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Histoire de l'Empire Ottoman


Auteur :
Éditeur : Fayard Date & Lieu : 1989-01-01, Paris
Préface : Pages : 814
Traduction : ISBN : 2.213.01956.8
Langue : FrançaisFormat : 155x240 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Man. His. 3198Thème : Histoire

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Histoire de l'Empire Ottoman

Histoire de l'Empire Ottoman

Robert Mantran

Fayard


Au xvs siècle, le chroniqueur turc 'Achïkpachazâde admet lui-même qu'il existe plusieurs versions des débuts de l'Etat ottoman. Il donne cependant la préférence au récit que nous résumerons ici et qui est répété, à quelques détails près, par des chroniques postérieures.

De la naissance de l'État ottoman à 1302

Ertoghrul - à une époque qui n'est pas précisée - se rend en Asie Mineure avec son père Süleymân Châh et ses deux frères, Sunkur Tekin et Gündoghdu. Ils y séjournent plusieurs années, puis décident de retourner dans leur pays d'origine. Süleymân Châh se noie en voulant traverser l'Euphrate. Les deux frères continuent leur chemin vers le Turkestan, tandis qu'Ertoghrul reste ...



Ont collaboré à cet ouvrage :

Jean-Louis Bacqué-Grammont, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), directeur de l'Institut français d'études anatoliennes à Istanbul.

Louis Bazin, professeur à l'Université de Paris-III et à l'Institut national des langues et civilisations orientales (langue et civilisation turques), directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe Section), directeur de l'Institut d'études turques de l'Université de Paris.

Irène Beldiceanu, directeur de recherche au C.N.R.S.

Nicoarâ Beldiceanu, directeur de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe Section).

Paul Dumont, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales et à l'Institut national des langues. et civilisations orientales (Histoire de l'Empire ottoman et de la République turque, XIX-XXe siècles).

François Georgeon, ancien pensionnaire de l'Institut français d'études anatoliennes, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Robert Mantran, professeur émérite à l'Université de Provence (Aix-Marseille 1), chargé de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Histoire de l'Empire ottoman), ancien président du Comité international d'études pré-ottomanes et ottomanes.

André Raymond, professeur émérite à l'Université de Provence, directeur de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Aix-en-Provence), président de l'Association française pour l'étude du monde arabe et musulman.

Jean-Paul Roux, directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à !'École du Louvre.

Nicolas Vatin, chargé de recherche au C.N.R.S., ancien pensionnaire de l'Institut français d'études anatoliennes.

Gilles Veinstein, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, directeur du Centre d'études sur !'U.R.S.S., l'Europe orientale et le domaine turc (E.H.E.S.S.), directeur de I'Unité de recherche « Histoire de l'Europe orientale et de l'Empire ottoman» (C.N.R.S.).

 



AVANT-PROPOS


Il y a un peu plus de cent cinquante ans paraissait !'Histoire de l'Empire ottoman, de Joseph von Hammer-Purgstall, traduction de son œuvre magistrale, Geschichte des osmanischen Reiches1. Ce livre devait avoir un retentissement considérable car, pour la première fois, était publiée une histoire générale de cet empire, appuyée sur des sources turques et étrangères, essentiellement des chroniques. Bien que la fin se situât en 1774, l'ouvrage attirait d'autant plus l'attention que l'Empire ottoman, depuis le début du XIXe siècle, était au premier plan de l'actualité européenne et méditerranéenne : expédition d'Egypte de Bonaparte, guerres avec la Russie, sédition en Serbie et en Epire, guerre d'indépendance de la Grèce, invasion française en Algérie, conflit avec Mehmed 'Alî d'Egypte, interventions militaires, diplomatiques, économiques des grandes puissances. Cet empire qui, pendant longtemps, avait fait trembler l'Europe, semblait alors sur le point de terminer son existence ou du moins de voir disparaître sa domination sur un certain nombre de peuples, chrétiens ou musulmans, européens ou orientaux.

L'histoire de l'Empire ottoman telle que la présente J. von Hammer relève encore du style historique traditionnel, c'est-à-dire qu'elle décrit plus qu'elle n'explique ou ne va chercher les causes profondes des événements. En outre, elle met particulièrement en valeur - et cela se conçoit dans le contexte ami-ottoman de l'époque - les défauts, les erreurs, les tares, les excès de tous genres, faits qui ne sont pas niables mais qui ne constituent pas l'essentiel de l'Histoire et surtout en donnent une vision partielle - et partiale.

Depuis J. von Hammer ont paru quelques ouvrages généraux sur l'Empire ottoman, dans le courant du XIXe siècle et dans les débuts du xx-, mais ce sont généralement des ouvrages assez brefs, peu approfondis et souvent marqués par une vision européocentriste de l'Histoire. La plupart d'entre eux, écrits à partir des sources occidentales et non des sources orientales, donnent une présentation des faits soit unilatérale en matière économique, soit très superficielle en matière d'administration de l'Etat. Certes, les archives ottomanes n'étaient pas encore accessibles, mais l'eussent-elles été que cela n'aurait pas changé la conception de la suprématie politique et culturelle de l'Europe.

Il a fallu attendre les lendemains de la Seconde Guerre mondiale pour voir évoluer les choses. Tout d'abord les archives ottomanes ont pu être consultées et l'on a découvert qu'elles apportaient beaucoup d'informations, notamment en ce qui concernait les aspects internes de l'Etat ottoman ; ensuite l'histoire ottomane a été prise en main par des Turcs désireux de mieux connaître leur passé2 et par des Occidentaux spécialistes des langues orientales, donc à même d'approcher des sources historiques turques, arabes, persanes jusque-là trop négligées. Si bien que l'on a vu se multiplier les recherches, les travaux de détail, et que nombre de questions ont été ainsi renouvelées. C'est dans cette optique qu'a pu être rédigée la dernière histoire de l'Empire ottoman, celle de Stanford J. Shaw, même si certaines conclusions ou présentations de celui-ci peuvent faire l'objet de critiques3. Alors que les travaux publiés autrefois mettaient l'accent sur les aspects « événementiels » et sur les rapports politiques entre Etats européens et Empire ottoman, on peut maintenant aborder l'histoire institutionnelle, l'histoire économique et l'histoire sociale vues aussi d'un point de vue ottoman, ainsi que les relations entre Turcs, Arabes, Persans, etc. Notre connaissance du monde ottoman s'est donc élargie, précisée depuis une quarantaine d'années et il a semblé utile de présenter aux étudiants, à nos collègues historiens, aux gens désireux de culture un ouvrage établi sur ces nouvelles données. L'exemple nous en a été donné par Claude Cahen qui, avec son livre Pré-Ottoman Turkey, récemment récrit en français et mis à jour, a renouvelé l'analyse de la pénétration et de l'établissement des Turcs en Asie Mineure entre le XIe et le XIIIe siècle, qui constituent le prélude à l'histoire des Ottomans4.

L'orientalisme, cette connaissance du monde musulman maghrébin et proche-oriental, est une tradition qui remonte en France au XVIIe siècle, à partir du moment où les drogmans des ambassades ont, en raison de leur apprentissage des langues dites «orientales» ( turc, arabe, persan), observé de façon beaucoup plus appropriée les pays de l'Orient, tant dans leur vie quotidienne que dans leur vie politique ou religieuse. Peu à peu s'est développé un savoir qui, pendant longtemps, est demeuré le domaine de spécialistes, parmi lesquels les Français ont toujours bien figuré.

La turcologie, branche de l'orientalisme, n'est pas absente de ce savoir et elle a, dans un passé ancien et récent, été illustrée par de remarquables personnalités. Aujourd'hui, la turcologie française se porte bien. Elle est présente dans nombre de disciplines - linguistique, anthropologie, ethnologie, histoire - si bien que les historiens français turcologues sont assez nombreux pour pouvoir aborder toute l'histoire des Turcs, et plus particulièrement celle des Ottomans. C'est pourquoi il a semblé préférable de faire traiter chacune des grandes périodes de l'histoire ottomane par un spécialiste, plutôt que de présenter un livre rédigé par un seul auteur, lequel n'aurait pu apporter sur de nombreux points qu'un travail de seconde main.

L'habitude a prévalu, depuis fort longtemps, d'intituler ce genre de livre Histoire de l'Empire ottoman. Nous n'avons pas voulu rompre avec cette tradition même si, dans une large mesure, c'est plutôt l'histoire de l'Etat ottoman que nous avons cherché à mettre en évidence, avec le souci de montrer que ce monde n'est pas seulement celui de conquêtes, de domination, de suprématie militaire, mais aussi celui d'une organisation interne et d'une administration.

De fait, la vision passée du monde ottoman s'est établie sur des concepts créés surtout au XIXe siècle: ce régime de tyrannie, de cruauté, de violence, n'a dû sa domination qu'à la force de son armée, aux pressions parfois sanglantes exercées par son gouvernement ; les sultans sont ou bien des êtres sanguinaires sans pitié, inspirés par l'appât du pouvoir, régnant par la terreur, ou bien des personnages sans caractère, vivant dans la débauche, la corruption (à peine fait-on quelques exceptions, comme Soliman le Magnifique); le monde ottoman ne connaît pas de système de gouvernement, l'administration est inexistante ou marquée par la prévarication ; l'islam y est tout-puissant et témoigne de sa prééminence par des exactions, voire des massacres à l'encontre des chrétiens. Cette vision, qui s'appuie sur la primauté de l'Occident et des idées occidentales au XIXe siècle, sur le principe des nationalités, sur la défense de certaines minorités, se retrouve encore souvent aujourd'hui, tant a été imprégnée dans les livres et dans les esprits la notion de la nocivité, de la perversité même du monde musulman en général, et du monde turc en particulier.

Ce que l'on appelle «la Question d'Orient» a, jusqu'à une époque très récente, été étudié du seul point de vue occidental et spécifiquement d'un point de vue anti-ottoman, dans l'optique du démembrement de l'empire, en vue de s'emparer de ses richesses économiques, de ses routes commerciales, de ses points stratégiques, avec l'espoir aussi de se faire des «clients» des peuples «libérés du joug ottoman». En outre, peu d'intérêt a été témoigné pour la partie arabe de l'empire, sinon, à partir de la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle, en fonction des buts économiques ou politiques (le « colonialisme ») ou stratégiques (route des Indes, accès à l'Afrique noire) visés par les Européens. On ne saurait, par ailleurs, oublier les accusations lancées par les pays arabes contre les Ottomans, rendus responsables du déclin musulman et de la mise en tutelle par les Occidentaux du monde arabo-musulman : là aussi, le recours aux sources orientales, et non pas seulement aux sources européennes qui ont. évidemment mis l'accent sur l'incompétence, l'incurie et la faiblesse ottomanes, permet de porter un jugement un peu différent sur le « déclin » ottomano-musulman.

En fait, on constate dès l'origine l'existence effective d'un Etat ottoman avec des institutions, des lois, des cadres politiques, administratifs, militaires: les premiers souverains ottomans déjà n'apparaissent pas comme des barbares sans principes, et le ralliement de dignitaires et de notables byzantins, l'absence de persécutions contre les chrétiens peuvent être le témoignage d'une certaine cohabitation. Avec le temps, le régime évolue, l'autorité du sultan ne souffre pas de contestation; l'accent est mis sur le caractère musulman de l'Etat, mais un système se juxtapose, ouvrant sur une compréhension des particularismes des provinces : à côté de la cherî a musulmane apparaissent des règlements spécifiques, les kânûnnâme, qui permettent de conserver, d'adapter, ou même d'améliorer les habitudes, les traditions, les genres de vie, les conditions sociales des sujets musulmans et non musulmans ; ce système a eu pour conséquence, dans les provinces, et notamment dans les provinces chrétiennes, la conservation des langues locales, des religions, voire des cadres politiques et sociaux. Il n'y a pas eu, de la part des dirigeants ottomans, volonté d'assimilation des populations conquises, il n'y a eu ni ottomantisation ni islamisation forcées: sinon, comment pourrait-on expliquer la persistance des langues grecque, bulgare, serbe ou autres, des religions chrétiennes, des notables locaux, tous éléments que des grandes puissances ont utilisés, à partir de la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle, sous le couvert du principe des nationalités et de la défense des minorités ethniques ou religieuses ?

Si, en des circonstances plus ou moins nombreuses, plus ou moins justifiées, il a pu y avoir des violences, même des persécutions à l'encontre de populations non musulmanes (quel pays dominant n'en a-t-il pas exercé à l'encontre des dominés?), la protection des zimmî, les non-musulmans, a été de règle dans l'Etat ottoman, avec cette restriction que, comme dans tout Etat musulman, ces zimmî ont été considérés comme des sujets de condition moins élevée que les sujets musulmans, et que l'accès à certaines charges leur a été interdit ; mais le système du deochirme a permis de tourner cette interdiction. Il convient de ne pas oublier non plus que c'est en territoire ottoman (Salonique, Istanbul) que les juifs expulsés d'Espagne et d'Europe centrale ont pu trouver refuge. Cette ouverture, cette tolérance du monde ottoman, on les trouve exprimées dans les relations de voyages du XVIe siècle et encore au XVIIe siècle, avant que l'expansion économique, culturelle et politique européenne ne modifie la vision des voyageurs et ne leur fasse mettre l'accent sur les tares du régime.

Au XIXe siècle, les dirigeants ottomans ont tenté de promouvoir des réformes, de moderniser l'Etat. Certes ces réformes ont été souvent mal appliquées, mais il est vrai aussi que certaines grandes puissances ne tenaient pas à voir renaître un Etat fort, puissant, organisé, et qu'elles contrecarrèrent les efforts du gouvernement ottoman en l'acculant à des conflits militaires, en provoquant des révoltes (Serbes, Bulgares, Arméniens, Libanais), en s'emparant des territoires ou en favorisant leur sécession. Le thème du joug ottoman, largement utilisé au XIXe siècle, ne l'a été que pour les provinces chrétiennes de l'empire, non pour les provinces musulmanes, sauf à partir du début du xx- siècle où la sécession de celles-ci a été recherchée par l'Angleterre et par la France, et a débouché sur la « révolte arabe », et seulement au Proche-Orient. Quant au problème arménien, si sa « solution » est à imputer aux Ottomans, les causes ne sont pas à en chercher que du seul côté turc.

Que la vision donnée de l'Etat ottoman par les Occidentaux ait été souvent négative, cela est incontestable et a pu, le cas échéant, être justifié. Ce qui n'implique pas obligatoirement que les Ottomans doivent sortir blanchis d'un examen historique critique. S'ils ont dû subir la loi des Européens, la faute n'en est pas totalement imputable à ceux-ci : les Ottomans ont, à maintes reprises, fait preuve de laxisme, d'incompétence, d'inadaptation, animés qu'ils étaient par un certain complexe de supériorité qui les empêchait de bien voir et de bien juger les réalités.

Les informations que nous possédons aujourd'hui permettent de se débarrasser des concepts du XIXe siècle, d'essayer de bâtir une œuvre véritablement historique dégagée des influences politiques quelles qu'elles soient, sans partialité, ni faiblesse. Il a été jugé utile aussi de faire une place à la littérature (historique, mais également à la littérature générale) et à l'art, éléments trop souvent tenus hors de l'Histoire ou marginalisés, alors qu'ils sont eux aussi des manifestations soit d'un pouvoir politique, soit du caractère profond d'une nation, soit aussi de l'assimilation d'autres cultures ; dans ce domaine, l'art ottoman est assez représentatif pour ne pas être mis de côté ; il a laissé des témoignages encore visibles.

Bref, l'intention a été de faire découvrir un monde mal connu, méconnu, trop souvent accusé de tous les défauts, de toutes les turpitudes, et dont l'image retenue a été celle de « l'homme malade de l'Europe » que les médecins étaient plus empressés à faire mourir qu'à soigner. Comme tous les empires, l'Empire ottoman a fini par disparaître, mais il a tenu sa place dans l'histoire du Vieux Monde dont il a été la première puissance pendant des siècles, ce qui peut expliquer les jalousies, les rancœurs, les mouvements de vengeance, de déstabilisation, puis de destruction dont il a été l'objet. Une histoire de l'Europe, une histoire du monde méditerranéen ne seraient pas complètes si l'on oubliait l'Empire ottoman.

Ce livre est une œuvre collective : chaque chapitre a été rédigé par un spécialiste qui a exprimé ses idées, ses conceptions grâce à sa connaissance du sujet. Une part importante a été réservée aux débuts des Ottomans, à la mise en place de l'Etat et à son extension, période mal connue il y a peu encore. Il en a été de même pour les provinces balkaniques et surtout pour les provinces arabes sous la domination ottomane ; il convient de noter à ce sujet, chez les historiens arabes contemporains, un souci très net de reconsidérer cette phase de leur histoire. Enfin l'histoire des derniers temps de l'Empire ottoman a été largement traitée, mais en se dégageant de la vision uniquement occidentale et en l'examinant davantage à partir de la situation interne de l'empire. En revanche, il n'a pas paru indispensable de s'étendre longuement sur les règnes de Selîm rer et de Soliman le Magnifique qui marquent l'apogée de l'empire car les événements de cette époque ont déjà fait l'objet de maints ouvrages ; il a semblé préférable de présenter de façon plus approfondie l'administration de l'Etat ottoman durant le XVIe siècle, aspect beaucoup moins connu ou qui a été rapporté par les chroniqueurs occidentaux contemporains de façon parfois fantaisiste, mais que l'on a longtemps tenu pour la vérité historique.

Les notes et la bibliographie ont été volontairement réduites aux compléments d'information et à la documentation indispensables. Ce livre vise à être un outil de travail, mais aussi un instrument de culture. C'est pourquoi une érudition excessive a été mise de côté sans pour autant se laisser aller à une simplification abusive : nous espérons ainsi avoir atteint un équilibre qui puisse satisfaire les lecteurs exigeants aussi bien que les lecteurs désireux simplement de mieux connaître l'Histoire.

Robert Mantran

1. J. Von Hammer-Purgstall, Geschichte des osmanischen Reiches, 10 vol., Budapest, 1827-1835. Trad. franç. : Histoire de l'Empire ottoman, par J.-J. Hellert, 18 vol., Paris, 1835-1843; Histoire de l'Empire ottoman, par L. Dochez, 3 vol., Paris, 1840-1844.

2. Voir les travaux de M.F. Köprülü, I.H. Uzunçarșılı, O.L. Barkan, H. Inalcyk, etc.

3. Stanford J. Shaw, History of the Ottoman. Empire and Modern Turkey, 2 vol., Cambridge U.P., 1976-1977. Traduction française, Histoire de l'Empire ottoman et de la Turquie, t. I, Des origines jusqu'au XIX" siècle, Horvath, 1981.

4. Claude Cahen, Pre-Ottoman Turkey, Londres, 1968. Ed. franç. revue et complétée, La Turquie pré-ottomane, publication de l'Institut français d'études anatoliennes, Istanbul, 1988.



Chapitre Premier

Les débuts: Osmân et Orkhân

par Irène Beldiceanu

Une épaisse brume enveloppe les débuts de l'Etat ottoman. Celui qui a donné son nom à la dynastie, Osmân, n'entre sur la scène de l'Histoire qu'à l'occasion de la bataille de Bapheus (1302), rapportée par un contemporain, l'historien Pachymère. Nous savons que son père s'appelait Ertoghrul, puisqu'on a trouvé une monnaie frappée au nom d'Osrnân, fils d'Ertoghrul, et qu'un registre ottoman du milieu du xv' siècle mentionne un legs pieux fondé pour le salut de son âme à Sëgüt (Sëyüt), une bourgade où l'on peut encore visiter sa tombe. Pour le reste, il faut laisser parler la légende.

Faits et Légendes

Au xvs siècle, le chroniqueur turc 'Achïkpachazâde admet lui-même qu'il existe plusieurs versions des débuts de l'Etat ottoman. Il donne cependant la préférence au récit que nous résumerons ici et qui est répété, à quelques détails près, par des chroniques postérieures.

De la naissance de l'État ottoman à 1302

Ertoghrul - à une époque qui n'est pas précisée - se rend en Asie Mineure avec son père Süleymân Châh et ses deux frères, Sunkur Tekin et Gündoghdu. Ils y séjournent plusieurs années, puis décident de retourner dans leur pays d'origine. Süleymân Châh se noie en voulant traverser l'Euphrate. Les deux frères continuent leur chemin vers le Turkestan, tandis qu'Ertoghrul reste en Anatolie avec quatre cents tentes. Puis Ertoghrul envoie son fils Saru Yati' auprès du nouveau sultan seldjoukide Alâeddin - la chronique ne précise pas lequel parmi les trois ....

 




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