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Cemoti, n° 8 : La Communaute europeenne et la Turquie


Auteurs : | | | | | | | |
Éditeur : AFEMOTI Date & Lieu : 1989, Paris
Préface : Pages : 196
Traduction : ISBN : 0764-9878
Langue : TurcFormat : 160x240mm
Code FIKP : Liv. Fre. Van. Com. N° 3294Thème : Général

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Cemoti, n° 8 : La Communaute europeenne et la Turquie

Cemoti, n° 8: La Communaute europeenne et la Turquie

Semih Vaner

AFEMOTI

Les relations souvent difficiles que la Communauté européenne et la Turquie ont entretenues depuis la conclusion de l'Accord d'association en 1963 (entré en vigueur en 1964), ne sauraient être traitées dans le seul cadre juridique, Près de vingt sept années après l'Accord d'Ankara, on observe aujourd'hui aisément que les dispositions prévues par cet accord ont été dépassées, Techniques, ces dispositions (1) ne font pas ressortir -et c'est peut-être naturel- une dimension pourtant fortement présente au niveau des sociétés européennes, en tant que crainte ou appréhension, et présente aussi, sans aller jusqu'à établir une fausse symétrie, au sein de la société turque, Même s'il est occulté sur le plan officiel-étatique, l'élément culturel apparaît avec une certaine évidence, deux ans après la demande d'adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, il est probable qu'aujourd'hui, cet élément a un poids plus grand qu'au moment de l'Accord d'association.

En effet, dans la conjoncture des années 80, le facteur culturel ...



PRESENTATION

Pays associé à la Communauté européenne par l’Accord d’Ankara conclu en 1963 et qui prévoit l’intégration, la Turquie a posé sa candidature à l’adhésion le 14 avril 1987. Sans opposer une fin de non recevoir à cette demande, la Communauté qui se trouve déjà confrontée aux problèmes d’élargissement à l’Espagne et au Portugal, dissimule mal son embarras.

Cette livraison des CEMOTI vise à contribuer à la connaissance dès relations extérieures des Communautés européennes et de celles d’un pays candidat à l’adhésion et qui, en raison de sa position sur l’échiquier international (Communautés européennes, relations Est/Ouest, Moyen-Orient) dont l’actualité démontre à l’envi qu’elle est toujours très sensible, est un cas essentiel pour l’étude des relations internationales.

Dans ce numéro, nous avons choisi de privilégier l’approche culturelle des relations entre la Communauté européenne et la Turquie, non pas parce que ces rapports se réduisent à cette seule dimension, mais parce que nous croyons qu’il y a là un élément insuffisamment étudié, et qui peut nous fournir une des clés pour une meilleure compréhension des relations en question.
La première partie du numéro met l’accent sur l’histoire des rapports entre l’Europe, d’une part, l’Empire ottoman et la Turquie, de l’autre. Dans la seconde partie, sont analysées les attitudes de trois pays membres de la Communauté, en l’occurrence, la Grande-Bretagne, la France et la Grèce, face à la demande d’adhésion de la Turquie. Enfin, dans la partie finale, sont étudiées, l’idéologie kémaliste, plus de cinquante ans après la mort du fondateur de la République, l’économie turque et l’attitude des groupes d’intérêt turcs face à l’intégration européenne.

Nous tenons à remercier la Division de l’Information universitaire de la Commission des Communautés européennes, pour son soutien à l’organisation de la Journée d’étude qui accompagnera la réalisation de cette livraison.

La Rédaction



I

Culture et politique Europe,
Empire ottoman et Turquie

Les relations Turco-Communautaires
(Pertinence et limites de l'approche culturelle)

Seraih Vaner

Les relations souvent difficiles que la Communauté européenne et la Turquie ont entretenues depuis la conclusion de l'Accord d'association en 1963 (entré en vigueur en 1964), ne sauraient être traitées dans le seul cadre juridique, Près de vingt sept années après l'Accord d'Ankara, on observe aujourd'hui aisément que les dispositions prévues par cet accord ont été dépassées, Techniques, ces dispositions (1) ne font pas ressortir -et c'est peut-être naturel- une dimension pourtant fortement présente au niveau des sociétés européennes, en tant que crainte ou appréhension, et présente aussi, sans aller jusqu'à établir une fausse symétrie, au sein de la société turque, Même s'il est occulté sur le plan officiel-étatique, l'élément culturel apparaît avec une certaine évidence, deux ans après la demande d'adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, il est probable qu'aujourd'hui, cet élément a un poids plus grand qu'au moment de l'Accord d'association.

En effet, dans la conjoncture des années 80, le facteur culturel et religieux revêt une importance particulière dans les relations entre l'Occident et le monde musulman, La révolution iranienne, le régime issu de cette révolution et, d'une manière générale, ce que l'on appelle dans les médias occidentaux, à tort ou à raison, la résurgence ou la montée de l'Islam, ont projeté, semble-t-il, l'élément culturel au premier plan des relations turco-communautaires, Il est par ailleurs évident que le facteur culturel requiert une plus grande signification dans certains cas spécifiques, par exemple dans les questions relatives à l'adhésion du Maroc et de la Turquie à la Communauté européenne, que dans celles déjà réalisées de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce ou celles en attente de l'Autriche et de la Norvège.

Aussi tenterons-nous, dans le cadre de cet article, de cerner le facteur culturel, l'imaginaire européen et ottoman-turc, de saisir aussi, dans la mesure du possible, le non-dit, Par approche culturelle, nous n'entendons pas, bien sûr, les relations culturelles au sens étroit, entre les deux entités ou plus exactement entre une entité et un pays, Notre démarche n'est pas non plus culturaliste, expliquant les comportements politiques à partir de leur seule motivation culturelle, Ce sur quoi nous voulons mettre l'accent, ce sont surtout les perceptions et les représentations que les deux univers culturels ont et se font l'un de l'autre, et sur les mentalités collectives qui ont sur les rapports inter-étatiques un impact plus important que ne veulent bien le faire croire les démarches classiques dans la discipline des relations internationales (2).

L'élément culturel (3) apparaît, en l'occurrence, d'autant plus incontournable que l'Empire ottoman hier, la Turquie aujourd'hui se sont placés, par leur contiguïté géographique à l'Europe, au contact direct d'Etats chrétiens et ont eu ou ont renoué avec eux des relations conflictuelles ou des alliances, des échanges commerciaux et intellectuels.

Nous ferons trois propositions :

1- On ne saurait réduire les relations entre la Communauté européenne et la Turquie aux relations entre la chrétienté et l'islam, Cela n'a pas été toujours vrai, dans le passé, s'agissant des rapports entre l'Europe et l'Empire ottoman; cela est encore moins vrai aujourd'hui pour les rapports entre la Communauté et la Turquie, les relations internationales ayant acquis de nos jours, un haut degré de complexité.

2- Il serait peut-être inconvenant mais non excessif de dire que le sacré occupe, toutefois, une place privilégiée dans l'édification des images que les deux entités se font l'une de l'autre, Les perceptions et les mentalités collectives ne sont pas sans influer sur le comportement des deux entités, au niveau diplomatique, Hormis les cas évidents, où le sacré sert parfois de substrat aux idées racistes, il n'est pas toujours aisé de repérer et de localiser l'élément religieux dans de tels comportements, Pour ce faire, il est nécessaire d'isoler les intérêts et la politique de chaque Etat communautaire, La manifestation ou l'instrumentalisation de l'élément culturel ou religieux apparaît lorsque ces relations renferment ou cachent un enjeu de politique interne localisée ou non (comme dans le cas de la France) ou de politique internationale (comme dans le cas de la Grèce).

3- Les relations entre la Turquie et la CE et plus partculièrement la question de l'adhésion ne sauraient être expliquées uniquement à partir des perceptions réciproques. C'est là où apparaissent nettement les limites de l'approche culturelle. Il importe, par conséquent, de repérer et de cerner les facteurs d'ordre plus spécifiquement politique ou socio-économique qui militent en faveur de l'adhésion turque à la CE, et les facteurs plus nombreux du même ordre, qui semblent y faire obstacle.
…..




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