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Chroniques boréales


Auteur :
Éditeur : L'Harmattan Date & Lieu : 2000, Paris
Préface : Pages : 111
Traduction : ISBN : 2-7384-9193-6
Langue : FrançaisFormat : 130x210 mm
Code FIKP : Liv. Fr. 4497Thème : Littérature

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Chroniques boréales

Chroniques boréales

Luleå a tout d'une ville absente, enfin, d'une topographie factice. C'est une ville située sur la côte ouest du golfe botnique où le froid et la solitude dictent leur loi. Ici, le printemps et l'été ne durent pas à eux deux plus de trois mois. Ils disparaissent comme des cambrioleurs pour laisser la place aux interminables enquêtes et interrogatoires de l'hiver. La nuit qui terrorise la ville libère les forces sauvages du vent qui balaye les rues désertes et siffle sinistrement dans les branches des bouleaux et des pins.

Je me trouve à Luleå par erreur. J'y interroge la mémoire peu fiable du vent et écris la chronique des ténèbres. C'est une tâche bien ingrate et absurde, car je n'aime pas les chroniques et puis, il s'avère que moi, le Kurde, je suis très attaché à la lumière du jour et à la complexité de la vie parisienne.

Chroniques boréales est le journal dans lequel l'auteur relate ses combats livrés contre la solitude et la gerçure au nord de la Suède.


 

 


Le chauffeur de taxi m'attend dans l'allée principale de L'École polytechnique. Après avoir passé deux mois en France, je viens directement de l'aéroport chercher les clés de mon nouvel appartement dans le bureau de la secrétaire du département. Dans les couloirs de la faculté, des collègues se montrent pressés comme d'habitude. J'accomplirai mon devoir envers eux en leur disant que c'est un grand honneur pour moi de travailler avec eux, au sein d'un corps professoral bien soudé et surtout, si dépourvu de mesquinerie. Pressé à mon tour à présent, je dois réintégrer mon chez moi et voir mon courrier. Je compte bel et bien accomplir plus tard cette tâche civique et sociale. Oui, je raconterai, surtout à notre doyenne qui se prend pour Madame de Pompadour ce que j'ai mangé et bu dans les restaurants parisiens et je lui épargnerai tous les détails superflus sur la vie intellectuelle de la capitale.

J'adore en mes collègues leur désespoir camouflé et plains leur dynamisme, faux, ridicule et aberrant. Le taxi me conduit vers un espace réduit, un studio de trente mètres carrés dans le même immeuble que l'année dernière. Une fois »chez moi» à Skurholmen, la vérification du courrier que ma voisine Agneta a eu la gentillesse de garder pour moi ne prend pas beaucoup de temps. Elle a jeté, sur ma demande, les prospectus et les brochures et il ne me reste pas grand-chose. Chaque fois que je m'absente pour quelques semaines, je m'angoisse pour rien. Je crois que je vais recevoir des montagnes de lettres qui changeront le sens de ma vie  mais à chaque fois, je vois à quel point je compte peu pour les milliards d'hommes et de femmes de la planète Terre. Ce que je reçois a toujours un rapport étroit avec l'argent et les déclarations sur les revenus.

Au magasin Konsum, rue Ringgatan, je fais les courses, rapidement. Des boulettes de viande, des pommes frites surgelées, de la bière légère, plusieurs sortes de fromage et du pain. J'oublie les petits pains à la cannelle.

Les cartons contenant mes livres vont rester un bon moment dans la cave de l'immeuble. La livraison des deux bibliothèques commandées le même jour prendra du temps. Ici, rien ne piesse, il n'y a pas le feu. Épuisé, je sombre tout de suite dans un long et profond sommeil. Pour mon grand bonheur, je rêve que je pétris longuement les seins de Pamela Anderson et qu'ils dégagent un délicieux parfum de petits pains à la cannelle. Luleâ a tout d'une ville absente, enfin, d'une topographie factice. C'est une ville située sur la côte ouest du golfe botnique où le froid et la solitude dictent leur loi. Ici, le printemps et l'été ne durent pas à eux deux plus de trois mois. Ils disparaissent comme des cambrioleurs pour laisser la place aux interminables enquêtes et interrogatoires de l'hiver. La nuit qui terrorise la ville libère les forces sauvages du vent qui balaye les mes désertes et siffle sinistrement dans les branches des bouleaux et des pins.




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