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Une femme blessée


Auteur :
Éditeur : Anne Carrière Date & Lieu : 2014, Paris
Préface : Pages : 204
Traduction : ISBN : 978-2-8433-7702-0
Langue : FrançaisFormat : 130x195 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Enc. Fem.Thème : Littérature

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Une femme blessée


Une femme blessée


Marina Carrère d'Encausse


Anne Carrière


Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, ses enfants et sa belle-famille. Un jour, elle est emmenée à l’hôpital de Souleymanieh, très grièvement brûlée - soi-disant victime d’un accident domestique. Tandis que Fatimah va lutter pour vivre malgré ses blessures, la vie dans son village s’organise sans elle. À tel point qu’elle semble n’avoir jamais existé. Seule sa fille aînée continuera à évoquer son souvenir.

Que va devenir Fatimah? Que s’est-il passé le jour de l’« accident »? Quels mystères planent sur cette femme?

Un roman envoûtant qui décrit la terrible réalité des crimes d’honneur et redonne leur dignité à ces femmes oubliées.

Marina Carrère d’Encausse est docteur en médecine. Sur France 5, elle co-présente avec Michel Cymes Le Magazine de la santé ainsi que Allô docteurs, et présente Le Monde en face.
Elle a publié Alcool, les jeunes trinquent, en novembre 2011, aux Éditions Anne Carrière. Une femme blessée est son premier roman.



PREMIER JOUR


Souleymanieh, Kurdistan irakien, hôpital des grands brûlés

Il est 15 heures. Le soleil est au plus haut. Il fait chaud, l’air est étouffant. La rue est bruyante, la poussière omniprésente.

À l’intérieur de l’hôpital, le calme n’en est que plus remarquable. Les stores baissés tamisent la lumière, il fait bon. Un havre de paix, en quelque sorte...

On pourrait le penser si, dehors, il n’y avait l’enfer de la guerre. Cela fait près de trente ans déjà que le pays, hommes, femmes, enfants subissent l’horreur, la peur, la violence.

Pourtant, l’horreur s’étend jusque dans les chambres de l’hôpital. On perçoit des gémissements. Pas des cris - les malades sont plutôt courageux, dignes -, mais des plaintes sourdes.

Et puis, il règne une odeur fade, douceâtre, une odeur de pourri. C’est celle des corps grièvement brûlés. On a beau tout faire pour couvrir cette odeur - le sol vient d’être nettoyé, un chariot rempli de produits détergents et antiseptiques est parqué dans le hall —, elle est là, lancinante, elle s’infiltre dans les narines, occupe le terrain.

C’est un hôpital de brûlés, peut-être la pire des blessures que le corps et l’esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent.

Elles sont trois, allongées dans le sas de réanimation, antichambre de ce lieu où les médecins se battent pour sauver des vies. Quand ils le peuvent... Dans ce sas sont installés les cas les plus graves, les derniers arrivés.

Trois jeunes femmes : Bada, seize ans, Awira, dix-neuf, et Fatimah, vingt-trois. On ne distingue que des formes, mais ce sont bien des corps qui gisent sous les couvertures de survie posées sur eux. Des couvertures conçues pour maintenir une température suffisamment élevée et retenir la chaleur qui fuit, menaçant la vie à chaque instant.

Seuls les visages émergent. Les visages ou ce qu il en reste.

Fatimah occupe le lit près de la fenetre ; d elle, on ne voit que la bouche. Le front, les joues sont recouverts d’un épais bandage qui masque ses blessures.

Dès qu’elle est arrivée, on lui a donné de la morphine pour apaiser ses souffrances et pour qu elle supporte les premiers soins. Même plongé dans le coma, un brûlé peut ressentir la douleur, et les premiers gestes sont forcément éprouvants. Un médecin et un infirmier l’ont douchée, afin d’enlever toutes les peaux mortes mais …




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