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Kurdes d'ici et d'Ailleurs


Auteurs : | | |
Éditeur : Date & Lieu : 1998, Paris
Préface : Pages : 150
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 145x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Gun. Kur. N° 1259Thème : Général

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Kurdes d'ici et d'Ailleurs

Kurdes d'ici et d'Ailleurs

Bekir Gunes


Peuples d’ici et d’Ailleurs


A moment où nous terminons cette étude, des changements profonds chez les Kurdes de Turquie se réalisent, aussi bien pour ceux qui sont restés au Kurdistan que pour ceux qui se sont exilés.

Ainsi, pour diverses raisons, notamment la volonté des autorités turques de “disperser” les Kurdes ainsi que la destruction des villages et des forêts, le Kurdistan de Turquie devient fortement urbanisé. Les conséquences de cette urbanisation forcée seront considérables et restent, pour l’instant, incalculables.

Pour ceux qui se sont exilés et notamment pour ceux qui sont issus du village de Cerne Zeyne, l’espoir d’un retour au village s’évapore. Ces derniers, en plus des difficultés précédentes, se voient dépossédés du village où sont enterrés leurs ancêtres pour un projet de barrage du gouvernement.

L’espoir de retour est brisé, l’expropriation est en cours et le village sera bientôt immergé sous l’eau. Les conséquences de ces nouvelles contraintes sur la population issue du village restent, elles aussi, inconnues.


"On ne parle pas assez des Kurdes parce que nous n'avons jamais pris d'otage, jamais détourné un avion. Mais j'en suis fier"
Dr. Abdul Rahman Ghassemlou
Dirigeant politique kurde assassiné à Vienne en 1989.

AVANT-PROPOS

Les conflits engendrés par la coexistence dans un même espace de plusieurs communautés de cultures différentes ont conduit, les chercheurs et les savants à analyser les situations et l'histoire des communautés ethniques, notamment au regard du concept "nation". La définition exacte de ce mot est trop souvent controversée en science humaine. Mais, les plus grands savants au monde entier se sont entendus sur les cinq éléments constitutifs de la nation ; la langue, la culture, l'économie, l'histoire et la terre.

A ces cinq critères, certains hommes de sciences ajoutent un autre composant qui est la religion. Les Français, par le biais de Renan affirment que la nation est une volonté de vivre ensemble. Sans entrer dans les détails de la lutte contre cette volonté, engendré en France avec les problèmes Corse et Breton, en Espagne avec les Basques notamment, n'oubhons pas le conflit entre les Flamands et Wallons en Belgique, ni celui des Français au Québec, des divers peuples autochtones en Amérique, ou encore les frustrations d’autres minorités vivant dans ces pays. Faut-il rappeler le problème des Tamouls à Ceylan et celui des Sikhs et d'autres nationalités de l'Inde, de la Chine, de l'ex-U.R.S.S., des Arméniens, des Kabyles d'Algérie et des Berbères du Maroc, le problème de la Bosnie, du Rwanda, des Touaregs, des noirs Mauritaniens, des Casamançais, des Halpoulaar dans plusieurs pays d'Afrique (Sénégal, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Guinée, Nigeria, Tchad, Cameroun, bref, les Poulaar-Foulfoul, s'étendent de l'Océan Atlantique à la Mer Rouge) et d'autres peuples comme celui des Kurdes en Turquie, Iran, Irak, Syrie et ex-U.R.S.S.

Comme on peut le constater, ce problème est universel. Il est à l'origine de plusieurs "poudrières" dans le monde, c'est pourquoi l’univers des sciences politiques prétend trouver cinq moyens efficaces pour résoudre ce problème ;

1°) un Etat unitaire, juste, où les langues et les cultures jouissent d'un même statut, sinon,

2°) l'autonomie. Si ce cadre n'arrive pas à résoudre ce problème, il faut expérimenter les moyens suivants ;

3°) la confédération ou

4°) la fédération. L'échec de la fédération conduit à

5°) la séparation.

Mais il est entendu qu'on peut passer d'un Etat unitaire à la fédération ou à la séparation en brûlant rétape de l'autonomie ou de la confédération.

Il faut croire que ce remède "politique" est très peu appliqué dans la plupart des sociétés au concept dommant 'Etat-Nation. Ces problèmes de coexistence entre des communautés de cultures différentes sur un même espace géographique sont ancestraux et sont déjà présents dans les sociétés romaine ou grecque. Cependant, dans le monde romain, l'assimilation des diverses cultures se fait très tôt ressentir et Rome accordera le droit de citoyenneté romaine, un peu comme une récompense, aux villes et aux personnes méritantes.

Cependant, des réticences demeurent : l'un des arguments utilisés contre les Grecs à la fin du IIe siècle, par leurs ennemis, sera précisément l'intention qu'on leur prête de vouloir donner le droit de cite à tous les Italiens, et les Romains seront souvent animés de réflexes conservateurs: pour eux étendre la citoyenneté romaine, c'est multiplier le nombre de ceux qui profitent des avantages qu’elle offre.

Avec la conquête du bassin de la Méditerranée, Rome devient un Empire à vocation universaliste; l'optique change alors progressivement et c'est sans résistance notable qu'en 212 après J.C. l'édit de Caracalla accorde le droit de cité complet à tous les habitants de l'empire; la notion d'étranger disparaît; les empereurs, d'abord recrutés dans les familles aristocratiques romaines, le sont ensuite dans la petite noblesse italienne, puis provinciale : les Antoniens au IIe siècle, sont originaires de Gaule et d'Espagne; les Sévères d'Afrique (leptis magna) ; Héliogabale sera un empereur syrien. Le centre vital de l'empire se déplace peu à peu vers l'Est et la creation de Constantinople en 330 ne fait qu'entériner cette situation.

Ce modèle de gestion du pouvoir à caractère universel peut laisser croire que la diversité des cultures ethniques et religieuses a été mieux prise en compte qu'actuellement.
Les Etats-Unis, les ex-républiques de 1'U.R.S.S., de la Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie ou, plus récemment, l'Union Européenne et le Conseil de l'Europe, peuvent-ils être considérés comme une solution au problème de coexistence des communautés ethniques sur un même espace géographique ? Le concept "Etat-Nation" donne-t-il une réponse adaptée aux "multitudes d’hommes vivant sur le même territoire et obéissant au même gouvernement"1 ?
En fait, la question posée est celle de la citoyenneté. On peut définir celle-ci comme étant le droit pour tout être humain à "participer à la vie de la cité" comme le précise bien Aristote, quel que soit son rang, sa caste, sa fortune, son sexe, ses capacités intellectuelles, son bagage culturel, ses origines, sa religion, voire son âge. Il y a donc, dans l'idée de citoyenneté, l'idée d'universalité.

1 Définition de peuple : Dictionnaire encyclopédique Quillet.



Introduction

La démarche entreprise tente de proposer une méthode qui place une population au coeur de l'analyse de sa situation historique et actuelle.

L'objectif étant la constitution d’une mémoire collective d’une population devenue "communauté ethnique transnationale, il s agissait de poursuivre un certain nombre de trajectoires en vue d une analyse à interet international.

Un certain nombre de points, relatifs à l’organisation d’une communauté (contexte sociologique, historique et économique ; mode d'organisation, de fonctionnement, de consommation et de production, culture, tradition, religion, éducation, etc..) sont traités dans la présente étude. Leur confrontation, dans la mesure du possible, enrichit les connaissances et relativise leurs valeurs. Cette démarche a tenté d’éviter l'écueil du repli de la communauté sur elle-même. Ceme Zeyne, un petit village de mille habitants, situé au Nord du Kurdistan en Turquie, fonde a partir de quatre familles, il y a deux siècles, s'est développé jusque dans les années 60 puis a vu se disperser peu à peu sa population pour se retrouver quasiment déserté aujourd’hui.

Cette population, menacée de rupture avec ses racines culturelles, fait face à de nombreuses crises et s'enrichit grâce à sa volonté de rompre avec sa société en autarcie par la rencontre avec les autres cultures. La présente étude retrace ces trajectoires, tente de répondre à un certain nombre de questions mystifiées et pose un certain nombre de points d’interrogations sur le phenomene de migration transnational.

On trouvera différents styles d’écriture et de narration. Cela s'explique par un véritable travail collectif et l'implication de personnes …




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