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Le Chasseur de Dieu et le mythe du Roi-Aigle


Auteur :
Éditeur : Otto Harrassowitz Date & Lieu : 1967, Wiesbaden
Préface : Pages : 220
Traduction : ISBN :
Langue : Allemand, Français, KurdeFormat : 165x240 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Mok. Cyc. Thème : Général

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Le Chasseur de Dieu et le mythe du Roi-Aigle

Le Chasseur de Dieu et le mythe du Roi-Aigle

Mohammad Mokri

Otto Harrassowitz

La secte des Ahl-i Haqq, »Fidèles de Vérité«, est établie principalement dans la province de Kirmanchah (surtout dans les régions de Gouran et de Şahna), en plein Kurdistan, non loin de la frontière de l’Irak. Elle possède des adhérents dans certaines autres provinces de l’Iran, particulièrement en Azerbaïdjan et dans les environs de Qazwïn et de Téhéran (dans les districts de Hastgerd et Varāmīn). De plus, un grand nombre d’adeptes se trouvent dispersés en Irak et en Turquie.
Les croyances qu’elle professe sont empreintes d’un caractère gnostique et secret; elles sont en marge de l’Islam iranien, et reflètent à certains égards une survivance de thèmes autochtones et, à d’autres égards, la présence de notions qui lui confèrent une coloration syncrétiste.

Cette religion se fonde avant tout sur la notion de théophanies et d’incarnations qui se répètent dans le déroulement d’un temps cyclique.

L’originalité et l’importance des textes ...



AVANT-PROPOS

Le présent travail, qui fait partie d’un ensemble de recherches poursuivies depuis plusieurs années, n’aurait pu être publié sans l’appui apporté à mes travaux par le Centre National de la Recherche Scientifique.

La France est coutumière de cette générosité à l’égard de ceux qui se trouvent empêchés de poursuivre dans leur propre pays une activité scientifique désintéressée. Aussi, j’adresse l’hommage de ma gratitude à tous les savants qui m’ont si aimablement accueilli parmi eux.

Je désire notamment témoigner ma reconnaissance à mon maître, Monsieur É. Benveniste, professeur au Collège de France et à l’École des Hautes Études, qui a bien voulu lire le présent travail avant son impression et me faire bénéficier de ses conseils.

Le déchiffrement et le commentaire de textes gouranis, ainsi que les études linguistiques que j’ai commencé à faire paraître dès 1945, m’ont incité à entreprendre des recherches dans un domaine jusqu’alors inexploré: celui de la tradition ésotérique de la secte des Fidèles de Vérité.

Je me suis placé à un triple point de vue: celui du folklore, de la linguistique et de l’histoire des religions. Ces trois disciplines m’ont paru s’éclairer mutuellement et permettre en même temps la mise en lumière de données jusqu’alors enfouies sous des couches de cultures superposées.

Le secret qui enveloppe de telles traditions (notion sur laquelle je me suis étendu ailleurs) les défend contre les études hâtives. Il est indispensable non seulement de pouvoir se pencher à loisir sur ces problèmes, mais encore d’être soi-même enraciné dans un climat géographique aussi bien que spirituel permettant l’accès à des richesses ignorées. Des circonstances favorables m’ont facilité cet accès.

En outre, bien que l’état de publication des textes rende prématuré, sinon une telle affirmation, du moins l’appareil de preuves à son appui, un intérêt plus vaste encore semble s’attacher à ces recherches. En effet, on peut découvrir, à l’arrière-plan des différents éléments religieux et folkloriques étudiés, un climat de pensée et un état de civilisation qui constituent un élément spécifique de cette région de l’Iran.

C’est ainsi qu’aussi bien dans les sectes Ahl-i Haqq et Yazīdī et les confréries Qâdirī et Naqšbandī (et même Baktāšī et Qizilbāš) que dans la littérature populaire kurde et gouranie aux poèmes syllabiques, et les légendes et les contes comportant des éléments astronomiques et astrologiques, apparaît une sensibilité, religieuse et profane, commune. Au fur et mesure que le déchiffrement des textes se poursuit, ce caractère se manifeste à mes yeux avec plus de netteté.

Si le folklore iranien dans le Kurdistan est aussi riche, c’est que la zone géographique dans laquelle il a pris naissance, c’est-à-dire le centre même de l’Iran sassanide, a vu se succéder maintes formes de cultures depuis une très haute antiquité. Étant donné cette richesse, d’une part, et la rareté des documents anciens, d’autre part, c’est à des disciplines annexes qu’il convient de recourir. C’est à la lumière de facteurs psychologiques qu’il est possible de discerner et de faire surgir de la poussière accumulée par le temps, les thèmes auxquels vient encore aujourd’hui s’alimenter cette sensibilité commune dont il a été question plus haut.

Au point de vue de la dialectologie iranienne, les divers parlers kurdes et gouranis, avec leurs formes archaïques, et notamment les dialectes tombés en désuétude ou sur le point d’y tomber, méritent une étude approfondie. Une telle étude ne peut qu’enrichir la linguistique portant sur les groupes iraniens.

Cet ouvrage se situe au sein d’un ensemble de recherches dont les unes ont déjà été publiées, et dont les autres feront l’objet de publications ultérieures. Je suis heureux de saisir ici l’occasion de remercier Monsieur G. Redard, professeur aux Universités de Berne et Neuchâtel, qui a bien voulu revoir notre manuscrit et inclure dans la collection qu’il dirige ce texte qui est sans conteste l’un des plus importants des Écritures sacrées des Ahl-i Haqq.

M. M.



I. Introduction

1. Généralités

La secte des Ahl-i Haqq, »Fidèles de Vérité«, est établie principalement dans la province de Kirmanchah (surtout dans les régions de Gouran et de Şahna), en plein Kurdistan, non loin de la frontière de l’Irak. Elle possède des adhérents dans certaines autres provinces de l’Iran, particulièrement en Azerbaïdjan et dans les environs de Qazwïn et de Téhéran (dans les districts de Hastgerd et Varāmīn). De plus, un grand nombre d’adeptes se trouvent dispersés en Irak et en Turquie.

Les croyances qu’elle professe sont empreintes d’un caractère gnostique et secret; elles sont en marge de l’Islam iranien, et reflètent à certains égards une survivance de thèmes autochtones et, à d’autres égards, la présence de notions qui lui confèrent une coloration syncrétiste.
Cette religion se fonde avant tout sur la notion de théophanies et d’incarnations qui se répètent dans le déroulement d’un temps cyclique.

L’originalité et l’importance des textes ésotériques de cette secte religieuse que nous avons personnellement retrouvés en pays kurde justifiaient une traduction et une étude approfondie. Nous avons déjà consacré plusieurs années à ces recherches : nous nous sommes borné ici à l’étude d’un seul de ces textes.

Bien qu’il ne puisse être question d’examiner ici dans leur ensemble les doctrines des Ahl-i Haqq ni de nous étendre sur des considérations générales, nous espérons cependant avoir donné les éclaircissements qui paraissent nécessaires à l'intelligence du texte.

En dehors de l’importante étude de V. Minorsky, Notes sur la secte des Ahl-i Haqq1 et, plus récemment, de l’ouvrage de M. W. Ivanow, The Truth worshippers of Kurdistan, Ahl-i Haqq texts2, la secte des Ahl-i Haqq n’avait encore été étudiée que de façon très fragmentaire3. De toutes façons, le sujet n’a jamais fait l’objet d’une étude approfondie du point du vue de l’histoire des religions et du folklore. Il fallait d’abord étudier les textes en eux-mêmes. Nous avons été assez heureux pour découvrir un véritable trésor de manuscrits inédits dans un dialecte qui ...

1 Parue dans la Revue du Monde Musulman 40-41, 1920, 19-97 et 44—45, 1921, 205-302; publiée aussi sous forme de livre avec un certain nombre d’additions en 1922 à Paris.

* Leiden et Bombay, 1963.

*  Pour une bibliographie détaillée, cf. celle que V. Minorsky donne à la fin de ses Notes, et son article The Sect of the Ahl-i Hakk dans l’Enc. de l’Islam, 2e éd.




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