Le kalâm gourani sur LE CAVALIER AU COURSIER GRIS, LE DOMPTEUR DU VENT (Étude d’hérésiologie islamique et de thèmes mythiques iraniens)
Mohammad Mokri
I
Les prouesses et les bienfaits de l’Agent céleste et du Guide des Compagnons chargé de faire marcher les affaires du monde font l’objet d’un petit opuscule inséré dans le recueil de Daftar-i Khazāna-y Pirdī-warī2, «Livre du Trésor de Pirdīwar»; cela en dehors des nombreuses citations dispersées à son sujet parmi les différents ouvrages anciens de la langue gouranie.
1 Dans une étude antérieure (Les vents du Kurdistan, dans J. A., 1959, pp. 472-505) j’ai étudié la terminologie, les aspects météorologiques, folkloriques et légendaires des vents ainsi que ses répercussions dans la vie rurale et agricole. Dans celle-ci, complémentaire de la première, je me place uniquement sur le plan mythico-religieux et sur certaines données non abordées auparavant en évitant toutes répétitions même en rapport étroit avec les thèmes étudiés ici. Une troisième en perspective, dont la préparation est largement avancée, suivra, en temps utile, ces deux essais.
J’utilise ici les abréviations suivantes : Daw. Dām. : Dawra-y Dâmyâri (voir note 2, a); Daw. Dīw. : Dawra-y Dlwâna-gawra (voir note 5); Daw. Waz. : Dawra-y Wazâwar (voir note 2, d); Sh. H. : Shâh-Nâma-ye Haqiqat (voir note 6).
2 J’ai déjà présenté les particularités de ce recueil dans plusieurs livres et traités en faisant partie : Ce Kalām 3 inédit et secret des Fidèles de Vérité appelé le Kalām-i Dāwūd (les Paroles sacrées concernant Dāwūd) constitue le 19e, par ordre, et le 25e, par le nombre des versets, d’entre les 26 ouvrages gouranis rassemblés dans le Daftar susdit comportant 13 dawra + 12 kalâm + 1 rādje' be .... Il renferme 9 versets de 4 hémistiches, excepté le verset 1 qui n’en a que 3, après la restitution, pour tout le texte, du premier hémistiche de 5 syllabes omises souvent par les scribes pour des raisons de commodité. Ce Kaām ne porte aucun nom d’interlocuteur; il est uniquement conçu sur l’éloge de Dāwūd. Le nom de celui-ci a été évoqué 26 + [9] fois dans le texte et une fois dans le titre même. A cela s’ajoute une autre nomination de Dāwūd, à savoir Garéak (v. 2, h. 4). Mis à part les premiers hémistiches restitués 4 (qui ne sont en réalité que des demi-hémistiches), le nom de ce Compagnon céleste a été glorifié dans le deuxième hémistiche de chaque verset. Pour renforcer la puissance de ce personnage sublime et lui conférer un pouvoir lié au verbe, à l’instar des formules populaires magiques, le texte mentionne son nom à trois reprises dans chacun des versets 2-6 et deux fois dans chacun des versets 7 et 8 et une seule fois dans les versets 1 et 9, toujours dans le deuxième hémistiche. Le verbe de relation est le verbe « être » sous une forme enclitique à la 3e pers. du sg. (indic. présent).
Parmi les sept entités célestes, avant la création du monde matériel, dans la Perle primordiale, le rôle de Guide des compagnons a été dévolu à Dāwūd. Il est le čarkha-čī c’est-à-dire celui qui va au devant et exécute les desseins du Roi et de l’Assemblée divine dans le monde. Il vient au secours de celui qui l’appelle et il est le Maître de la résignation et de l’anéantissement mystique.
a. Le Chasseur de Dieu et le mythe du Roi-Aigle (Dawra-y Dâmyârf). Otto Harrasso-witz, Wiesbaden, 1387 (1345 s.) 1967.
b. Kalâm sur l'Aigle divin et le verger de Pirdiwar. J. A., Paris, 1967, pp. 361-374. c. Le Kalâm gourani sur les Compagnons du Roi des rois (Kalâm-i Yârân-i Sha-hanshâh). J. A., Paris, 1970 (1969), pp. 317-359.
d. Le Secret indicible et la Pierre Noire en Perse. Appendice : Dawra-y Wazâwar. J. A., Paris, 1962, pp. 369-433 (2e éd. augmentée de plusieurs textes inédits et d’index. Paris, 1388 (1347 s.) 1968. Librairie H. Samuelian). 3 Selon la terminologie des A. H. : recueil de paroles sacrées.
4 De toutes façons, pour qu’on se rende compte de l’état du manuscrit, les phrases restituées sont mises, comme je le fais d’habitude, entre deux crochets carrés. |