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L’Ésotérisme Kurde


Auteur :
Éditeur : Albin Michel Date & Lieu : 1966, Paris
Préface : Pages : 246
Traduction : ISBN : Liv. Fre. Ela. Eso. N° 1879
Langue : FrançaisFormat : 130x2000 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Ela. Eso. N° 1879Thème : Religion

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L’Ésotérisme Kurde

L’Ésotérisme Kurde

Nûr Alî-Shâh Elâhî

Albin Michel

Le foyer principal des Fidèles de Vérité se situe en Iran occidental, dans la province kurde de Kermanchah, surtout dans les villes de Qasr-e Shîrîn, Sarpol,. Kerend, Sahna et dans les districts de Zohâb, Bêwanidj, Mâhîdasht et Holaylân.
La tribu Gouran tout entière et la majorité de celle de Sandjàbî, ainsi qu’une partie des Kalhor et des Zangena de Kandûla et des tribus lurs Djalâlawand et Othmânawand de Holaylân, appartiennent à la secte des Ahl-e-Haqq.
Le Luristan (province également occidentale de l’Iran située au sud du Kurdistan iranien), qui avant le xive siècle était le centre religieux de la secte, contient aujourd’hui encore un grand nombre d’adeptes dans la région de Delfân et Posht-kûh et parmi des tribus laks de Lakistan et des Sagwand.
Dans d’autres provinces iraniennes, surtout à Shîrâz, en Azerbaïdjan (Tabrîz et Maragha), dans les environs de Qazwîn et Téhéran (dans les districts de Hashtgerd et Varâmîn) existent aussi plusieurs communautés ahl-e Haqq.
En Irak, outre les groupes de villages situés dans le voisinage de la frontière iranienne, il y a de nombreuses familles appartenant à la secte dans les villes de Sulaymânî, Kir-kouk, Mossoul, Khânaqîn et même Baghdad, ainsi que dans leurs alentours.
En Turquie orientale également se trouvent des adeptes, surtout dans les régions habitées par des Kurdes.
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INTRODUCTION

L’ésotérisme kurde

« Celui qui lit ce livre ne doit pas le révéler aux ignorants, car c’est le secret indicible x. » Telles sont les paroles d’un maître spirituel Ahl-e Haqq. Et encore :
« Si on te demande où se trouve le secret divin, dis : dans le Dâlâhû2 », c’est-à-dire au cœur du Kurdistan, dans les monts Zagros, lieu sacré pour les disciples de cette secte ésotérique qui se désignent comme « Fidèles de Vérité »

Si le mystère a toujours caractérisé les doctrines mystiques — les initiés ne s’appelaient-ils pas chez les ésoté-ristes musulmans Ahl-us Sirr, gens du Secret cela est tout particulièrement vrai pour la doctrine des Ahl-e Haqq. Non seulement leurs Écritures demeurent inaccessibles aux profanes, mais encore le plus grand secret entoure les dogmes et les rites de la secte.

Ce caractère ésotérique s’impose également aux Ahl-e Haqq pour des raisons sociales, étant donné qu’il s’agit d’une communauté vivant au sein de populations musulmanes qui risqueraient d’être choquées par leurs croyances. En effet, l’esprit de la doctrine et la forme de sensibilité religieuse qu’elle incarne la rendent étrangère à 1 orthodoxie islamique avec laquelle elle cohabite, et la font considérer par cette dernière comme une hérésie — cela d’autant plus qu’elle ne peut justement être comprise que par ceux qui sont en mesure de dépasser la lettre de la doctrine et de pénétrer ses symboles. Ceci explique que le secret soit particulièrement renforcé aux époques de persécution, alors qu’il est susceptible d’être moins jalousement gardé à l’égard de ceux qui l’accueillent avec une suffisante ouverture d’esprit.

En général, l’homme élevé dans une tradition religieuse dont il ne connaît que les aspects exotériques, qu’il soit croyant ou incroyant, demeure foncièrement étranger aux conceptions des ésotéristes. Ainsi la notion de Dieu immanent dans le « soi » dont les théophanies représentent le modèle parfait — notion de base chez les Ahl-e Haqq — est inaccessible à ce genre d’esprit. Comment, d’ailleurs, communiquer par des explications verbales ce que seule une expérience mystique révèle à celui qui l’éprouve? Cette difficulté, commune à tous les ésotéristes, est renforcée, dans le cas des Ahl-e Haqq, par l’inexistence d’un vocabulaire philosophique et théologique précis et définitif qui seul leur permettrait, sinon de faire participer à leurs croyances, du moins de les rendre explicites. Là encore, le secret apparaît nécessaire, afin de ne pas dévaloriser des conceptions dont l’élévation ne peut, ni ne sait, se traduire en langage.

L’ouvrage dont nous donnons ci-après une traduction commentée et annotée reflète un aspect de leur doctrine.

La secte ésotérique des Fidèles de Vérité (Ahl-e Haqq), qui fait depuis quinze ans l’objet de nos recherches et de nos publications, présente un extrême intérêt, au point de vue tant de l’histoire des religions que du folklore, de la sociologie et notamment de la psychologie religieuse. Pourtant, elle n’avait été que très peu étudiée et demeure presque inconnue, en dehors de quelques rares spécialistes, et cela, pour une triple raison : tout d’abord, ainsi que nous l’avons indiqué, la difficulté de se procurer des manuscrits des Écritures de la secte ; en outre, ceux-ci sont rédigés pour la plupart en langue gouranie, idiome généralement ignoré x ; et enfin, le secret qui enveloppe les croyances des Ahl-e Haqq en rend particulièrement malaisée la compréhension réelle. Non seulement les Fidèles ne peuvent révéler aux profanes les arcanes de la doctrine, mais encore celle-ci se présente sous un aspect syncrétiste faisant une large part à des mythes et des schèmes qu’on retrouve ailleurs, ce qui peut faire illusion. Ces mythologèmes ne sont en fait que des moyens d’exprimer et de transmettre, sous une forme imagée et symbolique, des conceptions religieuses et métaphysiques beaucoup plus profondes qu’il ne paraît au premier abord. Pour transcender cette enveloppe qui recèle et défend à la fois le secret qui doit être préservé, il est indispensable d’avoir pu bénéficier, comme cela nous a été donné, de circonstances particulières.

En effet, les problèmes que présente une telle étude ne sont pas susceptibles d’être résolus par l’érudition pure. Les contacts personnels et prolongés, ainsi que la familiarité avec la langue et l’aire géographique, peuvent seuls permettre d’établir des affinités spirituelles, et de créer un climat commun de sensibilité religieuse.

Le milieu dans lequel cette secte est née et se maintient, c’est l’Islam iranien non orthodoxe qui a puisé dans un humus très ancien fait de couches de civilisations successives; toutes sont venues l’enrichir en conservant les caractéristiques d’une sensibilité commune. C’est d’ailleurs un des aspects spécifiques de cette aire de culture où des apports multiples se sont fondus dans le patrimoine national de l’Iran.

Aire géographique et nombre des adeptes

Le foyer principal des Fidèles de Vérité se situe en Iran occidental, dans la province kurde de Kermanchah, surtout dans les villes de Qasr-e Shîrîn, Sarpol,. Kerend, Sahna et dans les districts de Zohâb, Bêwanidj, Mâhîdasht et Holaylân.

La tribu Gouran tout entière et la majorité de celle de Sandjàbî, ainsi qu’une partie des Kalhor et des Zangena de Kandûla et des tribus lurs Djalâlawand et Othmânawand de Holaylân, appartiennent à la secte des Ahl-e-Haqq.

Le Luristan (province également occidentale de l’Iran située au sud du Kurdistan iranien), qui avant le xive siècle était le centre religieux de la secte, contient aujourd’hui encore un grand nombre d’adeptes dans la région de Delfân et Posht-kûh et parmi des tribus laks de Lakistan et des Sagwand.

Dans d’autres provinces iraniennes, surtout à Shîrâz, en Azerbaïdjan (Tabrîz et Maragha), dans les environs de Qazwîn et Téhéran (dans les districts de Hashtgerd et Varâmîn) existent aussi plusieurs communautés ahl-e Haqq.

En Irak, outre les groupes de villages situés dans le voisinage de la frontière iranienne, il y a de nombreuses familles appartenant à la secte dans les villes de Sulaymânî, Kir-kouk, Mossoul, Khânaqîn et même Baghdad, ainsi que dans leurs alentours.

En Turquie orientale également se trouvent des adeptes, surtout dans les régions habitées par des Kurdes.

En dehors de cette aire géographique, il existe des Ahl-e Haqq dispersés dans le Khoràssân (province orientale de l’Iran), aux Indes, au Pakistan, en Afghanistan et jadis en Caucasie.
Il est impossible d’indiquer un nombre précis des Fidèles, aucun recensement n’ayant eu lieu. D’ailleurs, le caractère ésotérique de la secte rend à l’heure actuelle un dénombrement impossible.

D’une manière générale, en dehors des pays lointains par rapport au centre de la secte, c’est-à-dire l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, qui, d’ailleurs, ne représentent pas un chiffre considérable, on peut estimer, provisoirement et sous toutes réserves, que le nombre des Fidèles est de quelque 500.000. Ce chiffre est basé sur les investigations auxquelles nous nous sommes livré.

Les Fidèles se recrutent surtout parmi les tribus nomades ou sédentaires et dans la population artisanale des villes et des villages. En effet, une grande partie des corporations, et même actuellement le petit personnel administratif de ces régions, se rattachent à la secte tout en gardant le secret de cette appartenance à l’égard des profanes.

Ce fait social explique le genre d’images, de symboles et de paraboles qui constituent le véhicule de cette pensée ésotérique; le langage emprunte les éléments de la vie quotidienne familiers à des laboureurs, des éleveurs, de petits artisans, etc.

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