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L’idee de L’incarnation Chez Les Ahl-I-Haqq


Auteur :
Éditeur : Franz Steiner Verlag Date & Lieu : 1957, Wiesbaden
Préface : Pages : 8
Traduction : ISBN :
Langue : Allemand, FrançaisFormat : 135x210 mm
Code FIKP : Liv. All. Fra. Br.Gen.191Thème : Religion

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 L’idee de L’incarnation Chez Les Ahl-I-Haqq

L’idee de L’incarnation Chez Les Ahl-I-Haqq

Mohammad Mokri

Franz Steiner Verlag


Sans nous lancer dans une recherche approfondie de la question de l’incarnation et de l’union mystique, nous voulons cependant donner quelques aperçus en introduction à l’étude des conceptions des Ahl-i Haqq. Tout d’abord notons que la notion d’incarnation chez les Ahl-i Haqq n’a pas le même sens et le même contenu que chez les Chrétiens. Même chez les Ahl-i Haqq dont les conceptions sont nées d’une synthèse de différentes idées religieuses, l’Incarnation n’est pas toujours vue sous le même angle. Tantôt cette idée revêt un aspect charnel, tantôt c'est le côté mystique qui domine. Au point de vue exotérique c’est-à-dire vis à vis des musulmans qui les entourent, les Ahl-i Haqq mettent en valeur l’aspect mystique



MOKRI, MOHAMMAD (PARIS):
L’IDEE DE L’INCARNATION CHEZ LES AHL-I-HAQQ


Sans nous lancer dans une recherche approfondie de la question de l’incarnation et de l’union mystique, nous voulons cependant donner quelques aperçus en introduction à l’étude des conceptions des Ahl-i Haqq. Tout d’abord notons que la notion d’incarnation chez les Ahl-i Haqq n’a pas le même sens et le même contenu que chez les Chrétiens. Même chez les Ahl-i Haqq dont les conceptions sont nées d’une synthèse de différentes idées religieuses, l’Incarnation n’est pas toujours vue sous le même angle. Tantôt cette idée revêt un aspect charnel, tantôt c'est le côté mystique qui domine. Au point de vue exotérique c’est-à-dire vis à vis des musulmans qui les entourent, les Ahl-i Haqq mettent en valeur l’aspect mystique de ce qu’ils entendent par l’Incarnation. Mais au point de vue ésotérique, dans les textes réservés aux membres de la secte, textes écrits dans leur propre dialecte, on voit des traces de transmutation non seulement mystique mais corporelle. L’Incarnation est donc un dogme fondamental chez les Ahl-i Haqq. Pour eux l’incarnation est un revêtement, une apparence corporelle assignée à un être humain ou angélique. Le phénomène de l’Incarnation touche toutes les créatures : c’est le dün. Dieu même n’en est pas exempt. C’est à la suite d’un pacte, aux premiers temps de la création, alors que les anges Lui demandèrent de se manifester, que Dieu imposa aux anges et aux créatures une série d’incarnations, mille et une, d’une durée moyenne de cinquante ans (ce qui fait en tout cinquante mille ans). Ces incarnations successives assurent, selon les Ahl-i Haqq, la réalisation de la justice et justifient les différences de conditions sociales le bonheur et le malheur; elles expliquent la mort précoee des petits enfants.
L’Incarnation représente en effet la récompense ou l’expiation d’une vie antérieure. Au cours de ces différentes apparences l’homme doit se perfectionner; quand il pèche il doit subir les incarnations punitives qui retardent son arrivée à la dernière étape: celle dans laquelle il se fixe et voit Dieu. Pour les purs, cette étape est la mille et unième incarnation. La vie de chaque homme est donc une marche vers la perfection.

Théophanie: Dans les conceptions Ahl-i Haqq, Dieu est un Dieu pathétique qui souffre de ne pas être connu. Il créa le monde pour être connu et aimé. D’après le pacte fait aux premiers temps, H avait promis aux anges de se manifester. H le fit sous différents aspects, il naît toujours, comme Jésus, d’une mère vierge et sa naissance a toujours lieu d’une façon extraordinaire. B est accompagné à chaque Théophanie d’anges qui s’incarnent quelque temps avant Lui, l’attendent et l’annoncent. La première Théophanie eut lieu dans la personne de ‘Alï. Sa mère, nommée Fâtimah bint Asad, en apparence épouse d’Abü-Tâlib le conçut de Dieu.

Une autre grande figure des Ahl-i Haqq est Mubârak-Sâh nommé Sâh-Xôâin du Luristan (vers 330 de l’Hégire), Dieu s’incarne en lui. Sa mère était une jeune fille nommée Jalâlah fille de Mïrzâ Amâna. Un rayon de soleil entra dans sa bouche et c’est ainsi que fut conçu Säh-Xösln. La famille de Jalâlah eut des soupçons et voulut la tuer. Mais Sâh-XôSīn naquit de sa bouche et tous crurent en elle. Sâh-Xôàîn plongea un jour dans la rivière de Gâmâsâb et disparut à la vue. Après quelques temps Dieu se manifesta dans la personne de Bâbâ Nâ'ut. Sa mère, Xâtün-Goli, se trouva enceinte avant d’être entrée dans la maison de son époux. Celui-ci eut des soupçons. Mais l’enfant naquit de la bouche de sa mère et il crut en elle.

Vers le VIIIème siècle de l’Hégire la plus grande théophanie eut lieu dans la personne de Soltân Sehâk, fondateur de la religion Ahl-i Haqq. Les quatre anges qui étaient incarnés dans quatre hommes s’étaient réunis sur le mont de Sâhû. Après trois jours et trois nuits de jeûne en attendant le venue de Dieu, Celui-ci apparut sous la forme d’un aigle blanc royal et leur dit « Rendez-vous dans la ville de Barzanja. Là demeure un homme pieux du nom de Sheikh Isi.
Amenez-lui pour épouse une jeune fille nommée Dâyrâk fille de Hosayn-beig de la tribu Jald ». Il leur ordonna de planter un verger près de la maison de Sheikh ‘Isï et chargea Iwat d’en être le gardien. B leur dit : « Lorsque le mûrier desséché reverdira et que l’aigle blanc s’y posera, ce sera mon retour ». Les anges obéirent. Lorsque ces choses se furent réalisées, Iwat annonça à ses compagnons la bonne nouvelle de la présence de Dieu dans le monde. L’aigle blanc vint vers elle, alors qu’elle était assise. B se posa sur ses genoux; elle l’étreignit contre son cœur et vit entre ses bras un enfant; on lui donna le nom de Soltân Sehâk. Les différentes sectes Ahl-i Haqq ne sont pas toutes d’accord sur le nombre des théophanies suivantes et les personnes dans lesquelles elles eurent lieu. Cependant les croyances fondamentales demeurent les mêmes en ce qui concerne la théophanie et le dogme de l’Incarnation.

Angélophanie, angélomorphose: Les Ahl-i Haqq croient à ce que l’on peut appeler angélophanie et angélomorphose. Les anges peuvent se manifester aux hommes sous une forme en tous points semblables à celle d’un homme. Mais ils peuvent aussi entrer dans le corps d’un homme qui tout à coup au cours d’une illumination ou d’un ravissement spirituel prend conscience qu’il est un ’ ange, et se souvient de son passé angélique et des différents corps humains , qu’il a occupés en tant qu’ange. Voici un exemple tiré de la tradition et des textes Ahl-i Haqq: Quelques temps avant la grande Théophanie en la personne de Solt&n Seh&k la plus célèbre figure da la divinité chez les Ahl-i Haqq, Pïr Benyamïn, l’archange Gabriel, était entré dans le corps d’un pauvre laboureur appelé Xeder, de Pâwa, bourg du Kurdistan. Dans ce corps d’homme, l’ange avait perdu la conscience de lui-même. Alors que le laboureur était dans la plus grande détresse physique et matérielle, Pïr Müsi, l’Archange Raphaël, qui habitait un devin, venant de Damas et nommé Rukn ad-dïn arriva à Pâwa et rencontra le laboureur. Il lui tira son horoscope et lui apprit qu’il était Gabriel. A ce moment le laboureur entra dans le ravissement et reprit conscience de son état angélique. Dieu dans sa précédente théophanie dans le corps de Bâbâ Nà'üt avait annoncé sa prochaine venue. Les anges après une longue attente se mirent à sa recherche et trouvèrent ses traces sur le mont de Sâhû (chaine du Zagros) près d’une source. Ils jeûnèrent trois jours et trois nuits en attendant la venue de Dieu qui arriva comme il l’avait promis.

L’Inhabitation passagère de Dieu et des anges: Les Ahl-i Haqq croient aussi à une autre sorte d’incarnation qui est l’Inhabitation passagère. C’est la visite de Dieu ou d’un ange qui honnore une personne de bien et l’illumine. Dieu ou l’ange habite cet homme ; il demeure en lui un certain temps. Quand Dieu habite dans la maison de l’existence d’un être, cet être devient Säh-mihmän ou Xodâ-mihmân ce qui signifie « qui reçoit le Roi », « qui reçoit Dieu ». Quand il s’agit de la visite d’un ange l’homme est appelé par exemple Benyâmīn-mihmän ou Pïr-Müsi-mihmân etc.
ffüjf Nür- ‘Ali Elähi dans son ouvrage (Ms. inédit, chapitre 5) qui comporte des questions et des réponses au sujet des croyances de la secte, fournit quelques données relatives à l’fnhabitation. En voici l’essentiel: Il y a deux catégories d’êtres. Le I)ât-baëar, c’est-à-dire celui qui n’est jamais visité et dont la substance reste seulement humaine. Le I)ât-mihmân, c’est-à-dire celui qui a été visité, qui a reçu un hôte temporaire ou pendant toute une incarnation. Le Dät-mihmän reçoit en plus de sa propre substance la substance du visiteur dont la luminosité peut être égale ou supérieure à la sienne. On distingue trois cas: a) la substance du visiteur est supérieure, mais sa luminosité égale, comme cela arrive dans l’Inhabitation d’un ange par un ange au cours d’une incarnation humaine, b) Le visiteur a une substance et une luminosité supérieure, c) La substance est égale. De toute façon après le départ du visiteur l’illumination qu’avait provoquée sa présence, son inhabitation, disparaît et le visité ne garde que ce qui lui était propre.

Cette même notion de l’Inhabitation se trouve dans les textes pahlavis traitant du mazdaïsme. On y voit déjà le terme mihmän. Quand vahüman, aküman, SrüS, XiSm, Spandärmad, Drüjtrümad sont mihmân, habitant, leurs qualités rejaillissent sur les visités1.

1 Dinkard Book III. Edition Madan. p. 487.




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