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Missions Humanitaires au Kurdistan et en Afrique noire


Auteur :
Éditeur : L'Harmattan Date & Lieu : 2005, Paris
Préface : Pages : 206
Traduction : ISBN : 2-7475-7705-8
Langue : FrançaisFormat : 135x215 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Fou. Mis. 2836Thème : Mémoire

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Missions Humanitaires au Kurdistan et en Afrique noire

Missions Humanitaires au Kurdistan et en Afrique noire

Paul Fourrier

L’Harmattan


Après sa retraite professionnelle, le Docteur P. Fourrier a effectué 13 missions humanitaires au cours desquelles il a tenu un journal de ses activités de chirurgien «expatrié».

Toute la première partie des récits rapportés par l’auteur évoque ses 9 missions au Kurdistan irakien, auprès de toute une faction de Kurdes iraniens irrédentistes, livrant des combats de guérilla contre un régime auquel ils s’opposaient politiquement et auprès desquels la rotation d’équipes médico-chirurgicales permettait d’offrir à toute une population réfugiée et démunie une parfaite et rationnelle organisation des soins.

Le contraste est d’autant plus saisissant avec la seconde partie de ses mémoires constituée par le récit de ses missions en Afrique noire, pour la plupart dans des pays (Libéria, Burundi, Congo) où les guerres civiles rendaient pratiquement vaine, auprès d’une population généralement immature, toute tentative d’organisation, tant en raison des destructions subies que de la permanence de sanglantes rivalités ethniques.



Formé à Strasbourg puis à Lyon, le Dr Paul Fourrier a terminé sa carrière comme chef de service de Traumatologie-orthopédie et professeur au CHRU de Clermont-Ferrand. Membre associé de l’Académie Française de chirurgie, il est officier dans l'ordre des Palmes Académiques.

 



PREMIERE PARTIE: LE KURDISTAN

Première mission

La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Les phares de la voiture où nous avions pris place, Yves et moi, éclairaient la neige dont les flocons serrés tombaient de plus en plus. Le chauffeur, dans un anglais incertain, nous avait fait comprendre que nous devions bientôt nous arrêter pour passer la nuit. Où et comment? Nous n’en avions aucune idée. Mais bientôt des maisons de plus en plus nombreuses le long de la route nous montraient que nous arrivions dans une ville plutôt que dans un village, sentiment renforcé à la vue de grands panneaux à la gloire de Saddam Hussein. Après un trajet par des rues et des chemins de terre où tout était nouveau pour nous, curieux de connaître un pays si loin du nôtre, avec un côté à la fois surprenant et un peu angoissant dans la nuit, la voiture s’était arrêtée devant une maison basse visiblement gardée par trois ou quatre hommes en uniforme et porteurs chacun d’une kalachnikov. À l’évidence le chauffeur leur était familier et nous étions attendus, car on nous avait fait aussitôt entrer avec nos bagages dans une salle relativement petite occupée par une douzaine d’hommes, quelques-uns uns assis, les autres couchés. Au fond de la salle, debout devant un bureau, un homme un peu corpulent, également en uniforme, était sans doute leur chef; posés devant lui un téléphone et, ce qui nous avait impressionnés, un gros revolver.

Il était 23 heures, il n’était plus question de manger. Un des hommes, qui s’exprimait correctement en français, nous avait expliqué qu’en raison de la neige la suite de notre voyage se ferait le lendemain. Comme nous étions fatigués, nous ne demandions qu’à dormir. Il ne nous restait qu’à nous coucher comme ceux qui dormaient déjà plus ou moins. Il n’y avait ni lits, ni couchettes. Les hommes étaient allongés sur le parquet de la salle, enveloppés dans une couverture de grosse laine. Couché dans le sac de couchage que j’avais emmené, je me trouvais serré entre Yves à ma droite et sur ma gauche un homme qui dormait dans ce même uniforme que j’avais aperçu sur les gardes dehors. Nous étions tellement serrés dans cette salle que je devais de temps en temps disputer mon territoire à coups de genou à ce voisin. Heureusement la salle était bien chauffée car il gelait dehors. Parfois dans la nuit le téléphone sonnait et l’homme au revolver répondait dans sa langue d’une voix assourdie...

Nous étions le 15 janvier 1988. Cet endroit inconnu de moi, où j’allais passer ma première nuit «d’expatrié» c’était Suleynianiah, importante ville du Kurdistan irakien, située au nord-ouest de l’Irak. Non loin de là se trouvait l’hôpital pour lequel comme chirurgien, je venais de partir en «mission» pour une période de deux mois, sans rien savoir d’autre que son nom: Azadi!

Ainsi avait commencé la première de mes missions humanitaires...

C’était en 1938, dès le début de mes études médicales à Strasbourg que j’avais ressenti cette vocation: aller auprès de populations déshéritées, privées d’aide, de moyens et de soins. Vocation qui m’avait été révélée à la lecture du livre du déjà célèbre Docteur Schweitzer «À l'orée de la forêt vierge». Mais du fait de la guerre 39-45, mon début de carrière fut un peu compliqué. Après les trois premières années d’études à la faculté de médecine de Strasbourg où j’habitais alors, j’avais été comme toute ma famille, expulsé de cette ville en juin 1940, (j’avais été médecin auxiliaire pendant la courte guerre en France). Cette expulsion s’était accompagnée de la perte de tous les documents de travail accumulés au cours de ces études, en particulier dans ...





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