La bibliothèque numérique kurde (BNK)
Retour au resultats
Imprimer cette page

L’Irak, développement et contradictions


Auteurs : |
Éditeur : Le Sycomore Date & Lieu : 1978, Paris
Préface : Pages : 304
Traduction : ISBN : 2-86262-0084
Langue : FrançaisFormat : 150x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Gue. Ira. N°415Thème : Général

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
L’Irak, développement et contradictions

L’Irak, développement et contradictions

A. & A. Guerreau

Le sycomore

L’Irak ? La question kurde, les pendus à Bagdad, l’antisionisme implacable, le pétrole... Ces clichés rapides et souvent malveillants sont-ils suffisants pour comprendre cet Etat complexe ?

L’Irak, développement et contradictions, analyse la réalité économique de l’Irak, ses structures géographiques, ethniques et religieuses, en décrit la vie politique sans complaisance mais aussi sans passion. Un regard neuf, englobant et précis sur un des pays les plus controversés du monde arabe.



Alain GUERREAU et Anita GUERREAU-JALABERT
, tous deux agrégés de l’Université et arabisants, sont chercheurs au CNRS. Ils ont enquêté durant plusieurs mois sur le terrain, tout en ayant recours aux sources écrites les plus sérieuses et les plus récentes.

 



INTRODUCTION


Où sont les Jardins suspendus ?...
L’Irak n'est pas un pays fertile ; sans le pétrole, ce serait une contrée misérable, sans rien de commun avec l’idée que l'on se fait de la Mésopotamie antique et des splendeurs assyro-babyloniennes. Bagdad est une ville immense et morne de plus de trois millions d'habitants ; rien n'y évoque les Mille et Une Nuits, sinon quelques symboles métalliques.

Si les Irakiens sont des gens tristes et parfois brutaux, leur hospitalité et leur amitié étonnent. On n’est pas moins étonné des progrès profonds qu'ils ont réalisés depuis vingt ans : contrôle complet du cours des fleuves et fin des inondations ; éradication de la plupart des maladies ; destruction de tous les bidonvilles ; résorption totale du chômage ; scolarisation de plus des trois quarts des enfants. De nombreux indices témoignent de la modernisation accélérée du pays depuis 1971.

L'Irak bénéficie à la fois de son sous-sol pétrolifère et de l’efficacité et de la stabilité du parti de la résurrection arabe socialiste (Baath), qui le dirige depuis 1968, l’entraînant de manière décidée vers le modernisme et le développement.

Cette émergence hors du sous-développement ne se fait pas sans difficultés et rencontre de gros obstacles. Les pires sont sans doute encore ceux qui font partie du legs sociologique arabe : relégation des femmes, fossé entre villes et campagnes, paralysie de l'administration. Pourtant, aujourd'hui, l’observateur est frappé par les contradictions qui naissent de la volonté de développement elle-même : volonté affichée de démocratie et de liberté, mais contrôle omniprésent et permanent du parti, sinon du Conseil de Commandement de la Révolution lui-même ; marche, vers le socialisme mais renforcement simultané du secteur privé ; laïcité du parti, mais maintien ou renforcement des cadres religieux de la vie sociale ; nationalisme arabe, mais construction de l'Irak seul. Dans les faits, tout se passe comme si le Baath s’identifiait à la volonté d'industrialiser le pays ; l’ambiguïté fondamentale paraît traverser dans le même mouvement le Baath et l’industrialisation : contradiction entre une politique qui entraîne vers le socialisme et l'édification d'une réalité nationale irakienne consciente, d’une part ; et l’appui, pour ce faire, sur divers groupes plus ou moins privilégiés et opportunistes, d’autre part. Cette difficulté majeure est sensible autant au niveau du recrutement et de la fixation de la ligne du parti qu’à celui des méthodes de l’industrialisation et du développement. Il faut créditer l'équipe actuelle d’une souplesse ferme qui lui a permis de mettre en œuvre des compromis efficaces.

Notre réflexion s’est d'abord fondée sur les observations directes que nous a permises un séjour de perfectionnement linguistique de neuf mois en 1976. A cela, nous avons confronté ce que l’on sait de l’histoire irakienne, et les données statistiques officielles qui, quoique lacunaires, nous sont apparues très proches de la réalité. Nous avons tenté, dans la mesure du possible, d’ordonner le tout dans un perspective d’analyse sociologique non sans prendre garde que les contrastes régionaux sont souvent plus violents que les oppositions sociologiques.

Le système de transcription de l’arabe utilisé par les Irakiens est un système pour anglophones, mais il comporte beaucoup d'incertitudes et de flottements, à la fois à cause du caractère spécifique du système phonologique arabe, du double système de prononciation propre aux Irakiens et de la présence de nombreux noms kurdes. Nous avons utilisé pour l'essentiel un système extrêmement simplifié, ne tenant compte ni de la longueur des voyelles, ni du redoublement des consonnes, ni du caractère emphatique de certaines d’entre elles.

Anita Guerreau-Jalabert est l'auteur des chapitres II, V; VI, VII et IX (3 et 4) ; Alain Guerreàu est l'auteur des chapitres I, III, IV, VIII, IX (1 et 2), X, XI, XII.



Chapitre I

Relief et Climat

1. Le Relief

La République d’Irak s’étend entre les 38°45' et 48°45' de longitude est et les 29°05' et 37°22' de latitude nord. Suivant son plus grand axe, de Zakho à Fao, le pays mesure environ 1 000 km ; dans sa plus grande largeur, de Rawanduz à la frontière jordanienne, environ 750 km. Sa superficie est de 434 000 km2, auxquels s’ajoutent la moitié de la zone neutre irako-saoudienne (3 522 km’) et 924 km2 d'eaux territoriales. L’Irak est bordé à l’est par l’Iran (sur 1 515 km), au nord par la Turquie (305 km), à l’ouest par la Syrie (603 km), la Jordanie (147 km) et au sud par l’Arabie Saoudite (895 km) et le Kuwait (254 km).
L'analyse topographique permet de distinguer nettement les quatre zones naturelles principales de l’Irak : la plaine alluviale et deltaïque (94 000 km2) les plateaux désertiques au sud et à l'ouest (260 000 km2) ; les hautes plaines et collines de piémont (50 000 km2) ; les montagnes au nord (30 000 km2).

La plaine alluviale s’étend entre 65 et 25 m d'altitude environ, la plaine deltaïque entre 25 m et la mer. Trois cours d’eau convergent dans la région de Bagdad : l'Euphrate (60 m à Hit), le Tigre (65 m à Samara), la Diala (65 m vers Muqdadiya). Bagdad est à 34 m. La déclivité diminue rapidement ; 29 m à Karbala, 27 m à Hila. Plus au sud, on pénètre insensiblement dans la plaine deltaïque ; la pente y est inférieure à 1 m pour 20 km. L’écoulement des nappes phréatiques y est à peu près bloqué. (Diwaniya 20 m, Kut 20 m, Hai 15 m, Qalaa Sikar 13 m, Samawa 6 m, Amara 9 m, Nassiriya 3 m). L'écoulement des eaux en surface est lui-même très difficile : le tracé des cours d'eau est pour la plus grande part l'œuvre des hommes, qui depuis des siècles n’ont cessé d’édifier des digues et de creuser des canaux. Des marais, au niveau plus ou moins contrôlé et variable selon les saisons, couvrent d'immenses superficies. A partir de Quma, le Tigre et l'Euphrate mêlent …

 




Fondation-Institut kurde de Paris © 2024
BIBLIOTHEQUE
Informations pratiques
Informations légales
PROJET
Historique
Partenaires
LISTE
Thèmes
Auteurs
Éditeurs
Langues
Revues