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Baas et Islam en Syrie


Auteur :
Éditeur : PUF Date & Lieu : 2011, Paris
Préface : Pages : 334
Traduction : ISBN : 978-2-13-058805-4
Langue : FrançaisFormat : 150x215 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Pie. Baa. 2140Thème : Général

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Baas et Islam en Syrie

Baas et Islam en Syrie

Thomas Pierret

Puf


Les oulémas sunnites syriens ont été au cœur des transformations sociopolitiques préalables au soulèvement de 2011; ils seront également parmi ceux qui décideront in fine du sort de la dynastie Assad. Cet ouvrage comble un vide majeur en mettant en lumière les acteurs les plus influents d’une scène religieuse particulièrement méconnue. Avec l’éradication des Frères musulmans suite à l’insurrection manquée de 1982, les oulémas deviennent les représentants quasi exclusifs de la mouvance islamique dans le pays. En dépit de la répression, ils profitent de la désaffection du régime baasiste pour accroître patiemment leur influence sociale mais aussi économique et politique. Se met ainsi en place une configuration paradoxale, où un pouvoir de tradition laïque et dominé par des militaires alaouites d’extraction rurale se voit contraint de nouer un partenariat ambigu avec l’élite religieuse urbaine sunnite. Cette ambiguïté sera mise à nu par les événements de 2011, qui démontreront à la fois la robustesse des liens tissés par le régime avec certaines factions cléricales, et l’indépendance qu’ont préservée d’autres réseaux. Entraînant le lecteur dans les mosquées et madrasas syriennes, l’auteur analyse des dynamiques méconnues, comme l’émergence de vastes mouvements éducatifs informels chapeautés par des oulémas mais recrutant dans les facultés séculières, le rôle fondamental des clercs dans le développement des associations de bienfaisance, la défaite historique des savants salafistes face à leurs rivaux traditionalistes ou encore le poids des tribus bédouines au sein de l’élite religieuse alépine. Ce livre constitue donc une lecture indispensable pour qui s’intéresse au présent et à l’avenir de la Syrie.



Thomas Pierret
est arabisant et docteur en Sciences politiques de l'IEP de Paris et de l’Université catholique de Louvain. Il a séjourné à l’Université de Princeton et est actuellement maître de conférences à l’Université d’Édimbourg.

 



REMERCIEMENTS


Les dernières lignes de cet ouvrage ont été écrites en juin 2011, au moment où la Syrie était le théâtre d’un soulèvement populaire réprimé dans le sang. Je n’ai cessé, durant ces semaines, de penser à ceux que j’ai rencontrés dans ce pays qui m’est si cher. C’est donc à eux que j’adresserai mes premiers remerciements même si, à mon grand regret, un avenir encore trop incertain m’interdit de mentionner ici les noms de personnes vivant actuellement à l’intérieur des frontières syriennes. En d’autres temps, j’aurais commencé par évoquer mes anges gardiens, ces étudiants en religion qui m’ont guidé à travers les mosquées de Damas et d’Alep; que Dieu les garde. J’aurais ensuite parlé de ces observateurs avisés qui sont devenus des amis, comme ‘Abd al-Rahman al-Hajj Ibrahim, aujourd’hui plein d’espoir dans son lointain exil. J’aurais enfin exprimé ma gratitude à l’endroit des acteurs de ce livre qui ont accepté de me recevoir en dépit d’un contexte difficile, et plus particulièrement de ceux qui m’ont accordé davantage de temps et d’attention que ne l’exigeait la simple courtoisie.

Durant mes séjours en Syrie, j’ai également pu apprécier la compétence et la disponibilité du personnel scientifique et administratif de l’Institut français du Proche-Orient, dont ses directeurs successifs, les professeurs Jean-Yves L’Hospital, Floréal Sanagustin, Pierre Lory et François Burgat.

Le présent ouvrage est tiré d’une thèse de doctorat réalisée grâce à un financement du Fonds national de la recherche scientifique de Belgique (FNRS). Ce travail a été mené dans le cadre du programme doctoral sur le Monde musulman de Sciences Po Paris avec le soutien de la Chaire Moyen-Orient Méditerranée dirigée par le professeur Gilles Kepel, ainsi qu’au sein du Centre interdisciplinaire d’études sur l’islam dans le monde contemporain (CISMOC) de l’Université
Catholique de Louvain, sous l’égide du professeur Felice Dassetto.

La transformation en livre de cette thèse a été facilitée par deux séjours postdoctoraux, le premier à l’Université de Princeton, effectué sous la direction du professeur Michael Cook et financé par la Belgian American Educational Foundation (BAEF), et le second au Zentrum Moderner Orient (ZMO) de Berlin, sous la direction du professeur Ulrike Freitag.

Outre les directeurs des institutions précitées, dont j’ai apprécié le soutien el les précieux conseils, je tiens à saluer ici, pour leur aide et leurs encouragements, Amin Aït-Chaalal, Andrew Arsan, Francis Balace, Annabelle Bôttcher, Andreas Christmann, Baudouin Dupret, Jean-Pierre Filiu, Michael Gilsenan, Bernard Haykel, Steven Heydemann, Raymond Hinnebusch, Amaney Jamal, Gudrun Krâmer, Brigitte Maréchal, Tarek Mitri, Bernard Rougier et Ghassan Salamé. Pour ses relectures attentives et ses commentaires éclairants, le professeur Elizabeth Picard mérite ici des remerciements tout particuliers.

Par leur amicale collaboration et leur discussions, Souhaïl Belhadj, Farid El Asri, Steffen Hertog, Paulo Pinto, Kjetil Selvik, Marta Tawil et Ward Vloerberghs ont enrichi les réflexions présentées dans ce livre. J’adresse en outre toute ma gratitude à Stéphane Lacroix, pour ses relectures enthousiastes, et à Benjamin White, que j’ai trop de raisons de remercier pour pouvoir les énoncer ici.

Pour conclure, je rends hommage à ceux qui ont aimablement accepté de relire ces pages et de les corriger. Jean-Pierre Courson s’est distingué par son efficacité et ses précieux conseils stylistiques. Mes parents, Rina et Gabriel Pierret-De Pasqua, m’ont prodigué un soutien de tous les instants. Je salue ici leur rigueur et leur dévouement. Quant à Mériam, elle a été à mes côtés de la première version de ce projet au point final de sa conclusion, malgré les heures d’avions qui nous ont séparés et en dépit de mon investissement parfois immodéré dans la recherche. Outre ses encouragements et sa patience, je lui suis redevable d’avoir partagé avec moi sa passion pour l’anthropologie. En d’autres circonstances que ce tragique printemps syrien, c’est à elle, ainsi qu’à mes parents et à ma sœur Stéphanie, que j’aurais dédié ce livre.



Introduction

Les oulémas sunnites syriens ont été au cœur des transformations sociopolitiques préalables au soulèvement de 2011 ; ils seront également parmi ceux qui décideront in fine du sort de la dynastie Assad. Elite urbaine, religieuse, sunnite et conservatrice, les oulémas ont été, durant les années 1960 et 1970, parmi les principaux opposants aux politiques d’un pouvoir baasiste issu des campagnes, animé d’idéaux laïcs, contrôlé par des représentants de la minorité alaouite 1 et héraut du progressisme socialiste. Au début des années 1980, qui plus est, l’écrasement par l’Etat d’une insurrection islamiste dans laquelle étaient directement impliqués nombre de fils et disciples d’oulémas a conduit des dizaines de ces derniers à l’exil.

Trois décennies plus tard, alors que se rallume la flamme de la contestation, l’influence du clergé 2 sur la société syrienne s’est considérablement accrue. Cela, en raison de la ferveur religieuse croissante de la population et de politiques officielles qui, bien que demeurant extrêmement répressives même au regard des standards régionaux, ne s’en sont pas moins assouplies à la fin du XX' siècle.

Potentiellement, donc, les clercs constituent aujourd’hui pour le régime une menace bien plus considérable qu’hier. La réalité est cependant plus complexe. En dépit de certains discours critiques, seuls une poignée de grands oulémas de Damas et Alep ont fait défection à ce jour, situation qui s’explique par la menace de représailles étatiques, bien sûr, mais aussi par l’établissement, au cours des dernières décennies, d’un partenariat ambigu entre le régime et une partie croissante du clergé. Cette dynamique s’insère elle-même dans une autre, plus large, dont les ...

1. La tradition sunnite dominante a toujours considéré les alaouites comme une secte hérétique. Voir Yvette Talhamy, «The Fatwas and the Nusayri / Alawis of Syria», Middle Eastern Studies, vol. 46, 2010, p. 175-194.

2. Il apparaîtra tout au long de ce livre que la formule «pas de clergé en islam» est un idéal, non une réalité sociologique.

 




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