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LES RÉFUGIÉS KURDES D’IRAK EN FRANCE
Réussite ou échec d'une intégration maîtrisée ?
« Là, où nous étions dans notre village, nous avions une petite propriété. Il ne nous manquait rien. Les arbres étaient plein de fruits, il y avait des sources. Les fleurs parfumaient l'air, le bruit des ruisseaux nous berçait, l'eau était froide et limpide ; nous étions heureux et maîtres chez nous. Hélas, Saddam nous a envoyé des bombes chimiques ; tout a été détruit et nous avons pris le chemin de l'exil. Notre grand espoir est, qu'un jour, Saddam meure et que nous puissions retourner dans notre Kurdistan » (1).
Après plusieurs années en France, les réfugiés kurdes, rescapés des bombardements chimiques en Irak, vivent toujours avec la nostalgie de leur pays. A la différence des 25 000 réfugiés politiques kurdes irakiens installés en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie, ces réfugiés sont issus, dans leur majorité, du milieu rural. Ils sont arrivés en France dans le cadre d'un programme d'accueil décidé par le gouvernement français. Comment vivent-ils quotidiennement en France ? Sont-ils parvenus à s'adapter à leur nouvelle terre d'accueil ? C'est au travers de la vie de certains de ces réfugiés installés à Albi que sera étudié le problème de l'intégration des Kurdes d'Irak en France. Toutefois, les Kurdes d'Irak ne représentent en France et en Europe qu'une petite fraction de la population kurde installée à l'étranger. Pour inscrire notre étude dans le cadre général de cette population, nous en donnons, d'abord, un aperçu global.
La population kurde
Formant une population de 25 à 30 millions, les Kurdes vivent au Kurdistan, région montagneuse d'une superficie de 500 000 km2, s'étendant de la Mer Noire, au nord, jusqu'aux steppes de la Mésopotamie, au sud. Partagés entre la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie et les Républiques d'Azerbaïdjan, d'Arménie, de Turkménistan et de la Géorgie, en ex-Union- Soviétique, les Kurdes ont rarement connu la paix et le calme dans leur histoire (2). Trouvant menaçantes les revendications culturelles et nationales des Kurdes, les gouvernements de ces pays n'hésitent pas à recourir à tous les moyens pour s'opposer à leurs aspirations.
- La diaspora
De nos jours, plus d'un tiers du peuple kurde est constitué de réfugiés politiques et économiques, de personnes déportées, déplacées ou dispersées à travers le monde. Les premiers arrivés en Occident étaient des persécutés politiques, des notables, des gens aisés et cultivés, suivis ensuite par une vague d'immigrants plus pauvres qui a pris de l'ampleur à partir du milieu des années 70.
Il existe une importante diaspora en Europe occidentale, 750 000 à 800 000 personnes, dont 75 à 80 000 en France. Parmi ces Kurdes, plus de 90 % sont originaires de Turquie, dont 15 000 à 20 000 réfugiés politiques. Les 10 % restant sont originaires d'Irak, d'Iran, et de Syrie (3). Environ 1/3 de ces Kurdes résident dans la région parisienne. Une communauté est présente également en Alsace et en Normandie, dans le Nord et dans le Massif central.
La diaspora kurde en Occident
Allemagne - 500 000
Suède - 20 000
France - 80 000
Etats-Unis - 15 000
Grande-Bretagne - 20 000
Autriche - 10 000
Belgique - 15 000
Canada - 10 000
Pays-Bas - 25 000
Norvège - 2 500
Suisse - 35 000
Grèce - 5 000
Danemark - 11 000
Chypre - 5 000
Source : Institut kurde de Paris.
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(1) Paroles d'une des réfugiés kurdes arrivée en France en 1990.
(2) La population kurde est estimée entre 25 à 30 millions de personnes ; on compte environ 12 à 15 millions de Kurdes en Turquie, soit près de 25 % de la population totale ; 4 à 5 millions en Irak, soit 28 % de la population de l'Irak ; 6 à 7 millions en Iran et 1 500 000 en Syrie. Il existe une communauté kurde de 600 000 à 800 000 personnes en ex-Union-Soviétique, dans les quatre Républiques d'Azerbaïdjan, d'Arménie, de Turkménistan et de Géorgie, ainsi qu'en Asie centrale. Au Liban il existe également une communauté kurde estimée à 100 000 personnes.
(3) Faute de statistiques officielles, nos chiffres sont approximatifs. | 
