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Le crépuscule ottoman


Auteur :
Éditeur : Éditions Privât Date & Lieu : 2002-01-01, Toulouse
Préface : Pages : 370
Traduction : ISBN : 2-7089-5611-6
Langue : FrançaisFormat : 150x225 mm
Code FIKP : Liv. Fr. Bar. Cre. 1357Thème : Histoire

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Le crépuscule ottoman

Le crépuscule ottoman

Roland Bareilles

Éditions Privât

Dans mes souvenirs d’enfance, je n’avais jamais oublié cette vieille carte de géographie, un peu mystérieuse, reléguée au fond d’un tiroir dans le bureau de mon père. On y voyait, simplement tracés à la main, deux ou trois rivières, des villes aux noms étranges et de jolis dessins aux crayons de couleur. Vingt ans plus tard, alors que je résidais à Bagdad, je me trouvais un jour de passage à Paris chez mes parents et le hasard me fit tomber sur cette vieille carte. Je l’ouvris et je fus stupéfait en lisant les noms de Kirkouk, Kayara, Baba-Gourgour, Tuz- Kourmatou... J’ignorais presque tout des questions pétrolières, mais j’étais déjà familiarisé avec ces sites qui comptent parmi les hauts lieux du fabuleux patrimoine pétrolier de l’Irak. En examinant encore la carte, je vis que les « jolis dessins » représentaient des courbes de niveau et des formations géologiques. Intrigué, j'interrogeai mon père. « Oh ! me dit-il, ce n’est rien... une vieille histoire... ton grand-père avait obtenu la concession de pétroles d’Irak... mais finalement l’affaire n’a pas abouti. » Il ne m’en dit jamais plus et, loin d’assouvir ma curiosité, il l’avait attisée davantage. Quel homme était donc mon grand-père ? Je résolus de le savoir.

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PRÉFACE

Mon cher Roland,

Dès l’adolescence, tu savais garder un secret. Après tant d’années, j’en découvre la preuve. Lorsque nous étions condisciples au lycée Janson-de-Sailly, tu ne m’as jamais dit un seul mot de Bertrand Bareilles, ton extraordinaire grand-père. Je gage que, dans la classe de philosophie de M. Pierre Salzy - nous l’entourions d’une vénération identique -, aucun de nous ne pouvait exciper d’un tel aïeul. Je songe à certains qui, dans un tel cas, n'auraient pas observé une telle discrétion!

À part les spécialistes du Proche-Orient, qui ont nécessairement dépouillé en bibliothèque ses ouvrages et ses articles, qui connaissait Bertrand Bareilles? Or nous découvrons un jeune Français, né sans père et dans l’extrême pauvreté mais orientaliste hors de pair, chargé soudain par Abdul Hamid, le fameux « Sultan rouge », de l’éducation du prince héritier et de plusieurs de ses autres fils.

L’irruption de ce petit Gascon en chaussures à clous à la cour ottomane est déjà par elle-même un conte oriental. Et la suite, donc! Traité en quasi-ami, couvert d’honneurs et de présents par le sultan, ton grand-père nourrissait deux ambitions: assurer une présence française dans cet Orient difficile qui alarmera de Gaulle et la soutenir - comme il voyait juste! - par l’expansion de notre langue dans la région. Au moment où s’ouvrait, au Proche-Orient, une compétition acharnée pour la conquête des fabuleux gisements pétroliers de Mésopotamie, tu le montres ulcéré par la méconnaissance - hélas délibérée - dans laquelle demeurait la France à l’égard de cet enjeu primordial pour l’avenir. Nous le voyons se jeter dans une aventure apparemment insensée et, triomphant d’innombrables obstacles, obtenir pour lui-même la concession que son pays avait méprisée! Qu’il n'ait pu aller plus loin n’est pas pour nous étonner: c'est une quasi-loi française.

D'évidence, il fallait que nous découvrions le regard si aigu, si lucide dont Bertrand Bareilles a enveloppé la cour ottomane, les détenteurs du pouvoir turc aussi bien que l'opposition grandissante qui déjà se préparait à le battre en brèche. Il fallait que nous sachions qu'un Français, au début du xxe siècle, avait tout prévu - je dis bien : tout - de ce qui aujourd’hui se déroule sous nos yeux. Nul ne l’aurait fait aussi bien que toi, cher Roland, seul à disposer d'incomparables archives familiales et de cette chance insigne: avoir connu ce grand-père, ton héros.

Alain Decaux de l’Académie française



Avant-propos

Dans mes souvenirs d’enfance, je n’avais jamais oublié cette vieille carte de géographie, un peu mystérieuse, reléguée au fond d’un tiroir dans le bureau de mon père. On y voyait, simplement tracés à la main, deux ou trois rivières, des villes aux noms étranges et de jolis dessins aux crayons de couleur. Vingt ans plus tard, alors que je résidais à Bagdad, je me trouvais un jour de passage à Paris chez mes parents et le hasard me fit tomber sur cette vieille carte. Je l’ouvris et je fus stupéfait en lisant les noms de Kirkouk, Kayara, Baba-Gourgour, Tuz- Kourmatou... J’ignorais presque tout des questions pétrolières, mais j’étais déjà familiarisé avec ces sites qui comptent parmi les hauts lieux du fabuleux patrimoine pétrolier de l’Irak. En examinant encore la carte, je vis que les « jolis dessins » représentaient des courbes de niveau et des formations géologiques. Intrigué, j'interrogeai mon père. « Oh ! me dit-il, ce n’est rien... une vieille histoire... ton grand-père avait obtenu la concession de pétroles d’Irak... mais finalement l’affaire n’a pas abouti. » Il ne m’en dit jamais plus et, loin d’assouvir ma curiosité, il l’avait attisée davantage. Quel homme était donc mon grand-père ? Je résolus de le savoir.

Dix années de minutieuses recherches m’ont fait découvrir un personnage étonnant. Derrière l'aimable professeur, le paisible helléniste, byzantinologue et turcologue, l'amoureux d’histoire et d’archéologie, il y avait le lutteur fougueux et passionné prêt à se jeter dans toutes les aventures. De fait, pendant les vingt-cinq dernières années du règne d’Abdul Hamid, mon grand-père s’est trouvé mêlé de près ou de loin, comme témoin et parfois comme acteur, aux rivalités, aux intrigues et aux tragédies qui ont marqué le régime impérial. Il ne lui avait pas suffi de fréquenter les chefs clandestins des révolutionnaires Jeunes-Turcs, de se lier d’amitié avec les princes impériaux en disgrâce, de s’impliquer dans la rivalité des émirs de La Mecque et les problèmes du khédive d’Égypte, de prendre fait et cause pour les Arméniens en détresse ...

 




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