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Mustafa Kemal


Auteur :
Éditeur : Complexe Date & Lieu : 1983, Bruxelles
Préface : Pages : 224
Traduction : ISBN : 2-87027-180-0
Langue : FrançaisFormat : 110x175 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Dum. Mus. 269Thème : Politique

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Mustafa Kemal

Mustafa Kemal

Paul Dumont

Complexe

Novembre 1918. Pour les pays de !'Entente, la guerre est finie. En fait, une guerre bien plus longue, celle qui opposera les peuples dominés ou colonisés aux impérialismes occidentaux, commence.

Dès 1919, l'Europe, occupant l'Empire ottoman déjà dépecé, recontrera l'opposition farouche d'un général turc de 38 ans. La lutte que mène Mustafa Kemal contre les puissances victorieuses, est exemplaire. Elle témoigne de ce que peut la volonté d'une nation lorsqu'un grand souffle l'anime: chasser l'envahisseur, mais aussi jeter le passé par dessus bord et bâtir sur les ruines d'un empire une République laïque et progressiste.

La Turquie nouvelle qui succède en 1923 à celle des sultans a pour ambition principale de vivre libre, indépendante et tournée vers le modernisme. D'emblée et pour de nombreux peuples à la recherche de leur identité, la révolution kémaliste sera une référence et un prototype: une grande partie des démarches accomplies depuis et jusqu'à aujourd'hui, par les Etats musulmans et afro-asiatiques découle de l'expérience kémaliste.

Comment un général isolé, désavoué par le Sultan, éloigné des instances politiques turques traditionnelles, à la tête d'une troupe de soldats épuisés par quatre années de guerre, a-t-il réussi à s'opposer efficacement à deux des plus grandes puissances d'Europe, à la France et à l'Angleterre, et à accomplir une révolution qui a fortement contribué à façonner le visage d'une large partie du monde?

Paul Dumont n'a pas seulement brossé le portrait d'un des conducteurs d'hommes les plus fascinants de ce siècle. A côté de Mustafa Kemal il fait revivre ses lieutenants, ses adversaires, et tout un peuple en quête d'un avenir meilleur, écartelé entre sa fidélité à ses traditions ancestrales et l'impérieuse nécessité dans laquelle il se trouve d'emprunter à l'Occident les armes de sa renaissance.

Chargé de recherches au CNRS, secrétaire de rédaction de la revue Turcica, Paul Dumont a publié de nombreux travaux sur l'histoire politique et sociale de la turquie moderne et contemporaine. Il a notamment consacré'\me série d'article, dans Les Cahiers du Monde russe et soviétique (Paris), à l'étude des mouvements socialistes et communistes en Anatolie dans les premiers temps de la révolution kémaliste. Ses recherches actuelles portent, entre autres, sur la franc-maçonnerie ottomane et, dans un autre registre, sur le rôle de l'lslam dans la Turquie d'aujourd'hui.



Du Meme Auteur

Anthropologie du conscrit fronçais (en collaboration avec
Emmanuel Le Roy Ladurie et Jean-Paul Aron) Mouton, 1972.
Les Mouvements socialistes dans l'Empire ottoman
(en collaboration avec Georges Haupt), Gozlem-lstanbul, 1977.
La Turquie et la Fronce à l'époque d'Atatürk
(sous la direction de l'auteur, en collaboration avec Jean-Louis Becqué-Grammont),
collection Turcica - ADET, 1981.
Traductions: Sabahattîn Ali, Youssouf le Taciturne,
Publications Orientalistes de France, 1977.

 

 



L'ALLEMAGNE GAGNERA LA GUERRE

Il signe Parvus 1. En ce mois d'août 1914, il est un de ceux qul plaident avec le plus de véhémence, dans la presse turque, en faveur de l'entrée en guerre de l'Empire ottoman aux côtês de l'Allemagne.

Son argumentation - inspirée par les services de propagande de la Wilhelmstrosse - est simple. La Turquie, explique-t-11 dans ses articles2, se trouve en présence de deux ennemis héréditaires: la Russie et le Royaume-Uni. Ce que les Russes veulent depuis toujours. c'est mettre la main sur İstanbul et les Détroits. L'Angleterre, de son côté, ne songe qu'à trouver de nouveaux débouchés pour ses produits manufacturés et n'a jamais fait mystère de son intention d'imposer son hégémonie à l'Empire ottoman. Par contre, les Turcs n'ont rien à craindre de l'Allemagne. De toutes les grandes puissances, celle-ci est la seule à avoir systématiquement défendu les intérêts de l'Islam et de l'Empire ottoman au cours du dernier demi-siècle. La Turquie doit savoir tirer profit des circonstances et intervenir dans la guerre afin de faire échec aux visées impérialistes de l'Angleterre et de la Russie. Dotée d'une technologie et d'un potentiel économique supérieurs à ceux des puissances de !'Entente. l'Allemagne ne peut que sortir victorieuse du conflit. Et, bien entendu, au jour de la victoire. la Turquie sera récompensée. Elle pourra récupérer les provinces de Kars, Ardahan et Batoum cédées à l'Empire tsariste par le traité de Berlin :1, s'étendre dans le Caucase et en Asie Centrale, s'implanter à nouveau dans ses anciennes possessions d'Afrique. Ses créanciers - essentiellement la France et l'Angleterre - se verront obligés de renoncer à leurs avoirs. En outre, le gouvernement du Kaiser l'aidera à s'industrialiser et à développer son économie.

Propagande peu subtile, mais qui cadre assez bien avec les vues des hommes au pouvoir à Istanbul. En fait, au moment où paraissent les articles de Parvus, le Grand Vizir Saîd Halim Pacha et le ministre de la Guerre Enver Pacha ont déjà signé un traité secret avec l'Allemagne. Pour l'heure, le gouvernement ottoman fait encore mine de vouloir garder la neutralité. Mais il ne s'agit pour lui que de gagner le temps nécessaire à l'achèvement de ses préparatifs militaires.

L'engrenage infernal sera déclenché dès le 10 août, avec l'arrivée dans les Dardanelles de deux croiseurs allemands, le Gœben et le Breslau, poursuivis depuis la Sicile par la flotte anglaise. Arguant de la neutralité de l'Empire ottoman, Londres a exigé que les deux navires soient reconduits dans les eaux internationales ou tout au moins internés. La Sublime Porte a répliqué à cette demande en annonçant que le Gœben et le Breslau venaient d'être vendus à la Turquie et qu'ils faisaient désormais partie de la flotte du Sultan. Une manœuvre dont personne n'est dupe: l'Empire ottoman se prépare de toute évidence à entrer en guerre.

Le 7 septembre, le gouvernement d'Istanbul décrétera l'abolition des capitulations", infligeant un coup sévère aux intérêts économiques des puissances de !'Entente. C'est un pas de plus dans l'escalade de la provocation. Le reste suivra selon un enchaînement inéluctable: 26 septembre, ...




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