Voyages en Perse

JEAN CHARDIN
VOYAGES EN PERSE
1664-1680

De toutes les narrations de voyages, aucune n'a eu un succès aussi soutenu et aussi mérité que celle dont Chardin est l'auteur. Les nombreuses réimpressions de ce livre, depuis l'édition originale de 1686, celles qu'on a publiées même de nos jours, prouvent le degré d'intérêt qui s'attache à la lecture de cet ouvrage. Bien que la Perse ait subi de grandes modifications et ne soit plus telle qu'au moment où Chardin l'habitait, il est cependant une foule d'observations de ce voyageur qui sont vraies encore aujourd'hui, et tous -ceux qui ont vu ce pays depuis lui, ont unanimement rendu hommage à la justesse et à la profondeur de ses remarques, à la variété de ses connaissances, à sa véracité.

Né à Paris, en 1622, Jean Chardin était à peine âgé de vingt-deux ans, lorsqu'en 1644 il entreprit son premier voyage pour les opérations commerciales de Son pire, riche joaillier' de la capitale. A cette époque, il demeura en Perse six années, pendant lesquelles il étudia ce pays sous tous ses aspects et acquit une connaissance approfondie de la langue. En 1670, il revint en France ; mais son séjour fut de courte durée, car il était à Ispahan à la fin de juin 1672. 11 né quitta définitivement la Perse qu'en 1678, et vint alors se fixer à Londres, où Charles II lui donna des titres, des décorations, et le nomma même ambassadeur près les États de Hollande. Il passa le reste de sa vie tranquille et honoré , et termina ses jours le 26 janvier 1713. Chardin a réuni dans un même ouvrage lé résultat de ses observations; mais il n'a publié de relation que sur son second voyage. Voici son début :

« En 1671 , quinze mois après mon premier voyage aux Indes, je partis de Paris, en compagnie de M. Raisin, mon associé, pour retourner dans ces contrées lointaines, afin d'étendre mes connaissances sur les langues, sur les moeurs, sur les religions, sur les arts, sur le commerce et sur l'histoire des Orientaux; je désirais attssi travailler à l'établissement de ma fortune. Je songeai donc à retourner aax Indes, où, sans sortir déma Condition de marchand, je ne pouvais manquer' de satisfaire ime anibitioù m'odérée, puisque lès Souverains eux-mêmes s'y livrent au commerce.

« Le rôi de Perse m'avait nommé son marchand par des lettres patentes de 1666, et m'avait chargé dé faire confectionner en France plusieurs bijoux de prix; mon pèrô me fournit les moyens de remplir ma commission. »...