La bibliothèque numérique kurde (BNK)
Retour au resultats
Imprimer cette page

Le “secret indicible” et la “pierre noire” en Perse dans la tradition des Kurdes et des Lurs Fidèles de vérité (Ahl-e Haqq)


Auteur :
Éditeur : Paul Geuthner Date & Lieu : 1962-01-01, Paris
Préface : Pages : 46
Traduction : ISBN :
Langue : Français, KurdeFormat : 145x225 mm
Code FIKP : Lp. Fra. Mok. Sec. 828 Thème : Religion

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Le “secret indicible” et la “pierre noire” en Perse dans la tradition des Kurdes et des Lurs Fidèles de vérité (Ahl-e Haqq)

Les "Secret Indicible" et la “Pierre Noire" en
Perse dans la Tradition des Kurdes et des Lurs
Fidèles de Vérité (Ahl-E Haqq)

M. Mokri

Paul Geuthner

Toutes les doctrines mystiques se caractérisent par la nécessité du secret, C'est le thème fondamental, à telle enseigne qu’on a pu donner aux initiés le nom de « Gens du Secret » (Ahl-us-Sirr) Dévoiler au vulgaire les mystères a toujours été considéré comme chose défendue, qu’il s’agisse d’Eleusis ou des sectes ésotériques de quelque époque ou origine que ce soit. Il en va notamment ainsi pour les Ahl-e Haqq (Fidèles' de Vérité), dont la doctrine repose fondamentalement sur la notion d’une vérité qui doit demeurer cachée aux profanes, leur esprit n’étant pas capable de la comprendre.
En outre, le fait même que les Fidèles de Vérité se trouvent disséminés au sein d’une communauté musulmane beaucoup plus nombreuse constitue une raison essentielle à ce secret. En effet, l’esprit de la doctrine et la forme de sensibilité religieuse qu’elle incarne la rendent ...



Le “Secret Indicible” Et La “Pierre Noire”
EN PERSE DANS LA TRADITION DES KURDES ET DES LURS
Fidèles de Vérité (Ahl-E Haqq)

M. Mokri

Toutes les doctrines mystiques se caractérisent par la nécessité du secret, C'est le thème fondamental, à telle enseigne qu’on a pu donner aux initiés le nom de « Gens du Secret » (Ahl-us-Sirr) Dévoiler au vulgaire les mystères a toujours été considéré comme chose défendue, qu’il s’agisse d’Eleusis ou des sectes ésotériques de quelque époque ou origine que ce soit. Il en va notamment ainsi pour les Ahl-e Haqq (Fidèles' de Vérité), dont la doctrine repose fondamentalement sur la notion d’une vérité qui doit demeurer cachée aux profanes, leur esprit n’étant pas capable de la comprendre.

En outre, le fait même que les Fidèles de Vérité se trouvent disséminés au sein d’une communauté musulmane beaucoup plus nombreuse constitue une raison essentielle à ce secret. En effet, l’esprit de la doctrine et la forme de sensibilité religieuse qu’elle incarne la rendent étrangère à l’orthodoxie islamique avec laquelle elle cohabite et la font considérer par cette dernière comme une hérésie. Et cela d’autant plus qu’elle ne peut justement être comprise que par ceux qui sont en mesure de dépasser la lettre de la doctrine et de pénétrer ses symboles. Ceci explique que le secret est particulièrement renforcé aux époques de persécution, alors qu’il est susceptible d’être moins jalousement gardé à l’égard de ceux qui l’accueillent avec une suffisante ouverture d’esprit.

C’est à partir des textes sacrés des Ahl-e l.laqq, ainsi que des renseignements verbaux que nous avons pu obtenir, que nous allons nous efforcer de préciser quelques aspects de cet ésotérisme. Il est évident que, seule, une expérience personnelle est capable de permettre de comprendre de l’intérieur une forme religieuse, quelle qu’elle soit, et que nous ne pouvons prétendre aller au-delà de ce qui apparaît à l’observation objective et impartiale.

Le caractère de secret s’attache, non seulement aux textes ahl-e Haqq eux-mêmes, qui sont gardés avec le plus grand soin, même lorsqu’il s’agit de documents d’importance secondaire, mais encore à la religion de la secte dans son ensemble, tant au point de vue des dogmes que -des rites. C’est en vue de sauvegarder ce secret que les Ahl-e Haqq se présentaient eux-mêmes aux yeux des non-adeptes comme les adorateurs de 'Alī ('Alī-Allāhī), ce qui faisait apparaître leur doctrine comme une hérésie islamique, il est vrai, mais camouflait sa réalité ésotérique.

Ici, comme dans les autres sectes de ce genre, le secret le plus absolu est enjoint aux fidèles qui ne peuvent ni copier ni dévoiler le contenu des livres saints. Le traité Tadhkirāt-ul-a'lā (1) recommande, dès ses premières pages : « Celui qui lit ce livre ne doit pas le révéler aux ignorants, car c’est le secret indicible ». Un autre traité : Khāksārī (2), du derviche Nūr-'Alī-šāh Nišāpūrī 3, parlant des dogmes des Ahl-e Haqq. écrit : «Ce sont les paroles du Guide (Pīr), c’est-à-dire de Šāh-Ebrāhīm. qu’on cite dans l’assemblée des Šāh-Ebrāhīmītes, et notre guide a recommandé que le secret ne soit révélé à nul autre qu’aux sincères.»  Dans presque tous les textes, il est spécifié que les Ahl-el Haqq sont  les gardiens du secret divin, et même chez les Khāksārī dont nous venons de parler, le traité cité écrit (4); «Si on te demande où se trouve le secret divin, dis : dans le Dâlâhû» (5), c’est-à-dire chez les Ahl-e Haqq du Kurdistan.

D’après les Ahl-el Haqq, jusqu’au VIIIe siècle de l’Hégire, ce secret n’était révélé qu’aux élus, et c’est grâce à Soltān Sehāk, manifestation de Dieu, que la doctrine a été étendue à un plus grand nombre d’adeptes. ...




Fondation-Institut kurde de Paris © 2024
BIBLIOTHEQUE
Informations pratiques
Informations légales
PROJET
Historique
Partenaires
LISTE
Thèmes
Auteurs
Éditeurs
Langues
Revues