La bibliothèque numérique kurde (BNK)
Retour au resultats
Imprimer cette page

Notes sur la Généalogie des Fondateurs de la Secte des Fideles de Vérité


Auteur :
Éditeur : Société Asiatique Date & Lieu : 1994, Paris
Préface : Pages : 78
Traduction : ISBN :
Langue : Français, KurdeFormat : 145x225 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Mok. Not.Thème : Linguistique

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Notes sur la Généalogie des Fondateurs de la Secte des Fideles de Vérité

Notes sur la Généalogie des Fondateurs de la Secte des Fideles de Vérité
(Ahl-i Haqq) D’après un Manuscrit Inédit de Source Sunnite

Mohammad Mokri

La Société Asiatique


Le texte persan que je publie ici. avec une traduction, des notes historiques et des éclaircissements, représente quelques passages d’un recueil manuscrit inédit, très enrichissant pour l'histoire de la secte des Ahl-i Haqq aux VIIIe-IXe s. de l'Hégire (XIVe-XVe s. de l’ère chrétienne) , histoire pour laquelle nous ne possédons que peu de choses, en dehors des données traditionnelles à l'intérieur même de la secte.

Ce recueil intitulé Bahr al-Ansâb wa Resâla-ye Achrâfîyah, traitant de la généalogie des Sayyed (descendants du Prophète), appartenait au regretté professeur V. Minorsky qui l'avait acquis dans la ville kurde de Sulaymânî en Iraq. En 1955, il avait eu l'amabilité de m’accueillir chez ...



NOTES SUR LA GENEALOGIE DES FONDATEURS DE LA SECTE DES FIDELES DE VERITE
(AHL-I HAQQ) D’APRES UN MANUSCRIT INEDIT DE SOURCE SUNNITE


Mohammad Mokri*

Le texte persan que je publie ici. avec une traduction, des notes historiques et des éclaircissements, représente quelques passages d’un recueil manuscrit inédit, très enrichissant pour l'histoire de la secte des Ahl-i Haqq aux VIIIe-IXe s. de l'Hégire (XIVe-XVe s. de l’ère chrétienne) , histoire pour laquelle nous ne possédons que peu de choses, en dehors des données traditionnelles à l'intérieur même de la secte.

Ce recueil intitulé Bahr al-Ansâb wa Resâla-ye Achrâfîyah, traitant de la généalogie des Sayyed (descendants du Prophète), appartenait au regretté professeur V. Minorsky qui l'avait acquis dans la ville kurde de Sulaymânî en Iraq. En 1955, il avait eu l'amabilité de m’accueillir chez lui à Cambridge, et lors de ce séjour, il m’avait demandé de consulter le manuscrit et de voir s'il présentait de l’intérêt. Je l’ai parcouru et j’y ai trouvé des indications précieuses, bien que mélangées à des traits légendaires et anachroniques. Le professeur Minorsky a bien voulu me prêter ce manuscrit pendant quelques jours afin que je note les passages se rapportant aux Ahl-e Haqq, et que je puisse les traduire et les commenter après en avoir établi le texte.

   Le manuscrit mesure 17 x 20 cm. ; il est écrit à l’encre noire pâlie, de nombreux mots sont soulignés de rouge et chaque page comporte en moyenne 11 lignes. Le recueil contient 407 folios se terminant par un feuillet recto blanc. Le copiste était un kurde du village de Tankisar1

avec ce nom de lieu. En effet, ce toponyme serait une déformation écrite de Tangisar ( < Tang-i-sar). Le vocable de tang-, terme géographique, se trouvant dans les noms d'une multitude de villages et lieux en Iran (et en l'occurrence au Kurdistan iranien et d'autres régions kurdes) désigne les espaces étroits entre deux monts, ou en quelque sorte les vallées ou les ravins ou encore «les cavées» (darra) ou «combe» et même couloir (darband).

Le mot postposé -sar, si usité dans les noms des villes, bourgs et bourgades des provinces du nord de l'Iran ainsi que dans d’autres régions quoique moins fréquemment, signifie «tète, sommet, cime, ...» et parfois «le centre et le chef-lieu», bien qu'il ne s'emploie pas toujours dans le même sens. Il caractérise partout néanmoins les noms de lieux. Il en est ainsi pour les dénominations de Bâhol-sar. Daryâ-sar. Dašt-sar. Dang-sur.

Duwrân-sar, Dîna-sar. Xâna-sur. Xešt-sar. Rûm-sar... villes et villages situés au nord de l'Iran qui terminent tous par -sur. sans rapport, sans doute, avec -sûr ou -sur désignant un lieu où abonde la matière ou l'idée représentée par la première partie de ce nom composé.

Parmi les grandes et petites localités portant une dénomination terminée par ce deuxième terme, on peut citer Sungsar ( <sang + sari «région pierreuse ou montagneuse», grande bourgade dépendant de la ville de Semnàn. Ici. le mot -sar est plutôt une forme abrégée de -sûr et Sungsur serait à l'origine Sangsàr sur le modèle et dans le sens de Kùhsâr (région ou lieu montagneux) à l'époque post-islamique. D'autres exemples typiques de cette construction sont Kargasàr «région ou lieu où l'on trouve de nombreux volatiles» ( nom d'un village situé dans le district du Dînawar dépendant de la région de Sahna (dans la province de Kirmanchah); Garmsâr, nom d'une localité et d'un district dans le département de Damâvand. Bien que ce nom signifie littéralement «contrée chaude», pour éviter la confusion, le mot -sûr s'est transformé en -sir pour désigner uniquement «une région chaude, lieu qui pendant l'été est très chaud et pendant l'hiver est tempéré. Le terme opposé est sard-sir «lieu froid» qui pendant l'hiver est très froid et pendant l'été est tempéré. Ces deux termes garm-sir et sard-sir sont construits de la même façon et équivalent exactement aux deux opposés turcs, qeslâq et yayiûq. A partir de ces deux mots persans, a été calqué le terme bard-sir du même sens que sard-sir, le persan sard- «froid» est remplacé par l’arabe bard-, sans aucune relation avec le Bardsir ou Burdusir (d’étymologie différente étudiée dans mes Notes ioponymiques) nom d'un district de Kermân. Le terme -sûr existe encore dans xosksâr «lieu sec» ou «terrain loin d'une rivière». Le procédé pour éviter la confusion a été repris ici d'une autre manière encore différente : le -sûr est devenu -sur (à l'instar de Sungsur), dans la dénomination d'un village dépendant de la ville de Sârî, dans la province de Mâzandarân, appelé Xosk-sar (pour le distinguer du terme général Xosksâr). De plus ce suffixe -sûr est équivalent de -air. employé lui aussi dans le sens de lieu où pousse abondamment une plante ou même abonde l'idée représentée par la première partie de ce nom composé: golzâr «lieu où poussent beaucoup de fleurs» ( = jardin, terrain parsemé de fleurs), sabzazâr «lieu recouvert d’une verdure abondante», ’alafzâr «lieu où ont poussé des herbes» (= pâturage), čaman-zâr, équivalent de golzâr, mais littéralement «lieu où pousse du gazon et des fleurettes» et le mot archaïsant kârzâr «champ de bataille». Pour ne pas manquer de citer la plupart des cas, il faut ajouter qu’il existe aussi le terme xoškzâr, de même sens et de même emploi général que xošksâr. Cet exemple me semble rare, jamais les formes kûhzâr, sangzâry

* Directeur de Recherche honoraire au CNRS.

1 On trouve une allusion au nom de ce village dépendant de la ville de Sulaymânî dans le colophon de plusieurs manuscrits kurdes et persans qui est actuellement en ma possession. J’insère volontairement ici quelques passages, non publiés encore, en rapport




Fondation-Institut kurde de Paris © 2024
BIBLIOTHEQUE
Informations pratiques
Informations légales
PROJET
Historique
Partenaires
LISTE
Thèmes
Auteurs
Éditeurs
Langues
Revues