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Géostratégiques N° 15 : L’Europe et les crises au Moyen-Orient


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Éditeur : IIES Date & Lieu : 2007, Paris
Préface : Pages : 202
Traduction : ISBN : 1627 - 6639
Langue : FrançaisFormat : 150x215mm
Code FIKP : Liv. Fre. Ras. Eur. N° 1599Thème : Politique

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Géostratégiques N° 15 : L’Europe et les crises au Moyen-Orient

Géostratégiques N° 15
L’Europe et les crises au Moyen-Orient

Ali Rastbeen

Institut International d’Etudes Stratégiques

Quel rôle pour l’Europe dans la gestion des crises au Moyen-Orient ? / A. Rastbeen
L’Europe et le Moyen-Orient jusqu’à la disparition de l’Empire ottoman / F.-G. Dreyfus
Le changement de paradigme au Moyen-Orient / G.-F. Dumont
L’Europe et l’avenir du Moyen-Orient / Son Excellence Y. Gazzo
La Grande-Bretagne et le Moyen-Orient / Son Excellence J. Holmes
Pour une confédération du Moyen-Orient (C.M.O.) / R. Tebib
Les Etats-Unis, l’Europe et les crises au Moyen-Orient / S. Ekovich
La politique américaine et la question palestinienne / B. Khader
Les conséquences de la construction du mur à Jérusalem / M. F. Troudi
La Guerre d’Iran sera mondiale, ou elle n’aura pas lieu / X. Houzel
L’Accord de Commerce et de Coopération Iran - UE intérêts et limites / T. Coville
Irak : de la dictature à un avenir prometteur / Son Excellence M. Abboud
La France, l’Afrique et le déclenchement de la guerre en Irak / M. Aicardi de Saint-Paul
L’Europe et les crises au Moyen-Orient : de nombreuses raisons d’espérer ! / E. Dupuy
Les dilemmes de la guerre israélo-libanaise, un jeu à double niveau ? / M. Daoudy
Le rôle de l’Europe dans le règlement de la crise libano-israélienne / J.M. Vernochet
Les relations entre l’Europe et le Moyen-Orient : - Perspectives en cas de crises pétrolières / A. Pertuzio
L’Entretien de Géostratégiques : - L’Europe acteur régional et international : stratégies de la diplomatie collective européenne au Moyen-Orient. / Avec François Osete



ÉDITORIAL

Avec cette problématique vaste et encourageante, nous avons tenté de comprendre le rôle de l’Europe dans cette période de crises sévères que connaît le Moyen-Orient. La conférence intitulée L’Europe et les crises au Moyen-Orient, tenue au siège permanent de la Commission européenne à Paris, était concentrée sur l’Europe comme acteur régional et international, dont la problématique centrale était : « quel rôle pour l’Union européenne dans la gestion des crises moyen-orientales ? ».

Tout d’abord, j’aimerais ici remercier vivement les intervenants pour la qualité et la clarté de leurs exposés, ainsi que le Chef de la représentation permanente de la Commission européenne à Paris qui nous avait permis l’organisation de cette conférence dédiée à l’Europe et sa politique moyen-orientale.

La diplomatie européenne mise en œuvre dans le cadre de la PESC (Politique Étrangère et de Sécurité Commune) dirigée par le Haut représentant Javier Solana, connaît un tremplin depuis sa création par le traité de Maastricht en 1992 et consolidée par le traité d’Amsterdam. Un outil politique qui permet aux Etats européens d’agir en concert sur le plan international et d’élaborer une vision diplomatique différente de celle de la politique déclaratoire de la coopération politique européenne (CPE). Une politique étrangère qui se veut un moteur de développement destinée à plus de 22 pays de la Ligue arabe et 5 non arabes (Afghanistan- Iran-Israël - Pakistan - Turquie) mêlés dans un espace de milliers de kilomètres de mers et de déserts immaculés, de ruines inscrites au Patrimoine mondial, du gaz et du pétrole, une main d’œuvre abondante et peu coûteuse, un marché de 560 millions d’habitants grand comme deux fois les Etats-Unis, une langue écrite et partagée par la moitié de ses populations et un consensus social irrésistible autour d’une même religion, qui est désormais dysfonctionnelle aux intérêts stratégiques américains et des grandes puissances. La présence de liens historiques entre les pays de la région et les anciennes puissances européennes constitue des relations économiques et politiques privilégiées, et mettent en perspective une zone euro-moyen-orientale vouée au développement économique, social et culturel.

Alors que nous bouclons ce numéro, les crises au Moyen-Orient se durcissent après la guerre de juillet israélo-libanaise, dont les retombées domestiques et régionales ne cessent de se multiplier. Et avec des conséquences désastreuses sur les populations. D’une part, le Liban détruit par les attaques israéliennes, semble perdre également son équilibre politique.
L’émergence de nouvelles factions modifie la donne géostratégique, et déséquilibre les alliances ainsi que les rapports de force. Le poids politique du Hamas, extirpé depuis les attaques israéliennes le rend indéfiniment indispensable à toute solution de sortie de la crise. Néanmoins, la Palestine demeure ensanglantée par la violence israélienne et les querelles intestines qui prennent une tournure antagonique dont la probabilité d’une conciliation nationale se dissipe.

Depuis le début de la guerre américano-britannique en Irak, la région du Moyen-Orient replonge dans le schéma de remodelage mis en place par l’administration néo-conservatrice américaine, voulant rompre les équilibres géostratégiques et bousculant les rapports de forces par le changement des alliances.

Après l’éclatement provoqué par la guerre israélo-libanaise, l’escalade de la violence en Palestine, et trois années de guerre en Irak, l’implication européenne dans la gestion des crises au Moyen-Orient en fait d’elle un acteur central. A cet effet et à la demande de nombreux universitaires, chercheurs, la nécessité d’organiser un colloque sur le rôle de l’Europe au Moyen-Orient est centrale pour une meilleure compréhension de la politique étrangère des États européens. Comprendre l’action européenne, c’est sans doute revenir à la genèse historique des relations euromoyen-orientales et à l’édification de la politique étrangère européenne dans cette région où son implication permet une revalorisation des modes de négociation et de règlement des conflits. Cette thématique reprend l’étude de la conflictualité au Moyen-Orient et ses répercussions sur les alliances politico-stratégiques.

Tout en affectant la politique étrangère des deux grandes puissances les Etats-Unis et l’Union européenne, cette région devient l’épicentre des grandes questions internationales, remises en cause par l’intervention américaine. Aujourd’hui le Moyen-Orient est confronté à différentes crises, en particulier celle de l’application du Droit international, notamment l’inapplication du droit de la guerre par les Etats-Unis, à une crise humanitaire sévère au Proche-Orient et en Irak (où l’action humanitaire : la protection des civils semble bloquée de toute part) à la crise de l’acquisition de la technologie nucléaire et à la dissuasion nucléaire par des puissances naissantes. Entre le droit et la légitimité des actions des différents acteurs de la région et les aspirations des peuples sont paradoxaux, ce qui complique davantage la donne.

La guerre en Irak et la transition démocratique qui semble difficilement réalisable, le maintien de la politique de destruction israélienne en Palestine, les attaques israéliennes au Liban et le réveil iranien après de longues années de crises et de conflits, revendiquant son droit à la technologie nucléaire, l’émergence du Hezbollah, font a priori un ensemble d’événement et une multitude d’acteurs potentiels aux crises à venir.

Ce titre est évocateur, car depuis la première guerre du Golfe et après l’invasion du Koweït par le régime baathiste de Saddam Hussein, une question se pose sur le rôle des deux superpuissances, à savoir la région du Moyen-Orient évoque t-elle entre ces superpuissances, une concurrence ou une coopération ? Leur manifeste t-elle des actions concrètes ou une impuissance face à ces défis ?

La politique interventionniste américaine menée depuis les attentats du 11 septembre, montre que l’axe stratégique américain s’est modifié et sa lutte contre le terrorisme islamiste doit être menée dans cette région, dont la crédibilité de cette stratégie doit être mener dans le cadre du projet du Grand Moyen-Orient ou du moins d’un nouveau Moyen-Orient dont l’essence est la couverture totale de la sécurité de l’Etat hébreu. Le 12 juillet dernier en pleine guerre israélo-libanaise, Washington opposé à un cessez-le-feu, réclamait la naissance de ce Nouveau Moyen-Orient comme objectif stratégique américain.

Cette sécurisation à outrance des intérêts américains et israéliens dans la région constitue une politique de gestion des crises, de prévention de conflits latents ou déclarés mais paradoxalement, il apparaît et depuis la publication du rapport Baker-Hamilton sur la situation en Irak, que les États-Unis s’orientent vers des partenaires voisins de l’Irak. Ainsi la relation transatlantique rencontre des difficultés sur la question du Proche-Orient et ses retombées géopolitiques régionales, et est devenue une discorde transatlantique, avec les conséquences de l’intervention militaire en Irak et des événements qui s’en suivirent. Une opposition se révèle aujourd’hui entre la position et la méthode unilatérale américaine et la vision multilatérale de l’Europe. Les Européens et les Américains posent un diagnostic différent sur les crises qui affectent aujourd’hui le Moyen-Orient. Cette différence d’approche tient en grande partie au degré de leur implication dans ces mêmes crises. Nous ne pouvons que nous interroger sur le rôle de l’Europe sans définir le rôle des États-Unis, premier acteur géostratégique dans la région.

Lors du déroulement de ce colloque, l’ensemble des analyses partait du postulat de base à savoir ce que seraient les conséquences géostratégiques de l’intervention israélienne au Liban, en sachant que la guerre en Irak prenait une dimension disproportionnée dans la région mais également sur le plan international. Devant les enjeux de la guerre en Irak, l’endiguement de la région par les États-Unis et le renforcement des troupes américaines en Irak par l’envoi de 21 5001 soldats américains supplémentaires aux 132000 déjà sur place, modifient largement les prédispositions européennes à l’égard du Moyen-Orient. Depuis la victoire des démocrates au Congrès américain et la publication du rapport Hamilton-Baker2, nous assistons à un changement de stratégie américaine qui consiste à renforcer la présence américaine par l’envoi de 21 500 soldats supplémentaires. L’objectif n’est plus de sécuriser mais de nettoyer. Ainsi, allons-nous assister à un nettoyage ethnique en Irak ? Pour le président américain, les forces américaines seront intégrées aux unités irakiennes. Leur mission sera « bien définie » : « aider les Irakiens à nettoyer et sécuriser les quartiers3 ».

Aux différentes crises, s’ajoute celle du leadership politique dans la région, hormis l’allié stratégique israélien, l’Iran, et la Syrie sont potentiellement les acteurs clés de la gestion américaine de la crise irakienne. A cela s’ajoute que l’Europe différente dans son approche politique, elle continue d’œuvrer par une diplomatie préventive, semée d’embûches certes, mais les États-Unis sont conscients de l’influence grandissante de l’Union européenne dans la région. Dans la guerre du Liban, qui pouvait obtenir une décision de cessez le feu de l’Onu ? Qui renforçait la mission de la Finul ? Qui pourrait désamorcer et sauver les négociations avec l’Iran ? Au Proche-Orient, qui tente réellement une résolution équitable du conflit ? Qui envoie une mission de police pour sécuriser les frontières israéliennes à Rafah ?

II s’agit bien réellement de l’Union européenne et des États de l’Europe, malgré la continuité d’une problématique centrale dans la règle des relations internationales, à savoir in fine les nations sont-elles disposées à payer le prix politique de victimes lorsqu’elles n’ont pas d’intérêts nationaux en jeu ?

Les pays de l’UE se sont montrés circonspects quant aux fonctions réelles du concept du GMO ou à a son champ d’application géographique voire rétifs à s’associer à un projet qui puise sa source dans une sorte « de destinée manifeste » dont l’Amérique se sentirait de nouveau investie. Le Premier ministre français de Villepin déclarait : « c’est pourquoi la démocratie ne saurait être garantie par un simple changement de dirigeants politiques et encore moins dictée de l’extérieur d’autant qu’il n’y a pas un modèle unique et que tous les pays ne peuvent avancer au même rythme ». Cette explication suscite d’autres interrogations que les communications ont tenté d’éclairer, dont la publication de ce numéro spécial élucide la pertinence. Venant de différents secteurs, diplomates, écrivains, journalistes et chercheurs dans le droit fil de la dynamique de la convergence ont voulu rendre visible l’existence possible et effective de convergences entre différentes visions et dont le souci permanent marquant les études présentée dans cette conférence, est d’affirmer une perspective politique et stratégique commune sur le rôle de l’Europe au Moyen-Orient.

Pour le démontrer, l’Institut international d’Etudes Stratégiques a fait appel à des diplomates, universitaires, journalistes et des intellectuels de renom qui tout au long de leurs communications ont eu toute latitude pour exprimer leurs opinions. Il manque à cette édition trois articles intéressants, l’un de M. Labévière, rédacteurs en chef de Radio France Internationale, sur l’après-guerre israélo-palestinienne et les difficultés d’application de la résolution 170, celui du Professeur Semih Vaner, à propos de la Turquie, et le troisième du Professeur Charnay, traitant les considérations symboliques sur le complexe israélo-juif, qui pour des raisons de délais d’impressions seront publiés dans nos prochaines éditions. Pour certains articles des modifications ont été ajoutées par leurs auteurs, et d’autres textes de grande qualité ont été publiés en complément des analyses fournies.

Ali Rastbeen

1 Décision du président américain Bush, Le Monde 11-01-2007.
2 The Iraq Study Group Report
3 The New York Times, 11-01-2007.



- Quel rôle pour l’Europe dans la gestion des crises au Moyen-Orient ?

Ali Rastbeen

Le Moyen-Orient est aujourd’hui l’espace de profonds changements et le théâtre de la violence politique et ethnonationaliste. Le rôle de l’Europe est central en sachant que l’implication européenne a des enjeux politico-stratégiques, mais son rôle en matière de gestion des crises et règlement des conflits dans la région constitue un tremplin pour le Moyen-Orient.

- L’Europe et le Moyen-Orient jusqu’à la disparition de l’Empire ottoman

François-Georges Dreyfus

Depuis les temps les plus anciens, la région des Détroits, du Proche et le Moyen-Orient voient s’affronter sans cesse des forces religieuses de toutes sortes (Juif et Chrétiens, Chrétiens et Musulmans, Juif et Musulmans, Catholiques et romains et Orthodoxes). Au long des siècles, Etats chrétiens et ottomans se combattent, Français, Britanniques, Russes, Habsbourgeois ne cessent de s’entredéchirer.

- Le changement de paradigme au Moyen-Orient

Le recteur Gérard-François Dumont

Les paradigmes peuvent différer selon les groupes sociaux ou les individus, mais à chaque temps historique, toute société est bien imprégnée par un paradigme dominant, donc par un ensemble de croyances et de valeurs qui influence la façon dont cette société perçoit la réalité et réagit à cette perception. Le Moyen-Orient change de paradigme, ses sociétés sont passées d’un paradigme panarabe à un paradigme religieux, même si le second n’efface pas entièrement le premier.

- L’Europe et l’avenir du Moyen-Orient

Son Excellence Yves GAZZO

L’Union européenne considère que tous les pays du Moyen-Orient ont le droit de vivre en paix, à l’intérieur de frontières sûres, reconnues et garanties et que, pour atteindre cet objectif un véritable règlement global et pacifique est indispensable à l’ensemble des conflits de la région. La politique moyen-orientale de l’Europe reflète les liens historiques et les intérêts communs entre les deux régions.

- La Grande-Bretagne et le Moyen-Orient

Son Excellence John Holmes

La Grande-Bretagne entretient des relations de longue date avec les pays du Moyen-Orient et les intérêts quelle y conserve. L’Union européenne ne pourra effectivement peser de tout son poids dans cette région que si un noyau dur de pays, dotés de l’expérience et des capacités nécessaires, accepte de monter en première ligne. A quels mécanismes multilatéraux recourir pour sortir des crises multiples du Moyen-Orient ?

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