « main » de l'Angleterre / 81 5. - Le rôle des Soviétiques / 82 6. - L'attitude des notables des villes / 82 7. - Le début de l'insurrection / 83 8. - La chute de Kharpout (26 fevrier 1925) / 83 9. - Le siège de Diarbekir (4-7 mars 1925) / 83 10. - L'extension de la rébellion / 84 11. - L'organisation de la répression / 85 12. - Les opérations militaires contre les Kurdes / 86 13. - La répression/ 86 14. - Les procès / 87 15. - Les suites de la révolte de cheikh Said / 88 16. - L'arrivée des réfugies en Irak / 88 17. - De la répression a l'ethnocide / 89
V. La République kurde de l'Ararat (1927-1931) 1. - La fondation du Khoyboun / 90 2. - Les affrontements de 1927 / 92 3. - L'attitude de l'URSS / 92 4 Ihsan Nouri / 94 5. - L'Ararat / 94 6. - Les négociations de 1928 / 95 7. - Le début des combats / 97 8. - La contre-offensive kurde / 97 9. - Le conflit turco-persan / 98 10. - L'intervention de cheikh Ahmed de Barzan / 99 11. - Le soulèvement de Hadjo / 100 12. - La chute de la République kurde de l'Ararat / 100 13. - L'extension des combats en Perse (printemps 1931) / 101 14. - Les forces en présence / 102 15. - Première phase des opérations persanes / 102 16. - Seconde phase (juillet 1931) / 103 17. - La coalition irako-turco-persane contre les Kurdes / 104 18. - La « solution » turque du problème kurde / 104
VI. Dernières révoltes de cheikh Mahmoud 1. - La campagne de 1925 / 106 2. - Les opérations de 1926 / 106 3. - Les négociations avec Cornwallis (9 octobre 1926) / 107 4. - L'essor des sociétés kurdes au Kurdistan Irakien / 108 5. - Les émeutes de Souleimania (6 septembre 1930) / 109 6. - Le soulevement de cheikh Mahmoud (novembre 1930) / 110 7. - Dernière campagne contre cheikh Mahmoud / 112
VII. Cheikh Ahmed de Barzan / 113 1. - Cheikh Ahmed et la révolte de l'Ararat / 115 2. - Les affrontements avec cheikh Rachid de Lolan / 116 3. - Première campagne contre cheikh Ahmed (décembre 1931) / 117 4. - Deuxième campagne (février 1932) / 117 5. - Troisième campagne (mars 1932) / 117 6. - L'enlisement (avril 1932) / 118 7. - L'opération finale (juin 1932) / 118 8. - La rébellion de Mohammed Saddik et de moulla Moustafa Barzani / 119
VIII. La révolte du Dersim 1. - Le plan de « dékurdification » d'Abeddin Ozmen / 121 2. - La loi de 1937 / 121 3. - Seyid Reza / 122 4. - Le « manifeste » de seyid Reza / 123 5. - Les premiers troubles (1936) / 124 6. - Les causes immédiates du soulèvement de 1937 / 124 7. - La répression du soulèvement / 125 8. - Les pourparlers / 125 9. - Influence et assassinat d'Ali Sher / 126 10. La fin des opérations / 127 11. L'arrestation de seyid Reza / 128
3e Partie : la lutte pour l'independance
I. Premieres révoltes de Barzani et la naissance des partis / 133
1. - La fondation de « Hewa » / 135 2. - L'évasion de Barzani (13 juillet 1943) / 136 3. - Premières négociations / 136 4. - La rupture / 137 5. - Barzani et les Anglais / 138 6. - La correspondance Barzani-Cornwallis / 139 7. - La médiation de Majid Moustafa / 140 8. - La « soumission » de Barzani à Bagdad / 142 9. - La non-application des promesses / 142 10. - Nouri Saïd et les Kurdes / 143 11. - La trêve (juin 1944 - juin 1945) / 144 12. - La campagne de 1945 / 145 13. - Frictions anglo-irakiennes / 146 14. - Première offensive irakienne / 146 15. - Nouveaux échecs irakiens / 147 16. - La défection de Mahmoud agha Zibari / 147 17. - L'offensive finale (octobre 1945) / 148 18. - Les répercussions internationales du conflit / 148 19. - Barzani et le parti « Hewa » / 149 20. - L'éclatement de « Hewa » / 151 21. - Le Parti communiste irakien (PCI) et la question kurde / 152 22. - L'arrivée de Barzani en Iran. Premiers contacts avec les Soviétiques / 153
II. Les Soviétiques au Kurdistan iranien et la république de Mahabad
1. - Mahabad / 153 2. - La famille de Qazi Mohammed / 155 3. - Entre Soviétiques et Anglais / 155 4. - Les Anglais, les Kurdes... et les Soviétiques / 156 5. - Qazi Mohammed et les Soviétiques / 157 6. - Le premier voyage à Bakou des notables kurdes (novembre 1941) / 157 7. - Les répercussions internationales du voyage de Bakou / 158 8. - Les craintes des Turcs / 159 9. - Les répercussions locales du voyage de Bakou / 159 10. - Rivalité locales / 160 11. - Les troubles de Rezaieh (avril-mai 1942) / 161 12. - La conférence d'Ouchnou / 162 13. - Les manœuvres de Qazi Mohammed / 163 14. - La fondation du « Komala » / 164 15. - La fondation du « Parti démocratique du Kurdistan » (PDK) / 167 16. - Le second voyage à Bakou / 168 17. - La proclamation de la république (22 janvier 1946) / 169 18. - L'armée de Mahabad et les Barzanis / 171 19. - La crise azerbaïdjano-kurde / 172 20. - La trêve (mai-septembre 1946) / 175 21. - Le président Qazi Mohammed / 175 22. - Mahabad sous la république / 178 23. - Ultimes négociations / 179 24. - La chute de la république de Mahabad (17 décembre 1946) / 180 25. - Le procès de Qazi Mohammed /181 26. - Les causes de la chute de la république de Mahabad / 182 27. - Le sort des compagnons de Barzani / 183 28. - La longue marche des Barzanis vers l'exil en URSS / 184
III. Le Parti démocratique du Kurdistan iranien depuis la chute de la république de Mahabad jusqu'à la révolution irakienne (1958)
1. - Le KKK et le PDK / 186 2. - Le PDK sous Mossadegh / 186 3. - Le divorce du PDK avec le Toudeh / 187 4. - Les comités de Mahabad et de Sanandaj / 187 5. - Le comitée central de 1954 / 188 6. - Le programme du PDK iranien en 1956 / 188
IV. Le PDK irakien de sa fondation (1946) à la révolution de 1958
1. - Le retour des Barzanis en Irak / 190 2. - La création d'un parti kurde « irakien » / 191 3. - Le 1er congrs du PDK irakien (16 août 1946) / 192 4. - Le PDK irakien sans Barzani / 193 5. - Barzani en URSS (1947-1958) / 194 6. - La radicalisation du PDK / 196 7. - Le PCI et la question kurde / 198 8. - Le PDK et la « section du kurdistan » du PCI / 199 9. - Le PDK avant la révolution de 1958 / 199
V. De la révolution irakienne (1958) à la rupture avec Kassem
1. - L'espoir / 200 2. - L'essor de la presse kurde / 200 3. - Les ambiguïtés du nouveau régime / 201 4. - Le retour d'exil du général Barzani / 203 5. - Qui etait Barzani ? / 203 6. - Le projet de congrès pankurde de Barzani / 204 7. - Le soulvèment de Mossoul (8 mars 1959) / 205 8. - Now Rouz 1959 / 206 9. - Le manifeste du PDKU (mai 1959) / 207 10. Le soulèvement des chefs kurdes de Rowandouz (mai 1959) / 208 11. La détéroration des relations Barzani-Kassem / 209 12. - Les causes de la rupture avec Kassem / 210 13. - Bilan / 212
VI. La guerre de Kassem
1. - Le début des hostilités / 214 2. - L'attitude du PDK / 214 3. - Premières défaites kurdes / 215 4. - Le PDK et l'organisation de la résistance / 216 5. - Les relations entre Barzani et le PDK / 217 6. - Les intellectuels du PDK / 217 7. - Les contradictions du mouvement kurde / 219 8. - La question de l'autonomie / 219 9. - Barzani et le jeu des puissances / 220 10. Les opérations / 224 11. La chute de Kassem / 226 12. - La chasse aux comrnunistes / 227 13. - La reaction des Kurdes / 228
VII. Premier interlude (fevrier-juin 1963)
1. - Premiers contacts / 229 2. - Le président Nasser et la question kurde / 229 3. - Tergiversations irakiennes / 230 4. - La rencontre de Kani Maran (4 mars 1963) / 231 5. - Les revendications de Barzani / 232 6. - Les illusions / 233 7. - Le double jeu de Bagdad / 233 8. - La dégradation des relations de Barzani avec les baasistes / 234
VIII. La première guerre du Baas (juin-novembre 1963)
1. - Le projet irakien de décentralisation administrative / 235 2. - Le début des operations (9 juin 1963) / 236 3. - La guerre du Baas / 236 4. - L'arabisation / 237 5. - Les opérations militaires / 237 6. - L'intervention syrienne / 238 7. - L'attitude de Nasser / 239 8. - L'attitude des pays occidentaux / 239 9. - Les prises de position de l'URSS / 240 10. L'éviction des baasistes (novembre 1963) / 242
IX. Deuxième interlude (février 1964 - avril 1965). La crise de 1964
1. - Le cessez-le-feu du 10 février 1964 / 244 2. - Les raisons de Barzani / 245 3. - Le divorce PDK-Barzani / 246 4. - La conférence du PDK (avril 1964) / 247 5. - L'entrevue Barzani-Taher Yahya (juin 1964) / 248 6. - La rupture avec le PDK / 250 7. - Ibrahim Ahmed en Iran / 251 8. - Les conséquences de la crise de 1964 / 251 9. - Le durcissement de Barzani vis-à-vis de Bagdad / 252 10. - Le « bastion kurde » / 253
X. La guerre d'Aref (avril 1965 - juin 1966)
1. - Le début des hostilités /254 2. - Les relations de Barzani avec les Iraniens / 255 3. - ... et le Chah ! / 256 4. - Premiers incidents irano-irakiens / 257 5. - La filière des armes / 258 6. - Le ralliement des talabanistes / 258 7. - La bataille de Hendrin (mai-juin 1966) / 259 8. - L'accord du 29 juin 1966 / 259
XI. Troisième interlude (juin 1966 - janvier 1969)
1. - Le général Aref et la question kurde / 261 2. - Barzani et la guerre des Six Jours (juin 1967) / 262 3. - Le prix de l'aide du chah / 263 4. - L'éviction du général Abdel Rahman Aref (17 juillet 1968) / 264 5. - Les Kurdes et le Baas / 264 6. - L'aide iranienne / 266
XII. La deuxième guerre du Baas (printemps 1969 - mars 1970)
1. - Le raid sur Kirkouk / 267 2. - L'offensive du printemps 1969 / 268 3. - La rivalité irano-irakienne / 268 4. - Le triangle Iran-Irak-Kurdistan / 268 5. - Le noyau des fidèles / 269 6. - L'offensive d'été 1969 / 271 7. - L'intervention iranienne (septembre 1969) / 272 8. - Les négociations / 273 9. - Le rôle de Saddam Hussein / 273 10. - L'accord du 11 mars 1970 / 275
XIII. La longue trêve (mars 1970 - mars 1974)
1. - Le début d'application des accords / 277 2. - Premiers nuages / 278 3. - La crise de 1971 / 279 - Le problème des Kurdes iraniens en Irak / 279 - Les incidents de Barzan / 279 - La tentative d'assassinat contre Barzani / 280 4. - Le chah d'Iran et l'accord du 11 mars 1970 / 281 5. - Ultimes médiations soviétiques / 281 6. - L'accord avec la CIA et le Chah / 282 7. - La détérioration des relations de Barzani avec Bagdad / 284 8. - La drôle de paix en 1973 / 285 9. - Le front national (juillet 1973) / 286 10. - Le général Barzani et le conflit israélo-arabe / 287 11. - Les projets de statut pour le Kurdistan / 288 12. - Le Kurdistan entre l'autonomie, l'indépendance... et le néant / 289 13. - Hoveyda et la question kurde / 292 14. - De la drôle de paix à la guerre / 293 15. - Histoire d'une rupture / 294 16. - Dernière tentative d'Idriss à Bagdad / 295 17. - L'ultimatum / 296 18. - Les dernières propositions de Barzani / 297 19. - Les responsabilités / 298
XIV. La troisième guerre du Baas (mars 1974 - mars 1975)
1. - Les collaborateurs kurdes / 301 2. - Les opérations militaires / 302 3. - L'offensive de printemps (avril 1974) / 302 4. - L'offensive d'été (juillet-août 1974) / 303 5. - Le ralliement de la population kurde et l'exode des réfugiés / 304 6. - L'offensive d'automne (septembre-octobre 1974) / 306 7. - La mise en place des institutions « autonomes » / 307 8. - Les derniers beaux jours du mouvement du général Barzani / 308 - Le cabinet kurde / 308 9. Le revers de la médaille / 311 - Un nouveau Biafra ? / 311 - Les défaillances de la resistance kurde / 314 10. - L'intervention iranienne / 316 11. - Le poids de l'aide iranienne / 318
XV. L'accord d'Alger (6 mars 1975) et l'effondrement fınal / 319
1. - Le rôle des présidents Sadate et Boumediène / 322 2. - Le sommet de l'OPEP et l'accord du 6 mars 1975 / 323 3. - Les clauses officielles de l'accord / 325 4. - Les clauses secrètes / 325 5. - Les Kurdes devant l'accord du 6 mars 1975 / 326 6. - Le general Barzani et les accords du 6 mars / 327 7. - Les derniers jours de la résistance kurde / 328 8. - L'effondrement de la résistance / 329 9. - Le sauve-qui-peut général / 330 10. La fin / 331
4e Partie : bilan et perspectives
I. Le mouvement kurde en Turquie de 1958 à 1975
1. - Le PDK de Turquie / 338 2. - Les Kurdes et le Parti ouvrier de Turquie (P.O.T.) / 338 3. - La crise de 1967 / 339 4. - La scission du PDK de Turquie (1969) / 340 5. - Les Foyers culturels révolutionnaires de l'Est - 341 6. - Les opérations de commandos / 341 7. - Le P.O.T. et la question kurde / 342 8. - La répression apres le coup de force de 1971 / 343
II. Le PDK iranien de 1958 à 1976
1. - Le virage à droite du PDK iranien (2e congrès) / 344 2. - L'insurrection de 1967-1968 / 345 3. - La deuxième conférence du PDK / 346 4. - De la 3e conférence (juin 1971) au 3e congrès (septembre 1973) / 346 5. - Le PDK iranien dans la rivalité irako-iranienne / 347 6. - Le PDK iranien après le 11 mars 1974 / 348 7. - ...et après l'accord du 6 mars 1975 / 348
III. La situation en Irak en 1976
- L'engrenage de la répression / 349
Conclusion - Les leçons de l'échec de Barzani / 352 - Le complexe du château fort / 352 - Les frontières du mouvement national kurde / 353
Notes / 357 Bibliographie / 377 Index - / 381
INTRODUCTION
Peuple dispersé dans cinq pays différents - la Turquie, l'Iran et l'Irak essentiellement, et accessoirement la Syrie et l'U.R.S.S. -, les Kurdes forment une des nations les plus contestées de l'histoire.
Leur nom même n'est pas reconnu partout : en Turquie, le mot « kurde » est proscrit, et les Kurdes sont désignés sous le nom d'Anatoliens de l'Est !
Leur nombre est partout l'objet de débats interminables : selon les auteurs kurdes, la population kurde serait d'environ 14 millions, répartis entre le Kurdistan turc (6 millions), le Kurdistan iranien (5,5 millions) et le Kurdistan irakien (2,5 millions), sans compter 1 million de Kurdes dispersés hors du Kurdistan. Pour les divers gouvernements des pays concernés, ces chiffres sont terriblement « gonflés »... En l'absence de recensements récents fiables, il est impossible de trancher ce débat.
Les limites géographiques du Kurdistan sont aussi contestées : en Irak, la frontière entre le Kurdistan et l'Irak arabe suit la ligne des crêtes qui séparent la plaine de Mésopotamie des montagnes du Kurdistan - mais quinze ans de guerre n'ont pas permis aux Kurdes de le faire reconnaître par le gouvernement de Bagdad !
En Iran, la province administrative du Kurdistan ne recouvre qu'une fraction du Kurdistan iranien.
En Turquie, le Kurdistan... n'existe pas !
Mais pour les Kurdes, le « Grand Kurdistan » va de la mer Méditerranée au golfe Persique.
Et pourtant, avec leur langue, leur culture, leur religion, leurs traditions, les Kurdes forment une des nations les plus anciennes du Moyen-Orient.
Peuple sans patrie, les Kurdes restèrent longtemps un peuple sans historiens !
Et les premières légendes sur les origines des Kurdes sont rapportées par des écrivains arabes, turcs et persans.
Pour le géographe Abou Ishak el Farsy, qui écrivit au Xe siècle de notre ère : « Ce sont effectivement des gens qui habitent dans nos contrées, mais qui sortent de la catégorie de l'espèce humaine : on a rassemblé des fragments du monde entier, que l'on a pétris, et dont on a formé le Kurde ! »
Selon une légende, citée par l'historien arabe Masoudi, dans les Prairies d'or, les Kurdes seraient les descendants des enfants des esclaves du roi Salomon et de... Satan ! Reléguées dans des montagnes lointaines, les concubines infidèles et impies, qui avaient cédé aux avances du Diable, y donnèrent le jour à des « enfants qui se marièrent, se multiplièrent, et donnèrent le jour à la race des Kurdes ».
Selon une autre légende, les Kurdes seraient les descendants des victimes d'un tyran extrêmement cruel, Zohak, qui gouverna la Perse à une époque reculée : ayant sur ses épaules deux chancres qui « levaient la tête comme des serpents », Zohak souffrait de douleurs atroces qu'aucun médecin ne sut soulager jusqu'au jour où Satan, lui apparaissant sous la forme d'un médecin, lui dit que la seule façon de soulager ses douleurs consistait à panser chaque jour ses chancres avec les cervelles de deux jeunes adolescents.
Le vizir chargé de préparer cet abominable remède réussit à épargner chaque jour un adolescent en mélangeant une cervelle humaine à celle d'un bélier. Ceux qui échappèrent ainsi à la mort allèrent fixer leur demeure « sur la crête des montagnes les plus désertes et entièrement inhabitées... Comme ils eurent soin pendant un temps infini de fuir avec horreur et d'éviter le commerce des hommes et la fréquentation des villes, ils se créèrent un langage et un idiome particuliers ».
D'emblée, les Kurdes sont donc vus par leurs voisins comme un peuple à part - le mythe du peuple de parias, issu de Satan, alternant avec celui du peuple de proscrits en butte à l'oppression la plus abominable.
Les Kurdes vivent aujourd'hui sur un territoire habité depuis la plus haute Antiquité - c'est près de Rowandouz, en Irak, qu'a été découvert dans la grotte de Shanidar le squelette du premier homme de Neanderthal -, et les historiens, archéologues et linguistes n'ont pas encore élucidé à quelle époque le mot « kurde » apparaît pour la première fois.
Les Kurdes sont-ils les descendants des Carduques cités par Xénophon dans la retraite des Dix Mille, ou des Cyrtiens, qui apparaissent pour la première fois en 220 avant Jésus-Christ ?
Sont-ils descendants des Mèdes, comme l'affirment volontiers leurs « cousins » persans actuels ? Ou s'agit-il d'un peuple autochtone, coloré par les vagues d'invasions qui ont balayé ce carrefour entre l'Asie et l'Europe ?
Le débat reste ouvert.
L'histoire des Kurdes est mieux connue à partir de leur islamisation par les troupes du calife Omar. Islamisation qui ne se fit pas sans peine : les chroniques arabes relatent en détail les révoltes kurdes qui se succédèrent pendant trois siècles, de l'occupation de Takrit, en 637, jusqu'à l'avènement des premières dynasties kurdes historiques : les Chaddides régnèrent de 951 à 1174 en Transcaucasie, les Hassanwayhides de 960 à 1015 sur ce qui est aujourd'hui le sud du Kurdistan iranien, et les Merwanides de 990 à 1096 sur la région de Diarbekir.
Saladin (1138-1193), fondateur de la dynastie ayyoubide, était kurde par son père, mais jamais son empire, qui s'étendit jusqu'en Égypte, ne revêtit un caractère kurde.
Au XIIIe siècle, les hordes mongoles déferlent sur le Kurdistan : elles sont à Chahrizour en 1247, à Diarbekir en 1252, à Kermanchah et Erbil en 1257, au Hakkiari et à Djéziré en 1259 ; le Kurdistan sombre dans la violence pour deux siècles et demi !
Et il faut attendre les premières années du XVIe siècle - avec la bataille de Tchaldiran (1514) - pour assister à une renaissance kurde : profitant de la rivalité qui allait dresser pendant quatre siècles le sultan ottoman contre le chah de Perse, les Kurdes affirment peu à peu leur autonomie par rapport aux pouvoirs centraux d'Istanboul et de Téhéran. C'est de cette époque - âge d'or de la féodalité kurde - que date le Charaf Nameh (1596), premier livre d'histoire kurde écrit (en persan) par un Kurde, le prince Charaf al Dine de Bitlis.
Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, le Kurdistan allait rester le champ clos des rivalités turco-persanes, la frontière entre la Turquie et la Perse se déplaçant d'est en ouest et d'ouest en est à travers le Kurdistan, au gré des batailles et des traités.
Le traité de 1639 marque la fin d'une période d'expansion persane et, bientôt, presque tous les Kurdes sont sous la souveraineté ottomane. Un siècle plus tard, le traité de 1732 consacre un nouveau déplacement de la frontière, vers l'ouest, sous Nadir Chah, qui arrive aux portes de Bagdad. Mais un nouveau traité, en 1736, rétablit les frontières de 1639.
A l'aube du XIXe siècle, lorsque va apparaître ce phénomène tout à fait nouveau au Kurdistan qu'est le nationalisme, la société kurde n'a pratiquement pas évolué par rapport à celle qu'a décrite Charaf al Dine en 1596.
Dans des châteaux comparables aux châteaux féodaux du Moyen Age européen, des seigneurs de lignée plus ou moins ancienne gouvernent une population de paysans kurdes, kurdisés et chrétiens, à l'aide de tribus guerrières sédentaires, nomades ou semi-nomades. Dans ce pays de montagnes, sans voies de communications, le monde et le loyalisme des seigneurs et des paysans kurdes s'étendent rarement au-delà des limites de leur vallée.
Quelques seigneurs arrivent à fonder des principautés, plus ou moins autonomes, mais les mots « État » et « Nation » n'existent alors pas dans la langue kurde.
En 1975, après avoir obtenu l'autonomie et frôlé l'indépendance, les Kurdes ont à nouveau sombré dans le néant de l'oppression.
Ce n'est certainement pas faute de courage, mais peut-être, en partie, faute d'histoire !
Tout mouvement national se nourrit d'un certain passé, souvent amplifié et embelli : c'est autour d'une histoire commune que se forge une nation. Le dit compte autant que le vécu, le mot que la balle. Mais les Kurdes n'ont pas d'histoire : les « pechmergas » du général Barzani ne savaient rien de l'émir Bedir Khan, ni de cheikh Obeidalla, héros malheureux de l'indépendance kurde.
Les intellectuels kurdes qui ont rallié le général Barzani ne savaient rien des fondateurs des premiers clubs kurdes de Constantinople. Et celui qui étudie les révoltes kurdes de 1921, 1925, 1927, 1930, 1937, a l'impression d'être un archéologue cherchant les rares débris d'une civilisation vieille de cinq mille ans !
Certes, les Kurdes ont des excuses : une répression plus que centenaire a systématiquement tout fait pour éliminer toute trace écrite de l'histoire de la nation kurde.
Mais les Kurdes ne peuvent pas nier une certaine part de responsabilité : après la paix de 1970, les Kurdes irakiens n'ont pas su, ou voulu, profiter de l'occasion extraordinaire qui s'offrait à eux de faire enfin un immense travail d'information historique.
Mais peut-être est-ce parce que l'histoire doit être, aussi, critique.
Une étude approfondie de l'histoire du mouvement national kurde depuis le début du XIXe siècle - but auquel aspire ce livre, malgré ses lacunes et ses défauts - aurait certainement permis aux dirigeants et aux cadres de la dernière révolte kurde d'éviter de répéter un certain nombre d'erreurs qui jalonnent, hélas, l'histoire de ce qui reste des révoltes.
Quoi qu'en disent les partisans du général Barzani, la « révolution » kurde reste à faire. Et son manifeste à écrire !
Chris Kutschera
Le mouvement national kurde
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